Ces mystérieuses particules EPR.

Ces mystérieuses particules EPR...

par Pascal Lapointe

Première publication: La Presse, 6 décembre 1993

Deux particules, nommées EPR, nées de la même &"mère-atome", qui partagent tout, absolument tout... Au point que ce qui se produit chez l'une se produit chez l'autre, et instantanément s.v.p. Voilà quelque chose qui n'est pas facile à admettre, surtout si on choisit de s'en tenir à quelques principes de base de notre bon vieil univers.

Albert Einstein (le E dans EPR, c'est lui) refusait d'y croire, et avait fait ses gorges chaudes de ce qui n'était alors qu'une théorie, en 1935, puisque cela allait à l'encontre d'un de ces principes fondamentaux: rien dans l'univers ne peut dépasser la vitesse de la lumière. Qu'il s'agisse d'un vaisseau spatial, d'un atome qui aurait une course urgente à faire, ou d'un message radio, chacun se heurtera à cette barrière infranchissable.

Or, se moquait Einstein, comment l'une des particules EPR se trouvant à l'autre bout du cosmos saurait-elle instantanément cequi est arrivé à sa "soeur jumelle"? Communiqueraient-elles par télépathie? La réponse, venue 50 ans plus tard, est plus simple -façon de parler. "Ce qu'on appelle une paire de particules EPR, ce n'est pas vraiment deux particules, explique Gilles Brassard. C'est en fait une seule et même particule, qui se trouve en deux endroits à la fois. "C'est là une des notions les plus difficiles à avaler de la physique quantique: la notion de "non-localité". On peut avoir un objet unique, qui est réparti dans l'espace. Un objet unique qui peut même, à la rigueur, englober l'univers."

Vous avez dit difficile à avaler? Mais ne nous surprenons pas: il semble que toute la physique quantique soit remplie de ces concepts difficiles à avaler. Une boutade bien connue des scientifiques dit que "la physique quantique est incompréhensible. C'est pour ça que les physiciens l'aiment."

"Fascinant", dirait sans doute Monsieur Spock.

Première publication: La Presse, 6 décembre 1993.