Commandant Sergueï JAKOV,
officier de réserve spéciale,
ancien officier du département "S" (renseignements "illégaux")
de la Première Grande Direction (PGU) du KGB de l'URSS

 

L'Académie des renseignements extérieurs de la Russie:
"forge" de nouveaux effectifs d'espions
ou vestige du passé bolchevik stalinien?


Nous ne réchaufferons pas artificiellement l'intérêt du lecteur par les trucs bon marché et nous dirons tout de suite, que dans cet article, ne prétendant pas à la vérité dans la dernière instance, mais s'appuyant avant tout sur le bon sens, la bonne vielle méthode déductive, les documents publiés dans la presse et l'Internet, ainsi que sur les récits de quelques témoins (à défaut d'accès direct aux archives confidentielles du Service des renseignements extérieurs de Russie (SVR), qui préfère faire interpréter son passé seulement par les plumes officielles et, donc, par définition non objectives de ses propres historiens), il s'agira des mythes et les réalités de l'institution éducative la plus fermée de notre pays formant jusqu'à présent les effectifs et les cadres pour le SVR, de cette Ecole secrète qui en octobre 2000 a fêté ses 62 années, si l'on cumule l'âge de tous de ses prédécesseurs formels.

Cet établissement secret, l'héritier de l'Ecole de destination spéciale (CHON NKVD de l'URSS, 1938), de l'Ecole de renseignement (RACH NKVD de l'URSS, 1943) et l'Ecole Supérieure de reconnaissance (VRCH du MGB de l'URSS, et plus tard École N° 101 du KGB près du Conseil des Ministres de l'URSS, 1948), a été réorganisé encore une fois en 1968 et devenu l'Institut du Drapeau Rouge (en abrégé le KI), recevant en 1984 le nom du défunt Secrétaire Général du PCUS et l'ex-chef du KGB Youri Andropov. Toujours appelée par le peuple "Ecole de la Forêt", elle préparait à l'époque soviétique les effectifs pour la PGU du KGB en commençant par la période de la stagnation brejnévienne jusqu'au règne de Eltsine. En 1994, après l'échec de la perestroïka gorbatchévienne, la dissolution du PCUS, du KGB et de l'URSS, l'Institut a été pour la dernière foi transformé en Académie des renseignements extérieures (AVR), dépendant administrativement du SVR, qui est venu en 1992 pour remplacer l'ex PGU de l'ex KGB.

Comme indiqueraient les auteurs des livres bon marché ou de la presse jaune, l'endroit, où se trouve cette "Ecole Forestière", ne figure sur aucune carte. Cela est complètement faux, c'est le premier des nombreux mythes (il est fâcheux, que par la même mythomanie s'est distingué un certain Guénady Tcharodéev, publiant en octobre 1998 dans le journal respecté de nous "Les Izvestia", une interview ouvertement publicitaire et pleine de mensonges avec le chef en ce temps de l'AVR, le général-lieutenant Nikolaï Gribine - l'article évidemment commandé et destiné pour faire une bonne publicité pour l'AVR à la veille d'une date ronde). Seulement les imbéciles et les dilettantes cachent l'évident. En effet, si l'adversaire de l'URSS établissait avec l'aide des moyens de renseignement aérocosmique, qu'un objet n'est pas mentionné sur les cartes soviétiques, précisément le fait de cette absence cartographique d'un tel objet découvrirait automatiquement son caractère secret (d'habitude les gens cachent subconsciemment seulement ce que pour eux est réellement important).

Jusqu'à l'invention des spoutniks et des avions - espions, l'on pouvait encore essayer de cacher quelque chose à la reconnaissance visuelle (en vérité même alors cette pratique etait douteuse du point de vue des résultats). Avec le développement des équipements techniques modernes le seul moyen de garder effectivement le caractère secret des objectifs était de les camoufler, masquer ou de leur trouver une "couverture". D'ailleurs, même avec cela il existe presque toujours des signes démasquant ("... Je te suivrai partout, car je vois tout du haut, faut que tu saches!", - chantaient d'une manière très juste les pilotes de guerre dans un vieux film soviétique).

Et bien que les bâtiments de l'institution fermée de formation d'éléments opérationnels soviétiques soient consciemment dispersés dans les coins divers et variés de la ville de Moscou et dans les bois autour de la capitale soviétique, ils étaient bel et bien portés même sur les anciens plans et les atlas de l'ex URSS. Bien entendu, de tels "objectifs" figuraient sous les enseignes inventées des sanatoriums inexistants, des camps de pionniers, des bases du repos, des laboratoires et les instituts de recherche, donc sous une "couverture" ou, comme l'on dit dans le jargon des service spéciaux, sous le "toit" (d'ailleurs, maintenant il est déconseillé à une personne bien élevé de se servir de ce mot d'argot, car il a déjà acquis une tout autre connotation venant dans la langue russe courante directement du langage des bandits, non seulement avec l'aide des journaliste sans scrupules, mais encore celle de nouveaux chefs de l'état Russe).

Cela fait longtemps que l'on organise des excursions à Langlay, siège de la CIA des Etats Unis, pour les petits écoliers américains et même pour les diplomates étrangers. Dans l'espace au dessus de nos têtes depuis plusieurs années se trouvent sur l'orbite des dizaines de milliers de spoutniks "ennemis" de reconnaissance, capables de lire le texte d'un article du journal. Mais le bon vieux service russe des renseignements, selon la bonne vieille tradition héritée de Ejov et Beria, commissaires héroïques du peuple, continue toujours de développer une atmosphère de grand secret autour de lui-même et de son inappréciable "forge des effectifs". Des dizaines de traîtres et transfuges, y compris des plus hauts dirigeant de PGU, ont plus d'une fois entièrement démasqué à l'adversaire l'emplacement exacte de cette institution de formation spécialisée, les journalistes du canal NTV ont diffusé en directe des murs de l'AVR un reportage pour tout le pays en décembre 1998, mais il est toujours considéré officiellement, que personne ne sait pas, où se trouve cette foutue Académie. (A propos, notre lecteur sera certainement curieux d'apprendre, que selon les révélations de l'ancien chef du Service de la protection rapprochée de l'ancien président russe, député de la Douma et l'ex général Alexandre Korjakov dans son livre "Boris Eltsine: de l'aube jusqu'au coucher", même le Directeur Général du canal NTV Eugène Kissilev avait enseigné la langue persane au KI de 1982 jusqu'au 1986, ce qui a été confirmé par la "Nézavissimaya Gazeta", journal bien informé et historiquement proche des services spéciaux soviétiques).

Comme d'habitude, le pouvoir nous prend pour des idiots, eh bien, de notre côté, nous faisons semblant de l'être. Les avions de plusieurs compagnies étrangères effectuent régulièrement et cela depuis plus de vingt ans des manœuvres d'atterrissage près de l'aéroport "Chérémétiévo-II" au-dessus des bâtiments de cette institution "secrète" (couloir aérien de sortie en la direction de l'Est pour le décollage via le village de TCHELOBITIEVO - BP 07D/25D SID, couloir aérien d'approche venant de l'Est pour l'atterrissage via TCHELOBITIEVO - BP 07A, B/25A, B, C STAR). Un simple chauffeur de l'auto du canal de télévision russe REN-TV, qui transportait notre équipe de tournage, quand nous préparions en mars 1999 un reportage sur cette institution, nous a avoué tout de suite, que sa belle-mère de 70 ans sait tout sur cette "Ecole Forestière" depuis longtemps, car au cours des trois dernières années elle passe 2 fois par jour devant ces bâtiments pour aller dans sa maison de campagne par Altoufiévo et ensuite par la route de Tchélobitiévo.

De sorte qu'il est peu probable que quelqu'un réussira nous reprocher sérieusement la divulgation des secrets d'Etat, car bien longtemps avant cette publication les renseignements, utilisés par nous dans cet article ont été portés à la connaissance des tiers, y compris des services spéciaux de "l'adversaire". Quant à nous, par les moyens strictement légaux nous avons seulement recueilli, analysé, filtré de bruits, corrigé des erreurs l'information "ouverte" disponible, l'ayant vérifiée par notre vision et l'ancienne connaissance de l'objet de cette étude. Ensuite nos avons proposé le résultat synthétisé à l'attention du grand public sous une forme, comme nous espérons, assez digeste.

Pour tout un chacun qui; en voulant cueillir les champignons, pénétrait dans les bois le long des routes d'Ostachkovo ou de Tchélobitiévo au Nord-Est de Moscou, malgré les enseignes effrayantes d'interdiction de continuer le chemin à l'intérieur d'une certaine zone sanitaire vers un objectif caché sous une vague et ridicule dénomination d'un "Camp de jeunes pionniers", il était toujours évident que là se trouve quelque chose de tout à fait autre et secret. Car une base de loisirs de quels scouts et éclaireurs, séparés du reste de monde par les miradors, les barrières et les barbelés, serait-elle nuit et jour gardée par des rondes de gendarmes, Kalachnikovs au poing, comme les 33 hercules et colosses du "Conte du roi Saltan" de Pouchkine?

Il ne faut pas être trop intelligent (ou comme le dit un vieux proverbe russe - être "de sept pouces dans le front") pour deviner une appartenance plutôt militaire de ce curieux "camp de jeunes pionniers", après avoir observé ne serait-ce que quelques minutes le va-et-vient permanent des limousines officielles noirs équipées des gyrophares et des autocars transportant essentiellement des "scouts", du sexe uniquement masculin, avec des cheveux coupés court, tous habillés d'une manière très propre, homogène et peu voyante, ayant l'âge moyen de 27-28 ans. D'autre part, beaucoup de générations de femmes, originaires du village de Tchélobitiévo du département de Mitischi de la région de Moscou se trouvant à un kilomètre de là, ainsi que des arrondissements dortoirs voisins de la ville Moscou - Medvedkovo et Altoufiévo, ont travaillé dans ce "camp" secret comme personnel - servantes, cuisinières, femmes de ménage, etc. Donc; malgré le caractère secret formel et la fameuse vigilance des tchékistes qui existait uniquement sur le papier, en réalité toute la population du nord de la capitale de notre Mère Patrie toujours savait et sait maintenant, que dans ce bois à côté de Moscou, à deux pas du périphérique extérieur (MKAD) se trouve le siège principal de "l'Ecole Forestière" - Ecole supérieure spéciale de formation d'agents du Service de renseignements extérieurs soviétique et russe.

Occupant au début cinq petites maisonnettes de campagne aux environs de Moscou derrière une enceinte imperceptiblement standard et verte, cette institution a été créée à l'ordre personnel de Staline à la fin des années 30 terribles, lorsque, selon les écrits des historiens officiels de la Tché-Ka, "en vertu des circonstances exclusives" à la veille de la II guerre mondiale il y avait une nécessité aiguë de compléter les effectifs du Service de renseignements extérieurs soviétique par les cadres qualifiés capables de travailler dans les conditions complexes. Si l'on traduit ces expressions de la langue de bois des "professionnels" tchékistes en un langage humainement compréhensible, cela voulait signifier tout simplement, que au cours des "nettoyages" criminels de Ejov et Béria, aveuglément et impitoyablement avait été exterminé pratiquement tout le Département Étranger (INO) de OGPU - la fine fleur du Service officiel soviétique des renseignements extérieurs (nous avons appelé INO le Service officiel parce que pendant presque vingt ans des renseignements non-officiels politiques au profit de l'URSS et de son Parti bolchevik avait été fournis dans le monde entier par tous les communistes étrangers de la Comminterne - l'Internationale Communiste, également exterminés pour la plupart par Staline au cours de ses "nettoyages").

Avant ces "nettoyages" massifs, l'INO d'OGPU se composait essentiellement des anciens aristocrates brillants, des transfuges, ayant passé du côté des "rouges" après le Coup d'Etat d'octobre 1917 et prêté serment au nouvel ordre bolchevik - des intellectuels, qui avaient dès l'enfance appris des langues étrangères dans les corps de pages et de cadets tsaristes, formés dans les vielles universités russes, dans les lycées privés et les pensions pour les filles nobles, introduits à la cour impériale, ayant vécu et étudié longtemps à l'étranger. Dans ce premier Service secret soviétique l'on pouvait voir aussi des ressortissants de la première génération des prolétaires révolutionnaires, ayant reçu préalablement un peu de culture dans l'immigration européenne, et ensuite dans les universités "rouges" (mais tout de même - les universités). Certes, du point de vue du petit Père des Peuples, le très sage et clairvoyant camarade Staline, de sa propre main signant des ordres d'arrestations, tortures et fusillades basées sur des accusations falsifiées et farfelues des compagnons de Dzerjinski, Menjinski, Artouzov, Trellisser et Boky, les nouveaux cadres du pays "décidaient de tout", mais en réalité, venue à l'appel du Parti pour remplacer les anciens tchékistes, cette nouvelle génération des prolétaires sachant à peine lire et écrire, des militants des comités de pauvres ruraux, ainsi que des tortionnaires sadiques des sous-sols de Loubianka ne convenaient pas du tout à l'organisation et à la conduite professionnelle de la collecte des renseignements secrets au-delà des frontières de l'archipel du GOULAG.

Il fallait avoir une institution de formation qui pouvait ne serait-ce qu'un peu éduquer en matières générales et en langues étrangères ces nouveaux "combattants du front invisible", faire partager les fruits de la culture mondiale à ces avortons stalinistes. La sélection à la pièce et la formation individualisée pratiquées jusqu'alors ne convenaient plus à cette nouvelle tâche fixée par le parti bolchevik, car immédiatement et exceptionnellement il fallait remplacer quelques centaines d'anciens agents expérimentés "nettoyés" de l'appareil central et des antennes étrangères du Services de renseignements extérieurs. Une telle tâche pouvait être accomplie seulement par une institution éducative de l'étampage massif (c'est alors qu'a été mis à l'usage le fameux cliché linguistique - "la forge des cadres"). Et cela, sans réfléchir à ce que tout entassement est toujours professionnellement contre-indiqué à n'importe quel service secret sérieux, avant tout pour des raisons de sécurité: un transfuge potentiel ou le traître pouvait donner dans l'avenir non plus un ou deux officiers traitant qu'il connaissait personnellement auparavant, mais des dizaines et des centaines de ceux avec qui il faisait ses études et qui lui avaient enseigné la science. Avait été ignorée une loi objective selon laquelle n'importe quel cliché dans des renseignements, propre à une formation accélérée, presque inévitablement conduit vers un échec rapide. Cependant, dans ces conditions "complexes", au fond créées par le camarade Staline lui-même, une autre issue n'était pratiquement plus possible, et les intérêts professionnels du service de reconnaissance, garantissant la sécurité des opérations et des effectifs; encore une fois étaient tombés victimes des dogmes idéologiques du Secrétaire Général autoritaire et des problèmes permanent d'organisation de son régime totalitaire.

L'école des renseignements a été connue dans le peuple et était en réalité une institution fort spéciale, au sein de laquelle les anciens immigrés politiques, épargnés par des "nettoyages", enseignaient aux auditeurs semi-illettrés, abrutis par la propagande stalinienne et mortellement intimidés par les répressions, les habitudes apparemment nuisibles et étranges. Eh bien, jugez vous mêmes à quoi bon au véritable bolchevik soviétique servirait un savoir-faire petit-bourgeois d'exposer logiquement ses idées ou les habitudes impérialistes de se servir à table de la fourchette et du couteau? Une personne normale bolchévisante alors ne pouvait plus avoir d'idées propres - le sage Père des Peuples pensait dorénavant pour tous et à la place de tous. Ceux qui n'ont pas eu le temps d'émigrer et continuaient à penser, ont reçu déjà "les 10 ans sans le droit à la correspondance" (un euphémisme stalinien qui signifiait les 9 grammes du plomb sous l'oreille gauche). De plus le meilleure langage qu'un agent secret soviétique devait parler aux ennemis du peuple, aux sales espions et saboteurs, ainsi qu'aux impérialistes de tous bords, était, bien évidemment, la langue des balles et de la baïonnette, mais pas du tout celle de Goethe; Hugo ou Shakespeare.

Après sa création en 1938 "Ecole Forestière" a rapidement "forgé" quelques promotions de trois dizaines de personnes chacune, qui étaient appelées vite boucher les troues les plus urgents de la collecte des renseignements secrets en Espagne déjà en feu de guerre, et puis dans l'arrière-front des troupes allemandes attaquantes et sur les fronts de batailles de la Grande guerre patriotique. Pendant la retraite et les batailles défensives de l'Armée rouge les premières années de l'agression fasciste l'on ne se souciaient presque pas des tâches stratégiques du Services des renseignements extérieurs. L'accent se faisait alors sur la pratique du sabotage et sur la collecte des renseignements tactiques militaires, mais le renseignement stratégique politique à l'étranger se faisait oublier: des forces et les moyens manquaient cruellement à cette époque-là, même si les chroniqueurs officiels voudraient évidemment maintenant embellir le tableau réel. Quelques pages particulièrement héroïques de l'histoire tchékiste liées au mouvement de la guérilla dans l'arrière-front profond de l'adversaire (le détachement Medvédev, etc.) sont en réalité une exception confirmant la règle. Les effectifs de cette période avaient une "fluidité" augmentée, mais cela s'explique: les agents vite formés brûlaient tout aussi vite dans le feu militaire, quand l'hache-viande stalinien ne détruisait les nouveaux cadres de renseignements à une vitesse encore plus féroce.

À titre d'une pause lyrique, nous voudrions montrer aux lecteurs, avec quels euphémismes et truquages évidents décrivent jusqu'à présent le destin des premiers élèves de l'Ecole spéciale les historiens officiels: "Malheureusement, pas tous les promus de l'Ecole spéciale des années 1939 - 1940 ont eu un avenir … radieux. Bien que les années des répressions massives se faisaient oublier et se sentaient moins, certains agents ont connu tout de même un sort lourd et injuste. Vers le début de la Grande guerre patriotique il en restait moins d'éléments opérationnels expérimentés issus des premières promotions de l'Ecole spéciale, que cela pouvait être." ("Les essais de l'histoire des renseignements extérieurs de Russie", par le groupe d'auteurs de l'Académie des renseignements extérieurs sous la direction de Primakov et de Kirpitchénko, v. 3, 1933 - 41, p. 250, Moscou, la maison d'édition "Les relations Internationales", 1997).

Remarquez que l'activité de l'Ecole Spéciale avait commencé seulement en novembre 1938, le délai de l'enseignement était d'une année, ce qui signifie qu'avant la guerre (l'URSS est entrée dans celle-ci en juin 1941) il y a eu seulement deux promotions complètes. Mais un des anciens chefs de l'Institut du Drapeau Rouge le général Orlov, qui avait écrit ce chapitre cité par nous plus haut, a curieusement appelé "des jeunes gens, encore hier travaillant dans les usines, les kolkhozes et servant à l'armée" (la même édition, p. 248) avec une expérience pratique en collecte de renseignements secrets quasi inexistante d'un ou deux ans - "les éléments opérationnels expérimentés". Quant au nombre exact des officiers du Service des renseignements extérieurs de ce temps qui ont évité les Goulags staliniens, les exécutions sommaires et les prisons, nous voudrions recevoir enfin une liste complète et concrète des données statistiques sur la composition du Service et sur les pertes exactes de ses effectifs. Les estimations du type "étaient moins élevées qu'elle auraient pu être" nous ont l'air comme une simple mauvaise volonté de la part du vieux vétéran tchékiste (à propos, exactement celui qui était pendant de longues années le supérieur direct et le collègue le plus proche du traître le plus légendaire dans l'histoire du KI - du secrétaire du comité de Parti communiste Pigouzov, mais nous le verrons plus loin en détails) et de son incapacité totale, à cause des vieux schémas idéologiques, de dire toute la vérité accusatrice sur le régime criminel stalinien qui l'avait élevé et qui avait anéanti les millions de personnes et en particulier pratiquement tout le Service des renseignements extérieurs. Nous attirons l'attention de nos lecteurs, que de pareilles estimations sont écrites non plus au bon vieux temps soviétique, mais à la fin des années 90 par les gens ayant l'accès aux archives confidentielles. Lorsque désormais vous lirez les livres officiels historiques, publiés par les "organes", pensez d'abord: et si chez les historiens officiels de la Tché-Ka toutes les données et les estimations étaient comme celles-ci? Et maintenant, comme disent les français, revenons à nos moutons.

Après le grand tournant en 1942-43 au cours de la guerre et le passage de l'armée soviétique en contre-attaque, dans la mesure de l'accumulation de l'expérience militaire et des succès réels sur les champs de batailles, sont apparus de nouveaux besoins et tâches. La guerre passait de plus en plus sur le territoire des états européens étrangers, l'armée soviétique a commencé à apercevoir la lumière dans le tunnel, allaient s'élargissant les liaisons de l'URSS avec ses alliés étrangers de la coalition anti-hitlérienne lors des préparations de l'ouverture du deuxième front. Les stratèges soviétiques (lisez - Staline) ont commencé à réfléchir à l'avenir des territoires conquis, au futur ordre mondial de l'après-guerre, et en 1943 l'Ecole spéciale a été réorganisée pour la première fois, puisqu'elle avait cessé de correspondre à ces nouvelles tâches apparues après la consolidation des positions internationales de l'URSS au cours de la guerre victorieuse contre le fascisme et l'élargissement de la présence soviétique sur l'arène internationale. Il n'y avait pas à cette époque de difficultés particulières pour l'URSS dans l'organisation de ses renseignements secrets, puisque les antifascistes et communistes partout dans le monde proposaient eux-mêmes leurs services sur une base idéologique aux soviétiques. C'est en cette période-là qu'a été formé définitivement le fond d'or d'agents secrets - la source des futurs succès, dont les bases avait été jetées encore à la veille de la guerre (par exemple, le célèbre groupe des 5 de Cambridge). Et tout de même, une nouvelle génération d'officiers traitants était nécessaire: non plus seulement celle avec des connaissances pratiques de sabotage, mais ayant encore un savoir-faire plus ou moins correct dans le maintien de la correspondance secrète avec des agents du terrain, sachant travailler sous le "toit" (la couverture) des missions officielles soviétiques à l'étranger, le réseau desquelles s'élargissait. La durée de formation dans "l'Ecole Forestière" a été prolongé jusqu'à deux ans, les programmes d'études ont été changé et élargis.

Une nouvelle transformation de la "forge" soviétique des effectifs de renseignements extérieurs est arrivée déjà en 1948, liée aux changements importants de la situation internationale après la fin de la II guerre mondiale avec l'entrée de la planète dans l'ère nucléaire, le début de la guerre "froide", un nouveau partage du monde de l'après-guerre en deux camps idéologiques mortels, le commencement de l'opposition globale des deux systèmes et d'une nouvelle époque de l'espionnite. Le rôle des renseignements secrets comme d'un des plus important outils de la politique de l'Etat bolchevik a changé. L'ancienne approche de sabotage et de contre-espionnage a été remplacé à présent par celle des renseignements extérieurs stratégiques qui se diversifiaient. Les grands défis y contribuaient: non seulement sur l'arène de la politique internationale, mais encore dans le domaine du vol global des secrets occidentaux militaires, technologiques et industriels, y compris les technologies atomiques et cosmiques. Les renseignements secrets pouvaient devenir le seul moyen rapide et bon marché de faire rattraper les retards à la super puissance soviétique se trouvant encore dans les ruines, d'orienter plus exactement sa science et son industrie sur les principales directions nouvelles, en lui épargnant une perte de temps dans les recherches inutiles. Mais pour remplir une telle tâche globale il fallait avoir une nouvelle qualité dans l'ouverture des horizons des éléments opérationnels, de leur plus grande capacité de percevoir et d'estimer sur le terrain le progrès technologique. Une autre importante raison pour une réorganisation de l'Ecole spéciale était une nécessité de remplacement des effectifs à la suite de la nouvelle vague des "nettoyages", qui ont dévasté à nouveau le pays en général et le Service secret en particulier. Car à la fin des années 40 le Généralissime féroce avait supprimé physiquement ou enfermé dans les Goulags une partie considérable de la génération de ses officiers - vainqueurs du fascisme: fiers, intrépides, qui avaient parcouru et vu de leurs propres yeux les pays de l'Europe Occidentale, et commençaient à remettre en cause l'histoire et la pratique de la construction soviétique, ce qu'est devenu mortellement dangereux pour le régime totalitaire soviétique et à son dictateur vieillissant lui-même.

"L'école Forestière", ayant reçu encore en 1948 le nom de Supérieure, se transformait graduellement et réellement en une grande École ministérielle diversifiée. La guerre "froide" allait en profitant à cette établissement, et après la mort de Staline les changements des époques soviétiques de Khrouchtchev à Brejnev se sont effectués pour l'Ecole sans qu'elle le remarque, presque sans douleur. Le Service des renseignements extérieure était objectivement nécessaire à l'Etat soviétique, ce qu'a été reconnu définitivement, et l'Ecole n'était presque plus concernée par les bouleversements internes qui secouaient de temps en temps le régime. Dans cette institution de formation spéciale apparaissaient de nouvelles facultés et de nouveaux départements avec des spécialisations différentes. Son statut a été régularisé définitivement en 1968. Après avoir reçu un an auparavant les insignes de l'Ordre du Drapeau Rouge, "l'Ecole Forestière" est devenu, sur l'insistance de Youri Andropov, l'Institut Supérieur du Drapeaux Rouge (KI - Krasnoznamenny Institoute), dépendant du Comité de sécurité d'Etat (KGB) près du Conseil des ministres de l'URSS. Le statut de l'établissement supérieur de cette école flattait l'amour-propre de Youri Vladimirovitch, soulignait et élevait sa propre importance comme président du KGB, de cette institution omniprésente à son tour à la suite de la persévérance de son directeur et avec le temps acquerra aussi le statut d'un comité d'Etat fédéral indépendant avec les droits d'un ministère à part entière, perdant son particule humiliant "près de" et devenant le KGB de l'URSS.

Mais outre la vanité d'Andropov, il y avait d'autres raisons pour le processus de la croissance et augmentation fulgurante des effectifs du KI, dont une des principales était le revers de médaille du métier moderne d'espion. À l'époque de l'après-guerre, de la "guerre froide" et des James Bond, suivie par celle de la détente internationale - les éléments opérationnels qui ont échoué et ont été attrapés par la main en flagrant délit lors des missions secrètes n'étaient plus torturés ou tués comme pendant les guerres précédentes. Une nouvelles pratique a vu jour: on a commencé à les échanger les uns contre les autres. De tels échecs devenaient de plus en plus fréquents, comme suite à l'accroissement du volume global des opérations et missions. Il fallait mettre quelque part ces éléments opérationnels "brûlés", qui ne pouvaient plus quitter le territoire d'URSS, tous les pays capitalistes ne leur délivrant plus de visas d'entrée. Devenus par le mauvais concours de circonstances "névyézdnoi" (sans droit de sortie à l'étranger), ces espions non plus ne pouvaient pas être utilisés pour un travail actif au "Centre" en contact avec les réseaux d'agents secrets, suite à une règle inébranlable de contre-espionnage soviétique, qui stipulait qu'un officier, une fois passé même par un accident et pour un temps limité entre les mains de l'ennemi, était considéré pour le reste de ses jours comme un ennemi potentiel. Bien évidemment; à une telle personne suspecte l'on ne pouvait pas confier de vrais secret et surtout la chose la plus sacrée des services de renseignements - de diriger les agents en postes et en missions secrètes. Mais l-on ne pouvait plus fusiller ou déporter aux Goulags ses "traîtres" potentiels et les "ennemis du peuple", comme au bon vieux temps de Staline - chose qui était grandement regrettée par les anciens spécialistes du contre-espionnage. Les temps ont changé, et cette vielle pratique salvatrices était officiellement condamnée comme une "exagération stalinienne". Il fallait mettre quelque part ces déchets humains, cette scorie du procès de reconnaissance.

D'autre part, l'URSS perdait la compétition idéologique et économique entre la société occidentale de consommation et le modèle soviétique du "socialisme développé" du point de la vue bassement matériel. Les rayons de nos magasins se vidaient à vue, malgré l'introduction du signe de "la qualité soviétique" les marchandises de fabrication locale étaient méprisées par le peuple. En Occident grandissait le nombre des super et hyper marchés, la qualité et l'assortiment des objets de consommation courante, et les soviétiques, devenus les bourgeois à l'époque de la stagnation brejnévienne, ont commencé à "faire les pieds" (fuire en courrant, passer à l'étranger), grâce à l'ouverture partielle des frontières et à l'élargissement des contacts internationaux. Parmi de tels transfuges et "névozvrastchénets" (personnes qui refusaient de rentrer à la Grande Patrie après les séjours à l'étranger) il y avait aussi des espions. Pour ceux-ci cela était encore plus facile qu'aux autres ressortissants soviétiques car ils se trouvaient déjà sur le "devant du front de bataille du socialisme avec l'impérialisme", c'est-à-dire à l'étranger. En outre, leur appartenance aux "organes" (organismes de contrôle, sécurité d'Etat et surveillance) rendait plus commode cette tâche car ils connaissaient d'une manière professionnelle ce qu'il fallait faire pour éviter d'être pris. Et lorsqu'un un espion soviétique, un officier de carrière devenait transfuge, tous ses collègues avec qui il avait fait ses études ou travaillé autrefois, devenaient automatiquement "névyézdnoi" (sans droit de sortie à l'étranger), qu'il fallait aussi mettre quelque part.

D'autre part, la stabilisation de la situation internationale, l'absence des guerres à grande échelle, les succès de la santé et de la sécurité sociale ont ralenti extraordinairement en URSS des années 60-70-80 la perte naturelle des effectifs du Service des renseignements extérieurs, mais les postes de direction importants dans l'appareil central du Service devenaient rares. Pour cette raison il fallait objectivement créer une "décharge", où l'on pouvait mettre à l'écart honorifique les hauts cardes dirigeant inutiles, peu prometteurs, vieillissants, mais encore en pleine capacité, qui barraient la route de carrière aux jeunes et plus chanceux fils à papas haut placés dans l'appareil du Comité Central du PCUS et aux ministère des affaires étrangères.

Enfin, en fonction d'une règle implacable du Service de personnel un officier soviétique de renseignements avait une obligation sacrée d'être marié pour avoir des attaches familiales, sans quoi il ne pouvait pas partir en mission à l'étranger (quand il était nommé à un poste dans une représentation officielle "légale", il était même obligé d'emmener avec lui sa femme. Dans l'idée des "kadroviks" (directeurs du personnel), pour éviter aux agents soviétiques de tomber sous les charmes "des espionnes ennemies avec le corps d'acier" (comme chantait Vissotsky) nos propres espions communistes et moralement purs étaient obligés d'avoir des épouses officielles (vous vous rappelez certainement que même le personnage légendaire cinématographique de Schtirlitz en avait une, qu'il ne voyait presque jamais et que l'on a amenée une fois spécialement à travers toute l'Europe en guerre de Moscou jusqu'à un café berlinois du troisième Reich, pour qu'il puisse seulement se souvenir de son existence). Mais en vertu d'une ironie sexuelle et démographique, les épouses des espions soviétiques donnaient naissance non seulement aux fils d'espions (héritiers et futurs disciples), mais encore à des être humains bizarres et inutiles du sexe féminin - des filles (que malgré les mythes répandus l'on engageait pratiquement jamais dans le Service). Les officiers de renseignements ne savaient pas que faire de leurs épouses et filles adultes dans les intervalles des missions à l'étranger sous la couverture des représentations officielles soviétiques. Pour cela également il fallait avoir un endroit à Moscou où elles pouvaient tranquillement trouver un emploi stable, bien rémunéré et hors de la portée d'une compétition cruelle du marché libre de travail que ces femmes, provinciales pour la plupart, ne pouvaient pas supporter. Il fallait enfin déporter quelque part aussi tous les espions soviétiques, qui ont commis une "faute de la vie quotidienne" et ne correspondaient pas à de très hautes exigences morales du Service et du Parti (les ivrognes, les coureurs de jupes et autres divorcés).

Toutes ces raisons rendaient nécessaire la création par le Service soviétique des renseignements extérieurs de ses propres "dépositoires", "décharges" et sinécures. En outre des Archives de PGOU, du Département du contre-espionnage extérieur (Département "KR"), qui avait pour tâche de surveiller nos propres espions (parmi les chefs de celui-ci était un certain temps le fameux général Kalougine, à présent vivant aux USA), de l'Institut de recherches pour les problèmes de reconnaissance (NIIRP), le rôle d'une de telles "décharges" était destiné à l'Institut du Drapeau Rouge (KI). Mais pour qu'il puisse la remplir convenablement et englober en lui toute cette armée innombrable des déchets humains, il fallait artificiellement gonfler ses effectifs officiels. Cependant à l'époque soviétique il y avait des normes partout et pour tout. C'est pour cette raison-là aussi qu'en 1968 il a reçu le statut d'un établissement de formation supérieure. Ce statut a permis la création immédiate de quelques postes directionnel pour généraux: celui de Chef de l'institut, des ses Adjoints, des Chefs de deux facultés principales. En ce qui concerne les Colonels, ils étaient innombrables au KI. Si dans l'Armée de terre soviétique le grade de colonel était attribué à un officier supérieur commandant le régiment ou même la division, dans le KI, comme dans l'Etat - major des forces armées, ce grade pouvait porter un simple chef d'un petit groupe de formation (15-20 personnes des subordonnés) ou même un enseignant ordinaire (aucun subordonné).

Malgré le fait que, sous les mentions "Confidentiel, secret d'Etat", les programmes d'études n'étaient même pas établis convenablement, ne correspondaient pas aux standards de formation en vigueur, ratifiés par le Ministère de l'enseignement supérieur d'URSS, que les diplômes officiels étaient établis à des faux noms des spécialités inexistantes, cette institution spéciale et fermée dépendant directement du KRB de l'URSS était maintenue hors de la portée des contrôles, car le fait même de son existence était confidentiel. Lorsque Youri Andropov est devenu d'abord membre du Politbureau du PCUS, puis ensuite son Secrétaire Général, le KI est définitivement passé en dehors de la zone des contrôles - le KGB lui-même contrôlait tout dans le pays. Certes, sur le papier le Ministère de d'éducation, le Comité du contrôle du Parti et Comité national du contrôle de Peuple pouvaient dans le cadre de leurs compétences respectives y effectuer les missions de révision et de contrôle, mais en réalité l'autorité d'Andropov garantissait un statut d'intouchable au KGB et ses subdivisions, dont le KI.

Cependant, à l'époque soviétique pour justifier, ne serait-ce que formellement, le statut de l'Ecole Supérieure, dans le KI, comme dans le seul institut de formation d'éléments opérationnels des renseignements, en absence des standards d'Etat de formation à la spécialité "Les Renseignements Extérieurs", bouillait le travail énergique de création d'une théorie inappréciable soviétique de collecte et analyse des informations secrètes, que personne n'utilisait en réalité dans les opérations de tous les jours, tellement cette théorie était confidentielle. Pour sa part, le PGU, employeur d'éléments formés et commanditaire de cette formation, ne pouvait pas partager avec sa propre Ecole le fruit de ses dernières acquisitions et ses succès, pour ne pas divulguer quoi que ce soit d'important sur les agents en activité et sur les opérations en cours. Comme résultat de cette méfiance mutuelle les manuels, mêmes portants la mention de "confidentiels", se composaient d'exemples pratiques datant d'il y 50 ans qui avaient totalement perdu l'actualité et l'impacte didactique. Mais en plus de ça ces vieux exemples héroïques devenus une pure abstraction étaient "castré" par les professeurs une deuxième fois de tout détail individuel dans le but de préserver à coup sûr le moindre secret d'Etat. Ce qui en résultait dans de tels "exemples pratiques" pouvait ressembler à ces paroles de la fameuse chanson tirée de la série télévisée policière soviétique des années 70 "Les Connaisseurs": Si quelqu'un quelque part à une certaine époque parfois… Donc, les anciens espions, mis en retraite forcée ou en disgrâce suite aux échecs ou au non-respect des normes morales en vigueur, écrivaient en secret les manuels confidentiels dépourvus de tout exemple valable et actualisé. Bien évidemment les espions en activité plus chanceux et efficaces se moquaient ouvertement de ces œuvres théoriques inappréciables des "professionnels" de formation (ils posaient une question cruelle et directe à ces théoriciens: si vous êtes tellement intelligents, pourquoi vous êtes vous retrouvés comme enseignants au KI?).

Pour parler sans exagération et objectivement, une seule composante réellement précieuse et bien faite dans cette Ecole était l'enseignement des langues étrangères. Strictement parlant, c'est pour cela qu'étaient initialement inventés les deux facultés avec la durée de formation de 3 ans. Elles étaient conçues pour les éléments opérationnels de contre-espionnage provinciaux reconvertis et promus, venus des subdivisions territoriales du KGB (comme notre président actuel Poutine). Dans les groupes de 5 personnes au maximum ces heureux élus parmi les officiers locaux qui ont déjà acquis une certaine expérience professionnelle réussie dans la lutte contre les espions occidentaux sur le territoire de l'URSS, sous la direction des jeunes et jolies enseignantes- essentiellement, les filles ou épouses des éléments opérationnels de la PGU - tâchaient d'apprendre rapidement à parler couramment les langues de leurs anciens ennemis. Mais ce travail dur pour les gens d'un certain âge déjà demandait beaucoup d'efforts. Certains étaient obligés d'abandonner en cours de route à cause de l'inaptitude complète.

Une autre composante de culture générale importante et tout à fait de valeur, comprise dans les programmes d'études des futurs espions soviétiques était l'enseignement approfondi des problèmes internationaux, qui, à la différence des disciplines dites spéciales, était enseignée dans cette Ecole secrète par les gens véritablement compétents. En effet, la plupart des futurs éléments opérationnels de la reconnaissance extérieure appelés à travailler par la suite en missions sous le "toit" des représentations officielles ("légales") soviétiques à l'étranger, devaient s'occuper de l'activité cachée d'espion parallèlement à leur travail bien visible, en accomplissant le volume complet des tâches officielles aux postes de "couverture". Afin d' y réussir il fallait, pour ainsi dire, bien y correspondre, pour être sur le pied d'égalité avec leurs collègues civils soi-disant "propres" - de vrais diplomates de carrière, commerçants et journalistes dits "internationaux", sortis de MGUIMO (Institut des relations internationales près le Ministère des affaires étrangères), des Académies du commerce extérieur et diplomatique, de l'Institut des pays d'Asie et d'Afrique près l'Université Lomonossov de Moscou et des autres Grandes Ecoles prestigieuses politiques et économiques soviétiques. Seulement les brillants promus de ses Grandes Ecoles attendaient avec impatience au tournant les éléments opérationnels de la PGU travaillant sous couverture (l'appartenance secrète des espions aux "organes" de sécurité était toujours bien évidente pour tous les expatriés soviétiques). Les moindres erreurs et bévues dans l'accomplissements des tâches "ouvertes" par les éléments opérationnels de la PGU étaient sans pitié rapportées à leurs supérieurs par les collègues "propres", jaloux d'indépendance des espions et de leur plus grande liberté de vie, y compris du point de vue financier. Donc, les anciens tchékistes de contre-espionnage ou les promus des Ecoles techniques supérieures choisis pour devenir de futurs espions s'obstinaient à "croquer le granit des sciences" dans l'Ecole spéciale, pour pouvoir correspondre aux standards de la spécialité "Les relations Internationales", qui figurait dans le nouveau diplôme officiel, qu'aucun promu de l'"Ecole Forestière" n'a jamais tenu physiquement entre ses mains.

En vérité, il n'était jamais pas trop claire, pourquoi il fallait ressembler dans un seul endroit de nombreuses personnes destinées à faire partie des effectifs tout à fait confidentiels du Service secret, en soumettant celles-ci et leur futures opérations au risque mortel de trahison, pour juste leurs apprendre des connaissances au fond très ordinaires et de culture générale. À qui cela était utile, nécessaire et profitable? C'est en réalité une question rhétorique, comme celles auxquelles les idéologues communistes jusqu'ici n'ont donné aucune réponse valable: par exemple, les intérêts de qui servaient objectivement Staline et ses acolytes, en supprimant par millions à la veille de la guerre la fine fleur des effectifs militaires et administratifs soviétiques? Est-ce que le peuple soviétique avait vaincu le fascisme grâce à la direction très "sage" du Grand chef ou malgré celle-ci?

Les stratèges du la PGU justifiaient toujours le fait même de l'existence de sa propre École Supérieure fermée par la nécessité de l'enseignement des connaissances et des sciences spécifiques. Une de telles matières, et pour nombreux parmi les élèves - la plus aimée, était le travail pratique sur la détection de la "surveillance extérieure" (c'est comme ça qu'on appelait dans le KGB la filature). Cette matière était pratique et réellement appartenant au métier d'espions. Elle était enseignée théoriquement et appliquée pratiquement par de vrais éléments opérationnels en fonction du 7-ème Département du KGB. Les stages pratiques sur le terrain provoquaient de réelles passions, parce que d'un côté le travail des auditeurs était sévèrement jugé et noté, ce qui influençait le classement de sortie d'Ecole, et de l'autre les agents "fileurs" pendant les opérations d'études engageaient leur fierté professionnelle.

Je me rappelle, comme une fois toute une équipe de filature est même allé jusqu'à commettre une faute professionnelle grave, ayant falsifié les rapports et refusé catégoriquement et contre toute évidence le fait même de la réalisation de filature sur un élève en examen, parce que celui-ci dans un endroit tout à fait inattendu de Moscou avait littéralement disparu en semant ses "fileurs" d'une manière spectaculaire. Il était entré sans qu'on le voie dans un petit atelier de réparation de chaussures caché et regardait tranquillement ses poursuivants à travers ses fenêtres sales, tandis que les agents fileurs - 5 hommes et femmes adultes - se démenaient comme des fous dans une petite court moscovite, sans savoir qu'ils étaient observés et que leur description exacte, tous leurs gestes, y compris les plus menus détails de vêtements, étaient notés précisément et minutieusement dans le rapport par le stagiaire qui en mourant de rire regrettait seulement de ne pas avoir sur lui une caméra. Cependant même en ce qui concerne cette matière passionnante, pratique et au maximum rapprochée des réelles situations "de combat", on peu se douter de l'efficacité des connaissances acquises par les stagiaires, puisque les habitudes étaient élaborées et perfectionnées par ceux-ci uniquement à pied ou dans le transport en commun soviétique bondé de monde des arrondissements taudis de Moscou. On peu en douter fort de l'applicabilité et de la valeur pratique de telles habitudes des futurs éléments opérationnels de la PGU, à qui par la suite il fallait travailler à l'étranger au volant des limousines diplomatiques dans les quartiers résidentiels d'une minuscule cité de Berne ou parmi les "cols blanc" au pied des gratte-ciel à New York.

Les études du perfectionnement des habitudes d'organisation des rencontres secrètes des officiers traitants du Service des renseignements avec des agents étrangers sur des lieux des réunions clandestines, des opérations de remise de matériaux spécifiques dans les cachettes d'espions, des approches secrètes de recrutements d'agents, etc. se pratiquaient sur le terrain, "en ville" avec les "papis" - les professeurs "privatifs", les anciens éléments opérationnels en retraite à l'âge moyen de 70-75 ans, les éléphants de la reconnaissance qui avaient fini l'activité professionnelle il y a 15-20 ans. Selon l'idée stratégique des concepteurs de cours de cette formation, les "grands-pères" étaient appelés pendant des séances individuelles pratiques imaginer et modeler les situations rapprochées au maximum aux conditions modernes du travail réel à l'étranger. Essayez de deviner, ce que cela donnait en pratique dans Moscou soviétique des années 70-80 de la part des vieillards - les anciens tchékistes staliniens, qui avaient travaillé à l'étranger dans les années 50.

Nombreuses et pittoresques étaient les anecdotes et les histoires accumulées par la mémoire collective des auditeurs de cours de KI sur ce contact vibrant avec l'Histoire des renseignements encore vivante, mais respirant à peine. De génération en génération les élèves se racontaient ces innombrables histoires drôles, ainsi que les habitudes farfelues et bizarres de chaque "papi". Vers un tel premier il fallait tout le temps venir par le côté gauche, puisqu'il était complètement sourd à l'oreille droite, mais refusait de le reconnaître, donc il risquait ne rien entendre de toute une conversation de 2 heures et écrire ensuite dans son rapport que l'auditeur soi-disant ne lui avait raconté rien d'important. Un tel autre demandait aux élèves de lui apporter en cachette et violant les règles élémentaires de conduite clandestine, un résumé écrit de la conversation d'étude parce qu'il perdait la mémoire et ne retenait plus du tout les noms, les dates et événements concrets. Aussi pouvait-il confondre tout dans le rapport. A un tel troisième il fallait apporter une petite bouteille de vodka ou du cognac, pour qu'il se réchauffe pendant les promenades d'automne frisquet. Pour un tel quatrième il fallait planifier les promenades et les rencontres de manière qu'il puisse aller aux toilettes tous les 10 minutes (et Dieu sait si c'était pas une tâche facile dans un Moscou du temps soviétique, où les toilettes publiques étaient en principe quasi inexistantes), puisque le pauvre vieux bougre souffrait de prostatite et de l'incontinence.

Humainement parlant tout cela était plutôt touchant, mais du point de vue strictement professionnel un tel enseignement était regrettable et nul. En outre il m'est difficile avec des mots écrits de vous transmettre pleinement toute une palette de sentiments soulevés par l'imitation d'une conversation de recrutement d'agent secret dans un sale café soviétique entre un jeune et brillant élément opérationnel et un vieillard profond qui avait commencé son service dans les "organes" encore au temps héroïque des commissaires du peuple Ejov et Béria et qui avait de la peine à jouer le rôle d'un citoyen de la puissance capitaliste moderne. C'est pourquoi il était parfaitement justifié et naturel, qu'après l'arrivée d'un jeune promu de KI à l'appareil central de la PGU, on lui conseillait d'oublier tout de suite les bêtises, apprises à l'Institut pendant les trois années, et l'on commençaient immédiatement à lui réapprendre le métier pratique d'espion en conformité avec les exigences réelles et les besoins concrets de telle ou telle subdivision du Centre (rappelez-vous de ces paroles satiriques du célèbre Arkady Raïkine dans un sketch sur les étudiants soviétiques: Oubliez la déduction et l'induction, donnez la production!)

Dans la "marre de dépôt" du Service des renseignements s'élargissait et s'affirmait aussi une activité de recherche: les espions en disgrâce ou en retraite écrivaient les thèses tout à fait confidentielles, même le nom desquelles, par définition, était un secret d'Etat. Bien évidement on ne pouvait soutenir de tels thèses secrètes que dans un cercle étroit familial des éléments opérationnels, exceptionnellement initiés aux secrets terribles, à l'écart d'une compétition rigide scientifique ouverte et des règles strictes de la VAK (Commission fédérale sur les attestations scientifiques). Après un soutien caché d'une telle thèse ultra confidentielle, celle-ci était immédiatement enfermée dans les coffres forts où personnes n'avait accès, en vertu du caractère trop secret des summums de la pensée scientifique du Service des renseignements extérieurs soviétiques. Le reste de ses jours ces thèses passaient dans la poussière des archives spéciaux, de sorte que de telles recherches scientifiques n'avaient aucun impacte postérieur et aucune importance pratique pour le perfectionnement des activités opérationnelles. Cependant une telle recherche visiblement inutile pour le Service et la Patrie présentait néanmoins une valeur concrète directe et pratique pour les "chercheurs" eux-mêmes. En effet, une thèse de doctorat, à l'époque soviétique non seulement flattait la vanité d'un nouveau bourgeois gentilhomme quelconque avec des épaulettes du colonel ou général de l'URSS, mais encore donnait-elle les profits sensibles tout à fait matériels et financiers: par exemple, une augmentation du salaire et le droit légal à quelques mètres carrés de plus à la distribution des appartements soviétiques d'Etat.

Changement de statut et augmentation du nombre des facultés au KI inévitablement amenaient l'Ecole vers un élargissement des effectifs - du personnel permanent dirigeant, administratif, enseignant et subalterne. Mais ce processus était en contradiction avec les principes de la garantie de sécurité, non seulement du point de vue de l'intégrité de la documentation confidentielle, mais encore, et avant tout, de la protection de la force principale du Service soviétique des reconnaissances - les effectifs de ses futurs éléments opérationnels. Certes, certaines mesures formelles de sécurité étaient bien prévues dans l'institut, mais sur le papier. Par exemple; les élèves utilisaient les laissez-passer où ne figurait aucune donnée personnelle, pour le confort des relations à l'intérieur du KI ils utilisaient des nom de code, des noms appelés "d'école" dans le but de protéger leurs porteurs contre le "déchiffrement" inutile des identités essentiellement par le personnel enseignant et auxiliaire permanent. Mais en réalité de nombreuses autorités - les chefs d'unités d'étude, des cours et des facultés, ainsi que les chefs de personnel connaissaient les identités véritables et les données personnelles des élèves ayant accès directe à leurs dossiers individuels confidentiels. Les élèves eux-mêmes en général commençaient à communiquer entre eux très vite en dehors des murs de cette institution et en familles, et tôt ou tard dévoilaient les identités personnelles les uns aux autres. Les élèves provinciaux qui n'avaient pas d'habitations à Moscou résidaient tous ensemble dans un foyer familial, comme dans un logement communautaire, où il ne pouvait pas longtemps rester de secrets entre les enfants et les femmes des futurs éléments opérationnels de la PGU - ils finissaient par se connaître tous par leurs vraies identités.

En outre les officiers de carrière dans la PGU tous sans exception étaient obligés d'être au Partie communiste - force principale dirigeante de l'URSS, puisque le Service soviétique des renseignements extérieurs par définition était lui-même considéré comme un détachement avancé armé du PCUS sur le front de lutte mortelle contre l'impérialisme mondial. Ceux parmi les élèves qui étaient encore dans la Jeunesse communiste (Komsomol) à l'admission dans cette Ecole spéciale devaient entrer au Parti pendant la période de formation. Mais les Statuts du PCUS ne prévoyaient plus de possibilité pour ses membres d'être inscrits sous les pseudonymes (comme l'étaient Oulianov Lénine, Djougachvili Staline et autres Trotski), puisque était révolu le temps de la clandestinité en vigueur jusqu'à la révolution d'Octobre 1917 et sur les territoires annexés par l'ennemi durant la guerre. Les questionnaires officiels pour les candidats au Parti et leurs demandes d'adhésion, les caractéristiques écrites et les recommandations à l'entrant par trois autres membres du PCUS étaient rédigés avec la mention des identités véritables et de toutes les données personnelles réelles des candidats à l'adhésion. Les secrétaires des bureaux et des comités du Parti, organisant ce travail avaient accès à ces données généralisées. Les secrétaires et les membres des Comités supérieurs de Parti, qui prenaient les décisions finales sur l'adhésion des candidats, également apprenaient pendant la période des formalités toutes ces données et identités véritables des futurs éléments opérationnels de la PGU.

Comme nous le voyons, le cercle réel des fonctionnaires administratifs et dirigeants, ainsi que des responsables du PCUS, dont les postes et les fonctions donnaient l'accès direct aux données confidentielles sur les effectifs opérationnels de la PGU, était tellement large, que l'on ne pouvait plus sérieusement parler de secret d'Etat. Ce qui était aggravé par le "déchiffrement" mutuel des élèves dans la vie quotidienne des familles et relations amicales. C'était une bombe à retardement qui devait tôt ou tard exploser. L'annonce à la fin des années 80 que camarade émérite Vladimir Pigouzov, premier secrétaire du Comité du PCUS du KI et membre du Grand Comité du Parti de la PGU toute entière, était dévoilé comme l'agent double travaillant pour la CIA, condamné pour la trahison de la Patrie sous forme de l'espionnage par la cour légale soviétique à la peine capitale et exécuté, avait éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel clair. Selon les rumeurs, le traître encore en 1974 pendant sa mission en Asie du Sud-Est aurait été attrapé tout nu par les américains dans les bras d'une prostituée qui était de connivence avec la CIA. D'abord forcé par le chantage il aurait donné son accord pour la collaboration confidentielle, mais ensuite y ayant pris goût, pendant plus de 10 ans Pigouzov collectait d'une manière régulière l'information sur le effectifs secrets de la PGU et sur ses opérations. Cette "taupe" américaine a été découverte grâce à l'information fournie aux "organes" soviétiques par un traître américain - Aldridge Ames qui était le chef du Département chargé de la lutte contre l'URSS au sein de la CIA, un agent double travaillant pour le KGB.

Qui a dit que l'explosion sur le sous-marin atomique "Koursk" et l'incendie de la tour de télévision d'Ostankino étaient les plus grandes catastrophes en Russie après Tchernobyl? Certes, 118 personnes ont péri sur "Koursk", que Dieu les bénisse. Bien sûr un sous-marin nucléaire, le plus moderne et très coûteux est irrévocablement perdu pour le potentiel militaire du pays, mais on peut encore faire remonter l'épave, pour retirer les codes confidentiels et le réacteur, ayant réduit les pertes seulement au préjudice financier et humains, ainsi qu'à la réputation tarée personnelle du Président Poutine, Commandant en chef des forces armées russes et le "sous-marinier honorable" de Russie (on lui a discerné ce titre honorifique au printemps lorsqu'il est allé faire une petite sortie de croisière en sous-marin stratégique à Mourmansk) qui, étant pragmatique jusqu'au cynisme, continuait comme si de rien n'était à bronzer avec la femme sur les plages à Sotchi et à s'amuser comme un petit garçon sur les scooters d'importation (nous dirions entre parenthèses que, vu leur faible consommation de fuel, finalement les scooters coûtent aux contribuables russes beaucoup moins cher que les sorties présidentielles en chasseurs supersoniques SU-27, les chars d'assaut T-90 ou encore les sous-marins atomiques stratégiques sur lesquels Poutine préfère se promener d'habitude - visiblement il était privé de jeux pendant son enfance, pauvre Volodia) dans les eaux chaudes de la mer Noire, tandis que ses subordonnés, les marins de la Flote du Nord s'asphyxiaient héroïquement dans le gouffre glacial de la mer de Barents et que ses amiraux mentaient au monde entier à l'ancienne façon trop connue: Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien...

Ils est évident qu'un sous-marin non identifié ennemi n'a pas heurté dans les champs et les bois autour de Moscou l'Institut du Drapeau Rouge, comme la tour de télévision d'Ostankino, et il serait très difficile de remettre l'échec global dans la PGU sur le compte d'un pure hasard. Du point de vue de la sécurité nationale la trahison de Pigouzov avait causé des conséquences beaucoup plus catastrophiques dans le Service secret soviétique. Le "déchiffrement" systématique à une très grande échelle des milliers d'éléments opérationnels d'une institution ministérielle la plus confidentielle de l'URSS qui ont passé par les mains de ce traître qui par son travail avait l'accès non seulement aux plusieurs documents hautement confidentiels généralisés concernant l'organisation du système de la formation des cadres pour les "organes" de la sécurité d'Etat, mais encore aux dossiers individuels de n'importe quel employé et élève de "l'Ecole Forestière" contenant les données complètes et véritables. Cette trahison globale avait remis en question l'existence même de la PGU dans son aspect ancien.

Des milliers d'éléments opérationnels "déchiffrés" jouaient le rôle des officiers traitants pour les dizaines et les centaines de milliers d'agents secrets précieux dans le monde entier qui étaient la sources des information confidentielles. Et si un officier soviétique de carrière, effectuant l'activité d'espion à l'étranger sous la couverture et la protection diplomatique dans le pire des cas risquait un simple renvoi du pays de son séjour vers l'URSS comme une personne non-grata et une éventuelle impossibilité de repartir ultérieurement en poste à l'étranger, un agent secret local recruté parmi les ressortissants étrangers et utilisé par la PGU comme une source d'information risquait parfois la peine de mort ou en tout cas un long emprisonnement. Après cette trahison plus aucune personne liée aux activités de la PGU dans le monde entier ne pouvait travailler tranquillement, ne sachant pas sans faute si elle n'était pas "déchiffré" à son tour. Tout un vaste système des renseignements soviétiques a été anéanti par une seule personne qui assistait pendant des années aux innombrables séances du Comité du PCUS de la PGU, où sans rien cacher les plus hauts dirigeants du Service de sécurité faisaient au retour des missions régulièrement des comptes-rendus, où étaient présenté et approuvé les plans perspectifs du travail de la PGU et les programmes de perfectionnement de la formation de ses cadres et effectifs. Le traître avait l'accès et la possibilité de copier des centaines de milliers de documents confidentiels dans les Archives au Centre, de tel façon qu'il n'en est resté le moindre secret à Yasénévo.

En général, avec les fonctionnaires du Parti de toute évidence les choses au KI et à la PGU allaient mal. L'échec professionnel catastrophique après la trahison du camarade secrétaire communiste et "taupe" de la CIA Pigouzov était aggravé en 1990-91 par une autre "affaire" : le passage du côté de l'adversaire d'un transfuge - commandant Mikhaïl Boutkov (le nom d'école "Batov"), qui était en mission à long terme à la résidentura (antenne spéciale) du KGB en Norvège sous la "couverture" officielle journalistique, travaillant comme envoyé spécial pour plusieurs journaux du Comité Central du PCUS. Lors de sa formation à "l'Ecole Forestière" il était pendant 3 ans le secrétaire du bureau de Parti d'une des promotion à la faculté principale du KI. Suite à ses fonctions dans le Parti il connaissait les données complètes et confidentielles personnelles, ainsi que la spécialisation de langues étrangères et les futurs affectations de plusieurs élèves de sa promotion (c'était lui qui préparait personnellement les adhésions au PCUS, contrôlant la rédaction ses questionnaires secrets de Parti et les caractéristiques individuelles pendant les formalités d'adhésion). En outre il avait toute la possibilité de collecter à sa guise les renseignements sur les qualités personnelles de tous ses contacts au KI (en trois année il en a eu plusieurs centaines - potentiellement 6 promotions des 2 facultés), permettant d'établir par la suite leurs portraits psychologiques et professionnels. Il faut y rajouter encore tous ses collègues de travail à la PGU. Après la publication de son livre "Le KGB en Norvège" quelques dizaines d'éléments opérationnels du KGB travaillant sous le toit des représentations officielles soviétiques ont été expulsés du Norvège. Pratiquement toute la Section norvégienne de la PGU est devenue "névyezdnoi" - interdite de sortie dans les pays de l'OTAN. Les conséquences de cette trahison sur la Section norvégienne sont ressentis jusqu'à présent au SVR. Après son transfuge Boutkov a demandé et obtenu l'asile politique en Grande Bretagne, reçu la nationalité britannique et une pension militaire, mais se croyant lésé par le Service secret de sa Majesté a préféré passé dans le privé. Cet agent double brillant, devenu pantouflard, a organisé une petite entreprise privée à Genève pour soi disant consulter les "nouveaux russes" et leur rendre services d'octroi de visas; d'éducation dans les Ecoles privées pour leurs enfants, d'ouverture des comptes bancaires en Suisse, etc. En réalité ses buts étaient différents - après avoir collecté plus de 3 millions de livres sterling de ses nouveaux clients de la nouvelle mafia russe trop confiants et quelquefois naïfs, il les a tout bêtement dépossédé de leur argent sale, a été condamné cette fois-ci par une cour britannique et a disparu dans la nature avec son pactole.

On pouvait, certes, compter sur un miracle en espérant que les 2 traîtres mentionnés par nous ici n'ont pas remis à l'adversaire toute l'information confidentielle se trouvant à leur disposition et, en particulier, celle qui concernait l'appartenance aux " organes" secrets de chaque personne particulière que les "taupes" avaient croisée sur leur chemin. Mais quand on est dans le domaine des services spéciaux, on doit supposer toujours le pire. Si on agît autrement - par une naïveté ou négligence criminelle - on peut par le même coup consciemment faire exposer au danger de mort non seulement des éléments opérationnels concrets en mission à l'étranger, mais encore tous les agents secrets avec lesquels ils travaillent, toutes les opérations confidentielles où ils prennent part, et en général le destin de tout le Service secret de renseignements extérieurs.

Il y a eu avant ces 2 défections et après celles-ci encore des dizaines de traîtres, y compris parmi les dirigeants les plus haut placés de la PGU, des chefs des résidenturas (antennes) du KGB à l'étranger. On peut encore entendre des voix (celle par exemple du Colonel Medniss, ancien chef de la résidentura au Canada, ou encore celle de l'ancien élément opérationnel de la résidentura de Washington Alexandre Sokolov), qui disent que le général Kalougine lui-même était aussi une "taupe" américaine et que c'est lui qui pistonnait Pigouzov, assurant sa protection contre les représailles du Parti lorsqu'il a été rappelé avant terme au Centre d'une mission à l'étranger pour une affaire de "mœurs". Selon les rumeurs, ce serait précisément Kalougine, chef du contre-espionnage au sein de la PGU et agent double à son tour, qui aurait fait transféré au KI et nommé à un poste exceptionnellement haut du Parti cette "taupe", lui ouvrant les perspectives presque sans limites dans la collecte des données exactes sur la composition des effectifs en formation du Service soviétique des renseignements extérieurs. En vérité dans un pays normal il aurait suffit seulement du cas de "l'archiviste" Mitrokhine (comme Pigouzov, le futur traître Mitrokhine était un produit logique des "décharges" de la PGU, qui automatiquement poussait sur la voie de trahison des gens marginaux, mais vaniteux, moralement et professionnellement insatisfaits, rejetés de force à la marge du Service actif par les directeurs du personnel et les autres autorités supérieurs de la PGU) pour la prise d'une décision douloureuse mais inévitable du licenciement de tous les effectifs opérationnels et de la liquidation totale du Service secret.

Seulement imaginez vous combien de centaines de généraux et de colonels haut placés auraient perdu leur place si douillette après une destruction de cette sine cure? Donc, le foutu Service des renseignements extérieurs de notre foutu pays (qui ne sont pas normaux ni l'un ni l'autre) a préféré faire semblant de ne pas remarquer des défections de Pigouzov, Boutkov et des dizaines d'autres traîtres. Et le SVR de Russie - héritier de la PGU du KGB de l'URSS - jusqu'ici fait semblant que rien de sérieux n'a pas eu lieu. L'emplacement des objectifs "déchiffrés" est resté comme par le passé, les vieux manuels complètement désuets et passés plusieurs fois en Occident sont toujours considérés officiellement confidentiels, les nouveaux élèves sans se douter de rien continuent à résider tranquillement dans les mêmes foyers "déchiffrés" dont l'emplacement est connu de tous les services secrets du monde, sans observer les moindres mesures de sécurité. Les jeunes futurs effectifs du SVR prennent les mêmes autobus "déchiffrés" de service aux mêmes endroits "déchiffrés" dans la ville de Moscou, où les agents des Services de renseignements de l'adversaire peuvent à leur guise les photographier, donc les "déchiffrer" à leur tour. En plus, les nouveaux chefs du SVR et de son institution de formation croient toujours bêtement confidentiel l'emplacement "déchiffré" des anciens quartiers généraux "déchiffrés" (matériellement hérités de la PGU soviétique) du nouveau Service secret russe et sa "forge des effectifs". Et vous appelez ça - un des plus puissant Service secret du monde? Allez, faut pas déconner à ce point!

En juillet 2000 dans notre article "La maison construite par Schtirlitz" nous avons déjà démontré de quelle manière spectaculaire et complètement farfelue on construit chez nous le logement pour les éléments opérationnels secrets du SVR, apparemment comme pour faciliter spécialement aux Services secrets occidentaux leur travaille du "déchiffrement" de nos vaillants espions (histoire d'en rire, nous avons envoyé une copie de cet article au président de Russie et au directeur du FSB - cependant nous n'avons reçu aucune réaction officielle, comme nous l'attendions d'ailleurs, ce qui signifie que tout cela est considéré chez nous tout à fait normal). Dans le peuple russe on appelle cela de la folie, et dans le Code pénal - de la négligence criminelle, tout au moins. Pensez-y la prochaine fois lorsque vous regarderez les mythes héroïques cinématographiques sur le Service secret soviétique "L'écran et le glaive", "Les 17 séquences du printemps" ou "L'exploit d'un espion". A notre avis, les futurs éléments opérationnels qui sont encore en train de "croquer le granit des sciences" à l'Académie des renseignements extérieurs, ne devraient pas compter d'une manière trop optimiste sur un passe-temps facile dans les missions sans histoires à l'étranger avec le happy end obligatoire comme dans les chef-d'œuvres de Hollywood: il est tout à fait possible que bien avant que nos nouveaux espions n'arrivent à leurs futurs postes d'affectation sous la couverture officielle, leurs photos d'identités et les données complètes personnelles confidentielles seront soigneusement étudiés déjà par les experts du FBI américain, de la DST française, de la BND allemande ou d'autre service de contre-espionnage des pays de l'OTAN.

Cela ne nous étonnerait pas outre mesure, si après la publication du présent article le FSB, le Parquet général ou le Parquet militaire de Russie au lieu de réfléchire réellement sur le fond des vrais problèmes soulevés par nous et sur les faits indéniables et incontestables, ne se jettent encore une fois dans une lutte sans merci contre l'auteur de ces lignes. On a connu déjà chez nous beaucoup de luttes contre les sorcières qui se sont avérés par la suite être de simples règlements de comptes. En effet; les fonctionnaires fautifs du Parquet militaire; qui avaient manqué au préalable à leur devoir légal de contrôle sur le SVR, avaient déjà fait en revanche une tentative agressive de nous enfermer en été 1999 en prison du FSB à Léfortovo lorsque les mass médias avaient publiés avec notre concours les documents ouverts dans lesquels sur le papier en-tête officiel du SVR (ne portant pas de mention "Confidentiel") les hauts fonctionnaires du SVR racontaient ouvertement de nombreux secrets d'Etat, sans prendre aucune mesure particulière de sécurité, due à une inadvertance, une négligence criminelle ou même avec une intention de nuire.

Et après ça, à notre déclaration officielle écrite, conforme aux exigences de l'article 3 du Code de la procédure pénale de Russie et relatant les faits incontestables établis par une Cour de justice, pièces à l'appui, de la divulgation des renseignements confidentiels par le chef du personnel su SVR le général Lijine, le sous-directeur du SVR le général Novikov, le chef du service juridique du SVR Kantorov et par d'autres hauts fonctionnaires, le Procureur général militaire a répondu qu'il ne voyait pas dans ces faits, nous le citons, "d'indices valables des crimes dignes de poursuites judiciaires pénales". Les responsables du Parquet général ont trouvé anodines les citations directes et ouvertes, formellement interdites par les lois en vigueur, par la juge de la Cour de Moscou Emicheva dans le texte de sa décision publiquement annoncée et publiée des documents tout à fait confidentiels réglementaires du KGB, du KI, du SVR et de la AVR, ainsi que la divulgation passible d'emprisonnement, du fait de l'appartenance d'une personne concrète aux effectifs du SVR, sans le consentement obligatoire du directeur du SVR et de la personne concernée pour une telle divulgation (comme cela est stipulé dans l'article 18 de la Loi fédérale "Sur les renseignements extérieurs de Russie"). A notre requête le Parquet a répondu que suite à une enquête interne, il a été décidé de ne pas engager de poursuites pénales contre les responsables d'une telle divulgation, car (tenez vous bien) elle n'a pas eu lieu. Après de telles bévues et bavures judiciaires (et nous pouvons en citer des dizaines d'autres), plus rien dans ce pays de nous étonne.

Si nous nous donnons encore la peine d'écrire ces lignes c'est pour le grand public très naïf et les lecteurs mal informés. Grâces à ça, il leur sera peut être plus facile de comprendre des dessous de table des "affaires", entièrement fabriqués par les pouvoirs, du journaliste de la Radio "Liberté" Babitski, des écologistes connus - le capitaine Nikitine et le journaliste militaire Grigori Pasko, accusés par le même Parquet militaire de la divulgation des secrets d'Etat parce qu'ils ont publié des données sur les déchets radioactifs militaires polluant. Ces lignes seront peut être utiles aux adolescents modernes romantiques, si à l'exemple d'un certain petit garçon de 15 ans de Léningrad Volodia Poutine (si l'on croit son propre livre autobiographique ou une brochure bizarre éditée par les lèches-cul d'une succursale de district du parti "Unité" de son Petersbourg natal pour la diffusion dans les écoles primaires) ou de son disciple idéologique cinématographique - l'écolier Rouslane du chef-d'œuvre de Vadim Abdrachitov "Plumbum ou le jeu dangereux", si; donc il leur vient à l'esprit l'idée de venir dans une salle de réception du KGB local pour proposer spontanément leurs services sincères dans la lutte secrète et impitoyable des forces de Bien contre le Mal, nous leurs conseillons d'abord d'essayer de comprendre ce qui est le Mal et le Bien notre pays.

Si l'on se base sur les derniers exemples brillants de l'activité douteuse, provocatrice et énigmatique des "organes" actuels russes de sécurité:

tout ceci nous pousse à faire d'avance une déclaration publique pour stipuler officiellement, que nous ne nous occupons pas d'activités illégales, nous ne faisons pas de trafique de stupéfiants, ne stockons pas chez nous de drogues, d'armes, de fausse monnaie ou bijoux, nous ne faisons pas fabrication et de trafique de pornographie pédophile, ne détournons pas de mineurs, nous n'avons pas chez nous dans les cachettes ni de moyens techniques d'espion, ni d'instruments des meurtres passés.

De plus, nous assurons les lecteurs et les fonctionnaires des "organes" compétents qui pourraient mettre en doute la sincérité de nos paroles que, possédant les connaissances professionnelles spéciales, nous nous rendons quand même bien compte de la bêtise de continuer de telles actions tout en publiant de pareils articles ce qui assurément attire sur nous une attention toute particulière des services secrets. Nous voudrions bien préciser que même si de tels matériaux illégaux se trouvaient chez nous, nous les aurions supprimés préalablement en nous rendant bien compte du caractère explosif de cet article. C'est pourquoi, si jamais par un "accident" l'on retrouve chez nous tout de même de pareilles choses, nous le disons d'avance publiquement que cela sera le résultat d'une provocation des Services secrets. Nous ne sommes pas dépressifs et n'avons pas non plus de motifs pour mettre volontairement fin à nos jours. Mais pour qu'on ne nous reproche pas d'être fou et maniaque, nous communiquons cela spécialement pour les employés des Services secrets ou les amateurs qui ont fait les perquisitions secrètes dans nos habitations en mai - juin et en août 2000, aussi bien que pour les éléments opérationnels du FSB qui visitent régulièrement nos sites depuis les serveurs [natan.fsb.ru] [213.24.76.13] [gamma.fsb.ru] et [pnet.fssr.ru] (nous pouvons fournir en supplément d'autres données, y compris les IP constants de nos surveillants électroniques des Services secrets, par exemple les dates exactes de leurs visites et autres précisions qui nous ont été fournies par un prestataire de services international).

Mais revenons quand même à l'histoire de la PGU et de son institution de formation spécialisée. Dans la période des années 1991-92, après la désagrégation de l'URSS et du KGB, les défections massives à l'Ouest parmi les officiers de la PGU (des dizaines de cas simultanés de transfuges), plus de la moitié des éléments opérationnels les plus énergiques, capables, prévoyants ou carriéristes ont démissionné du Service (à commencer par notre président actuel, qui au retour de sa mission en RDA a choisi d'abandonner la carrière militaire dans le Service secret pour un poste plus prometteur à la mairie de Léningrad sous la protection personnelle du Maire Anatoli Sobtchak). En effet, il était connu qu'à l'époque soviétique la PGU était non tellement un lieu de travail élitiste, mais plutôt un "mangeoire" (comme on appelait dans le peuple les endroits où on travaillait moins et gagnait plus), d'où les "communistes convaincus" partaient volontiers à l'étranger capitaliste très critiqué officiellement, pour y gagner des salaires supérieurs à ceux proposés à l'intérieur du "paradis bolchevik". Les éléments opérationnels du Service secret avaient une position encore plus privilégiée même par rapport aux citoyens soviétiques déjà privilégiés par le travail dans les pays "ennemis".

Les "éclaireurs" vaillants surveillaient les employés des représentations soviétiques officielles à l'étranger, regardaient et écoutaient tout ce qui se disait et se faisait dans les "colonies" des expatriés. Les officiers du KGB avaient plus de moyens supplémentaires en dollars et autres devises capitalistes pour les "dépenses opérationnelles secrètes", ils étaient autorisés à communiquer plus librement avec les étrangers sans risque être rappelé avant terme de la mission comme les simples ressortissants soviétiques qui étaient soupçonnés tout le temps de préparer les transfuges dans le camp ennemi mieux garni matériellement. Après la chute symbolique du mur de Berlin et ouverture des frontières soviétiques pour des échanges internationaux plus larges, cette position spéciale des espions soviétiques "légaux" était définitivement abolie. L'arrivée des règles implacables du marché libre a entraîné l'échec logique des financements publiques des structures surgonflées ce qui a décidé le sort de la PGU vers une quasi destruction de ce Service secret soviétiques. Au sein du nouveau Service russe créé sur les ruines de la PGU sont restés seulement soit les idéalistes fanatiques, prêts pour le sacrifice dénudé de tout bon sens pour le régime qui avec ses propres mains les supprimait petit à petit, soit les incapables complets qui n'auraient pas trouvé du travail dans les nouvelles conditions de la compétition libre sur le marché civil de l'emploi. Eux seuls étaient d'accord de risquer leurs vies pour une nouvelle cause nationale inexistante ou changeante tous les jours selon l'humeur du président alcoolique et despotique d'un pays en décomposition ou de faire semblant de travailler dans les conditions des impayés chroniques de soldes (minimum 6 mois et souvent plus).

Le KI était moins que la PGU exposé à cette hémorragie d'effectifs valables, tout simplement parce qu'il y en avait pratiquement pas, puisque dans cette institution de formation par définition initialement étaient rassemblés plutôt les "rejets" du Service de renseignements extérieurs. Mais les représentants de cette catégorie socioprofessionnelle eux aussi ont commencé à réfléchire au futur qui était de moins en moins radieux. Les meilleurs effectifs (disons les moins mauvais) ont commencé à fuir les murs de cette "décharge" humaine. Tel était le cas du Colonel Igor Préline passé au service de communication du nouveau FSB ou encore celui du Colonel Oleg Netchéporenko, tous les deux ayant servis plus de 30 ans dans des renseignements et il y a longtemps "déchiffrés", comme plusieurs personnes convenables à cause de la trahison des autres. Netchéporenko qui avait travaillé au KI les derniers temps comme Chef de la Chaire de la théorie et de la pratique de renseignement secret, a démissionné en 1991 à cause du désaccord avec les méthodes et le style de la direction.

Comme dans les autres structures éducatives d'Etat en ce temps qui vivaient encore dans la captivité des normatifs soviétiques et des catégories bureaucratiques, le seul moyen de survie dans de nouvelles conditions de la hausse faramineuse des prix, de l'inflation galopante, de la chute du pouvoir d'achat et de la dévaluation du rouble, était seulement le changement du statut formel de l'institution de formation. A cette époque les écoles ordinaires devenaient partout soudainement et sans raison apparente "gymnases" ou "collèges", les instituts - "universités", les universités - "académies". En utilisant l'influence grandissante d'un certain académicien, spécialiste de l'Orient devenu le Directeur de la SVR, à la veille de l'anniversaire du KI celui-ci a obtenu un nouveau statut plus élevé par le décret présidentiel spécial confidentiel N° 1999-c du 17.10.94. C'est comme ça qu'en 1994 en Russie est apparue l'Académie des renseignements extérieurs (AVR) au sein du SVR.

Le rehaussement de son statut s'est soldé réellement par une petite augmentation nominale de la quantité de billets de banques dans les bourses des professeurs (mangée tout de suite par l'inflation), qui pour la première fois après l'écroulements du système public soviétique se sentaient enfin égaux à d'autres représentants de la maudite confrérie des maîtres de classes vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Outre cela, en vertu de sa spécificité, AVR était formellement privée d'une autre possibilité de survie matérielle utilisée littéralement par toutes les écoles de l'Etat - du passage global et illégale vers un enseignement payant généralisé à peine camouflé, de l'utilisation frauduleuse du bail privé des locaux publics, de la création auprès des écoles d'Etat des structures mafieuses privées de formation, bien que partiellement et sous un aspect très caché la même pratique douteuse avait lieu également au sein de l'AVR. Elle pouvait, certes, tenter d'organiser les cours payants pour apprendre aux "nouveaux" bandits riches russes l'art des services secrets, mais Primakov sentait par les tripes qu'il y avait quelque chose de fondamentalement sale et interdit dans tout cela, et freinait le processus de privatisation de l'AVR par tous les moyens.

Le problème suivant, auquel s'est heurtée l'AVR dans les nouvelles conditions du marché libre d'emploi, des marchandises et des services, c'est qu'il y avait une baisse générale d'intérêt au travail dans les Services secrets, et par conséquent aux diplômes de l'Ecole Forestière, d'autant plus que personne n'avait réellement tenu entre ses mains ces diplômes-ci, car contrairement aux exigences des lois soviétiques et russes sur l'éducation supérieure ces papiers étaient toujours illégalement gardés enfermés dans les coffres-forts des Archives confidentielles du Service. Les promus des Grandes Ecoles prestigieuses de Moscou (MGUIMO, Université Lomonossov, Université des langues étrangères Maurice Torez, Université physico-technique, etc.) qui auparavant, à la "belle époque" soviétique, composaient la majorité des élèves du KI en formation courte (d'un an) ou moyenne (de deux ans), ont cessé de s'intéresser à cette perspective professionnelle d'un emploi peu attirant, trop risqué et mal payé. Maintenant ils pouvaient partir pour un travail mieux rémunéré à l'étranger par leur propre moyens d'une manière beaucoup plus facile et sans courir des risques inutiles d'être pris en flagrant délit d'une activité illégale passible d'expulsion vers la Russie et d'interdiction à vie sur le sol tellement attractif du capitalisme développé et civilisé. Ne possédant plus d'attraits majeurs et d'aucun monopôle important dans le domaine de formation, l'AVR a cessé d'être considérée comme prestigieuse pour les nouvelles élites du pays. En même temps elle n'était pas non plus attirante du point de vue des gens aspirant vers un travail dans les structures nationales militaires et paramilitaires (de "force", comme on les appelle communément en Russie), puisque, contrairement aux mythes, le SVR ne fait pas partie de celles-ci, étant donné son statut légal particulier qui lui interdit toute activité d'enquêtes secrètes et opérationnelles sur le territoire de la Russie. Le Service des renseignements extérieurs n'a aucune influence palpable sur les flux de marchandises ou l'accès aux leviers considérables financiers. Il est, donc, totalement privé du pouvoir réel à la différence du FSB, du Ministère de l'intérieur, de la Police fiscale, du Service des douanes, etc. (d'ailleurs, un certain M. Poutine, ex-lieutenant-colonel clairvoyant de la PGU dissoute, l'avait très bien senti et, au moment voulu, avait préféré devenir plutôt Directeur du FSB puissant et omniprésent que du SVR dystrophique et impotent à la différence de l'académicien Primakov, sur l'intelligence duquel courent encore bien des mythes. L'histoire a prouvé que le choix stratégique du premier était plus juste que celui de l'autre Présidentiable qui maintenant siège seulement à la Douma au lieu de Kremlin tant espéré qui lui est passé sous le nez).

A l'heure actuelle il est très difficile pour l'AVR, elle l'avoue ouvertement, d'attirer des éléments valables. Cela ne nous étonne pas. Seuls les pauvres provinciaux (ayant trop souvent regardé "Les 17 séquences du printemps" et lu trop de mauvais romans policiers, mais n'ayant pas de capacités intellectuelles ou financières suffisantes pour entrer dans les prestigieuses institutions de formation à Moscou comme l'Académie de la fonction publique près la Présidence de Russie, l'Académie financière près le Gouvernement de Russie, MGUIMO, etc.) peuvent encore être intéressés à entrer dans une institution de formation d'un Ministre qui n'a rien d'autre à faire partager avec ses futurs éléments opérationnels que ses anciens mythes empestés de naphtaline et d'odeurs de cachots staliniens. Rajouter une dizaine d'ordinateurs dans les classes et quelques noms de disciplines à la mode dans les programmes d'études qui ne sont d'ailleurs toujours pas ratifiés officiellement par le Ministère d'éducation, ne peut pas vraiment aider une institution moderne dans la Russie actuelle à résoudre le problème de prestige et d'attractivité pour les futurs élèves. De telles décorations cosmétiques peuvent tout au plus tromper les enfants stupides et illettrés de quelques bergers caucasiens ou bandits du deuxième rang, et encore…

Dans ce processus de la dégradation de la jadis fameuse "Ecole Forestière" le rôle considérable a été joué précisément par l'esprit stalinien, l'air lourd de remugle, sentant la haine et l'intolérance viscérale, qui comme par le passé continuait à empoisonner les couloirs de cette institution à côté du village de Tchélobitiévo dans la banlieue nord-est de Moscou. Telle une grenouille vaniteuse et arrogante d'une fable de Lafontaine, l'AVR se désagrégeait imperceptiblement dans les bois, tout en étant silencieusement gonflé d'un orgueil étrange qui n'était plus basé sur rien, du complexe de supériorité, de son grand rôle caché imaginaire et d'une importance incompréhensible. La "forge" des effectifs du SVR a en réalité complètement raté le passage entre les époques et une chance unique pour devenir une Grande Ecole ouverte, à la différence, par exemple, du MGUIMO - une institution tout aussi fermée au temps soviétique. Appartenant administrativement au Ministère des affaires étrangères, cet Institut anciennement totalement confidentiel a réussi parfaitement bien s'adapter aux nouvelles conditions, non seulement ayant affermi son autorité et prestige, mais encore ayant augmenté son statut en organisant les programmes communs avec les universités et les grandes écoles mondialement connues (ce n'est pas pour rien que le petit fils du président Eltsin, après un bref passage à Oxford, a décidé de suivre aujourd'hui l'exemple de celui de Brejnev dans les année 80 en continuant sa formation dans cette même Ecole d'élite russe). L'AVR, au contraire, n'a même pas pu tirer le moindre profit de son passé héroïque et d'un certain intérêt qui lui était réservé un temps assez court. Comme un adolescent en période d'acmé de puberté, l'AVR continuait à se cacher honteusement dans les bois, suite à quoi elle a perdu définitivement tout espoir de devenir quelque chose de plus que des cours ruraux de formation continue d'un ministère pauvre et dénudé d'intérêt. Le canard boiteux ne s'est pas transformé en un cygne beau et majestueux, mais est devenu un dindon arrogant et dégoûtant.

En outre, les chefs actuels du SVR et de l'AVR continuent, comme dans les années 30 staliniennes terribles, à générer et gonfler une atmosphère de secrets artificiels, sans se rendre compte du ridicule et sans en être gênés. Ils essaient d'organiser la chasse aux "ennemis du peuple" à l'ancienne, d'engendrer les mythes sur les grands acquis inexistants de cette institution, en bourrant le crâne aux pauvres adolescents innocents russes par ces bobards sur la "forge glorieuse des effectifs des renseignements préparant les espions du 21-ème siècle" (tel était le titre d'une interview du général Gribov). Cette foutue "forge" du troisième millénaire ne s'est même pas donnée la peine de demander une licence convenable obligatoire sans laquelle elle n'a pas le droit légal d'avoir une activité de formation et d'enseignement, et cette glorieuse institution ne s'est pas accréditée auprès du Ministère de l'éducation de Russie sans quoi elle n'a pas de droit légal de délivrer les diplômes d'Etat.

En revanche; les "forgeurs" des effectifs de l'AVR et leurs supérieurs du SVR trouvent bien le temps de faire sortire des sous-sols de Loubianka les vieux tampons en toile d'araignées avec mention "Secret d'Etat" et de les apposer stupidement sur les vieux diplômes en poussière des promus de l'Ecole d'il y a 15 ans qui avaient été encore 10 ans en arrière "déchiffrés" (les diplômes et les promus) par les traîtres Pigouzov et Boutkov. Et tout cela - sous prétexte que ces diplômes poussiéreux soi-disant confidentiels pourraient encore révéler l'appartenance de quelqu'un aux effectifs du Service de renseignements soviétique, qui avait bel et bien disparu en 1991 après le putsch raté et la dissolution de l'URSS. Mais, Bon Dieu, quoi de plus peut-il encore apprendre ce sacré adversaire et ennemis occidental après toutes les trahisons des années 70-90 à part le degré réel de bêtise sans limites dans le SVR actuel (en voilà le plus Grand Secret d'Etat)? Il sait déjà plus que nous, l'adversaire, sur "THE BIG BORDEL" (le Grand Foutoir - en traduction correcte) de notre Service secret et de sa "forge des effectifs! Ce qui est le plus absurde que dans cette lutte sans merci pour défendre les secrets inexistants contre l'entourage démocratique, les représentants du SVR et de l'AVR non seulement ont violé déjà toutes les lois possibles et imaginables, mais encore sont-ils arrivées aux autoaccusations ridicules d'avoir commis des crimes de droit commun ce qu'ils ont avoué même devant la cour de justice (malheureusement, en procès civil - et nous avons maintenant beaucoup de peine pour attirer l'attention du Parquet sur ses aveux du point de vue pénal). Comme argument majeur dans le refus de nous délivrer le diplôme de la foutue "forge des effectifs" du Service secret, ses dirigeants sont allé jusqu'aux affirmations à la cour que la formation donnée au KI en réalité était inexistante, pas réellement du niveau supérieure et que les diplômes en vérité étaient faux et illégaux. Comment voulez vous que les jeunes générations de Russie actuelle soient attirées par une telle "forge"?

Il est évident que notre Service secret n'a tiré aucune leçon de ses innombrables échecs. La description détaillée de la plus grande et spectaculaire trahison dans l'histoire de "l'Ecole Forestière" attend encore son heure. L'opération spéciale du Service de contre-espionnage qui avait permis de retrouver la "taupe" Pigouzov n'est pas encore décrite. A notre avis, il ne faut pas être trop timides à nos vaillants éléments opérationnels du FSB dirigés par Patrouchev. Il n'y a rien de gênant pour nous raconter enfin cet exploit extraordinaire. Il serait temps d'ouvrire les archives pour les chercheurs sérieux, capables de présenter à l'appréciation de l'opinion publique la personne véritable de la super "taupe" américaine au sein de la PGU, pour qu'ils fassent une analyse sincère, objective et indépendante des vraies raisons qui l'avaient amené à la trahison, une estimation des préjudices portées au Service. On voudrait interroger plus en détail les anciens camarades Krutchkov, Chebarchine, Orlov et certains autres généraux encore en vie, sous la direction desquels pendant de longues années avait travaillé ce traître.

Les questions suivantes attendent ses réponses:

Ou encore cette question cruciale:

Donc, qu'est ce qu'elle est en réalité, cette foutue "Ecole Forestière" ou, soi-disant, l'Académie des renseignements extérieurs de Russie? Une "forge des effectifs d'espions russes du 21-ème siècle" ou tout de même un vestige honteux de l'époque stalinienne révolue?


16.10.2000

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Cet article a été initialement publié en version russe.


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