ÉCRIVAIN PUBLIC
Réflexion faite!...
L'auteur est écrivain public
Chacun sait ou devrait savoir que l'écart au chapitre de la répartition de la richesse dans le monde se creuse de plus en plus. Ce que l'on sait moins cependant, c'est que cet écart se creuse à un rythme effréné au point de noter une accélération quasi exponentielle au cours des dernières années seulement.
Non seulement les nations et corporations les plus riches accroissent-elles sans cesse leur niveau de richesses, mais il en est de même des individus comme tels, en particulier ceux qui, depuis les dix dernières années, détiennent la plus grande part des capitaux sur la planète, dont les Bill Gates et Warren Buffet pour n'en nommer que deux, et non les moindres, sans compter les têtes couronnées, les émirs, les magnats et barons de la finance, toutes espèces confondues, y compris ceux reliés au monde interlope, et tous les autres.
Il appert à ce jour que les 3 personnes les plus fortunées au monde possèdent une valeur nette supérieure au total du produit international brut (PIB) des 50 nations les plus pauvres, ne s'agissant pas d'une mince affaire si l'on considère que ces dernières représentent pas moins de 25% de l'ensemble de tous les pays. On rapporte par ailleurs qu'en 1995 le cinquième de la population vivant dans les pays les plus riches avait des revenus de plus de 80 fois supérieurs à ceux du cinquième de la population vivant dans les pays les plus pauvres, écart qui s'est creusé depuis en faveur des plus nantis.
Les chiffres compilés dans le Rapport mondial de 1998 sur le développement humain et provenant de la division du Programme de l'Organisation des Nations unies pour le développement font par ailleurs état du fait qu'aujourd'hui, dans un peu moins de 80 pays, le revenu per capita par habitant est de loin inférieur à ce qu'il était il y a vingt ans et qu'un peu moins de 4 milliards de personnes essaient tant bien que mal de survivre avec moins de .25 sous par jour.
Le Rapport fait par ailleurs état du fait que plus du tiers de ceux qui peuplent les pays en voie de développement, eux-mêmes représentant un peu moins de 5 milliards de personnes, n'ont pas d'eau potable et qu'un enfant sur cinq n'a pas droit à la ration quotidienne minimum acceptable de protéines et de calories. Il appert également que le 1/3 des habitants de la planète souffrent de problèmes reliés de près ou de loin à l'anémie découlant notamment de la malnutrition et de la sous-alimentation chronique et que plus de 30 millions de personnes meurent de faim annuellement, sans compter une recrudescence sans précédent, ces dernières années, des maladies contagieuses dans les pays en voie de développement alors qu'on est censé disposer de tous les médicaments nécessaires pour les enrayer; encore faut-il être en mesure de se les procurer!
Bien sûr, ces chiffres ne tiennent pas compte de toutes les carences, autres que celles dues au manque essentiel de nutrition, dont souffrent la grande majorité des habitants de la planète et principalement ceux vivant dans les pays en voie de développement, comme celles en matière d'hygiène, de soins de santé et de services sociaux, de même que celles au chapitre de l'éducation et de l'instruction.
Dire que moins de 5% de la richesse se trouvant actuellement entre les mains des individus les plus fortunés de la planète, soit moins de 20 milliards de dollars canadiens, suffirait à assurer les besoins essentiels aux plus démunis, l'équivalent en fait ce que les américains et les européens réunis consomment annuellement en eaux parfumées de toutes sortes.
Dans les fait, nous disposons de toutes les ressources nécessaires pour nourrir tous les habitants de la planète sauf que pour différentes raisons, et pas toujours pour celles qui sont mises de l'avant dans les médias, ces ressources et la richesse qui la sous-tend sont mal réparties. Nous sommes rarement informés, pour ne pas dire jamais, des vraies raisons pour lesquelles il en est ainsi et notamment du pourquoi du problème de la faim à une si grande échelle. Certaines personnes ayant autorité en la matière comme le prix Nobel d'économie, le professeur Amartya Sen, le sociologue René Dumont et le professeur Michel Chossudovsky, ont déjà fait part de leurs vues assez particulières sur le sujet mais celles-ci n'ont pas d'écho, surtout pas dans les médias dont on peut penser, du seul fait de leur appartenance, pour la plupart, à des groupes et syndicats financiers à la fois très puissants et très influents, qu'ils n'ont pas nécessairement intérêt à ce que trop de gens soient valablement informés. Le plus souvent, tout ce dont on nous informera sur le sujet, c'est qu'un cataclysme naturel quelconque, comme une inondation ou une sécheresse par exemple, serait à l'origine du phénomène, rien de plus.
Combien savent par exemple qu'au fil du temps la faim est devenue une arme politique de plus en plus utilisée, et surtout de plus en plus sophistiquée, et que mises à part les famines provoquées par les catastrophes naturelles celles-ci ne sont jamais gratuites?
Pour paraphraser les coauteurs de Géopolitique de la faim, ce ne sont plus les peuples ennemis et ceux à conquérir que l'on affame, mais bien les propres populations de ces nations dont les dirigeants peu scrupuleux veulent tirer profit de la manne provenant de tous ces conflits, ethniques et autres, de plus en plus nombreux, qui sont mis en évidence par les couvertures médiatiques et qui entraînent le déchaînement de la compassion internationale, source quasi intarissable d'argent, de nourriture et de tribunes publiques pour exposer leurs revendications.
A titre d'exemple, des pays comme la Somalie, le Soudan, le Liberia, la Corée du Nord, la Birmanie, l'Afghanistan et le Sierra Leone sont menés par des dictateurs et chefs de guerre qui tiennent lieu d'hommes d'état, lesquels, dans le but bien arrêté d'atteindre coûte que coûte leurs objectifs politiques, prennent littéralement en otage leur propre population et n'hésitent pas à prendre tous les moyens à leur disposition pour mener celle-ci au doigt et à l'œil, bien souvent avec l'aide et le concours des plus hautes autorités et instances et de puissants syndicats financiers. Il ne faut pas oublier par ailleurs les cas du Pérou et du Brésil, et puis celui du Rwanda où encore dernièrement des commandes étaient données pour l'achat de milliers de machettes, de houes et de pieux destinés à mieux pouvoir mâter la population récalcitrante.
Le cas plus récent du Sierra Leone ne peut par ailleurs être passé sous silence lorsque l'on voit jusqu'à quel point les dirigeants du parti au pouvoir et le seul, incidemment, à être officiellement autorisé, le Rebel United Front, sont prêts à aller pour mener à bien leur campagne de terreur contre les populations locales, allant même pour ce faire jusqu'à amputer à la machette les mains des paysans pour s'assurer qu'ils ne pourront plus jamais cultiver, les premiers effets visés par la mesure étant le rapatriement des terres entre les mains d'un nombre limité de personnes et une flambée du prix de base des denrées céréalières au niveau international, s'assurant ainsi de prix d'exportation plus avantageux.
Bien entendu, de semblables procédés ont déjà eu cours dans l'histoire, comme dans l'ancienne U.R.S.S. avec Staline et avec Hitler lors de la seconde guerre mondiale, et avant cela au Moyen Âge et par-delà cette époque même. Dire qu'il y en a qui ont cru que l'histoire n'allait pas se répéter, ce qui était mal connaître l'homme. On n'aura jamais si mal vu car l'histoire se répète et il est plausible de croire que tant et aussi longtemps que les valeurs ne changeront pas à l'échelle de la planète de telles atrocités trouveront toujours preneurs.
Déréglementation des marchés, décomposition des économies locales, contrôle de la masse monétaire et dévaluation éhontée des monnaies des pays en difficulté, concentration des terres entre les mains de groupes restreints, détournements de fonds, manipulations des données et chiffres officiels, libéralisation truquée des systèmes bancaire et monétaire, mainmise sur le bien public, malversations et magouilles de toutes sortes, établissement et maintien en place par tous les moyens de gouvernements fantoches et même fantômes, dont les dictatures réelles et les démocraties autoritaires, de manière à pouvoir surveiller de près ses intérêts, contrôle du peuple par la base, à commencer par le ventre, en les coupant d'abord de leurs terres et en leur enlevant tout pouvoir d'achat, interventions souvent subtiles pour instaurer un climat de méfiance à l'intérieur du pays visé et pour fomenter les guerres internes, toutes espèces confondues, instillation subtile de tous les ingrédients nécessaires pour s'assurer du contrôle sur les prix et les mouvements des matières premières du pays visé, allant même pour ce faire jusqu'à s'assurer que toutes les conditions soient réunies pour qu'il y ait famine lorsque jugé nécessaire, autant de facettes dont usent les Grands de ce monde et leurs alliés en l'occurrence pour s'assurer du plein contrôle des richesses d'un pays donné, le plus souvent avec la bénédiction de leurs collaborateurs d'appoint qu'ils manipulent comme de vulgaires marionnettes, dont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale qui invoqueront pour leur part de faux prétextes pour soutenir leur intervention, comme le fait qu'ils sont là précisément dans le but d'aider les pays en difficulté à s'acquitter de leurs dettes envers les grandes puissances, sans oublier l'intervention en coulisses des services secrets et autres organisations dites d'intelligence également à la solde des Grands.
Pour le moment, rien, absolument rien ne semble pouvoir arrêter cette marche incessante et sans merci vers une totale concentration du pouvoir et de la richesse.
De quoi rester sur sa faim!