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Les principales affaires survenues en Suisse au cours de ces derniers mois

Sion, 2 décembre 1996
Annonce de l'arrestation d'un enseignant du Centre professionnel, âgé de 56 ans. Il abusait d'enfants au Sri Lanka et les obligeait à se prostituer. Il en avait également fait venir à Sion sous prétexte de leur payer une formation.

Lausanne, 5 décembre 1996
Condamnation à deux ans de prison ferme d'un Lausannois de 48 ans. Ex-professeur de mathématiques, il avait abusé d'une trentaine d'enfants au Sri Lanka et en Haïti, et d'un élève de 12 ans alors qu'il enseignait encore.

Genève, 5 mars 1997
Condamnation à cinq mois de prison avec sursis de l'ex-directeur de l'Institut catholique de Florimont. Au cours d'une nuit arrosée dans une disco, il avait fait des avances très appuyées à un élève de 18 ans.

Gryon (VD), 13 juin 1997
Suspension du directeur de l'Internat protestant les Glaciers à Gryon et ouverture d'une enquête pénale. Dénoncé pour actes d'ordre sexuel sur un mineur, il a partiellement reconnu les faits.

Vaud/Valais, mi-juin 1997
Annulation d'un camp de vacances prévu à Grindelwald en juillet prochain. Le président de l'association organisatrice est sous enquête policière dans une affaire de moeurs impliquant des enfants.

Boudry, 8 juin 1997
Condamnation d'un entraîneur de football neuchâtelois de 29 ans à trois ans de prison. Il avait commis des actes à caractère sexuel sur plusieurs mineurs de 10 à 14 ans.

Zurich, 18 juin 1997
Condamnation à quinze mois d'emprisonnement avec sursis d'un ancien éducateur de 29 ans convaincu d'actes d'ordre sexuel sur un enfant de 12 ans.


France: chasse à l'homme

Le plus grand coup de filet policier jamais intervenu en France: la «descente» organisée par la gendarmerie nationale le 17 juin auprès de 814 personnes soupçonnées de détenir des cassettes pédophiliques, a frappé les esprits. L'affaire devait être gravissime, pour qu'on déclenche une opération coup de poing d'une envergure qui dépasse même le plan «Vigie-pirate». Au total, 209 personnes ont été mises en examen.

Dans les jours qui ont suivi, quatre des personnes ayant fait l'objet d'une perquisition se sont suicidées, ce qui a suscité un malaise et un début de polémique. Ainsi, Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, s'est demandé «si on avait besoin de ces arrestations spectaculaires et de toute cette médiatisation». Pour le procureur général de Dijon, le plus déplorable est «que la sanction vienne davantage de la presse, qui a chauffé à blanc l'opinion publique, que de l'autorité judiciaire».

Le procureur de Mâcon, responsable de l'opération, n'a révélé aucun nom, et le secret de l'instruction a donc été respecté. Formellement du moins. Mais, mises ensemble, la pression médiatique et le caractère peu discret des perquisitions ont cloué les personnes inquiétées au pilori dans leur environnement social. A l'exemple de l'instituteur de Bordeaux qui s'est jeté d'un pont de la Garonne, et dont la soeur et la mère ont déposé plainte. Pour l'avocat de la famille, qui dénonce le caractère voyant de l'interpellation, «rien ne justifie que des hommes soient jetés en pâture à l'opinion publique avant que leur procès soit instruit».

Comme quoi, même lorsque la présomption d'innocence et le secret de l'instruction fonctionnent, la protection de la personnalité peut voler en éclats.
Ph. B.


cover © L'HEBDO N° 26, 26 juin 1997