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Le
statut du traducteur au Québec Article de Betty Cohen, trad. a. Le Canada est lun des rares pays au monde où les professions de traducteur, dinterprète et de terminologue sont officiellement reconnues. Elles le sont, plus précisément dans trois provinces du Canada, lOntario, le Nouveau-Brunswick et le Québec. Et pour compliquer les choses davantage, les lois relatives au statut professionnel du Québec sont différentes de celles des autres provinces du Canada. Les professions reconnues au Québec sont régies par un Code des professions précisant les règles générales dadministration, de discipline et de déontologie des 42 ordres professionnels existant actuellement. Le Code des professions prévoit par ailleurs lexistence dun organisme responsable de son application, lOffice des professions du Québec. Les 42 ordres sont divisés en deux catégories, les ordres à exercice exclusif, qui exigent de toute personne désirant pratiquer la profession quelle soit membre, et les ordres à titre réservé, qui décernent un titre attestant de la compétence de celui qui le porte. LOrdre des traducteurs et interprètes agréés du Québec (OTIAQ) entre dans la deuxième catégorie. Il accorde, après examen du dossier du candidat et dautres procédures quil serait trop long de décrire ici, un titre de traducteur, terminologue ou interprète agréé, une distinction étant faite entre les interprètes de conférence et les interprètes devant les tribunaux. La Société des traducteurs du Québec (STQ), aïeule de lOTIAQ, avait été fondée dans les années 60 afin de regrouper trois associations de traducteurs concurrentes. Objectif fondamental: assurer le professionnalisme des membres et obtenir un statut professionnel reconnu par lÉtat et par le public. Les premières démarches ont donc été entreprises dès 1969. Le reste de lhistoire relève du mythe de Sisyphe. La STQ sest en effet heurtée à maintes reprises à des portes et à des esprits fermés, à des changements de gouvernement et de politique, etc. Néanmoins, elle sest employée pendant toutes ces années à mettre en place un système très similaire à celui des professions déjà reconnues, de façon à se rapprocher le plus possible du modèle à suivre. Ces années ont été marquées, il faut le dire, par la solidarité des uns et la détermination des autres, dans une marche vers un seul et même objectif. Cette détermination a finalement porté fruits et, en avril 1992, votre humble servante recevait des mains du ministre responsable les lettres patentes du nouvel Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec. Les années qui ont suivi ont été difficiles. Car il a tout de même fallu passer du statut dassociation libre de ses actes à celui dordre professionnel responsable dassurer la qualité des prestations de ses membres pour la protection du public. Cela exigeait de la STQ quelle quitte, en quelque sorte, ses habits de bohème pour endosser luniforme de la réglementation et de la discipline. Cela na évidemment pas plu à certains de ses membres qui se sont empressés de la quitter, mais cétait le prix à payer pour obtenir une reconnaissance officielle et jouer dans la cour des grands. Cette métamorphose a également nécessité un changement de philosophie. Nous ne sommes plus un organisme regroupant des membres triés sur le volet par le biais dun examen, mais une institution chargée de régir lensemble de la profession, cest-à-dire daccueillir en son sein le plus grand nombre de traducteurs, terminologues et interprètes possible afin de leur offrir un encadrement complet allant de la simple information à linspection professionnelle, en passant par la formation continue. Tout un contrat! comme disent les Québécois. Aujourdhui Cinq ans plus tard, où en sommes-nous? Le "contrat" est encore en cours de réalisation. Mais lOrdre des traducteurs et interprètes agréés du Québec peut être fier de ce quil a accompli à ce jour. Tous les règlements et le code de déontologie ont été adoptés ou presque. La mise en place du système se fait progressivement et elle sera probablement achevée dici deux ans. LOTIAQ a pris sa place parmi les autres ordres du Québec et commence à être entendu et écouté. Les organismes gouvernementaux sont de plus en plus sensibilisés et comprennent la nécessité dengager des professionnels pour obtenir de la qualité. Les grandes entreprises suivent la tendance. Soulignons que tout cela est loeuvre dune permanence de quatre personnes et dune armée de bénévoles qui sacrifient temps et argent à lavancement de leur profession. À titre dinformation seulement, mentionnons que lOTIAQ compte une vingtaine de comités réunissant en moyenne cinq personnes chacun. Certes, tout nest pas encore rose et les traducteurs improvisés restent légions. Mais, contrairement à la reconnaissance officielle de lÉtat qui ne demande que des négociations, celle du public exige de la persévérance et de la patience, non seulement de la part de lOrdre lui-même, mais de celle de tous ses membres. Car cest par leur propre attitude et leur professionnalisme quils parviendront à obtenir le respect du grand public. Et ce genre dexercice demande des années dassiduité. Néanmoins, cette assiduité peut dorénavant sappuyer sur un système conçu pour garantir la qualité des prestations et portant le sceau de lÉtat. © Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés. |
Le statut du
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