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DOSSIER : Le statut du traducteur (Juillet 1997)

 

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Le statut du traducteur au Québec

Article de Betty Cohen, trad. a.

Le Canada est l’un des rares pays au monde où les professions de traducteur, d’interprète et de terminologue sont officiellement reconnues. Elles le sont, plus précisément dans trois provinces du Canada, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Québec. Et pour compliquer les choses davantage, les lois relatives au statut professionnel du Québec sont différentes de celles des autres provinces du Canada.

Les professions reconnues au Québec sont régies par un Code des professions précisant les règles générales d’administration, de discipline et de déontologie des 42 ordres professionnels existant actuellement. Le Code des professions prévoit par ailleurs l’existence d’un organisme responsable de son application, l’Office des professions du Québec. Les 42 ordres sont divisés en deux catégories, les ordres à exercice exclusif, qui exigent de toute personne désirant pratiquer la profession qu’elle soit membre, et les ordres à titre réservé, qui décernent un titre attestant de la compétence de celui qui le porte. L’Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec (OTIAQ) entre dans la deuxième catégorie. Il accorde, après examen du dossier du candidat et d’autres procédures qu’il serait trop long de décrire ici, un titre de traducteur, terminologue ou interprète agréé, une distinction étant faite entre les interprètes de conférence et les interprètes devant les tribunaux.

La Société des traducteurs du Québec (STQ), aïeule de l’OTIAQ, avait été fondée dans les années 60 afin de regrouper trois associations de traducteurs concurrentes. Objectif fondamental: assurer le professionnalisme des membres et obtenir un statut professionnel reconnu par l’État et par le public. Les premières démarches ont donc été entreprises dès 1969.

Le reste de l’histoire relève du mythe de Sisyphe. La STQ s’est en effet heurtée à maintes reprises à des portes – et à des esprits – fermés, à des changements de gouvernement et de politique, etc. Néanmoins, elle s’est employée pendant toutes ces années à mettre en place un système très similaire à celui des professions déjà reconnues, de façon à se rapprocher le plus possible du modèle à suivre. Ces années ont été marquées, il faut le dire, par la solidarité des uns et la détermination des autres, dans une marche vers un seul et même objectif.

Cette détermination a finalement porté fruits et, en avril 1992, votre humble servante recevait des mains du ministre responsable les lettres patentes du nouvel Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec.

Les années qui ont suivi ont été difficiles. Car il a tout de même fallu passer du statut d’association libre de ses actes à celui d’ordre professionnel responsable d’assurer la qualité des prestations de ses membres pour la protection du public. Cela exigeait de la STQ qu’elle quitte, en quelque sorte, ses habits de bohème pour endosser l’uniforme de la réglementation et de la discipline. Cela n’a évidemment pas plu à certains de ses membres qui se sont empressés de la quitter, mais c’était le prix à payer pour obtenir une reconnaissance officielle et jouer dans la cour des grands.

Cette métamorphose a également nécessité un changement de philosophie. Nous ne sommes plus un organisme regroupant des membres triés sur le volet par le biais d’un examen, mais une institution chargée de régir l’ensemble de la profession, c’est-à-dire d’accueillir en son sein le plus grand nombre de traducteurs, terminologues et interprètes possible afin de leur offrir un encadrement complet allant de la simple information à l’inspection professionnelle, en passant par la formation continue. Tout un contrat! comme disent les Québécois.

Aujourd’hui

Cinq ans plus tard, où en sommes-nous? Le "contrat" est encore en cours de réalisation. Mais l’Ordre des traducteurs et interprètes agréés du Québec peut être fier de ce qu’il a accompli à ce jour. Tous les règlements et le code de déontologie ont été adoptés ou presque. La mise en place du système se fait progressivement et elle sera probablement achevée d’ici deux ans. L’OTIAQ a pris sa place parmi les autres ordres du Québec et commence à être entendu et écouté. Les organismes gouvernementaux sont de plus en plus sensibilisés et comprennent la nécessité d’engager des professionnels pour obtenir de la qualité. Les grandes entreprises suivent la tendance. Soulignons que tout cela est l’oeuvre d’une permanence de quatre personnes et d’une armée de bénévoles qui sacrifient temps et argent à l’avancement de leur profession. À titre d’information seulement, mentionnons que l’OTIAQ compte une vingtaine de comités réunissant en moyenne cinq personnes chacun.

Certes, tout n’est pas encore rose et les traducteurs improvisés restent légions. Mais, contrairement à la reconnaissance officielle de l’État qui ne demande que des négociations, celle du public exige de la persévérance et de la patience, non seulement de la part de l’Ordre lui-même, mais de celle de tous ses membres. Car c’est par leur propre attitude et leur professionnalisme qu’ils parviendront à obtenir le respect du grand public. Et ce genre d’exercice demande des années d’assiduité.

Néanmoins, cette assiduité peut dorénavant s’appuyer sur un système conçu pour garantir la qualité des prestations et portant le sceau de l’État.

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

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