par Bernard GIUSTI
Les discours tendant à faire croire que s'opposer à la politique actuelle d'Israël c'est être antisémite sont particulièrement repris par les médias ces derniers jours.
Ce genre d'amalgames, s'ils servent évidemment les desseins de la propagande du gouvernement israélien actuel, me paraissent particulièrement dangereux pour, précisément, la lutte contre l'antisémitisme et contre le racisme.
Je revendique le droit de critiquer la politique de Sharon sans pour autant être accusé d'antisémitisme.
Je condamne les attentats aveugles contre les civils israéliens,
MAIS je condamne tout aussi bien les punitions collectives infligées aux Palestiniens dans les territoires occupés.
Suis-je antisémite pour autant ?
Je condamne le fascisme et le racisme des organisations telles que le Hamas ou le Djihad,
MAIS je condamne le racisme et le fascisme d'Ariel Sharon, responsable par son laisser-faire des massacres de Sabra et Chatilah, où furent assassinés des milliers de civils palestiniens, femmes, enfants et vieillards confondus.
Suis-je antisémite pour autant ?
Je condamne les discours tendant à affirmer que tous les Israéliens sont des sionistes et qu'Israël doit disparaître,
MAIS je condamne aussi les discours qui affirment que la défense d'Israël nécessite la défense de toutes les injustices et tous les excès perpétrés par Israël.
Suis-je antisémite pour autant ?
On pourrait multiplier les exemples.
Je veux simplement souligner aujourd'hui, à une époque où abondent les raisonnements paranoïaques tels que "ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous", qu'il est important de défendre et revendiquer le droit à la différence, le droit à la critique, le droit de ne pas être dans le rang, le droit d'être contre le terrorisme aveugle sans pour autant être pro-américain, le droit d'être contre la politique d'un Sharon, une politique raciste parce que visant tous les Palestiniens sans distinction ("Tous les mêmes", selon une formulation prisée par les antisémites et les racistes), une politique fasciste parce que ne souffrant aucune critique, sans pour autant être accusé d'antisémitisme.
Je revendique le droit de dire, sans pour autant que l'on m'accuse de vouloir la disparition d'Israël, que Sharon est aujourd'hui le principal obstacle à la paix au Moyen Orient, et que par ses provocations et ses excès il alimente sciemment le recrutement des organisations terroristes extrémistes.
18-01-02
Bernard Giusti
Des extraits de ce texte ont été publiés dans :
."Le Monde" du 25-01-02
."L'Humanité Hebdo" des 26 et 27-01-02
Texte publié sur le site PlanetFemmes : http://www.planetfemmes.com/journal/view.asp?id=16
Evénement du 24-01-02 :
Elie Hobeika, chef des milices chrétiennes impliquées dans les massacres de Sabra et Chatila, et qui s'apprêtait à déposer devant les tribunaux en Belgique contre Ariel Sharon (poursuivi précisément pour sa responsabilité dans les massacres), a été tué au Liban dans un attentat à la bombe.
Sharon dément toute implication...