29 mars 2002

J'ai eu une semaine vraiment chargée. Tellement que je me suis demandée si je passerais au travers. J'avais ces satanés cours à l'université, tous les soirs de la semaine. J'ai trouvé cela difficile physiquement ET mentalement. Un soir, j'ai craqué, suis arrivée chez moi vers minuit, devant me lever à 6h30 le lendemain pour aller enseigner. Éric a vu mon visage défait, a maladroitement tenté de m'encourager en me disant: "T'es la meilleure mon amour!". J'ai fondu en larmes devant lui.

Et si moi, j'étais fatiguée d'être la meilleure? Qui a écrit, quelque part, que je devais être la meilleure, la plus performante, la superwoman, celle qui brille partout, qui réussit tout, qui est omnipotente, omnisciente, omniprésente? Qui?

C'est moi. C'est moi qui ai accepté ce contrat d'enseignement en sachant très bien qu'il me restait trois gros cours à l'université à terminer. C'est moi qui continue à travailler à mon emploi à temps partiel, après mon enseignement et les cours. C'est moi qui me suis mis tant de pression sur les épaules, en me disant que ce serait temporaire.

Et ça l'est aussi. Il ne reste que trois semaines d'université. Un peu de courage encore et tout sera beaucoup plus facile par la suite. Pas besoin de vous dire que je compte les jours. Bon, ne vous inquiétez pas, ce moment où j'ai fondu en larmes est passé. J'étais juste exténuée de ma longue journée et le trop plein d'émotions devait sortir...

Heureusement que j'ai mes élèves. Sans le savoir, ils me supportent énormément. C'est pour eux que je me lève le matin, c'est pour eux que je me défonce à monter des activités, à préparer mes cours et à inventer des jeux pour rendre mes cours intéressants et stimulants pour eux. Ça en vaut diablement la peine. Je suis avec eux depuis six semaines déjà, je peux dire que mon ptit nid est fait auprès d'eux. Je suis devenue "leur" prof, je les connais tous par leurs prénoms maintenant. Ils viennent me voir à la fin des cours pour me jaser, juste pour me confier qu'ils sont amoureux, pour me faire partager leur musique préférée ou pour venir me demander conseil. Je trouve cela formidable, je ne m'habitue pas. Chaque soir, en revenant chez moi, je me dis que je suis tellement chanceuse d'avoir des élèves en or comme ça. :)

Je ne sais pas si vous vous souvenez de Sophie, cette élève à qui j'ai enseigné en stage? J'ai l'immense bonheur de la compter encore parmi mes étudiantes, dans une matière. On a toujours bien du plaisir ensemble, elle est tellement vivante et comique. Je dois avouer que pendant mon stage, c'était une de mes préférées. J'étais vraiment euphorique quand j'ai su que je lui enseignerais jusqu'à la fin de l'année. Elle semble m'apprécier autant.

Elle n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Je suis vraiment choyée cette année, j'enseigne à des beaux groupes, de merveilleux élèves plein de talent. Je trouve dommage que la réputation des ados fausse notre perception, en tant que société. Quand je dis aux gens qui me connaissent peu que j'enseigne au secondaire, ils ont tous la même réaction: "Ah que t'es courageuse!! Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas faciles à vivre! Bonne chance!!" Ce genre de réactions me peine. J'aimerais leur offrir un stage d'une semaine dans une école pour qu'ils se rendent compte par eux-mêmes. Mais bon, je sais, j'ai une petite tendance à l'utopie. ;)

Bon je me sauve, j'ai 1000 choses à faire. Mais je me promets de revenir bientôt, ce soir ou demain. Je me suis dit que je prendrais ces quatre jours de vacances pour penser à moi, pour faire ce que j'aime. Et écrire est un grand plaisir, justement. :)