La résistance : chant et poèmes
Le chant des Partisans



1.Ami entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines

2.Ami entends-tu
Ces cris sourds du pays
Qu’on enchaîne

3.Ohé partisan
Ouvrier et paysan
C’est l’alarme

4. Ce soir l’ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et les larmes 

5.c'est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
pour nos frères

6.La mer à nos trousses
et la faim qui nous pousse
la misère

7.Il n'y a pas de pays
Où les gens entre les nuits
Font des rêves

8. Ici nous, vois-tu
Nous on marche, nous on tue
Nous on crève
     
9. Ami si tu tombes
Un ami sort de l’ombre
A ta place

10. Chantez compagnons
Dans la nuit, la liberté
Nous écoute

    
11. Ami entends-tu
Ces cris sourds du pays
Qu’on enchaîne

12. Amis entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines
Paris


Où fait-il bon même au cœur de l’orage

Où fait-il clair même au cœur de la nuit

L’air est alcool et le malheur courage

Carreaux cassés l’espoir encore y luit

Et les chansons montent des murs détruits



Jamais éteint renaissant de la braise

Perpétuel brûlot de la patrie

Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise

Ce doux rosier au mois d’août refleuri

Gens de partout c’est le sang de Paris


Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre

Rien n’est si pur que son front d’insurgé

Rien n’est si fort ni le feu ni la foudre

Que mon Paris défiant les dangers

Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai


Rien ne m’a fait jamais battre le cœur

Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer

Comme ce cri de mon peuple vainqueur

Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré

Paris soi-même libéré

Aragon
Les Sept Poèmes d’amours en guerre


Au nom du front parfait profond                                   Au nom des hommes en prison

Au nom des yeux que je regarde                                    Au nom des femmes déportées

Et de la bouche que j’embrasse                                     Au nom de tous nos camarades

Pour aujourd’hui et pour toujours                                  Martyrisés et massacrés

                                                                                 Pour n’avoir pas accepté l’ombre

Au nom de l’espoir enterré                                    

Au nom des larmes dans le noir

Au nom des plaintes qui font rires                                 Il nous faut drainer la colère

Au nom des rires qui font peur                                     Et faire se lever le fer

                                                                                 Pour préserver l’image haute

Au nom des rires dans la rue                                         Des innocents partout traqués

De la douceur qui lie nos mains                                       Et qui partout vont triompher.

Au nom des fruits couvrant les fleurs                      

Sur une terre belle et bonne

                                Paul Eluard
, Les sept poèmes d'amour de guerre, 1944
La Diane Française : Il n’y pas d’amour heureux


Mon bel amour mon cher amour Ma déchirure

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là sans savoir nous regardent passer

Répétant après moi les mots que j’ai tressés

Ey qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n’y a pas d’amour heureux.



                                                                 Louis Aragon, 1945
L’Amoureuse
écrit juste au sortir de la guerre


Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens

Elle a la forme de mes mains

Elle a la couleur de mes yeux

Elle s’engloutit dans mon ombre

Comme une pierre sur le ciel. 

                                                                        Paul Eluard, 1946
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