" Les filles vont adorer cela ici ". Daniel Manibal, Terrebonnien et président directeur général du Tour du Grand Montréal, segment de la Coupe du monde cycliste féminin, a hâte de voir défiler les meilleures athlètes du monde dans les rues de Terrebonne, le 4 juin prochain. L’arrivée à l’Ile-des-Moulins viendra d’ailleurs couronner la championne de la Coupe, c’est tout un honneur.
Stéphane Fortier
mai 2002
Même s’il est le grand manitou du cyclisme féminin au Québec, voire même au Canada, Daniel Manibal demeure modeste. " Le maire Jean-Marc Robitaille et son collègue Marc Campagna, conseiller municipal et président et chef de direction des Internationaux et du sport de Montréal ont travaillé d’arrache-pied pour amener cette étape de la Coupe du monde ici. Ils m’ont été d’une aide incroyable. Devant un tel enthousiasme, je n’ai pu faire autrement que d’accepter leur support ", de dire Daniel Manibal. " La table est mise maintenant et Terrebonne et la finale du Tour du Grand Montréal de la Coupe du monde aura désormais toujours lieu ici ", jure monsieur Manibal qui considère Terrebonne comme la ville par excellence pour y faire du vélo. Ce dernier a tenu à remercier les cinémas Guzzo, commanditaire majeur, qui diffusera même des annonces du Grand Tour dans ses salles.
Amoureux du vélo
Il y a quelques années, Daniel Manibal est devenu un homme d’affaires prospère et mène de main de maître son entreprise de distribution de diverses publications, destinées à l’industrie du voyage et du tourisme. Vers la fin de la trentaine, ayant abandonné le sport (particulièrement le tennis et le vélo) depuis longtemps, il demande à son voisin, ancien champion de water polo, de le remettre en forme par le vélo. J’avais du poids en trop et je voulais retrouver la forme. Je peux vous dire qu’il m’a pris au mot et le lendemain de notre conversation, il est venu me chercher à 7 h, du matin. J’ai roulé 3 kilomètres en tout et de retour chez nous, je me suis effondré pour dormir plusieurs heures ", se souvient Daniel Manibal en riant de bon coeur. Après plusieurs mois d’entraînement, l’idée folle de son entraîneur personnel de participer à une compétition fait surface. En effet, il propose une compétition en particulier. Pourquoi pas ?. " Le problème, c’est qu’il s’agissait des championnats canadiens. Maudit qu’on s’est fait plumés ", de relater monsieur Manibal. À l’aube de la quarantaine, il réalise un rêve en se procurant un Marinoni, du nom de l’artisan qui les fabrique à Terrebonne. " Un survivant qui est passé à travers vents et marées qui fait des vélos de haut de gamme. Les meilleurs selon moi. Depuis ce temps, le vélo est pour lui une véritable méditation, presque un mode de vie.
Impliqué à fond
Daniel Manibal est impliqué à fond dans le cyclisme depuis six ans et c’est en Europe, endroit par excellence pour se faire les dents dans le domaine, qu’il a appris l’abc de la gestion d’une équipe, féminine en particulier. Il décide ensuite de former sa propre équipe. " Quand j’ai décidé d’amener une équipe composée de la crème des cyclistes féminines faire des compétitions en Amérique, on m’a regardé avec un drôle d’air. J’ai ébranlé les structures nord-américaines. Personne ne me connaissait ni d’Ève ni d’Adam et j’arrive avec mon équipe et on fait la barbe à tout le monde ", relate-t-il en s’esclaffant. Il entreprend ensuite de faire la promotion du cyclisme féminin. " Il n’y avait de place que pour les hommes alors que les femmes travaillent aussi fort et avec presque pas de moyens. Je voulais leur donner la notoriété qu’elles étaient en droit de s’attendre ", dit-il. Pour faire la promotion de ce sport, trouver des sponsors pour une équipe, il faut s’entourer de partenaires oui, mais il faut surtout bien les cibler. " Le cyclisme est un bon moyen pour faire connaître le Québec alors j’ai pensé à Tourisme Québec qui sont des alliés précieux aujourd’hui, je leur dois beaucoup. Ensuite, qui peut transporter une équipe à l’extérieur de nos frontières ? J’ai donc pensé à Air Transat qui donnera son nom à l’équipe de Daniel jusqu’à ce que Rona entre en lice et recrute des athlètes comme Geneviève Jeanson. En 1998, Daniel Manibal amène la Coupe du Monde au Québec, la seule étape qui est d’ailleurs disputée en Amérique. Quelle belle vitrine pour le cyclisme avec le mont-Royal comme toile de fond, lequel s’est d’ailleurs empressé de proposer Daniel.
Survivant
La même année, en avril, Daniel Manibal subit un terrible accident lors d’une compétition. À cause d’une chute, son corps frappé par des vélos à pleine vitesse, il en reste paralysé. Pendant plusieurs mois, il ne peut pratiquement plus bouger. Pourtant, bien du travail l’attend. À moitié paralysé, il se rend en Europe et se fixe comme objectif de monter un col à vélo, une façon pour lui de se réhabiliter. " J’ai finalement réussi, mais en octobre, il me fallait passer sous le bistouri et j’ai dû me faire amputer l’arrière des vertèbres cervicales pour recouvrer la santé. Je me compte chanceux, cinq ans après, de pouvoir en parler ", d’avouer Daniel Manibal.
Depuis ce temps, il travaille avec acharnement pour faire connaître et aimer le cyclisme féminin au Québec et partout au Canada.
Aujourd’hui, Daniel Manibal, bien qu’encore actionnaire de sa compagnie, s’implique à fond dans le cyclisme. Il jure qu’il n’a jamais autant travaillé de sa vie, et Dieu sait qu’il en a travaillé un coup. Mais maudit que ça vaut la peine !
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