[L'Equipe] Le forfait d'Alfa Romeo jeta le désarroi chez les organisateurs
de Grands Prix, car Talbot n'ayant aucun projet d'amélioration
de ses vieilles monoplaces, BRM n'ayant collecté que
déboires et echecs avec son ambitieuse 16 cylindres, Gordini
ayant été abandonné par Simca, cela ne laissait
guère que Ferrari en etat d'affronter la Formule 1 face à
quelques vieilles Maserati.
La solution vint de France, où était prévue une
série de huit épreuves ouvertes aux Formule 2 pour
lesquelles Ferrari, Gordini, l'écurie italo-argentine
Platé et l'anglaise HWM se tenaient prêtes. La CSI, avec
l'accord des organisateurs de Grands Prix, choisit de suivre la
même voie en ouvrant pendant deux ans le championnat du monde aux
Formule 2, en attendant la nouvelle définition de la Formule 1
prévue pour 1954 (2500 ccm).
L'obstacle que les autorités fédérales avaient
voulu éviter ne fut pas éliminé pour autant :
Ferrari resta pratiquement sans adversaire, les autres équipes
lancées dans la construction de Formule 2 n'ayant pas
réussi à s'élever à son niveau.
Lorsque le championnat du monde débuta (à Berne, par le
GP de Suisse), Ferrari comptait déjà cinq victoires
à son actif : Syracuse, Pau et Marseille avec Ascari, Naples
avec Farina et Turin avec Villoresi. A Turin, il ne s'agissait pas de
la Ferrari 500 mais d'une grosse Ferrari 4,5L de 1951, cette course
étant ouverte aux Formule 1. Avec la même voiture,
réaménagée pour la spécificité du
circuit américain, Ferrari s'essaya aux 500 miles d'Indianapolis
où il délegua Ascari. L'expérience se conclut par
un abandon.
Sa 3e victoire en GP (Spa, GP de Belgique 1952) ©f1news.ru
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La tentative d'Indianapolis priva Ascari du GP de Suisse, dont la date
était concomitante, mais Taruffi était là pour
assurer la victoire de Ferrari. Au volant de la toute nouvelle Gordini
6 cylindres, l'ancien motocycliste Jean Behra fit excellente figure (3e
à un tour en dépit d'un long arrêt pour
réparation de la tubulure d'échappement). Prestation que
Behra confirma avec brio le 28 juin à Reims en dépit des
efforts d'Ascari. Hélas, si cette épreuve entrait dans
les fameux Grands Prix de France, elle ne comptait pas pour le
championnat du monde, le GP de l'ACF se déroulant cette
année-là à Rouen-les-Essarts - où Ascari en
tête, la Scuderia Ferrari prit une éclatante revanche sur
sa rivale française.
Fangio, sur lequel comptait s'appuyer Maserati, ayant été
grièvement blessé debut juin à Monza alors que la
firme au trident étrennait sa nouvelle A6 GCM dessinée
par l'ingénieur Massimino, Ascari avait pour seul rivaux
dangereux ses propres équipiers, Villoresi et Farina. Il reussit
à mettre ce dernier, champion du monde 1950, sous
l'éteignoir en le condamnant à la deuxième place
à Francorchamps, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
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