CORRESPONDANCE AVEC NO NATION BULLETIN

 

No Nation Bulletin

Salut Hème,

Merci beaucoup pour ta lettre. Je vais essayer d'en dire plus sur le projet.

Le fait est qu'à notre époque la communication est rapide. On a des nouvelles de l'autre côté de la planète par les journaux, la télé et les autres médias.

Il y a 300 ans, on n'aurait connu que les nouvelles locales.

Mon idée est que nous -les gens- devrions communiquer, partager la connaissance. Au lieu de cela, nous dépendons de la représentation médiatique, que nous sommes censés croire être la vérité, mais qui est bien sûr contrôlée par les grandes compagnies, le deuxième bureau, etc...

Aussi, je propose, contre un coupon réponse international, de relier les gens des pays riches du "Nord" avec ceux des pays pauvres du "Sud". Ainsi, nous pouvons échanger des idées, dans la perspective que NOUS, LES GENS, et pas les GRANDES PUISSANCES, devons diriger le futur.

Chacun de ceux qui sont en liaison reçois aussi un exemplaire de NO NATION BULLETIN, qui est le moyen pour les gens du RAISEAU People to People Friendship Association de partager la connaissance en parlant à cœur ouvert.

Tu trouveras ci-joint le dernier numéro pour information. Merci de m'avoir rappelé le problème de langage - c'est un grand obstacle à la communication, de même que le manque d'instruction. Je penserais à écrire dans un anglais plus simple dans le futur.

Salutations A

P.S. Je serais heureux d'obtenir quelques informations sur vos activités.

S.G., Järna, Suède

 

Réponse de Hème:

Salut,

Nous avons reçu No Nation Bulletin N°10 ainsi que ta lettre. Je vais tenter de répondre en donnant quelques informations sur nos buts et nos activités. Nous espérons que cela aideras toi et d'autres à mieux nous connaître. Bien sûr tu peux publier ou communiquer (en totalité ou en partie) ces réflexions. Tu peux aussi ajouter notre adresse à la liste d'expédition de NNB.

 

Nous ne cherchons pas à former un nouveau parti ou une nouvelle organisation de masse. Nous aimerions nous rencontrer et coordonner nos efforts avec des gens qui comme nous  voudraient vivre dans un monde où l'homme et la nature ne seraient plus antagonistes ; où l'argent et le travail salarié n'existeraient plus, où l'on se moquerait bien de s'approprier les forces productives ; où aurait disparu la soumission aux idoles et aux religions ; où les activités humaines permettraient à chacun de vivre sans être dépossédé de sa vie par une machinerie qui quelque soit le nom qu'on lui donne  - capitalisme, démocratie, progrès, tradition culture... ou plus simplement Etat - nous conduit vers un asservissement généralisé. Nous ne voulons plus du carcan étatique qui organise la séparation des êtres humains en dirigeants et dirigés, en classes sociales, en nationalités,... Nous ne voulons plus du carcan marchand qui divise les êtres humains en concurrents pour l'appropriation de l'argent et du pouvoir. Nous ne voulons plus du carcan du progrès qui entraîne l'humanité dans une séparation de plus en plus importante avec la nature et qui risque fort d'anéantir toute vie humaine. Nous ne voulons plus du carcan des cultures des traditions qui a le pouvoir d'imposer les normes de la société sur nos vies. Nous ne voulons plus du carcan démocratique qui accentue les phénomènes de dépossession et de démission des êtres humains en donnant l'illusion de la souveraineté collective et individuelle contribuant ainsi à l'intériorisation de la domination.

Nous sommes nés quelque part, chacun préfère certains lieux à d'autres, mais nous rejetons les mouvements de libération nationale ou régionale. Nous pouvons bien sûr être intéressés par certains phénomènes culturels et nous ne rejetons pas le fait que des individus s'impliquent dans la musique, le théâtre, la peinture,... mais nous ne prenons pas la défense de cultures particulières ou locales*, aussi bien modernes que traditionnelles, qui ne sont généralement que des formes particulières de relations artificielles entre les gens.

(*oppression, racisme, chauvinisme, impérialisme,... que vous rejetez dans votre Déclaration d'Intention publiée dans NNB, font partie de cette diversité des cultures et des opinions).

Dans la situation présente notre activité est limitée à des discussions, à l'élaboration et à la diffusion de textes, et à faire connaître les positions de ceux avec qui nous nous sentons en affinité de pensée. Il est par contre des activités qui sont incompatibles - quelle que soit la situation - avec ce que nous sommes : participation à l'activité des partis et des syndicats, participation sous quelque forme que ce soit aux élections,...

Notre refus de ce monde est le produit de notre réflexion, de notre vécu et d'un vague sentiment qu'il existe d'autres possibles. Nous sommes des salariés, mais nous ne faisons pas partir notre refus du monde de notre appartenance professionnelle. Nous ne vivons pas - loin de là - comme nous voudrions vivre, mais nous ne pensons pas que sous ce prétexte on puisse faire n'importe quoi, tenir n'importe quel rôle dans la société,... Aussi, sans vouloir mettre en avant des styles de vie particuliers censés s'opposer totalement à ce monde, il nous semble important d'essayer de vivre d'une manière plus consciente et d'y inciter les autres.