Mécanismes

Machinerie en œuvre au moment de l'acte d'écriture.

Perdre le fil

Souvent je suis distrait par mes propres pensées, distrait par le temps qu'il reste. Ça n'est pas tant ce qui m'environne qui me destorbe. Quand je parvient à une focalisation quasi parfaite sur l'écriture (psycho-réflexive et pro-active), je ne vois plus ce qui m'entoure, je n'entends plus que ma propre voix qui résonne dans ma tête comme sur papier, allant, (re)venant, en mouvement.

L'écriture tantôt “ démarre ” entre les oreilles. Ma main trace des mots. Ces mots, je m'entends (me) les dire, (me) les lire. Ils résonnent en moi. Cela “ excite ” le reste, la matière (en tête), de sorte qu'il se constitue une suite logique / cohérente, un fil.

Lorsque je perds le fil, ce peut être en raison d'une distraction (psychologique). La cohérence cesse. Il y a ricochet. Je saute du coq à l'âne — ça se termine en queue de poisson. Un véritable bestiaire.

Une pause s'impose.

Je reviens en arrière sur ce qui a été écrit. Relisant, le texte fait écho et la tête tend à reprendre le fil initial. On continue, constituant une (nouvelle) suite cohérente à partir du point d'interruption. Le ricochet n'était dans ce cas qu'une parenthèse. Il arrive cependant qu'il me propulse dans une nouvelle voie, et que la nouvelle avenue constitue la suite logique / cohérente de ce qui a précédé.

Parfois il faut (de) ces ricochets (accidentels) pour aller quelque part d'imprévu, point d'arrivée qui, somme toute, se révèle tout aussi valable que la destination initiale (si destination il y avait). Et par cela, la nouvelle trajectoire révèle souvent une part cachée de la chose indicible.

(2004)

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1 – Perdre le fil