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LE RITE ECOSSAIS RECTIFIE
Le Rite Ecossais Rectifié est le rite pratiqué par notre Loge et une majorité de Loges de notre Obédience. Si les thèmes principaux sont communs aux autres rites maçonniques, il porte cependant en lui des éléments très spécifiques qui permettent d'en parler comme d'un rite «christique». Terme apparemment étonnant pour ceux qui en sont restés à une vision athée et anticléricale d'une certaine maçonnerie. Nous n'entrerons pas dans les détails symboliques ni dans les filiations mythiques qui animent les discussions passionnées des «maçonnologues» . Nous exposerons simplement les bases historiques de ses origines et synthétiserons le message spirituel actuel qui s'en dégage.
1) La toile de fond historique
A ses origines, les cérémonies en usage dans la Franc Maçonnerie Opérative («les tailleurs de pierre») étaient très dépouillées. Il existait deux «grades»: les «apprentis», terme qui s'explique à lui tout seul, et les «compagnons», artisans confirmés, détenteurs de certains privilèges conférés par les autorités religieuses ou civiles. Lors des chantiers, l'ensemble des compagnons et apprentis constituaient une «Loge«, du nom des petites bâtisses ou ils se réunissaient (équivalent de nos actuelles « baraques de chantier»!). Parmi ces compagnons, un des leurs était nommé Maître, il dirigeait les travaux et administrait la Loge. L'admission d'un apprenti dans une loge donnait lieu à une cérémonie qui se déroulait en trois phases:
-une prestation de serment solennel, dans laquelle l'apprenti s'engageait à respecter les secrets de métier et à prêter assistance à tous ses «Frères» qui seraient dans la détresse,
-la communication de signes de reconnaissance,
- l'enseignement de la Tradition mythico-historique de l'ordre maçonnique.
Le tout se terminait par des «Agapes», terme utilisé depuis par tous les maçons pour désigner leurs banquets fraternels.
L'introduction de non-opératifs dans les loges, puis la constitution de loges totalements "spéculatives", allaient considérablement enrichir le cérémonial. Un nouveau grade, celui de "Maître" fut constitué, avec toute sa symbolique fondée sur la construction du Temple de Salomon et sa "légende" concernant l'architecte "Hiram". Le développement de la Franc-Maçonnerie sur le continent européen attira dans les loges de nombreux intellectuels, religieux et ésotéristes de tous bords (alchimistes, cabbalistes, occultistes...). Le 18ème siècle en Europe, donna naissance à une floraison de rituels maçonniques divers exploitant toute la richesse symbolique de ces différents courants de pensée. Le nombre de "grades", avec chacun un cérémonial et une symbolique particulière, s'amplifia. Le style Baroque (1670-1730) puis Rococo, en vigueur à cette époque, se traduisit également dans ces rituels, dans le style ampoulé des textes, l'abondance des décorations, la pompe des cérémonies...
Du point de vue du fond, la maçonnerie du 18ème siècle conservait une forte tradition religieuse, héritée des maçons opératifs, mais qui s'est totalement dégagée de l'emprise ecclésiastique romaine ou anglicane. On assista alors en maçonnerie à une révolution dont on ne mesure plus l'importance: la réunion fraternelle, au sein des Loges, de catholiques et de protestants, et une totale égalité entre les nobles et les roturiers. Ainsi, on pouvait voir dans de nombreuses loges des bourgeois portant chapeau et épée devant des nobles tête nue, ou des moines cotoyant des protestants. Après la révolution, la tendance laïcisante allait prendre de l'importance au sein de la maçonnerie.
C'est dans ce contexte du 18ème qu'allait se structurer le Rite Ecossais Rectifié.
2) Les racines du RER
Le RER se structure entre 1778 et 1787 par le biais d'un maçon lyonnais Jean Baptiste Willermoz, à partir de plusieurs courants:
- le rite maçonnique pratiqué à l'époque au Grand Orient : le Rite Français Moderne
- l'Ordre des Elus Cohen
- La Stricte Observance Templière

Willermoz fut reçus maçon en 1750 (à 20 ans) à Lyon et fut Vénérable Maitre de sa Loge, deux ans plus tard. Il constata avec amertume l'état disparate de la maçonnerie de l'époque et sa dispersion dans une multitude de grades et de rites, aux aspects de plus en plus fantaisistes, au décorum surchargé, et ce au détriment du fond et de l'esprit traditionnel des origines. Les courants de pensée athéistes commençaient à pénétrer la Franc -Maçonnerie et certaines Loges devenaient des cercles de mondains et de libertins. Willermoz n'eut de cesse d'explorer toutes les tendances, afin de retrouver une Maçonnerie authentique; ses pérégrinations l'amenèrent à rencontrer l'Ordre des Elus Cohen de Martinez de Pasqualy et la Stricte Observance Templière du Baron de Hundt.
a)  Des Elus Cohen L'Ordre
Dans sa quête d'une Maçonnerie plus authentique, Willermoz entendit parler d'un certain Martinez de Pasqualy , juif d'origine espagnole converti au catholicisme, philosophe occultiste qui venait de créer à Bordeaux une société "Maçonnique" nouvelle: "Les Chevaliers Maçons Elus Cohen de l'Univers". L'aspect mystérieux de cette structure excita la curiosité de Willermoz qui y fut initié en 1768.
Elle se fondait sur les théories mystiques hebraïques et cabbalistiques de Martinez de Pasqualy, telles qu'il les a exposées dans son ouvrage "Le traité de la réintégration" où il développe toute une cosmologie sur la chute de l'homme et le mystère de sa rédemption. Les travaux de ces assemblés consistaient à invoquer des esprits, par des pratiques "théurgiques" afin d'obtenir des manifestations tangibles qui assureraient alors au disciple sa réintégration spirituelle.
Malgré son assiduité Willermoz restait déçu par le peu de résultats de ces pratiques et tout en persévérant dans les Elus Cohen et dans les Loges Lyonnaises il s'intéressa à un mouvement maçonnique germanique: La Stricte Observance Templière.
b) La Stricte Observance Templière
En 1743 le Baron de Hundt, maçon allemand, aurait été initié à des &quot;hauts grades&quot; templiers par un dignitaire écossais (Charles Edouard Stuart, roi d'Ecosse en exil à Paris? ) qui le charge de développer le système templier sur le continent. Cette filiation templière écossaise proviendrait d'une persistance de l'Ordre du Temple à travers la création, grâce à Robert Bruce premier Roi d'Ecosse, de l'Ordre du Chardon qui accueillit les Templiers francais en exil lors de la dissolution du Temple par le Philippe le Bel. De retour en Allemagne le Baron de Hund crée, en 1756 la Stricte Observance Templière; ainsi nommée parcequ'une discipline rigoureuse y régnait et qu'elle se réclamait de l'héritage templier. Ce Régime (organisation de l'ensemble des grades) se développe largement en Allemagne et en Scandinavie, recrutant parmis les Loges d'origine anglaise qui devinrent ainsi "Rectifiées", modifiant leur statut pour permettre aux nouveaux grades templiers (Maitre Ecossais de Saint André, Novice et Templier puis Grand Profès) de faire suite aux trois grades habituels de la Maçonnerie (Apprenti, Compagnon, Maitre). Le Baron de Brunswick devint Grand Maître en 1772 pour réorganiser le système qui devenait la proie d'aventuriers mystiques. Le rite prit alors le nom de Régime Ecossais Rectifié.
c) La réunion des trois courants
En 1774 Willermoz réussit à entraîner une partie de la maçonnerie lyonnaise (il dirigeait toute la &quot;Province&quot; d'Auvergne) dans ce Régime Rectifié. Il se retrouva donc à la tête de la maçonnerie lyonnaise régulière du Grand Orient de France, présidant à la destinée du mouvement des Elus Cohen à Lyon (Martinez mourut en 1774 et son "héritage spirituel" fut repris par Louis Claude de Saint Martin, son ancien secrétaire), et chargé d'organiser le Régime Rectifié en France. En 1776 le Grand Orient reconnut officiellement cette "Rectification" et confia la direction de ces nouveaux hauts grades templiers à Willermoz.
Cependant, Willermoz découvrit progressivement l'inconsistance de la filiation templière du Régime Rectifié, le caractère trop aristrocratique et élitiste de l'Ordre allemand et la pauvreté spirituelle de son message. Il forma alors le dessein d'intégrer l'enseignement ésotérique des Elus Cohen dans la structure des hauts grades templiers du Régime Rectifié, le tout sur la base d'une Maçonnerie régulière des trois premiers grades.
En 1778, lors du convent (réunion générale des Loges) des Gaules, réunissant tous les directoires du régime Rectifié de France, Willermoz réussit grâce à une grande obstination et son habileté à réaliser cette fusion; il devint le maître d'un ordre maçonnique nouveau: "Les Chevaliers Bienfaisants de la Citée Sainte"
En 1782, un grand convent général du Régime Rectifié réunit toutes les instances des régimes d'Allemagne, d'Autriche, d'Italie, de Suisse et de France. Après d'intenses préparations et des débats longs et polémiques, Willermoz et ses amis francais réussirent à imposer leur structure à l'ensemble du Régime Rectifié. Dans les années qui suivirent, Willermoz, assisté de Jean de Turkheim, rédigea les rituels de tous les degrés de l'ordre et les structura de tel sorte qu'il obtint un Rite Maçonnique cohérent, riche de symboles maçoniques, chevaleresques et de la mystique des Elus Cohen: le "Rite Ecossais Rectifié".
En 1802, il fournit à la Loge «La Triple Union» (à Marseille) les rituels du RER et, en 1808 à la Loge "le Centre des Amis".
En 1811, le Grand Orient de France signa un traité d'alliance par lequel il conférait seulement les 3 premiers grades maçonniques (apprenti, compagnon et maitre), laissant au Régime Ecossais Rectifié la souveraineté des hauts grades de "l'Ordre intérieur".
Jean Baptiste Willermoz mourut en 1824 à l'âge de 94 ans.
3) L'Esprit du RER
Le RER pratiqué dans notre obédience est constitué de
-Trois grades ?bleus?
*Apprentis
*Compagnons
*Maitres
- Trois ?hauts grades?
*Maitre Ecossais de Saint André (grade maçonnique de transition vers "l'Ordre Intérieur"
*Ecuyer Novice
*Chevalier Bienfaisant de la Citée Sainte
Les trois premiers grades reprennent les grands thèmes symboliques de la Maçonnerie retraçant le cheminement de l'homme qui construit son Temple Intérieur en «s'épurant de ses passions et en pratiquant les Vertus». A chaque grade, quelques éléments symboliques laissent présager des thèmes du grade suivant, assurant une unité et une cohérence symbolique à l'ensemble du Rite. L'aspect chevaleresque et christique n'apparaissent que progressivement.
Les travaux se font sous l'égide du Grand Architecte de l'Univers. Le serment de reception des Apprentis se prête sur le premier chapitre de l'Evangile de Saint Jean. Lors de ce serment, l'Apprenti promet d'être «fidèle au plus pur esprit du christianisme».
Ce point est particulier au RER et donne lieu à des interprétations plus ou moins abusives. Dans l'esprit des fondateurs du Rite, il s'agit essentiellement du message d'Amour apporté par le Christ, tel qu'il est transmis par les Evangiles, en particulier par celui de Saint Jean. Willermoz et ses successeurs, soucieux de rassembler des Frères de toutes croyances, se sont toujours extrêmement démarqués de toute notion d'Eglise. Les éléments chrétiens du Rite, issus du mysticisme gnostique de Martinez de Pasqualy, sont d'ailleurs totalement hérétiques aux yeux de l'Eglise Catholique ou Réformée.
Le RER est dit Christique, car il se réfère spirituellement au message du Christ mais il ne reprend aucun dogme de la religion chrétienne et se démarque totalement de toutes les Eglises.
L'aspect chevaleresque n'apparaît réellement que dans l'Ordre Intérieur mais il insuffle, dans l'ensemble des rituels, les vertus chevaleresques de bienfaisance, de rigueur, de force morale, de combat contre ses propres démons intérieurs. En aucun cas ( c'est ce qui avait été affirmé au convent de Wilhelmsbad en 1782) la référence Templière ou à d'autres ordres chevaleresque (Ordre de Saint-Lazare) ne revendique une filiation directe ni mème une résurgence ou une imitation. Ce qui est visé par ces références, c'est l'idéal mythique et universel de l'esprit chevaleresque.
Le RER propose
-    une Maçonnerie qui reste fidèle à l'esprit des fondateurs de la Maçonnerie spéculative (Constitution d'Anderson, discours du Chevalier Ramsay, Old Charges...)
-   une Maçonnerie épurée de l'anorgiamento baroque du 18ème et de ses multiples hauts grades
-   une Maçonnerie vecteur de la Tradition Initiatique de l'ésotérisme chrétien
-   une Maçonnerie résolument centrée sur le développement spirituel de l'Homme
-   une Maçonnerie qui ne se substitue pas aux groupements civils pour intervenir dans la vie sociopolitique, mais qui arme moralement ses Frères, afin qu'ils puissent, dans la totale liberté de leur conscience et de leurs agissements, &quot;aller porter parmi les autres hommes les vertus dont ils ont promis de donner l'exemple&quot;et &quot;exercer une Bienfaisance active et éclairée&quot;