Plus habitué à donner des leçons qu'à en recevoir, le Fonds monétaire international (FMI) n'en est pas moins forcé par la crise économique argentine de revoir sa façon de fonctionner.
Selon le quotidien argentin Clarin, l'institution internationale aurait même été mise en demeure par le G7 de trouver une solution mettant un terme à 11 mois d'impasse dans ses négociations avec le gouvernement argentin.
Le ministre des Affaires étrangères argentin, Carlos Ruckauf, s'est contenté d'expliquer hier que les sept pays les plus riches «avaient pris la décision d'aider le FMI et l'Argentine à arriver à un accord dans les délais les plus brefs possible».
L'objectif est de signer un accord couvrant au moins le reste du mandat de l'actuel président du pays, Eduardo Duhalde, qui doit se terminer le 25 mai.
Il y a longtemps, selon l'Argentine, que les négociations «techniques» avec le Fonds sont terminées en ce qui a trait au rééchelonnement du remboursement des 10 milliards qu'elle a empruntés aux différents organismes internationaux. Il ne manquerait plus, dit-elle, que le feu vert «politique» des actionnaires du Fonds dont les plus influents sont justement les membres du G7 qui comprend les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et le Canada.
Le débarquement en force du G7 dans le dossier serait un reflet de tensions et de divergences grandissantes entre pays actionnaires au sein du FMI, estiment les économistes locaux. «Il est difficile de trouver un cas similaire dans l'histoire récente du Fonds», commente Carlos Quenan, économiste à la banque CDC-Ixis en se référant aux crises russes ou asiatiques.
«Les négociations avec l'Argentine sont tombées dans un contexte de transition dans la doctrine du Fonds», poursuit l'expert. Il rappelle qu'on y jongle notamment avec l'idée de permettre désormais à un pays de déclarer faillite comme on le fait déjà pour une entreprise ou un particulier. Une idée, craignent plusieurs Argentins, que le FMI voudrait tester avec leur pays.
Domination des pays riches
Cette remise en question, au Fonds, ne se limite cependant pas à la théorie économique appliquée. Elle porte également sur la manière dont sont prises les décisions.
Ancien secrétaire et membre du conseil d'administration du FMI, Leo Van Houtven, rappelle, dans la dernière édition du FMI Bulletin, que si la règle du consensus continue généralement de marquer le fonctionnement de l'institution, la lenteur de cette dernière à s'adapter à l'évolution des besoins et de la réalité économique mondiale a pour effet d'accorder aux pays riches une influence de plus en plus disproportionnée. «La formule des quotes-parts, qui accorde un poids important au commerce international et aux réserves officielles, fait le jeu de l'Europe occidentale à qui il fallait des quotes-parts importantes lorsque ces pays étaient encore candidats à l'utilisation des ressources du FMI», note-t-il, et cela au détriment de l'Asie et des pays en développement.
La part des pays riches dans le commerce mondial allant grandissant, leur poids au sein du FMI a continué de croître, constate-t-il. Au point que, aujourd'hui, «un petit nombre de pays industrialisés détient 60 % des droits de vote, tandis que la vaste majorité des États membres -- et de la population mondiale -- n'en a que 40 %.»
Ironiquement, ce sont les pays qui disposent du plus d'influence au sein de ce système qui volent aujourd'hui au secours de l'Argentine, les pays du G7 détenant pratiquement à eux seuls la majorité absolue des droits de vote au FMI avec 47,6 % des voix. Ces derniers ne se gênent d'ailleurs pas, constate Leo Van Houtven, pour exercer de plus en plus d'influence sur le cours des choses. «Il est naturel qu'ils aient une voie prépondérante dans la gestion du système, estime-t-il compte tenu de l'importance de leur contribution financière à l'organisation. [Néanmoins] cette domination pourrait compromettre le caractère coopératif du FMI à moins que ces pays n'exercent leur influence dans le cadre global du FMI au lieu de donner l'impression de l'imposer d'en haut.»
Il ne manque d'ailleurs pas de souligner que la mollesse de l'économie mondiale montre bien que ces pays industrialisés auraient tout intérêt, à la fois économiquement et publiquement, à appliquer à eux-mêmes certaines «réformes structurelles» qu'ils imposent aux autres.
Avec l'Agence France-Presse
FAIR USE NOTICE: This page contains copyrighted material the use of which has not been specifically authorized by the copyright owner. NoNonsense English offers this material non-commercially for research and educational purposes. I believe this constitutes a fair use of any such copyrighted material as provided for in 17 U.S.C § 107. If you wish to use copyrighted material from this site for purposes of your own that go beyond fair use, you must obtain permission from the copyright owner, i.e. the media service or newspaper which first published the article online and which is indicated at the top of the article unless otherwise specified.