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Du coté de BUTGNEVILLE, nos reporters mènent l'enquête...
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Le Portrait du mois
Nom : Mourot
Prénom : Jean-Pierre
Reportage
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C'est en l'an 1948 que l'histoire de notre héros de ce mois-ci commence.
Remontons donc quelques décennies en arrière et plantons le décor en rappelant quelques faits marquant de cette année là :

- Le Mahatma Gandhi est assassiné.
- Coup de force des communistes à Prague.
- Naissance de l'Etat d'Israël.
- Blocus de Berlin par les soviétiques
- Création de la première pile atomique française.
- Bartali gagne le tour de France et Marcel Cerdan devient champion du monde de Boxe.

Mais en cette merveilleuse année 1948, un autre évènement historique va secouer la France. Dans un petit village du fin fond de la Lorraine, un jeune couple de mariés de Butgnéville attendent leur premier enfant. Le prénom choisi, l'enfant ne tarde pas à naître et c'est un beau bébé prénommé Jean-Pierre que Mme Mourot met au monde.
Jean-Pierre se mit à grandir. Arrive alors l'âge des premiers mots, des premiers pas et des premières excursions sur la grande route de Butgnéville. A 2 ans, assis derrière la mobylette de son cousin, il lance une phrase prémonitoire :
"Coco y ra tou 'oin sur la route!"
A l'école primaire de Butgnéville, les enseignants se succèdent et Jean-Pierre est décrit comme un élève moyen. En fait comme beaucoup de garçons de son âge, l'école de l'intéresse pas encore. Pourtant un homme va changer tout ça: Mr Prudhomme, le nouvel instituteur. Il va reprendre en main l'école du village et remettre la majeure partie des élèves, dont Jean-Pierre, sur les chemins de la connaissance avec une pédagogie qui mélange activités pratiques et enseignement classique. Cependant Jean-Pierre, qui avait beaucoup d'affection pour son professeur, ne garde pas que des bons souvenirs de M. Prudhomme. Par exemple, le lendemain de sa communion solennelle Jean-Pierre se fait punir et doit copier 1000 fois "Mer Méditerranée" pour l'avoir mal orthographiée. Tout en écrivant sa punition, Jean-Pierre peste contre son professeur: "Jamais je lui pardonnerai à ce salaud là !!!"
Aîné de trois frères, Bernard, Philippe et Etienne, Jean-Pierre aime commander. D'ailleurs lorsque le commandement lui est contesté par l'un de ses frères ou par une tierce personne, il n'hésite pas à mettre en avant ses atouts physiques de grand costaud.
Fils de paysans, les frères Mourot reçoivent une éducation dure qui se partage entre l'école et les champs. A partir de l'âge de 10 ans, Jean-Pierre est à la charrue et au tracteur pendant les vacances scolaires, ce qui lui donnera goût au travail de la terre. A 14 ans, alors qu'il est au collège, Jean-Pierre revient pour le week-end à Butgnéville et déclare à son père:
"Pour moi l'école c'est fini, je veux retourner à la ferme !"
Finalement son père le raisonnera et après d'âpres discussions, il retournera au collège.

Tout au long de sa scolarité, Jean-Pierre a été chahuteur. Il est souvent considéré, à juste titre, comme le meneur "d'opérations commandos" déstinées à déstabiliser l'ordre établi. Pour exemple, la veille de son bac, Jean-Pierre et quelques camarades, ayant réussi à obtenir la clé de l'internat des filles, s'introduisent dans le bâtiment et subtilisent toutes les blouses de travail et les entassent au milieu de la cour principale.

Son Premier grand voyage à l'étranger, Jean-Pierre va le passer en Italie dans le cadre d'une bourse d'étude. Il réussira à décrocher la bourse Zellidja, avec son projet d'étude sur les veaux lorrains exportés en Italie. L'année de son bac, il obtiendra de nouveau cette bourse, grâce à laquelle il partira en Yougoslavie. C'est à la frontière de ce pays que Jean-Pierre va faire la rencontre de
Julius Cracovicus. Cet étudiant polonais qui veut devenir diplomate et qui parle six langues, va aider Jean-Pierre à traverser la frontière, en arrangeant avec les douaniers un problème de tampons, indispensables pour entrer dans le pays. Cette rencontre, Julius ne le sait pas encore, va changer sa vie.
En revenant de Yougoslavie, Jean-Pierre déclare avec cette assurance toute mourotienne:
"Quand Tito n'y sera plus, ce sera le bordel !"

Arrive le temps des études. Jean-Pierre est trés motivé pour faire une Prépa Agronomique mais malheureusement, il ne sera pas accepté. Au même moment, le Directeur de son lycée est nommé à Metz et lui suggère de faire une Prépa HEC au lycée Fabert, ce qu'il fera. Arrivent aussi les premiers engagements politiques, marqués à gauche dans des partis de l'époque, tels que le PSU ou le LCR. Pendant ce temps-là, le père de Jean-Pierre accueillera Julius à Butgnéville sur sa demande, après lui avoir délivré une attestation "pour vacances avec gîte et couvert". L'année d'après, Julius reviendra en France accompagné d'un ami, mais cette fois pour ne plus en repartir. En effet, le désir de Julius de devenir diplomate était anéanti par le simple fait de ne pas être communiste. Pour Julius plus question de retourner en Pologne.

L'effervescence: Mai 68 est là et pendant cette période trouble, Jean-Pierre doit passer des examens d'admission à Sup de Co, EDHEC, ICN, ... De l'avis de son père, si Jean-Pierre a échoué tous ses concours d'entrée, à cette époque, c'est parce qu'il était plus occupé à manifester qu'à étudier. Heureusement, Monsieur Mourot obligera son fils à travailler tout l'été. En septembre Jean-Pierre réussira à intégrer Sup de Co Paris. Arrivé à la capitale, il trouvera un logement dans le pavillon du Maroc de la cité universitaire, grâce à des amis de la bourse Zellidja. Viendra alors l'assassinat de Ben Barka que l'on présume perpétré par les services secrets français, et pour protester, Jean-Pierre entamera une grève de la faim. Sans avoir prévenu ses parents de son engagement dans cette grève, il leur téléphonera à la sortie de l'hôpital pour leur dire avec ce flegme qui lui est connu:
"Oui, ben là, je viens de sortir de réanimation et tout va bien!"

Au pavillon du Maroc, Jean-Pierre accueille Julius et lui trouve un logement et de lui même trouve un travail d'interprète. Installé en milieu universitaire Julius fait des rencontres et plus particulièrement celle d'une jolie mexicaine. Naturalisé français grâce à Mr. Louis Mourot, Julius part vivre au Mexique où il se trouve encore aujourd'hui. Il y est marié depuis plus de 20 ans.
A cause de son engagement envers Julius le polonais, Jean-Pierre n'a pu se rendre dans les pays de l'Est pendant de nombreuses années. Etant fiché par le bloc soviétique, il a du attendre la Perestroïka et la chute du mur de Berlin avant d'aller en Europe de l'Est.

Aprés Sup de Co, Jean-Pierre fera une préparation militaire pour officier et au bout de trois jours, il rentrera avec son baluchon en déclarant:
"l'armée ce n'est pas fait pour moi !"
Aprés des ennuis de santé Jean-Pierre devient formateur de cadres à la coopération dans un grand organisme agricole de Paris pendant deux ans.Il s'achète donc une AMI 8 avec l'argent de son grand-père pour s'y rendre. Malheureusement, le bolide rendra l'âme à Chalon et son grand-père lui dira plus tard:
"T'as tout avalé tes économies, alors t'auras plus rien."

2 ans plus tard, Jean-Pierre décide de repartir à l'aventure en Algérie. Selon ses dires:
"le seul pays vraiment socialiste du monde, qui a abattu toutes les barrières, notamment la famille". Il y reste un peu plus d'un an en tant que Directeur de l'école agricole de semi-adultes. Au début de la deuxième année Jean-Pierre est déçu. Se sentant menacé, il revient en catastrophe sur Marseille en laissant pratiquement toutes ses affaires derrière lui. Selon son père, Jean-Pierre aurait un peu trop bousculé les administrations des ministères, ce qui expliquerait ce retour précipité.

De retour en France, Jean-Pierre refait une formation et devient par la suite Directeur commercial aux maisons Phoenix.
Confronté aux réalités économiques dans son travail, Jean-Pierre, toujours selon les dires de son père, ramènera doucement ses idées politiques vers les siennes. C'est à cette époque qu'il rencontre TJ. Après avoir travaillé dans différentes entreprises, Jean-Pierre rejoint l'aventure ESIDEC avec son ami TJ et travaille depuis pour former des cadres compétents. A propos de l'ESIDEC et de ses étudiants, il dit souvent:
"je ne veux pas former des cadres qui ne valent pas un clou." ou alors "les étudiants ne m'emmerdent pas, mais les mères des étudiants, par contre..."
Dans tous les cas une chose est sûre, car nous avons pûs nous en rendre compte au cours de notre enquête, Jean-Pierre aime ses étudiants...
Alors, de notre part à tous, merci JPM !


NB: L'équipe de l'ESIDECHO tient tout particulièrement à remercier Madame et Monsieur Louis Mourot pour leur accueil à Butgnéville et leur discrétion à propos de cet article.
LANCONS LE DEBAT
Un Grand Merci aux habitants de BUTGNEVILLE pour leur collaboration