Communiqué

Tunis le 20 Août 2002

Séquestration du Secrétaire général du CNLT
Maître Abderraouf Ayadi, secrétaire général du C NLT et membre du Conseil de l’ordre des avocats a été séquestré aujourd’hui 20 août durant 4 heures dans les locaux du Ministère de l’intérieur (services de la sécurité de l’état).

Il était venu accompagner sa cliente, madame Souad Hamrouni, convoquée pour récupérer son passeport confisqué à son arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage le 15 août courant. Madame Hamrouni, épouse de l’opposant Chokri Hamrouni, responsable de la communication au CPR, avait été elle-même séquestrée dans les locaux du Ministère de l’intérieur durant plus de 6 heures avec ses deux enfants en bas-âge et interrogée sur les activités de son mari. Aujourd’hui madame Hamrouni a encore été illégalement interrogée et n’a été relâchée qu’au bout de six heures. Son passeport lui a été restitué.

Maître Abderraouf Ayadi avait été convoqué par le commissariat de police de son quartier il y a 15 jours, mais avait refusé de donner suite à cette procédure irrégulière (le barreau doit être saisi de la procédure auparavant). Alors qu’il accompagnait aujourd’hui sa cliente, et au moment de quitter les locaux de la police à l’heure de la fermeture des bureaux, maître Ayadi a été retenu de force par les policiers qui l’ont menacé d’user de violences avec lui s’il insistait. Durant cette séquestration, maître Ayadi a été interrogé sur la fréquentation de son cabinet et invité à signer un engagement de ne plus organiser de réunions chez lui. Protestant contre l’irrégularité de la procédure, maître Ayadi s’est vu répliquer sur un ton menaçant «nous faisons ce que bon nous semble» !
Rappelons que maître Ayadi subit une persécution systématique allant jusqu’à l’agression physique de la part de la police politique depuis plus de deux ans en raison de son activité de défenseur de droits humains et de sa qualité d’éminente figure du barreau. Son cabinet est en permanence surveillé et sa clientèle subit des pressions pour retirer ses dossiers. Son téléphone et son fax sont très souvent perturbés ou coupés. Les nombreuses plaintes qu’il a déposées sont restées sans suite.
Le CNLT s’élève avec vigueur contre cette violation des droits élémentaires de son Secrétaire général et condamne ces pratiques attentatoires aux libertés fondamentales indignes d’un état de droit. Il considère que cette nouvelle atteinte dont maître Ayadi a été la cible est révélatrice du sentiment d’impunité prévalant dans les services de la police politique qui se place au dessus des lois. Il appelle la société civile à se mobiliser contre cette offensive tous azimuts et à restaurer l’état de droit.

Le journaliste A. Zouari déporté
La police politique s’est présentée le 19 août au domicile de monsieur Abdallah Zouari et déporté par la force le journaliste dans une localité du Sud tunisien. Monsieur Zouari a engagé un recours en justice contre cet arrêté du ministre de l’intérieur en date du 15 juillet, fixant sa résidence à Khariba-Hassi Jerbi de façon abusive, alors que sa famille vit à Tunis. La police n’a même pas laissé à la justice le temps de se prononcer. Le CNLT condamne cette mesure d’éloignement abusive et appelle la société civile à se mobiliser pour exiger la liberté de mouvement de M. Zouari qui vient de purger une peine de 11 ans pour ses idées.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine