Sharon a sa place devant un tribunal international et non en Tunisie en tant qu'invité d'honneur
Le vendredi 25 février, une dépêche de l'agence officielle TAP a confirmé l'information, publiée par le quotidien israélien Yediot Aharanot, de l'invitation officielle adressée par Ben Ali au général Ariel Sharon, à se rendre en Tunisie à l'occasion du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), qui sera organisé à Tunis en novembre 2005.
Le CNLT est profondément choqué par cette nouvelle et considère cet acte comme une provocation irresponsable de la part du président de la république tunisienne.
En effet Le général Sharon s'est rendu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité sur le peuple palestinien, documentés par des ONG internationales de droits humains. Durant l'exercice de son mandat à la tête du gouvernement israélien, il a poursuivi la politique d’occupation qui a pris un tour sans précédent en termes de souffrances infligées à une population civile, et de politique ségrégationniste symbolisée par l’edification du mur de la honte et la multiplications des humiliations et des exactions dans les check points. Il s'est appliqué à pratiquer une politique de massacres contre des civils à Jenine en 2002, rasant au buldozer les maisons et arrachant les oliviers, plusieurs milliers de maisons ont été ainsi détruites à gaza durant son mandat, il s'est également illustré par les assassinats ciblés sur la population civile palestinienne dans la bande de Gaza.
En tant qu'officier israélien et comme ministre de la défense, le Général Sharon a été impliqué au premier degré dans des assassinats de civils, en infraction aux quatre conventions de Genève et de crimes contre l'humanité, entraînant la mort de milliers de civils palestiniens et libanais. Comme architecte de l'invasion du Liban en 1982, le Général Sharon a supervisé le massacre plus de de 2.000 civils palestiniens dans les camps de Sabra et de Shatila.
En juin 2001, vingt huit victimes rescapés de ces massacres ont engagé contre lui des poursuites en Belgique; mais les pressions politiques ont finalement abouti à l'irrecevabilité de cette plainte par les tribunaux belges qui avaient pourtant statué sur le génocide rwandais. Les avocats des plaignants avaient présenté dans le dossier des copies de rapports rédigés par les services secrets israéliens concernant des pourparlers entre les dirigeants militaires israéliens et ceux des milices chrétiennes. Il en ressort que le Ministre de la Défense de l'époque, Ariel Sharon, insistait sur le «nettoyage» des deux camps, et qu'après les faits, il y a eu un arrangement entre généraux israéliens et représentants des Phalangistes pour que ces derniers en assument l'entière responsabilité... Ces plaignants qui habitent toujours dans les camps - attendent toujours depuis plus de 20 ans justice pour ce crime contre l'humanité. Le 16 décembre 1982, l'Assemblée générale des Nations unies avait qualifié explicitement ce massacre de crime de génocide. Sabra et Shatila restent dans les annales comme une des pages les plus noires de l'histoire des atrocités d'après-guerre, au même titre que Srebrenica par exemple.
- Le CNLT considère que le Général Sharon n'a pas sa place en Tunisie en tant qu'invité d'honneur, mais devant une tribunal pénal international où il devrait répondre de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
- Le CNLT estime que cette invitation est un acte irrespectueux pour les sentiments profonds du peuple tunisien de la part de la présidence de la république tunisienne qui tourne ainsi le dos à la tradition d'hospitalité envers le peuple palestinien dont il avait fait preuve après le départ des Palestiniens de Beyrouth en 1982.
- Le CNLT espère qu'il ne s'agit pas là de la part du régime de Ben Ali d'une réaction primaire à un déficit de légitimité internationale qu'il a affronté à l'étape préparatoire du SMSI à Genève cette semaine, concernant sa gestion autoritaire en tant que pays hôte de la seconde phase du SMSI, et qu'il tente de compenser par une fuite en avant dans un alignement sur la politique de l'administration américaine.
- Le CNLT appelle le gouvernement tunisien à revenir sur cet acte irresponsable et lui demande instamment de le corriger pour que les Tunisiens ne soient pas exposés à un tel affront.
Pour le Conseil,
La porte-parole
Sihem Bensedrine
sbensedrine@cnlt98.org