Offensive contre les avocats

Tunis le 29 Juin 2002

Le CNLT alerte l'opinion publique sur l’offensive lancée par les autorités tunisiennes contre le corps des avocats qui a pris des proportions inquiétantes ces derniers temps.En effet, le corps des avocats, en tant que profession engagée en première ligne dans le combat pour les libertés et le respect de l'état de droit fait l'objet d'une attaque tous azimuts.

  • Une campagne est actuellement orchestrée contre le barreau par la cellule du parti au pouvoir qui a intenté un procès pour "excès de pouvoir" visant à rendre nulle la grève générale des avocats à laquelle avait appelé le Conseil de l'ordre le 7 février 2002. Le tribunal qui a examiné le 7 juin dernier cette affaire l'avait reporté au 24 septembre 2002 à la demande de la partie plaignante "pour complément d'information"! L'épée de Damocles reste suspendue pour "briser" l'autorité du barreau qui fait parallèlement l'objet d'une véritable cabale dans la presse aux ordres l'accusant de faire le jeu de l'opposition!
  • Le 28 juin courant, M. Mansour, doyen des juges d'instruction s'est permis de refuser au bâtonnier, maître Béchir Essid, une déclaration de constitution, demandée par écrit par la famille du prévenu au profit d'un détenu, M. Nawar, impliqué dans l'affaire de l'attentat de Djerba et maintenu dans un isolement total. Outre son caractère illégal, ce refus qui s'est produit déjà, notamment avec Me S. Ben Amor, au prétexte que le prévenu avait déjà deux avocats (proches du ministère de l'intérieur), constitue un défi lancé à tout le barreau.
  • Le 4 juillet prochain, maître Mohamed Abou, membre dirigeant de l'Association Tunisienne des jeunes avocats et membre du CNLT, est cité à comparaître devant le juge d'instruction du 10e bureau pour répondre d'une accusation de "coups et blessures ayant provoqué de graves séquelles", sur la base d'une plainte déposée par Dalila Mrad, une activiste du parti au pouvoir qui a multiplié les actes de provocation et les insultes à l'endroit de son collègue lors d'une réunion qui s'est déroulée le 20 juin dernier à la bibliothèque des avocats en présence d'un représentant de la Commission Internationale des Juristes. Dalila Mrad a accusé ses collègues, en des termes vulgaires, d'être entre autre des traîtres à la patrie et des valets des colons étrangers nostalgiques! Me Abou, avait alors ouvert la porte et l'a poussée vers la porte. Elle s'était mise à crier, ses collègues l'ont calmée et l'incident était clos. Elle était sortie avec ses collègues à la fin de la réunion. Le lendemain, les journaux de caniveau annonçaient qu'elle était hospitalisée pour une durée de dix jours suite au traumatisme qu'elle avait subi lors de l'altercation. Le CNLT qui voit dans cette poursuite une manœuvre à peine voilée pour discréditer et immobiliser l'Association des jeunes avocats, en ciblant l'un de ses éléments les plus dynamiques, craint que cette instruction ne débouche sur l'incarcération de maître Abou.
  • Le 26 juin, maître Radhia Nasraoui a entamé une grève de la faim pour protester de l'interdiction qui lui est faite de rendre visite en tant qu'avocate à son mari Hamma Hammami, condamné à plus de 3 ans de prison ferme pour avoir exercé son droit à l'association et à l'expression en tant que leader du PCOT. Le CNLT assure maître Nasraoui de son entière solidarité et appelle les autorités à cesser de la persécuter elle et sa famille et demande la libération de Hamma Hammami et de tous les prisonniers d'opinion.

Pour le Conseil,

La porte-parole

Sihem Bensedrine