18 novembre 2003


À la une.
photo : Pierre McCann

« Je n'ai jamais touché à de l'EPO de ma vie. On ne m'en a jamais proposé, je n'en ai jamais pris. Je n'en ai même jamais vu. »

C'est d'un ton assuré, voire avec un brin de défi, que Geneviève Jeanson a répété ces propos aux médias hier après-midi. Elle a du même coup confirmé qu'elle était bien la cycliste de haut niveau mentionnée dans les accusations visant le docteur Maurire Duquette.

Ce médecin est celui-là même qui a fait l'objet d'une enquête pour avoir prescrit et administré de façon inappropriée de l'EPO (érythropoïétine). La semaine dernière, il a plaidé coupable à 14 chefs d'accusation devant le comité de discipline du Collège des médecins du Québec. Onze patients, dont Geneviève Jeanson - jusqu'à hier, on ne pouvait dévoiler son identité - sont concernés.

Dans le cas de Jeanson, le syndic reproche au Dr Duquette de lui avoir prescrit de la Marcaïne et de l'Eprex.

Le syndic reproche aussi au médecin spécialiste d'avoir omis de l'inscrire à son dossier et de ne pas l'avoir envoyée à un spécialiste en hématologie lors d'une anémie.

Au lendemain de ses aveux de culpabilité, le chirurgien orthopédiste a soudainement fait volte-face et affirmé, dans une lettre envoyée à l'avocat de Geneviève Jeanson, Me Alain Barrette, qu'il n'avait jamais prescrit de l'Eprex à la cycliste. Même si cette missive n'a pas été retenue comme preuve, l'avocat n'a pas manqué d'y faire référence à plusieurs reprises hier pour appuyer la déclaration d'innocence de sa cliente.

« Dans l'opinion publique, on a fait de ce procès celui de Geneviève Jeanson sans qu'elle ne puisse s'expliquer, déplore Me Barrette. On la déclare coupable par association. C'est complètement absurde et c'est pourquoi nous intervenons aujourd'hui. »

À la demande de la cycliste, toutes les ordonnances de non-accessibilité et de non-publication la concernant ont donc été levées hier à 14 h, soit une heure avant la conférence de presse, par le Comité de discipline du Collège des médecins du Québec.

« Contrairement à ce que plusieurs pensent, ça fait longtemps que je veux m'exprimer, a indiqué la cycliste. J'en ai enfin l'occasion. »

Le clan Jeanson a tenté, depuis presque un an, de faire valoir son point de vue auprès du Collège des médecins du Québec, qui a refusé et fait remarquer qu'il s'agissait du procès du Dr Duquette et non pas celui de Geneviève Jeanson. Comme le Dr Duquette a plaidé coupable lundi dernier, la cycliste a perdu l'unique occasion de témoigner. Elle ne pourrait donc faire autrement que de sortir de l'ombre pour tenter de faire taire les rumeurs.

« Tout cela est très difficile à vivre, a confié l'athlète, en gardant toujours la tête haute. Ça me surprend de voir l'ampleur qu'a prise cette histoire. J'ai de la difficulté à croire que je suis au milieu de cette tempête. »

La nouvelle tournure de l'affaire Duquette tombe maintenant comme une autre tuile sur la tête de l'athlète, exclue cet automne des Championnats du monde à Hamilton pour avoir présenté un taux d'hématocrite trop élevé. Interrogée sur un lien possible entre les deux événements, la cycliste est catégorique : il s'agit d'une « accumulation de coïncidences troublantes », rien de plus.

Concernant sa relation avec le Dr Duquette, les propos sont toutefois plus maladroits. Elle affirme qu'elle était « une patiente comme une autre qui allait le consulter pour des bobos », qu'elle l'a rencontré par hasard lors d'une course de vélo, qu'elle l'a choisi « parce qu'il était le seul à pouvoir et vouloir l'aider à utiliser la tente hypoxique » - sous laquelle elle dit dormir 300 jours par année - et qu'il a toujours été très professionnel avec elle.

C'est en octobre 2002, à moins d'une semaine des Championnats du monde, qu'elle a appris, dit-elle, que le Dr Duquette faisait l'objet d'une enquête du Collège des médecins depuis plus d'un an déjà. « Ça m'a frappée de plein fouet. J'ai tout de suite mis un terme à notre relation », a expliqué Jeanson.

L'athlète souhaite maintenant être entendue des fédérations sportives. Confiante, elle entame aujourd'hui son entraînement en vue des Jeux olympiques d'Athènes 2004. « Ma carrière n'est pas compromise puisque je suis innocente. Je suis en paix avec moi-même. »


page mise en ligne le 18 novembre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
Qui sur SVP?