ZITOUNA EX BESSOMBOURG
Le site perso de Abdelghani boulkenafet
NOTE RELATIVE A L'ÉTABLISSEMENT DES VILLAGES
EUROPÉENS DANS LE CERCLE DE COLLO
La sécurité de l'algerie
ne sera pas assurée tant que la population européenne sera hors d'état
de lutter contre les indigènes, au tout au moins d'offrir une résistance
assez sérieuse pour donner aux troupes envoyés de France, le temps
d'arriver a son secours. les massacres des colons, l'incendie des
villages et des fermes pendant la dernière insurrection ne l'ont que
trop démontrés.
Ainsi le gouvernement qui veut entrer énergiquement dans la voie de la colonisation parait très décidé a ne reculer devant aucune des mesures propres a attirer dans le pays de nombreux français et européens. La première de ces mesures serait nécessairement l' établissement d'un bon réseau de routes et la création sur ces routes de centres européens disposés de façon a pouvoir se soutenir et de se secourir en cas de besoin. L' une des plus importantes de ces routes pour arriver au résultat poursuivi serait a notre avis, celle du littoral depuis Philippe ville traversant les contrées montagneuses dans les quelles l'insurrection s' est si longtemps défendue ces derniers temps, elle donnerait les moyens de châtier promptement toute tentative de soulèvement de la part de ces populations si promptes a faire parler la poudre. Elle permettrait de surveiller les débarquements d' armes et de munitions. Jusqu'à présent les armes achetés par les indigènes étaient fabriquées dans le pays ou chez nos voisins de Tunis ou de Maroc, elles entraient alors par les frontières de ces états, mais s' il est vrai comme on l' a dit souvent ces derniers temps, que le fait de désarmement doit être de faire abandonner par le kabyle le moukala pour le fusil européen, ce fusil entrera alors par la cote et des lors, il faut qu' elle puisse être attentivement surveillée. Le fait de la saisie d' un convoi de poudre anglaise sur le bord de la mer, qui viendrait dit on d' être opéré, se trouvant confirme, il viendrait démontrer combien cette surveillance est indispensable. La route du littoral est donc nécessaire pour la colonisation du pays. Le littoral de la province de Constantine depuis Philippe ville jusqu'à bougie est a peu près couvert de forets de chênes lièges, les terrains propres a l' établissement de villages agricoles n' y sont que la très rare exception. Le sol extrêmement accidente est occupée de vallées profondes et de montagnes élevés, les indigènes habitent dans le fond de ces vallées et y cultivent les quelques maigres terres qu' ils ont le plus souvent conquises sur le sol forestier a l' aide de la coutume barbare du ruée. Dans tous les cas ces terres n' offrent jamais une étendue suffisante pour y faire vivre plusieurs familles d' européens et leur superficie ne dépasse jamais 10 à 15 hectares dans la plupart des cas. Le village agricole ne saurait donc y être créé. Les seules terres favorables à l' établissement de ces villages se trouvent dans deux ou trois vallées principales, au milieu desquelles coulent des rivières importantes tels que le rhumel de Constantine, qui va se jeter dans la mer entre Collo et jigelli sous le nom de l' oued kebir et oued zhore, mais les villages qui y seraient fondés éloignés les uns des autres ne pourraient jamais, en cas d' insurrection, se secourir et offrir une sérieuse résistance. Pour arriver a ce résultat, il serait indispensable de construire dans la montagne des centres intermédiaires qui relieraient entre eux les villages des plaines et assureraient leur communication avec la ville la plus rapprochée. Mais les habitants d' un village de montagne ne peuvent recevoir assez de terres pour vivre par la culture. Il faut qu' ils puissent compter sur d' autres ressources et la foret les leur offrira abondantes et rémunératrices ainsi que le prouve l' exemple du village Bugeard. Ce village créé au sommet de l' edough, dans un terrain essentiellement forestier a acquis aujourd'hui une prospérité remarquable ou aux travaux de toute nature que ces habitants ont trouve , soit dans la foret, soit dans l' établissement de M.M.le coq berthon. Et qui occupait plus que 60 ouvriers et donnait de l' ouvrage a la population indigène. Nous avions formé un noyau d' usine dans lequel travaillaient déjà 15 ouvriers et qui serait bientôt devenir un centre européen important sans les désastres causes par l' insurrection. Les conditions dans lesquelles notre établissement était construit étaient bien autrement favorables que celles dans lesquelles se trouvait bugeard a son début. Ce village ne communiquait avec Bône que par un chemin arabe, praticable seulement pour les mulets, tandis que notre compagnie avait fait à son frais, entre Collo et l' établissement, une route carrossable sur presque tout son parcours, et qu' elle aurait terminé cette année. Elle avait ouvert, en outre sur plus de 30 kilomètres un chemin, prolongation de la route de Collo, à partir de l' établissement jusqu'à l' oued zhore et destine a devenir une route carrossable. Ces voies de communication doivent débuter la grande route de Collo a jigelli, enfin, elle avait établi a cote du bordj une bouchonerie destine a prendre une énorme importance en raison même de la qualité de lièges qu' elle avait a traiter. En France l' industrie qui se charge de transformer en produit manufacturé l' écorce de chênes lièges s' est établie seulement dans les pays qui produisent cet arbre et a coté des forets. Les ouvriers maniant alternativement l' outil et la bêche ont rapidement prospéré. Bientôt leur nombre s' est accru et il a fallu faire venir de loin et a grand frais une quantité considérable de liège, les arbres du pays n' en produisant plus assez pour leur donner continuellement de l' ouvrage. Nous avions compte sur cette situation en créant une bouchonerie dans les montagnes de Collo et nous savions que lorsque le moment de la récolte arriverait, il nous serait pas difficile de détourner a notre profit une partie des populations ouvrières qui manquent de travail dans leur pays. C' est dans cette situation que l' insurrection a incendie une partie de la foret, détruit et incendié notre établissement et toutes les constructions accessoires qui l' entouraient. La commission des indemnités a reconnu notre droit et nous ne tarderons pas a recevoir des donnes qui nous permettront de recommencer nos travaux et de rebâtir nos établissements et avant de commencer ces constructions, il faut attendre que l' établissement des villages a créer soit déterminé. Le sequetre d' une partie des terres des béni ishac sur les plateaux situes entre le territoire de la commune de Collo et nos forets et celui qui a frappé la pleine de l' oued zhore permettent de créer immédiatement deux centres européens importants avec ces terres séquestrés. Ces centres trouveront toutes les conditions de prospérité désirables et celui de l' oued zhore des terres exceptionnellement fertiles et a peu de frais irrigables. Il est donc probable que la commission décidera promptement la formation de ces deux villages agricoles. Nous attendons impatiemment la formation que cette décision soit prise pour savoir si nous devons rétablir Bounoghra et si nous serons aides par l' administration dans les efforts que nous ferions pour y recommencer le village industriel. La commission remarquera que les meilleures conditions pour faire ces villages, c'est la continuation des travaux de la route. Avec peu d' argent, elle sera entièrement carrossable de Collo à Bounoghra et par conséquent le village des béni ishaq aurait des communications très faciles avec la ville. Le tracé qui existe de bounoghra a la pleine de l' oued zhore pourrait être, sans grande dépense, élargi et amélioré et grâce aux ressources que fournissent les corvées arabes, il deviendrait bientôt carrossable la première partie de la route et d' élargir la seconde partie. La ville de Collo a été complètement oubliée dans la répartition des fonds provenant des 100 millions payés ou a payer par la compagnie algérienne. Aussi malgré sa situation, malgré la dureté de sa rade, ne s' est elle développée que dernièrement grâce aux compagnies forestières qui y ont bâti des maisons et des magasins, et qui y ont amené une certaine population. L' établissement de centres européens dans les environs donnerait promptement une grande importance a cette ville et la rendrait le centre d' exportation de tous les produits forestiers des montagnes voisines et des produits agricoles des colons et des indigènes. Ce serait une sorte de réparation de l' oubli dans lequel on l' a laissé jusqu'à présent. . Nous joignons a cette note un croquis visuel des environs de Collo qui aidera a la commission dans l' étude que nous avons l' honneur de lui soumettre.
besson lecouturier directeur gérant de la compagnie des chênes lièges et des hamandas de la petite Kabylie
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