A. du 10/05/2002
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A. du 10/02/2002

Les opérateurs économiques Français face à la crise politique à Madagascar,


       Depuis un mois déjà, les activités économiques de Madagascar fonctionnent au ralenti. Presque tous les cadres et employés des entreprises privées et de l'Etat - ceux des entreprises franches y compris - sont en grève. Il en va de même pour les banques primaires et la banque centrale. Les fonctionnaires ont quitté les ministères et fermé les portes. Bref, toute la population active est dans les rues et défile sur la place du 13 mai, pour Antananarivo la capitale, ou sur la Place de la Démocratie ou autre dans les autres villes des provinces pour contester les résultats officiels des élections présidentielles du 16 décembre 2001 et proclamée par la Haute Cour Constitutionnelle totalement inféodée à l'Amiral Didier RATSIRAKA, candidat à sa propre succession qui tient coûte que coûte à se maintenir au pouvoir en organisant un second tour où il sera l'unique candidat.
      Les retombés économiques de cette grève sont fortement ressenties par les opérateurs nationaux ou étrangers et surtout pour ceux de la zone franche. En prenant la parole lors d'une conférence de presse, M. Bruno de Foucault, président du Groupement des Entreprises Franches et Partenaires (GEFP), a expliqué quelles sont les pertes subies : 41 milliards de FMG de manque à gagner. En prenant la parole, M. Bruno de Foucault prétend non seulement défendre les intérêts des entreprise franches mais aussi ceux des travailleurs et ceux de Madagascar; il prétend défendre les acquis de la croissance de 6,77% qu'on entend dans tous les discours de tous les gens désireux de se faire bien voir. Il brosse un avenir sombre de l'économie malgache : 20 000 emplois de perdus d'ici au mois de Juin (pour ne pas dire 20 000 employés licenciés !), 8 milliards de salaire non payé, risque de départ des opérateurs étrangers si leurs investissements ne sont pas sécurisés (autrement dit si la grève continue). Si ce ne sont pas des menaces, ça y ressemble en tout cas ! M. de Foucault compte avec de tels propos effrayer l'opinion, rappeler à l'ordre les grévistes des entreprise franches pour les remettre dans le " droit chemin " des ateliers des usines, bref, défendre uniquement les énormes profits dont jouissent les entreprise franches depuis leur existence à Madagascar. On sait que l'exportation mensuelle d'une usine franche se chiffre à plusieurs milliards de francs malgaches, la masse salariale qu'elle en défalque n'en fait que le vingtième sinon moins, les seuls et uniques impôts qu'elle paie à l'Etat Malgache ont d'abord été ceux prélevés sur les salaires des membres de son personnel et plus tard la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) que les investisseurs de la zone franche ont récemment souhaité voir supprimée. On sait aussi que le salaire mensuel d'un ouvrier spécialisé de catégorie 1 s'élève à 197 250 FMG (environ 197,25 FF, soit 32 $ US). En contrepartie, il est debout devant sont poste de travail de 7 h 30 jusqu'à 16 h 30 avec une pause déjeuner de 1 h 30. Pour arrondir ses fins de mois inévitablement difficiles avec un tel salaire, il est obligé d'effectuer des heures supplémentaires jusqu'à 21 heures chaque soir et reprendre le travail le lendemain dès 7h 30 s'il n'a pas envie qu'on ampute son retard sur son salaire à la fin du mois ! Si ce n'est pas une existence d'esclave, dites-moi ce que c'est ! Par ailleurs, le Ministre de la Fonction Publique, du travail et des lois sociales n'a rien fait jusqu'à présent pour essayer d'améliorer le sort des travailleurs, pour assainir le milieu du travail, lequel est régi par un code tout ce qu'il y a de plus flou ! Mais tout cela semble convenir parfaitement aux opérateurs en zone franche, vu leur nombre de plus en plus croissant à Madagascar.
     Que M. de Foucault défende les intérêts des opérateurs en zone franche, c'est compréhensible ! Après tout, ils ne sont pas venus à Madagascar pour des œuvres de bienfaisance ! Mais que M. de Foucault évite de mettre de l'hypocrisie dans ses propos ! Personne ne peut croire qu'en alertant l'opinion sur la gravité de la situation économique de Madagascar, il défend les intérêts de ce pays ! c'est le cadet de ses soucis ! Il défend uniquement les énormes profits que les entreprises franches tirent de leur existence dans le pays où elles trouvent une main-d'œuvre de qualité et payée à très bon marché et avec la bénédiction des dirigeants malgaches très complaisants et qui sont, de ce fait, leur complices ! Pourquoi, au fait M Bruno de Foucault est-il devenu président du GEFP ? simple : il y a 600 entreprises françaises opérant à Madagascar ; 65 % du volume total des investissements étrangers sont français ; le tiers du commerce extérieur est détenu par des Français. Ensuite, Madagascar est située dans une zone marquée par l'influence française avec autour d'elle les Comores, les Seychelles, la Réunion, l'île Maurice, tous des pays francophones.
      Alors que défend-il en réalité ? les intérêts français avec la bénédiction du pouvoir français qui est favorable à la tenue d'un second tour des élections présidentielles à Madagascar, des élections qui, les français le savent bien, risquent de se dérouler dans les mêmes circonstances douteuses que le premier tout et à l'issue desquelles l'Amiral RATSIRAKA sera certainement proclamé vainqueur par une Haute Cour Constitutionnelle qu'il manipule à sa guise ! Mais tant pis si la France y trouve ses intérêts, si M. RAVALOMANANA est définitivement écarté du chemin des opérateurs français du genre de M de Châteauvieux. M de Châteauvieux est le PDG du groupe " Sucreries du Bourbon " qui a quitté l'île de la Réunion, pour investir à Madagascar (Géant score, Cora, Mer Austral, Air Austral sont du groupe Sucrerie du Bourbon ) Les Sucreries du Bourbon appartiennent à ces opérateurs réunionnais qui se sont mis en accord avec Monsieur RAZANAMASY - le prédécesseur de M. RAVALOMANANA à la Mairie d'Antananarivo - pour l'acquisition de l'emplacement de l'Hôtel de Ville ravagé par une incendie en 1972. On sait cependant que M. RAVALOMANANA - vainqueur au premier tour des présidentielles et que l'Amiral RATSIRAKA tient à écarter - a publiquement déclaré qu'il ne cédera jamais l'Hôtel de la Ville au Sucreries du Bourbon. La cause est attendue : les Français ne souhaitent pas voir un RAVALOMANANA à la tète de Madagascar, il gêne la bonne marche de leur affaires ! Mais parallèlement à M. de Foucault, les responsables de la Banque Mondiale et du FMI ont tenu à mettre en garde les manifestants du 13 mai. Selon eux, les pertes journalières de Madagascar depuis la grève s'élèvent aujourd'hui à 14 millions de dollars. Tout se passe comme si les opérateurs étrangers et les bailleurs de fonds voulaient faire endosser la responsabilité de la crise économique actuelle aux partisans de la grève, au comité de soutien de M. RAVALOMANANA . Mais que dire des 25 ans de règne de l'Amiral RATSIRAKA, 25 ans qui ont plongé les Malgaches dans une misère innommable et qui ont rabaissé Madagascar ou point de la voir classée parmi les 4 pays les plus pauvres du monde ? Que dire de ces jeunes gens, qui, faute de travail, sont devenus des détrousseurs, que dire de ces jeunes filles qui remplissent les trottoirs ou qui se vendent aux touristes pour survivre ? Que dire de ces pauvres gens qui vivent et dorment en plein air - les quat'Mi - hiver comme été ? Tous, des exemple de la pauvreté dans laquelle croupissent les 80 % des Malgaches depuis que RATSIRAKA est au pouvoir !
      Alors, que les opérateurs étrangers et les bailleurs de fonds cessent d'agiter la menace des 6,7% de taux de croissance perdu ! Cela ne sonne pas en espèces bien sonnantes et trébuchantes dans les bourses décidément plates des Malgaches ! qu'ils arrêtent de nous répéter à longueur de temps ces 8, 10, 14 millions de dollars de perte journalière ! Tant pis ! après tout, s'il n'y avait pas eu la grève, ces millions de dollars seraient peu-être devenus des bénéfices mais qui, au vu des exemples cités plus haut, n'auraient apporté aucun mieux être sur la vie des Malgaches ! Les Malgaches ont décidé de radicaliser leur mouvement de contestation ! Ils sont décidés à défendre leur choix ! ils sont déterminés à prendre leur destinée en main, à vivre la démocratie, à écarter définitivement l'Amiral RATSIRAKA, principal auteur de leur misère, de leur horizon ! Et tant pis si M. de Foucault ou M. de Châteauvieux et consort ne sont pas contents.
I. RANDRIA.