Les armoiries du Séminaire sont celles de son
fondateur qui les lui a données, le bienheureux François de Montmorency-Laval
(1623-1708), premier évêque de Québec. Avant de parler de ces armoiries, il
faut se rappeler quelques notions de base sur les armoiries en général. Le
sujet est très vaste, complexe et comporte une multitude de termes spécialisés
qui remontent au moyen-âge. On pourra consulter là-dessus l'ouvrage de Jean-Baptiste
Rietstap cité à la fin de ce texte. Les armoiries ou armes sont composées des
éléments suivants:
ECU: ou forme extérieure des armoiries. La
forme de l'écu est arbitraire: triangulaire au moyen-âge, il a reçu dans la
suite des contours variés. Un écu bien proportionné devrait avoir sept parties
de largeur sur huit de hauteur. Celui du Séminaire est plutôt rectangulaire
avec une pointe dans le bas, au centre. La surface de l'écu (appelée champ) est
ordinairement divisée en partitions (cantons pour le Séminaire) par des
lignes en sens divers.
EMAUX: deux métaux (or et argent) et quatre
couleurs: gueules (rouge), azur (bleu), sable (noir) et sinople (vert). On y
ajoute le pourpre et l'orangé.
MEUBLES: les figures ou objets représentés dans
les armoiries. Le nombre en est illimité et ils ont une signification en
rapport avec l'histoire de la famille.
Les armes de la famille Montmorency-Laval sont
décrites comme suit:
"d'or, à la croix de
gueules,
chargée de cinq coquilles
d'argent,
cantonnées de seize alérions
d'azur".
"Ces armoiries étaient souvent
accompagnées de la mention Aplanos qui signifie ‘sans dévier’".
(SME Info)
EXPLICATIONS:
d'or: la couleur dominante sur presque toute la
surface de l'écu.
à la croix: il s'agit d'une croix grecque dont les quatre
segments sont égaux. Il est révélateur que les armoiries en général, comme nous
les connaissons aujourd'hui, font leur apparition seulement au début du XIIe
siècle, soit en même temps que les Croisades. Le premier blason des
Montmorency, bien qu'avec seulement quatre aigles d'azur, avait cependant la
"croix de gueules" depuis le milieu du XIIe siècle, soit en pleine
époque des Croisades. Signe de la foi chrétienne, une croix d'étoffe rouge,
comme celle de notre blason, était cousue sur le vêtement des Croisés, d'où
leur nom (Charles Émond, Le Moyen Âge, p. 138). Ajoutons qu'au Musée de
Versailles, les registres contiennent les noms et les armoiries de quatre
membres de la famille Montmorency-Laval qui ont participé aux Croisades. Il
n'en faut pas plus pour conclure: la croix rouge de notre blason est bien celle
des Croisades.
de gueules: rouge. "La croix de couleur rouge aurait
été traçée par Philippe Auguste avec le sang du baron Mathieu II qui avait été
blessé au cours de la bataille." (SME Info). Le site français de
Ville-Montmorency indique qu'il s'agit de la bataille de Bouvines contre Othon
IV d'Allemagne le 27 juillet 1214.
coquilles: coquilles de mer, aussi appelées
"coquilles de St-Jacques". Elles font référence à des pèlerinages à
St-Jacques de Compostelle ou aux Lieux Saints ou à des voyages en mer. Selon
Diane Maynard et Dominique Eraud, ces coquilles
sont apparues sur le blason vers 1250. "Elles proviennent du blason de
Mathieu d'Attichy, fils de Mathieu II de Montmorency et de sa première femme,
Gertrude de Nesles, et demi-frère du futur Guy VII. A la mort sans descendance
de Mathieu d'Attichy, en 1250, Guy hérite de la terre d'Attichy et des
armoiries de son frère auxquelles il emprunte les coquilles."
cantonnées: canton se dit de l'un des quatres
espaces vides laissés sur un écu par une croix.
alérions: petits aigles sans becs ni pattes. Ces
aigles, dépourvus de leurs moyens de combat, représentent des ennemis vaincus.
"Les quatre premiers alérions sont dus à une victoire de Bouchard 1er
de Montmorency (980), remportée sur les Allemands. En 978, ce baron repoussa
l'empereur d'Allemagne Othon II qui marchait sur Paris à la tête d'une armée de
60 000 hommes." (SME Info). Daniel Cogné, dans la revue Cap-aux Diamants,
rapporte qu'au début du XIIIe siècle, le baron Mathieu II de Montmorency
"ajouta douze alérions aux quatre qui cantonnaient la croix des
Montmorency, l'une des familles les plus illustres de la noblesse féodale.
Selon une légende née au XVIe siècle, au temps du connétable Anne de
Montmorency, les douze alérions auraient été concédés par le roi
Philippe-Auguste en souvenir de douze enseignes prises aux Impériaux par
Mathieu II de Montmorency à la bataille de Bouvines en 1214 (contre Othon IV,
voir plus haut)."
"On trouve sur les pièces d'une armure donnée le 10 décembre 2002 à
l'Université Laval par le duc Antoine de Lévis-Mirepoix, maître d'armes de la
Maison de Montmorency-Laval, en plus de la mention Aplanos, la devise Dieu
ayde au premier baron chrestien." (SME Info) Selon Arnaud Bunel, dans
la branche de Montmorency, le titre de "premier baron chrestien"
apparaît pour la première fois dans la lignée chez Guillaume de Montmorency
(†1531).
Les armoiries du Séminaire sont aussi, à peu de choses près, celles de
plusieurs évêques français faisant partie de la famille Montmorency-Laval.
Arnaud Bunel, dans un site internet français, en donne les noms qui suivent
ainsi que leurs armoiries qui sont très semblables ou identiques à celles de
Mgr de Laval:
Branche de Montmorency
Jean de Montmorency (†1363), évêque d'Orléans
Denis de Montmorency (†1474), évêque d'Arras
Philippe de Montmorency (†1516), évêque de Limoges
Branche de Montmorency-Laval
Guy de Montmorency-Laval (†1338), évêque de Quimper, puis de Rennes
Pierre de Montmorency-Laval (†1357), évêque de Rennes
Gilles de Montmorency-Laval († v.1502), évêque de Sées
Henri-Marie de Montmorency-Laval (1620-1693), évêque de Saint-Pol-de-Léon, puis
de La Rochelle
François de Montmorency-Laval-Montigny (1623-1708)
Vicaire apostolique de la Nouvelle-France, Évêque titulaire de Pétrée (1958) premier Évêque de Québec (1674)
devenu le Bienheureux François de Laval par sa béatification à Rome par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980
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Charles François Guy de
Montmorency-Laval (1668-1713), évêque d'Ypres
Louis-Joseph de Montmorency-Laval (1724-1808), Cardinal, Prince-évêque de Metz.
Les armoiries du Séminaire ont été reconnues
comme lui appartenant à perpétuité le 9 septembre 1999 par le Héraut d'armes du
Canada. Le document qui le certifie, avec toutes les signatures des autorités
compétentes, est placé au deuxième étage du Pavillon Jean-Olivier-Briand au 1,
rue des Remparts à l’entrée du Séminaire, près de l'ascenseur.
Lire le texte du document
Notons enfin que les armoiries de l'Université Laval, fondée par le Séminaire
en 1852, sont identiques à celles du Séminaire à l'exception des couleurs
interverties: la croix est d'or et les cantons rouges, les coquilles d'azur et
les alérions d'argent. Dans son article, Daniel Cogné mentionne que ces
armoiries furent officiellement concédées à l'Université par Madame Jeanne
Sauvé, gouverneur général, le 17 août 1990.
REFERENCES:
- SME Info,
Vol. XXX, No 4, décembre 2003, Notes sur les armoiries du SME par l'abbé Hermann Giguère, Supérieur général du Séminaire de Québec.
www.oocities.org/hgig.geo/sme/sme_info_v30n04.htm
-
Jean-Baptiste Rietstap: Armorial général, Genealogical Publishing Co.,
Baltimore, 1965.
- Musée de
Versailles, Salle des Croisades:
www.euraldic.com/txt_bh1844crois_gdsal2.html
- Daniel
Cogné: Les Armoiries de Mgr François de Montmorency-Laval: premier évêque de
Québec, Cap-aux-Diamants, Hors Série, printemps 1993:
http://pages.infinit.net/cerame/heraldicamerica/etudes/laval.htm
- Diane
Maynard – Dominique Eraud: Armoiries de Laval et de ses seigneurs,
Mayenne Archéologie Histoire, No 18, 1995:
www.mairie-laval.fr/franc/culture/patrimoine/heraldique/index.php?rubid=1&id=07&pgs=02&spgs=06
- Arnaud
Bunel:
www.heraldique-europeenne.org/Regions/France/Montmorency.htm
A noter que
ce site donne aussi les armoiries des papes de Pie X à Benoît XVI
inclusivement.
- Charles
Aimond: Le Moyen Âge, J. de Gigord, Paris, 1947.
- Site
français de Ville Montmorency:
www.ville-montmorency.fr/content/heading5401/content5551.html#Le%20blason%20de%20Montmorency
- Site internet de Ville de Laval au Québec
(armoiries inspirées de celles de Mgr François de Laval)
http://www.ville.laval.qc.ca/wlav2/wlav.page.show?p_id=3
 
18 janvier
2006
Georges Marceau
prêtre du Séminaire de Québec