LES SARAKOLLES
Les saracollé ou Soninké, connus également
sous le nom de Marka, sont d'extraordinaires voyageurs. Ils constituaient naguère cette
corporation de colporteurs traditionnels, qui, avec celle des dioula, sillonnait tout
l'Ouest africain.Intrépides commerçants
en même temps vaillants guerriers, ils allaient de pays en pays, de village en village,
à la recherche du profit même dans les régions où régnait l'insécurité. De nos
jours, utilisant les moyens de transports modernes, ils n'en continuent que mieux à
poursuivre leurs pérégrinations à travers le monde.
Et puis riches ils finissent toujours, dans leur
majorité, par revenir au pays où, au soir de leur vie, ils aiment raconter à l'envie,
au pied de l'arbre à palabres de leur village, les nombreuses péripéties de leurs
voyages à travers l'univers où leurs aventures, autrefois sur les de la cola jusqu'en
pleine sylve ivoirienne, et aujourd'hui dans les pays diamantifères, rivalisent avec
leurs bordées en Amérique, en Europe et en Asie quand ils étaient à bords des
transatlantiques.
Car aventuriers par nature, ils ont également
acquis depuis plusieurs décades une vocation d'inscrit maritimes si bien que de nombreux
jeunes Saracollé servent de plus en plus, notamment comme chauffeurs, à bords des
paquebots, caboteurs, bateaux pétroliers, etc...
En outre, ardents musulmans, autant qu'audacieux
aventuriers et astucieux traitants, ils ont pu créer un peu partout et jusqu'au cur
des régions forestières des communautés islamiques, où du reste le mot Soninké est
devenu souvent synonyme de marabout.
C'est ainsi, que par exemple, une colonie
maraboutique saracollé fonda, il y a plus d'un demi-siècle, à Touba, dans l'Ouest du
Fouta-Djallon, une brillante médersa aujourd'hui encore fort réputée dans le milieu
musulman de l'Ouest africain. La dispersion du peuple saracollé est telle que certains
des ses éléments sont difficilement identifiables du fait de leur absorption par les
autochtones de leurs pays de résidences.
Il est cependant à remarquer que même en pareil
cas ces colonies assimilées n'en conservent pas moins certains traits caractéristiques
et certaines coutumes de leur ethnie d'origine et ne se réclament pas moins de celle-ci
dans certaines circonstances.
A cet égard on pourrait citer l'exemple des
Soninké qui, au moment de la dislocation de Wagadou, gagnèrent les pays du Sud.
L'une des régions où ils s'installèrent porte
le nom de Kissidougou (pays de ceux qui sont sauvés). Les noms patronymiques des familles
qui s'y établirent étaient Cissé, Sylla.
Elles ont peu à peu perdu l'usage de leur langue
d'origine pour prendre celle des aborigènes et il est aujourd'hui difficile de les
prendre pour les Soninké.
Il en a été de même d'une autre fraction qui
s'établit entre San et Tombouctou et qui fut assimilée par les Sonraï.
En résumé, le moins qu'on puisse dire des
Saracollé c'est qu'après avoir créé l'un des empires les plus puissants et les plus
florissants au début de l'ère chrétienne: le Ghana, ils furent l'un des peuples les
plus actifs de l'Afrique de l'Ouest, après la décadence de cet empire.
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