Empereur Wilhelm II d'Allemagne (1859-1941)
Rentrer Reine Victoria
Traduction française par Madelayne Robitaille
par Jesús Ibarra
Wilhelm II
Augusta Victoria (Dona)
Le premier petit-enfant de Victoria, le fils de sa fille aînée, Vicky, princesse de Prusse, est né le 27 janvier 1859. On le baptisa Friedrich Wilhelm Victor Albert mais, pour sa famille, il serait toujours Wilhelm. L'accouchement fut difficile car le bébé ne se présentait pas bien, on dut employer des forceps ce qui causa à l'enfant de sévères dommages au bras gauche qui fut presqu'arraché. Malgré les exercices et les traitements qu'il eut à subir, le bras de Wilhelm demeura faible et inutile toute sa vie. Vicky était obsédée par l'infirmité de Wilhelm. Elle l'assujetit à de difficiles scéances d'exercices quotidiens, gymnastique, équitation etc... Elle voulait qu'il surmonte son handicap parce qu'elle se croyait coupable d'en être la cause. Elle lui en demandait aussi beaucoup trop intellectuellement, c'était une femme intelligente et, elle souhaitait que son fils lui ressemble sur ce plan, elle voulait lui inculquer les mêmes idées libérales que son père, le prince Albert, lui avait apprises à elle. Quand Wilhelm fut presqu'adulte, son grand-père, l'empereur d'Allemagne Wilhelm I décida qu'il était temps de le soustraire à l'influence libérale de sa mère afin qu'il puisse commençer à étudier l'aspect militaire de sa préparation au trône. On lui assigna le grade de lieutenant dans le premier régiment de l'Infanterie. Wilhelm adorait l'atmosphère militaire mais celle-ci affecta son caractère. Ce jeune garçon poli devint brusque et grossier. Ses parents détestaient cette nouvelle attitude mais, Wilhelm ne tenait aucun compte de leur opinion. Il n'en avait que pour son grand-père, l'empereur qui, disait-il, était le seul à apprécier sa passion pour l'armée et pour la Prusse. À 19 ans, Wilhelm devint amoureux de sa cousine Elizabeth de Hesse, fille d'Alice, la soeur de Vicky mais, Ella (comme on la surnommait) le trouvait intolérable; il imposait toujours ses volontés à tout le monde et voulait qu'Ella soit à ses côtés en permanence. Elle le rejeta et Wilhelm porta ailleurs ses intérêts, pourtant, il ne l'oublia jamais et, quand il fut vieux, il admis avoir passé plusieurs heures de sa jeunesse à composer des poèmes amoureux pour sa cousine. Le 27 février 1881, Wilhelm épousa la princesse Augusta Victoria de Schleswig-Holstein, la fille de Friedrich, duc de Augustenberg, à qui le chancelier allemand Otto von Bismarck avait confié les duchés de Schleswig-Holstein. Dona, comme on appelait Augusta, avait un an de plus que son mari, c'était une femme grande et robuste. Elle n'avait pas reçu une éducation digne d'une princesse et possédait peu d'aptitudes et d'intérêts intellectuels. Dona eut 7 enfants avec Wilhelm: le prince de la couronne Wilhelm, Eitel-Friedrich, Adalbert, August Wilhelm, Oskar, Joachim et, une seule fille, Viktoria Louise. L'empereur Wilhelm 1 mourut en 1888 et son fils lui succéda sous le nom de Frederick III. Le nouvel empereur souffrait d'un cancer de la gorge et son règne ne dura que 3 mois. À sa mort, le 15 juin 1888, son fils aîné devint l'empereur Wilhelm II. Au moment même de la mort de son père, Wilhelm envoya immédiatement ses soldats cerner le palais et empêcher quiconque d'en sortir, sa mère incluse, parce qu'il voulait trouver les papiers personnels de son père. Il ne découvrit rien, Vicky les avait déjà mis en sécurité à Windsor. Wilhelm était ambitieux, insécure et troublé. Il ne porta pas longtemps le deuil de son père, il se mit à assister à différentes cérémonies et à voyager partout en Allemagne et à l'étranger, cette attitude mis la reine Victoria en colère. Au début, von Bismarck ne vit aucune menace dans les tendances autocratiques de Wilhelm, même si la conduite de l'empereur en public l'irritait. Wilhelm était très intéressé par les affaires navales et décida de s'y ingérer sans consulter le chef de l'Amirauté, le Général von Caprivi; ce dernier démissionna en signe de protestation. Les mésententes commençèrent à s'élever entre l'empereur et son chancelier au printemps de 1889. Wilhelm appuyait les idées de son chef de l'Armée, le Général Alfred von Waldersee et du baron von Holstein qui croyaient que la Russie représentait une menace potentielle à la sécurité de l'Allemagne. Bismarck ne croyait pas celà; depuis presque 30 ans, sa politique était basée sur l'amitié entre l'Allemagne et la Russie. En juin 1887, il avait signée le traité de Réassurance dans lequel les 2 nations s'engageaient à demeurer neutres en cas de guerre sauf si la Russie attaquait l'Autriche ou si l'Allemagne attaquait la France. Le chancelier refusait de laisser Wilhelm, Holstein et Waldersee ruiner 30 années de travail. Von Bismark et Wilhelm étaient aussi en désaccord sur la politique interne. Le chancelier avait établi d'excellents plans d'assurance et de pension pour les travailleurs mais, il refusait d'envisager la réduction de leur semaine de travail ce que Wilhelm s'empressa de faire. En mars 1890, von Bismarck démissionna et se retira de la politique. En 1896, il révéla à un journal l'existence du traité de Réassurance que Wilhelm avait refusé de renouveler en 1890. Furieux, Wilhelm accusa von Bismarck de trahison et fut sur le point de le faire jeter en prison. L'année suivante, en 1897, von Bismarck mourut dans la nuit du 30 juillet. Les relations entre Wilhelm et l'Angleterre commençèrent à se détériorer en 1895 avec l'Affaire du télégramme Kruger. Cecil Rhodes, un magnat britannique du Diamond Emporium d'Afrique du Sud était l'un des principaux investisseurs des mines de diamants du Transvaal (province sud-africaine). Paul Kruger, le président du Transvaal décida de libérer son pays de l'influence britannique et entreprit d'interférer dans les affaires de Rhodes. Rhodes, sans en informer le gouvernement britannique, organisa une attaque contre le gouvernement de Kruger. L'attaque anglaise était commandée par le docteur Leader Star Jameson. Les troupes de Kruger repoussèrent celle de Jameson qui se rendit le 2 janvier 1896. Le jour suivant, Kruger reçut un télégramme de l'empereur Wilhelm II qui le félicitait d'avoir rétabli la paix dans son pays sans avoir recours à l'aide de puissances étrangères. Ce télégramme ne fut pas la bienvenue en Angleterre. La reine Victoria envoya une lettre à son petit-fils le sermonnant d'avoir agi de façon si peu amicale envers l'Angleterre. Pendant la chancellerie de Bernhard von Bulow (dont Wilhelm disait qu'il était son von Bismarck), la Grande-Bretagne tenta d'établir des relations amicales avec l'Allemagne, celà se révéla impossible en raison de l'attitude des allemands. Le plus grand amour de Wilhelm était la Marine. Il commença à l'améliorer en faisant construire plusieurs cuirassés qui devinrent rapidement un menace pour la Marine britannique. De plus, Wilhelm ne parvint jamais à s'entendre avec son oncle Bertie (futur Edward VII) qu'il qualifiait de 'vieux paon'. Le 18 janvier 1901, le fils de la reine Victoria, le duc de Connaught, se trouvait à Berlin afin d'assister à la confération de l'Ordre de l'Aigle Noir au prince de la couronne (le fils aîné de l'empereur Wilhelm II) quand on l'avisa que sa mère était très malade. C'est de cette façon que Wilhelm apprit la maladie de sa grand-mère et, immédiatement il partit pour l'Angleterre avec son oncle le duc. Il n'avait pas l'intention de se présenter en tant qu'empereur d'Allemagne mais en tant que petit-fils de la reine. Wilhelm arriva à Osborne, où se trouvait Victoria, le mardi 21 janvier. Au cours des deux dernières heures de la vie de sa grand-mère il aida les docteurs et supporta la tête de la reine avec sa main. La reine mourut à 6:30 heures, le mardi 22. Le chagrin sincère de Wilhem lui valut l'affection de tout le reste de la famille. L'empereur, avec le nouveau roi Edward VII, le duc de Connaught et le prince Arthur de Connaught, porta le corps de la reine dans son cercueil. Malgré l'opposition de Dona, Wilhelm demeura en Angleterre tout le temps des funérailles, jusqu'à ce que Victoria soit inhumée dans le mausolée de Frogmore le 4 février. Il avait écrit à sa femme: 'Mes tantes sont très seules ici. Je dois leur aider à régler plusieurs choses. Je dois les conseiller quand celà s'avére nécessaire. Elles sont si gentilles avec moi, elles me traitent comme un frère et un ami plutôt que comme un neveu.' Le chancelier von Bulow et Philip von Eulenberg, un ami de Wilhelm, s'opposaient également à la présence de l'empereur en Angleterre, ils avaient peur que le voyage ne se prolonge. Quand Wilhelm revint en Allemagne, il était plein d'enthousiasme pro-britannique. Sept mois plus tard, sa mère, l'impératrice Frederick mourut d'un cancer et à ce moment, l'enthousiasme de Wilhelm s'était calmé. Il agit exactement comme il l'avait fait lors de la mort de son père et fit tout pour retrouver les papiers personnels de sa mère, papiers qu'elle avait depuis longtemps envoyés en Angleterre. Vingt ans avant la mort de Victoria, 3 puissances européennes avaient démontré de l'intérêt pour le Maroc: la France qui avait toujours désiré régenter un grand empire nord-africain et qui possédait déjà l'Algérie et la Tunisie, l'Angleterre qui possédait Gibraltar, porte ouest vers la Méditerrannée et l'Espagne qui comptait déjà des établissements sur la côte marocaine. Pour éviter les querelles, le Maroc fut exclus de la 'ruée africaine' par le traité de Madrid signé en 1880 par les trois pays plus l'Allemagne et l'Italie. L'Allemagne n'avait jamais démontré d'intérêt pour le Maroc et, c'est ce que Wilhelm laissa savoir au nouveau roi d'Angleterre, son oncle Edward VII, et au roi d'Espagne Alfonso XIII. En 1904, la France se montra soudain anxieuse d'incorporer le Maroc à son empire nord-africain. Abdul Aziz, le sultan marocain, préférait les britanniques mais, l'Angleterre était absorbée par la guerre des Boers en Afrique du Sud et souhaitait éviter de se mêler au chaos engendré par le désir de posséder le Maroc. L'intérêt de la France pour le pays maghrébin faisait l'affaire de l'Angleterre d'autant plus que les français n'avaient pas l'intention de se mêler des manoeuvres britanniques en Egypte en autant que les anglais les laisseraient libres d'agir au Maroc. Donc, le 8 avril 1904, l'Angleterre et la France signèrent un traité stipulant que la France pouvait agir librement au Maroc et l'Angleterre en Egypte
Empereur Wilhelm II
Hindenburg
L'anarchie régnait au Maroc et la France offrit au sultan de réorganiser son armée, il déclina l'offre. Vers la fin de l'année, Paris commença à requérir l'intervention française pour pacifier le Maroc. Abdul Aziz, apeuré à l'idée de perdre son trône aux mains des français se tourna vers l'Allemagne pour chercher de l'aide. Le chancelier Bernhard von Bulow souhaitait humilier la France et provoquer la chute de son ministre des Affaires Étrangères, Théophile Delcasse, le gouvernement allemand répondit donc à la requête du sultan en lui assurant qu'il continuait de reconnaître l'indépendance de son gouvernement comme stipulé par le traité de Madrid de 1880. Von Bulow et Holstein craignaient qu'une politique d'encerclement contre l'Allemagne ne soit planifiée par Edward VII et Delcasse et que la France n'en profite pour tenter de modifier la balance de pouvoir en Europe, de plus, ils croyaient qu'un protectorat français au Maroc nuirait aux intérêts commerciaux et au prestige de l'Allemagne. Wilhelm II appuyait son chancelier, ce dernier décida de défier la France et il choisit son empereur comme instrument de ce défi. Wilhelm souhaitait visiter Tanger au Maroc, von Bulow et Holstein en profitèrent pour encourager l'empereur à aller voir le sultan pour lui assurer le support des allemands en regard de l'indépendance de son pays. Wilhelm accepta et le 28 mars 1905, il s'embarqua sur le Hamburg. Pendant le voyage, il changea d'idée. Il réalisa qu'une visite de Tanger pourrait s'avérer dangereuse pour lui puisque cette ville était devenue le refuge de plusieurs anarchistes européens qui saisiraient peut-être là l'occasion de l'assassiner. Il envoya un télégramme en ce sens à von Bulow mais le chancelier répondit qu'il était trop tard pour annuler sa visite puisque la presse allemande l'avait déjà annoncée. Le sultan n'assista pas à la réception de bienvenue en l'honneur de Wilhelm, il envoya un vieil oncle pour le représenter. Wilhelm prononça le discours préparé par von Bulow, assurant les marocains que l'Allemagne reconnaissait l'indépendance de leur pays. Il dit au premier ministre français que l'Allemagne acceptait que le Maroc devienne un pays ouvert au commerce avec toutes les autres nations. Quand le ministre tenta d'argumenter avec lui, Wilhelm le salua et quitta la pièce. La visite de l'empereur ne dura que quelques heures mais il eut peur pendant tout ce temps que des anarchistes ne tentent de le tuer. Plus tard, il allait s'en plaindre à von Bulow et blâma ce dernier pour l'avoir forcé à se rendre au Maroc. Delcasse était persuadé que la visite impériale n'affecterait pas la politique française au Maroc mais le sultan, assuré du support allemand refusa de se soumettre à la domination française. On accusa Delcasse d'avoir donné l'Egypte à l'Angleterre sans avoir au préalable assuré le protectorat français au Maroc. Le ministre français fut forcé de démissionner. Le roi Edward, pour sa part, considérait que le comportement de Wilhelm était déplorable et, il prit le parti de Delcasse. Le 6 juin, lors du mariage du prince héritier Wilhelm à la grande-duchesse Cecilie de Mecklenburg-Strelitz, Wilhelm apprit la chute de Delcasse et s'empressa de conférer à von Bulow le rang de prince. Mais, von Bulow et Holstein n'étaient pas entièrement satisfaits de la résignation de Delcasse. Ils voulaient que l'entente anglo-française soit annihilée et que le Maroc soit internationalisé. Le meilleur ami de Wilhelm, Philip von Eulenberg, avait une grande influence sur son gouvernement. À une certaine période de sa vie, von Eulenberg fut accusé d'homosexualité et cette accusation impliqua également Wihelm en raison de son amitié intime avec lui. Le sujet fut abordé en premier par un journaliste d'origine juive, Maximilian Harden qui justifia ses attaques contre von Eulenberg en s'appuyant sur l'antisémitisme de ce dernier. Wilhelm et von Eulenberg ont toujours nié ces accusations mais, une fois cette triste affaire terminée, ils décidèrent de ne plus jamais se revoir. Wilhelm entretenait une correspondance suivie avec son cousin, le tsar Nicholas II de Russie, ainsi, l'empereur pouvait manipuler la politique de Nicholas au bénéfice de l'Allemagne. Le 24 mai 1913, Viktoria Louise, la fille de Wilhelm, épousa le prince Ernest August de Hanovre, l'empereur en profita pour inviter ses cousins, le roi George V et le tsar Nicholas II. C'était la dernière fois que les 3 hommes allaient être réunis. Au matin du 28 juin 1914, l'héritier du royaume d'Autriche-Hongrie, l'archiduc Franz Ferdinand visitait Sarajevo, capitale de la Serbie quand un jeune serbe appelé Gavrilo Princip fit feu sur lui, l'archiduc fut tué presqu'instantanément. Le gouvernement autrichien réagit violemment devant cet assassinat et envoya un ultimatum à la Serbie, La Russie, alliée de la Serbie, mobilisa son armée contre l'Autriche. L'Allemagne, alliée de l'Autriche, déclara la guerre à la Russie. La Première Guerre Mondiale venait d'être déclarée. L'Allemagne était cernée par la guerre, sur le front est par la Russie et sur le front ouest, par la France et la Belgique. L'empereur Wilhelm et son chef d'état-major, Helmuth von Moltke, décidèrent d'adopter le plan Schlieffen en tant que stratégie offensive. Ce plan consistait à sacrifier la Prusse orientale en construisant une offensive solide sur la frontière française, ceci pour détruire l'Armée française. Une fois ce but atteint, il serait temps de s'attaquer aux russes, plus lents à mettre sur pied la mobilisation de leurs soldats. Les nouvelles en provenance du front est, commandé par le général Prittwitz, étaient alarmantes. La supériorité numérique des russes forçait l'Allemagne à se retirer au sud de la Vistule. Wilhelm était inquiet mais incapable de prendre une décision. Moltke décida de modifier le plan Schlieffen et de renforcer le front est en y envoyant des troupes provenant du front ouest. Les généraux Erich von Ludendorf et Paul von Hindenburg remplacérent le général Prittwitz. . Ce changement affecta le front ouest mais résulta en une défaite russe aux mains de l'armée de von Hindenburg à Tanneberg vers la fin du mis d'août. Mais, les allemands n'eurent pas autant de chance sur le front ouest. En septembre, les troupes du général Joffe interrompirent l'avance allemande sur la Marne, en octobre, les belges les arrêtèrent à Yser et, les anglais firent de même à Ypres en novembre. Le prestige de Moltke ne s'en releva pas et il fut remplacé par le général Erich von Falkenhayn. L'empereur aimait visiter ses troupes sur le front mais la plupart du temps, ses discours ne convenaient pas à la situation car, son idée de la guerre ne cadrait en rien avec les expériences vécues par ses soldats. Tous ses fils combattaient au front: le prince héritier Wilhelm était commandant de la 5e Armée et avait remporté une victoire impressionnante à Longwy, Eitel Friedrich était à la tête du Premier Régiment d'Infanterie, Adalbert était officier maritime à bord du cuirassé Luitpold, August Wilhelm était officier sur le front, Oskar commandait les grenadiers de l'empereur à Liegnitz et, le cadet. Joachim, était officier de la cavalerie mais fut blessé durant la bataille de Masurian Lakes. Le nouveau chef d'état-major, Erich Falkenhayn, croyait que la Russie était exterminée sur le front est et que l'Allemagne devait concentrer ses troupes sur le front ouest, contre la France et l'Angleterre pour gagner la guerre. Le 21 février 1916, il lança l'offensive de Verdun contre l'armée française, le prince héritier Wilhelm y prit part. Même si les pertes françaises furent plus lourdes (440,000 morts ou blessés) que celles des allemands (280,000) et que les troupes allemandes gagnérent du terrain, les français maintinrent leur positions et conservèrent Verdun. En juin, les allemands étaient épuisés et les français avaient recouvré une partie du territoire perdu. Le prince Wilhelm tenta de convaincre le chef d'état-major de mettre un terme à cette offensive inutile et meurtrière mais, Falkenhayn préféra s'en tenir à son plan. En août, il devint évident qu'il était impossible de continuer l'offensive à Verdun, Falkenhayn fut forcé de se résigner et fut remplacé par von Hindenburg. Le 2 septembre, on interrompit l'offensive contre Verdun. L'Allemagne était assiégée par les troupes britanniques et la faim dévastait la population. Les requêtes pour une guerre sous-marine abondaient, en effet, les allemands souhaitaient que leur Marine utilisent de plus en plus les sous-marins afin de détruire les vaisseaux chargés d'approvisionner l'Angleterre et ainsi, mettre l'île à la merci de l'Allemagne. Falkenhayn était partisan de cette idée mais, le chancelier Bethman Hollweg, ainsi que l'empereur étaient contre. Tous deux craignaient qu'une guerre sous-marine sans restriction ne pousse les États-Unis à entrer en guerre aux côtés des forces Alliées causant ainsi la perte de l'Allemagne. Wilhelm était convaincu qu'il fallait à tout prix éviter une rupture avec les nord-américains. Les États-Unis avaient déjà démontré leur mécontentement envers l'Allemagne quand en 1915, un sous-marin allemand avait coulé le transatlantique britannique Lusitania qui transportait entre autres passagers 124 américains. La seule incursion en mer effectuée par les allemands fut la bataille du Jutland en mai 1916, bataille qui endommagea sévérement la Marine britannique. Malgré celà, la victoire ne fut pas complète pour l'Allemagne. L'Amiral et créateur de la Marine allemande, Alfred von Tirpitz souhaitait aussi une attaque intensive en mer, il supporta donc l'idée d'une guerre sous-marine. Il demanda même la démission du chancelier Bethman Hollweg mais, comme l'Amiral était un subordonné du chancelier, c'est lui qui dut démissionner. Wilhelm ressentit profondément la démission de von Tirpitz. Von Hindenburg et Ludendof approuvaient aussi la guerre sous-marine et le 9 janvier 1917, ils lancèrent un ultimatum à l'empereur lui déclarant qu'ils cesseraient d'assumer toutes responsabilités militaires si la guerre sous-marine ne débutait pas d'ici le 1er février Wilhelm finit par accepter et, le 31 janvier, la guerre sous-marine fut déclarée. L'Allemagne coula environ 5000 tonnes de bateaux marchands britanniques en février, laissant l'Angleterre au bord du désastre. Le 2 avril, les Etats-Unis déclarèrent la guerre à l'Allemagne et, dès l'été 1,700,000 soldats américains combattaient sur le front ouest contre l'Allemagne. Von Hindenburg et Ludendof accusèrent Hollweg de sympathiser avec la résolution de paix défaitiste promue par le parti central catholique-romain de Mathias Erzeberger, ces accusations étaient fausses, Hollweg refusait cette solution. Le 26 juin, le chancelier reçut le nonce papal Eugenio Pacelli (futur Pie XII) qui tentait de négocier la paix entre les nations en guerre. Wilhelm reçut Pacelli 3 jours plus tard. La triste vérité était que Hollweg ne bénéficiait pas d'une très grande popularité et, von Hindenburg et Ludendof exigèrent sa démission, menaçant de se résigner eux-mêmes si celle-ci ne leur était pas accordée. Le chancelier démissionna et expliqua à l'empereur que la population perdrait sa foi en l'armée sans ces deux généraux. Pacelli ainsi que l'ambassadeur américain à Berlin était d'accord sur le fait que sans Hollweg, la paix serait beaucoup plus difficile à négocier. La démission de son chancelier causa à Wilhelm une grande tristesse. Von Hindenburg et Ludendof l'encouragèrent à voyager, il en profita pour aller visiter ses soldats sur les différents fronts. Au même moment, en Russie, le tsar Nicholas II avait perdu son trône aux mains d'un gouvernement provisionnel. En octobre, après s'être emparé du pouvoir, les bolchéviques offrirent une armistice. Le 3 mars 1918, la Russie soviétique signa la paix avec les Pouvoirs centraux à Brest Litvosk. Avec le retrait de la Russie, l'Allemagne put concentrer ses forces sur le front ouest. Le 21 mars, la grande offensive contre la France débuta. L'Allemagne remporta plusieurs victoires et gagna beaucoup de terrain causant des pertes immenses à la France et à l'Angleterre. Mais, vers la fin de juillet, le vent tourna et les troupes françaises commandées par le général Foch lancèrent une contre-attaque. Les allemands furent défaits à Amiens en août. Wilhelm, qui jusqu'alors avait toujours cru à la victoire de son pays dut faire face à la triste réalité. Le 19 août, il partit pour Wilhelmshohe avec sa femme Dona, qui éprouvait de problèmes de santé. Il y demeura jusqu'au 9 septembre. Le 28 septembre, von Hindenburg et Ludendof l'informèrent de la nécessité pressante de faire la paix. Le 2 octobre, le nouveau chancelier, Georg von Hertling, démissionna et Wilhelm appela son cousin, le prince Max de Baden, un monarchiste libéral, pour prendre la relève. Le prince Max devint chancelier le 3 octobre. Le président américain Woodrow Wilson imposait à l'Allemagne un traité de paix extrêmement sévère: il demandait entre autres l'abolition de la monarchie, donc, l'abdication de l'empereur. Au même moment, la révolte commençait à gronder au sein de la nation allemande, elle aussi réclamait l'abdication de Wilhelm II. Au gouvernement, on disait que Wilhelm devrait prendre la tête de l'armée et étouffer cette révolte dans l'oeuf. Hindenburg suggéra à l'empereur d'aller visiter les soldats sur le front et, malgré l'opposition du prince Max à cette idée, Wilhelm quitta Berlin pour se rendre au quartier général à Spa en Belgique. Pour le peuple, le fait que Wilhelm ait quitté Berlin pour rejoindre l'armée signifiait qu'il ne pensait aucunement à abdiquer. Le prince Max croyait que l'abdication de Wilhelm ne devait pas être forcée mais que Wilhelm devarit s'y soumettre volotairement et que celle-ci était imminente. Il ne voualit pas quelapopulace force Wilhelm à abdiquer. Il devait quitter le trône de lui-même et sauver son honneur. Le général Wilhelm Groener, qui avait remplacé Ludendof comme général en chef pensait que la question de l'abdication de Wilhelm ne devait même pas être soulevée devant l'armée mais, le 5 novembre, les faits prouvèrent qu'il avait tort, la flotte allemande se mutina à Kiel et le jour suivant, la révolte avait gagné plusieurs villes. Le 8 novembre, Hindenburg et Groener réalisèrent qu'il ne servait à rien de tenter de mater la révolte et que la seule solution pour l'empêcher de devenir une révolution consistait à requérir l'abdication immédiate de Wilhelm. Le 9, ils en informèrent l'empereur: 'L'armée doit retourner chez-elle en paix, menée par ses chefs et ses généraux mais, pas sous la commande de votre majesté car l'armée ne supporte plus votre majesté'. On avait demandé à 39 généraux et chefs de régiment de s'informer de l'attitude de leurs troupes envers l'empereur, une seule vota en sa faveur, 15 gardèrent le silence et 23 votèrent contre lui. Wilhelm refusa d'accepter la vérité; il affirma qu'il demeurerait avec son armée jusqu'à la fin. Hinderburg le supplia d'abdiquer et de se réfugier en Hollande. Sans attendre l'autorisation de l'empereur, le prince Max annonça publiquement à Berlin la nouvelle de l'abdication de Wilhelm. Il voulait sauver l'honneur de la monarchie. Le 10 novembre, Wilhelm traversa la frontière hollandaise. Le jour suivant, il écrivit à sa femme qui était demeurée à Postdam: 'Mon règne est terminé, ma misérable vie est terminée et les seules récompenses que j'ai reçu sont la trahison et l'ingratitude'. Dona avait décidé de demeurer dans la maison de son époux même si on l'avait exortée à partir. Quelques jours plus tard, son fils Eitel Friedrich l'amena chez-lui à Ville Ingenheim. Le 27 novembre, Dona rejoignit Wilhelm à Amerogen en Hollande Les Alliés demandèrent à la Hollande de leur livrer Wilhelm qu'il considérait être un criminel de guerre afin qu'il soit jugé par une comission spéciale composée de 5 juges représentant les 5 pays impliqués: les États-Unis, la France, l'Italie, le Japon et l'Angleterre. En décembre 1918, la Hollande fit savoir qu'en tant que pays neutre, elle n'extraderait pas Wilhelm. Le gouvernement hollandais demanda toutefois à Wilhelm de s'abstenir de toute intervention politique pendant son séjour dans le pays. Wilhelm accepta et demeura à Amerogen 18 mois. Au début de 1920, il acheta une maison à Doorn, situé à 8 kilomètres de Amerogen. Avant de quitter Amerogan, il donna à la ville un petit hôpital financé par ses propres deniers. Il écrivit également 2 livres résumant l'histoire de l'Europe entre 1878 et 1914. Wilhelm et Dona déménagèrent à Doorn le 15 mai 1920. Le 15 juillet, leur fils cadet Joachim, séparé de sa femme Marie Auguste de Anhalt, se suicida. Joachim était incapable d'accepter le nouveau statut de son père après son abdication et il souffrait de dépression, il se tira une balle dans la tête dans son cottage près de Postdam. Ses parents furent grandement affectés par cette mort tragique, en fait, Dona ne s'en remit jamais, son état de santé empira et elle mourut le 11 avril 1921, moins d'un an après son fils. Wilhelm était dévasté, il avait perdu son pays, sa couronne et maintenant, sa femme, sa fidèle compagne venait de le quitter. Avant sa mort, Dona avait exprimé le désir d'être inhumée en Allemagne. Le gouvernement allemand accepta la requête mais refusa à Wilhelm le droit de franchir la frontière du pays. La mort de Dona laissa un grand vide dans la vie de Wilhelm. 'Elle me manque tellement' écrivit-il 'rien ne peut la remplacer... Je m'assois parfois près de son lit pour parler à son esprit.' En 1922, il reçut une lettre de félicitations lors de son 63e anniversaire, celle-ci provenait d'u jeune garçon, le fils du prince Shoenaich Carolath mort sur le front pendant la guerre. Wilhelm invita le jeune garçon et sa mère, la princesse Hermine à la visiter à Doorn. Hermine était la fille du prince Henry XXII de Reuss, elle avait 34 ans, était veuve et mère de 5 enfants. Elle arriva à Doorn le 9 juin 1922. Wilhelm était enchanté de sa compagnie et elle lui paraissait être une jeune femme très attirante. Il décida de l'épouser en dépit de l'opposition de ses fils et de quelques supporters monarchistes. La cérémonie eut lieu le 5 novembre 1922. Wilhelm avait toujours blâmé Max de Baden pour son abdication et Hindenburg pour son exil, exil qu'il avait accepté seulement pour éviter une guerre civile à son pays, il était aussi en désaccord avec la façon dont Marshall avait réorganisé la république allemande. Aussi, quand Hermine visita Hindenburg à Hanovre en 1924, cette visite fut-elle perçue comme un signe de réconciliaton entre Marshall et l'empereur. Quand Hindenburg fut élu président de la république, Wilhelm garda le silence. Les enfants survivants de l'empereur étaient tous mariés, certains étaient même divorcés. Le prince héritier Wilhelm avait épousé la princesse Cecilie de Mecklenburg-Strelitz, il avait ruiné ce mariage à cause de ses innombrables infidélités et depuis le début des années 20, tous deux vivaient séparés. Wilhlem suivit son père dans son exil et évita par la suite toute implication militaire. Eitel Friedrich avait épousé la princesse Sophie de Oldenburg, ils avaient divorcé en 1920 à cause de l'homosexualité de Eitel Friedrich. Adalbert maria la princesse Adelheid de Saxe-Meiningen, il poursuivit une carrière militaire et après la guerre, lui et sa femme vécurent paisiblement en Suisse où on les connaissait comme le comte et la comtesse de Lingen. August Wilhelm embrassa le nazisme en mars 1930, il déclara que Adolf Hitler était 'le cadeau que Dieu faisait à l'Allemagne'. Marié à sa cousine Alexandra de Schleswig-Holstein, il était persuadé comme son frère, le prince héritier et sa belle-mère, l'impératrice Hermine, que Hitler remettrait les Hohenzollern sur le trône d'Allemagne. Même Wilhelm avait quelques espoirs d'une possible restauration. Quand Hindenburg mourut, le 1er août 1932, Hitler prit le pouvoir et reçut le serment d'allégeance de l'armée, à ce moment, Wilhelm réalisa qu"il allait passer le reste de sa vie en exil. Quand August Wilhelm réalisa quelle genre de politique raciale poursuivait Hitler, il fut grandement déçu. Des années plus tard, il allait être exclus des SS, dépouillé de son uniforme et placé sous arrêts. Aprèes la guerre, en 1948, il allait être jugé et condamné à deux an et demi de prison, il mourut 1 an plus tard. Oskar, le 5e fils de Wilhelm, épousa morganatiquement la comtesse Ina von Bassewitz. Quand la deuxième guerre fut déclarée, il servit comme lieutenant dans le 51e régiment d'infanterie, il fut tué en Pologne en septembre 1939. La fille de Wilhelm, Viktoria Luise avait épousé Ernest August de Brunswick. En mai 1940, Doorn fut envahie par les troupes de la reine Wilhelmina. Celle-ci offrit à Wilhelm de déménager dans un endroit plus sûr mais, il refusa gentiment cette offre. Après la mort d'Oskar, Wilhelm fut frappé par une autre tragédie, son petit-fils Wilhelm, fils du prince héritier fut gravement blessé au combat dans le nord de la France et mourut quelques jours plus tard. Il se faisait aussi du souci pour Frederika, sa petite-fille préférée (elle était a fille de Viktoria Luise) qui avait épousé le prince héritier de Grèce et qui dut fuir le pays devant l'avance allemande. Même s'il déplorait cette guerre, Wilhelm ne put que se réjouir quand en juin 1940, les troupes allemandes prirent Paris. Il envoya même un tél.égramme de félicitations à Hitler. En mai 1941, la santé de Wilhelm commença à décliner, son coeur était en mauvais état et il souffrait de pneumonie. Il mourut le 4 juin 1941. Neuf ans auparavant, il avait émis le souhait que si jamais il retournait en Allemagne, il soit enterré à Postdam mais, que s'il mourait en exil, il soit inhumé à Doorn. Même si Hitler voulait que le corps de Wilhelm soit rapatrié, ses dernières volontés furent respectées et, il fut enterré à Doorn au son de la Marche de Yorck de Beethoven. L'impératrice Hermine survécut 6 ans à son mari, elle fut capturée poar les russes à la fin de la guerre et emprisonnée dans un camp de réfugiés où elle mourut en 1947
Version Anglais
English Version