Prince Leopold, Duc d'Albany (1853-1884)
par Jesús Ibarra
Traduction francaise par Madelayne Robitaille
Version Anglais
English Versio
n
Rentrer Reine Victoria
Le quatrième garçon et huitième enfant de la reine Victoria est né à 1:15 dans l'après-midi du 7 avril 1853. Sa grand-mère, la duchesse de Kent, remarqua que l'enfant était plutôt petit (c'était le plus petit des enfants de Victoria à la naissance) et semblait délicat, ce qui l'inquiéta. Deux jours après sa naissance, les médecins s'aperçurent que l'enfant éprouvait des problèmes de digestion, le lait de sa nourrice écossaisse ne semblait pas lui aller aussi, fit-on venir une autre nourrice de Cowes. Victoria décrivit ainsi son nouveau bébé: 'c'était un enfant très joli, avec de grands yeuc bleus, un nez proéminent, une petite bouche et une tête bien formée avec des cheveux plus abondants et plus foncés que ceux qu'avait Arthur quand il est né'. Le bébé fut baptisé le 20 juin, date anniversaire du couronnement de la reine, on lui donna les noms de Leopold George Duncan Albert. Il allait porter le prénom de Leopold en l'honneur de l'oncle de la reine, le roi Leopold de Belgique qui déjà, se montrait très attaché à l'enfant. En grandissant, Leopold devenait un enfant affectueux qui s'attachait à tous ceux qui lui démontrait de la tendresse. Il ressentait la préférence que sa mère éprouvait pour Arthur et, c'est probablement ce qui a affecté son comportement. Les premiers symptômes de de l'hémophilie de Leopold se manifestèrent par les hématomes dont il était toujours couvert depuis l'âge de deux ans et par une faiblesse des jambes mais Victoria et Albert ne réalisaient pas encore que leur fils était malade. La reine montra même de l'impatience devant tous ces hématomes, croyant que Leopold était maladroit et mal élevé. En avril 1858, Leopold tomba et se coupa au genou, la blessure n'arrêtait pas de saigner, ses parents commençèrent alors à s'inquiéter pour lui. Dans une lettre adressée au roi Leopold, Victoria démontre pour la première fois qu'elle est consciente de la maladie de son fils: 'Votre pauvre petit homonyme est encore alité avec une blessure au genou qui semblait sans conséquence. C'est triste pour cet enfant car, je crois qu'il ne pourra jamais entrer dans aucun service actif.... aucun remède ni médecine ne peut le guérir'. Il semblerait que jamais la reine ne fut informée que la maladie de son fils était héréditaire et que c'est elle qui était porteuse du gène de l'hémophilie. Si jamais elle le sut, elle refusa de l'accepter. L'origine exact du gène défectueux de la reine est inconnu. La théorie la plus courante est que le code génétique du père de Victoria, le duc de Kent, fut modifié au moment de sa conception. Le duc avait 50 ans à cette époque et, chez une personne plus âgée, le risque de mutation (un changement qui apparaît lors de la reproduction de l'information génétique) est accrû. Comme l'hémophilie se transmet seulement par des femmes à leurs fils, le gène de la reine peut avoir été transmis par la lignée femelle de sa généalogie et celà à travers plusieurs générations. En fait, plusieurs enfants mâles du côté des ancêtres maternelles de Victoria moururent en bas âge de causes inconnues, l'hémophilie ne fut en effet découverte qu'en 1820. C'est peut-être ce qui a causé la mort de tous ces petits garçons. Leopold fut toutefois le premier cas connu d'hémophilie dans la famille de la reine. En mai 1861, alors que Leopold avait 8 ans, ses reins commençèrent à saigner et il urina du sang. Quelques mois après la mort de son père, à l'automne de 1862, il eut une autre crise. Lui et ses frères et soeurs accompagnaient la reine à Coburg. Leopold se perça accidentellement le palais avec une plume, l'hémorragie fut difficile à contrôler parce que impossible à cautériser vu l'endroit de la blessure. Victoria écrivit à sa fille Alice: 'Il n'a jamais perdu autant de sang, notre peur était que l'hémorragie ne puisse être arrêtée et alors, il n'aurait pu survivre'. Entre les crises, Leopold continua à grandir, toujours désavantagé vis-à-vis ses frères; en 1866, il commença même à avoir des attaques d'épilepsie. Son état de santé amena Victoria à conclure que Leopold ne survivrait que s'il demeurait à la maison sous sa protection. À 18 ans, Leopold était un grand jeune homme mince, ses cheveux bruns étaient ondulés et il avait hérité des yeux bleus pâles de la reine. Il était intelligent, parlait plusieurs langues dont le latin et le grec, il aimait Shakespeare, la peinture et tous les arts visuels. Il jouait également du piano, de la flûte et de l'harmonium. La science le fascinait. Depuis 1870, Robert Hawthorn Collins avait la charge de l'éducation de Leopold. La tâche n'était pas facile car Leopold avait grandi et s'était forgé ses propres opinions mais, Collins et le Prince entretenaient plus une relation d'amitié qu'une relation de maître à élève. Pendant plusieurs années, le rêve de Leopold fut d'aller étudier à Oxford. Ses frères et soeurs, son tuteur et son médecin étaient au courant de ce souhait et l'encourageait, la reine n'en savait rien et, il était maintenant temps pour le jeune garçon d'affronter sa mère. Il lui écrivit une lettre dans laquelle il lui expliquait la nécessité de quitter le nid familial pour aller à l'université. La reine s'opposa fermement à la requête de son fils, lui expliquant qu'il se croyait plus solide qu'il ne l'était réellement. La reine crut que Leopold avait tenté de forcer chez-elle une décision favorable en en parlant à tout le monde avant elle. Leopold écrivit à sa mère: Je serais très malheureux si vous pensiez que j'ai voulu vous imposer mon plus cher désir. Je voulais seulement vous en aviser une fois que je serais certain que l'amélioration de mon état de santé garantisse ma sécurité, celà, afin de ne pas vous alarmer.' En fait, la reine ne rejeta pas l'idée que son fils aille à Oxford. Elle consulta le doyen de Windsor, qui, avec beaucoup de tact, lui suggéra d'envoyer Leopold aller étudier à l'université. Elle accepta mais à de sévères conditions: Leopold ne devrait devenir membre d'aucun des Collèges, il ne pourrait assister à la prière quotidienne à la chapelle, il ne pourrait aller à aucun dîner ni fête mais, il aurait toutefois la possibilité d'inviter chez-lui des amis triés sur le volet. Quand la reine serait à Windsor, il devrait la rejoindre et être prêt à revenir à la maison sur demande, il devrait aussi accompagner sa mère en Écosse quand elle s'y rendrait. Victoria n'était quand même pas convaincue d'avoir pris la bonne décision. Pendant les mois qui suivirent, elle évita toute discussion touchant Oxford causant ainsi un froid entre elle elle et son fils. Alors que la session était sur le point de débuter à Oxford, Victoria brisa le silence et rendit son verdict final: 'Malgré les inconvénients que j'aurais à subir en raison de votre absence, je consens à accorder un essai à votre souhait aux conditions que vous connaissez, vous comprenez que vous allez à Oxford pour y étudier et non pour vous amuser'. Le 27 novembre 1872, le prince Leopold devenait membre de l'université de Christ Church. Une des premiéres grandes personnalités qui influença la vie étudiante de Leopold fut John Ruskin, celui-ci était écrivain, critique d'art, économiste et sociologue. Ruskin souhaitait transformer la vie des gens ordinaires à travers l'art et à travers son enseignement. Au moment où Leopold était à Oxford, Ruskin y occupait le poste de professeur d'art. Il traita toujours le prince en ami plus qu'en étudiant. Leopold devint aussi très ami avec le doyen de Christ Church, le révérend Henry George Liddell ainsi qu'avec la famille de ce dernier. Le doyen Liddell avait 5 filles: Lorina, Alice, Edith, Rhoda et Violet auxquelles Leopold était très attaché. La rumeur veut que Leopold soit devenu amoureux d'une des filles Liddell mais, on ne sait pas s'il s'agit d'Alice ou d'Edith qui avaient à peu près le même âge. En 1876, Edith, récemment fiancé à Aubry Harcourt, un ami de Leopold, tomba malade d'une péritonite et mourut le 26 juin. Alice Liddell est la jeune fille qui a inspiré la Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll. Carroll, dont le vrai nom était Charles Dogson, était aussi un ami de Leopold pendant qu'il était à Oxford. C'est Dogson en fait qui donna à Leopold l'envie d'aller à Oxford quand en 1867, il envoya au jeune prince une liasse de lettres qui allait l'introduire aux figures dominantes des arts et des lettres de Oxford. Leopold eut quelques femmes dans sa vie dont la princesse Frederica de Hanovre qu'il souhaita épouser en 1878 mais, celle-ci était amoureuse du secrétaire de son père, Alfons von Pavel Rammingen et Leopold préféra ne pas faire sa demande de peur d'être rejeté. Malgré tout, Frederica demeura une grande amie de Leopold toute sa vie. Le grand amour de Leopold fut la comtesse Alma Breadalbane, épouse du 7e comte de Breadalbane. Alma était une belle jeune femme qui appréciait d'être entouré par un troupeau d'adorateurs, en 1879, Leopold tomba sous son charme. Quand les rumeurs d'une relation entre eux ommençèrent à se répandre, Alma s'éloigna de Leopold et, il fut blessé par cette soudaine indifférence. Leopold était également un grand admirateur de Lillie Langtry qui allait devenir la maîtresse de son frère Bertie, le Prince de Galles. À sa sortie d'Oxford, Leopold entreprit d'aider sa mère à entretenir sa correspondance privée. En juillet 1876, la reine décida d'impliquer plus sérieusement Leopold dans son travail officiel. Ses nouvelles tâches consistaient à lire ses lettres et à préparer les brouillons des réponses. Pendant tout le temps où ils travaillèrent ensemble, les relations s'amèliorènt entre eux. En 1877, la reine proposa à son Premier Ministre, Lord Beaconsfield de donner à Leopold les clés du cabinet où elle rangeait les documents officiels. Leopold commença même à travailler personnellement avec le Premier Ministre. Il était satisfait de son emploi mais rêvait aussi d'un titre de pair comme ses frères en avait tous un. Leopold désirait se marier afin d'acquérir plus de confiance en lui-même et d'indépendance. En 1879, il existait deux sérieuses candidates à cette union: Elizabeth de Hesse Castel et Viktoria de Baden qui allait plus tard devenir reine de Suède, mais, aucun de ces projets n'eut de suite. En 1880, Leopold devint amoureux de Mary Baring, la fille de Lord Ashburton. Il semblerait que Mary l'aimait bien aussi mais, en avril elle le rejeta définitivement alléguant qu'à 19 ans, ellle se trouvait trop jeune pour se marier. En septembre, il subit une autre déception, Mary Liddell, son premier amour, épousa Reginald Hargreaves, un contemporain de Leopold alors qu'il était à Oxford. Leopold écrivit à Mary pour lu dire qu'elle et sa soeur Edith seraient toujours dans ses pensées. À l'automne de 1880, le jeune prince fit une chute qui le confina au lit et lui causa une douleur persistente au genou. Il mit longtemps à récupérer et cette inaction, jointe à ses récentes déceptions amoureuses, eut un effet déprimant sur lui. Il sentait que la vie n'avait plus rien à lui offrir, pas de femme et surtout, pas de pairie même si Lord Beaconsfield et ses frères étaient intervenus en sa faveur. Quand il se sentait seul et triste, il avait l'habitude d'écrire à sa soeur Alice qui vivait à Darmstadt mais, celle-ci était morte depuis 2 ans et ne put donc l'aider à surmonter sa dépression. En février 1881, sa soeur Helena, accompagnée de son mari le Prince Christian, amenèrent en Angleterre deux des nièces de Christian, les princesses Augusta Viktoria et Caroline Mathilde de Schleswig Holstein. Augusta était fiancée au neveu de Leopold, Wilhelm de Prusse alors que Caroline était libre, la reine crut qu'elle serait un bon parti pour Leopold mais, ce projet abouti aussi en une frustration car la famille royale de Prusse, incluant Vicky (la soeur de Leopold) son époux et son fils, s'y opposa. Cette opposition était sans doute à l'hémophilie et à l'épilepsie de Leopold. À la même époque, un rhume grave cause une hémorragie des reins chez le jeune prince et les docteurs durent utiliser du chloroforme et de la morphine pour calmer la douleur. La crise dura deux semaines. Au cours de cette même année, Lord Beaconsfield tenta d'obtenir la concession d'une pairie à Leopold mais, la reine s'y refusait toujours, elle avait peur que cette pairie n'apporte un sentiment de liberté à son fils qui le pousserait à se sauver à Londres pour se mêler à la société d'amis, d'actrices et de danseuses. Beaconsfield confia à Leopold les craintes de sa mère et lui fit promettre que si elle lui concédait une pairie, il n'abuserait pas de sa générosité. Sans l'intervention du Premier Ministre, jamais Leopold n'aurait accédé à la pairie. En mai, il fut fait duc d'Albany. Malheureusement. Beaconsfield était mort le mois précédent. Un des talents spécifiques à Leopold était l'art du discours. Il présidait quelques organisations destinées à améliorer l'environnement, sujet qui lui tenait fort à coeur. En mai 1881, il prit la parole lors d'une assemblée de la Charity Organization Society, son discours porta sur l'importance de contrôler la pollution de l'air et de l'eau. Parmi ses discours les plus remarquables, on retrouve celui qu'il prononça au Universuty College Hospital à Vernon. En 1822, à l'Hôpital National pour les paralytiques et les épileptiques il s'exprima sur la nécessité de collecter des fonds pour sortir les victimes de l'épilepsie des asiles. Leopold s'intéressait aussi aux arts grâce à l'influence qu'eut sur lui John Ruskin. Depuis l'échec des négociations de mariage avec Caroline Mathilde, Leopold évitait de parler d'union mais, Victoria eut une nouvelle idée. Une famille princière vivait à Arolsen, une ville au nord de Darmstadt, le prince et la princesse de Waldeck et Pyrmont, ils avaient 5 filles: Pauline, Marie, Emma, Helene et Luise. La princesse de Waldeck (Whilhelmine de Nassau) était une descendante directe du roi George II de Grande-Bretagne, elle était parente de loin de la reine Victoria. Les 3 filles aînées des Waldeck étaient déjà mariées, Pauline au prince de Bethein, Marie au futur roi Wilhelm II de Wurtemberg et Emma au roi Wilhelm III des Pays-Bas, ces deux derniers étaient les parents d'une petite fille qui allait devenir plus tard la reine Wilhelmina des Pays-Bas. La 4e soeur, Helene, avait 20 ans et était célibataire. La reine Victoria encouragea Leopold à se rendre à Darmstadt et d'en profiter, une fois rendu, pour aller visiter les Waldeck à Arolsen. Le 21 septembre 1881, Leopold rencontra pour la première fois la princesse Waldeck et ses filles, Helene et Luise, au Westfalia Hotel à Soden. En novembre 1881, plusieurs rencontres eurent lieu entre Leopold et les Waldeck, finalement, le 17 novembre on permit à Leopold de demeurer seul avec Helene pour une courte période de temps. Il lui chanta une chanson italienne et, le lendemain ils étaient fiançés. Il se marièrent le 27 avril 1882 dans la Chapelle St-George à Windsor. Le jour de son mariage, Leopold dut utiliser une canne à cause de la faiblesse de son genou. La reine Victoria aimait Helene et souhaitait qu'elle fut apte à supporter Leopold. Trois jours après la cérémonie, la soeur d'Helene, Marie de Wurtemberg mourut après avoir donné naissance à une petite fille morte-née, c'était maintenant Helene qu avait besoin de tout le support possible. Sept mois après la tragedie, les Albany se rendirent à Osborne où Leopold recommença à souffrir terriblement des reins. Helene était déjà enceinte et Leopold, craignant de mourir avant la naissance de l'enfant, décida d'écrire un testament informel. En septembre, il était suffisamment rétabli pour emmener Helene à Balmoral. Le 25 février 1825, elle accoucha d'une petite fille qu'on prénomma Alice en honneur de la soeur bien-aimée de Leopold. La famille d'installa à Claremont. Leur vie était heureuse, Leopold avait l'habitude de pousser sa fille dans une voiturette et, dans la soirée, il jouait parfois du piano pendant qu'Helene tournait les feuilles de musique. Elle comprenait son époux et appuyait sa demande de service dans les colonies, un sujet que la reine ne voulait pas entendre mentionné. Au début de 1884, Leopold planifia se rendre à Cannes mais Helene était encore enceinte et sa grossesse présentait des difficultés, il décida donc de remettre ce voyage. Leopold partit pour Cannes le 21 février. Il logeait à la Villa Nevada dont son ami Clifton Percival était le propriétaire.. Après avoir passé quelques semaines merveilleuses à Cannes Leopold glissa sur le plancher de tuiles du Cercle Nautique où il se trouvait et heurta son genou. On l'amena dans sa chambre et on l'alita. Pour soulager sa douleur, le docteur Royle lui injecta de la morphine. Ce soir là, Leopold écrivit à Helene sa dernière lettre. Le docteur Royle le trouva à 3:00 AM pris de convulsions. Il lui jeta de l'eau froide au visage et appela à l'aide. Les amis de Leopold, Clifton Percival et Alexander Grant arrivèrent aussitôt mais ne purent rien faire pour lui aider. Leopold s'éteignit le soir même.Certains médecins affirmèrent que la chute avait provoqué la rupture de petits vaisseaux sanguins et qu'une embolie en avait résulté. Dans le télégramme que le docteur Royle fit parvenir à la reine, il parle d'une crise soudaine sans aucune relation avec la chute du prince. Helene donna naissance à l'enfant posthume de Leopold en juillet 1884. Il allait hériter du titre de son père, duc d'Albany, il se prénommait Charles Edward. Pendant son veuvage, Helene fréquenta les amis de Leopold. Elle survécut 38 ans à son époux pour mourir le 1er septembre 1922.
Le Duc at la Duchesse d'Albany avec leur fille Alice
Prince Leopold, Duc d'Albany