Marie, Reine de Roumanie (1875-1938)
Version Anglais
English Versio
n
Rentrer Reine Victoria
Traduction francaise par Madelayne Robitaille
par Jesús Ibarra
Le Roi Ferdinand de Roumanie
Marie, reine de Roumanie (Missy)
L'enfance et jeunnesse de Missy
  
    
La seconde enfant et première fille du duc d'Edimburgh est née le 29 octobre 1875 à Eastwell Park dans le Kent. La fillette fut baptisée Marie Alexandra Victoria, princesse de Grande-Bretagne et d'Irlande mais, sa famille l'appela toujours Missy. Missy vécut une enfance surprotégée qui ne la prépara pas vraiment à la vie. Elle voyait rarement son père qui servait dans la Marine Royale britannique, elle grandit donc sous la stricte surveillance de sa mère, Marie duchesse d'Edimburgh, seule fille du tsar Alexandre II. Missy, en plus d'être la petite-fille de la reine Victoria était aussi celle du tsar. La personne la plus importante aux yeux de Missy enfant fut sa jeune soeur Victoria Melita, mieux connue sous le surnom de Ducky, à laquelle elle était très attachée. Bien qu'elle soit née un an après sa soeur, Ducky était plus grande et avait l'air plus âgée que Missy. Les cheveux et les yeux de Ducky étaient foncés contrairement à Missy qui étaient une blonde aux yeux bleus, Missy passait pour être la 'Beauté' de la famille. Les deux soeurs avaient l'habitude de visiter régulièrement leur grand-mère, la reine Victoria. Missy écrivit à propos de ces visites: 'Le silence qui règnait autour de la porte de grand-maman nous inspira un grand respect, comme si on se trouvait à proximité du mystère d'un sanctuaire... finalement, quand la porte s'ouvrit, nous avons pu voir grand-maman, elle n'avait pas l'air d'une idole et elle n'était pas du tout effrayante, elle souriait gentiment et semblait aussi gênée que nous, les enfants; la conversation ne fut donc pas aisée ni pour nous, ni pour elle... Grandpapa était indubitablement l'esprit prédominant dans ces appartements'.
La duchesse d'Edimburgh amenait ses enfants en Russie aussi souvent qu'elle le pouvait. Personnellement, Missy préférait la gaieté de la cour russe à l'austérité de la cour victorienne. Elle se rappelait vaguement ses grand-parents russes. Elle se souvenait de son grand-père comme d'un 'homme très grand' et de sa grand-mère, l'impératrice Marie Alexandrovna, qui était malade, comme d'une 'femme mince et livide, étendue dans son lit et recouverte d'un édredon bleu'. Missy accompagna sa mère aux funérailles de son grand-père à propos desquelles elle écrivit: 'J'ai le vague souvenir de m'être tenue debout près d'une fenêtre du Palais d'Hiver et d'avoir vu passer une somptueuse et interminable procession funéraire. Je ne pourrais dire s'il s'agissait de grand-papa ou de grand-maman'.
En 1886, quand le père de Missy fut nommé commandant de la Marine britannique dans la Méditerrannée, la famille entière partit vivre à Malte. Pendant les années qu'ils passèrent sur l'île, Missy apprit à monter les chevaux arabes du palais: 'Ce que nous préférions, c'était de galoper à toute allure' écrivit-elle. Missy se fit deux amis importants à Malte. L'un d'entre eux était Maurice Bourke, le capitaine du yacht du duc. Marie avoua quelques années plus tard que Maurice avait été son premier amour. L'autre ami était son cousin le prince George, le futur George V de Grande-Bretagne qui servait à Malte sous les ordres du duc d'Edimburgh. George était très attaché aux soeurs de la famille d'Edimburgh, surtout à Missy. Quand il naviguait, il lui écrivait constamment: 'Je me meurs de vous voir, mon adorable Missy... vous occupez toujours mes pensées'. Il était évident que le prince qui avait 20 ans attendait seulement que Missy vieillisse. En 1889, les Edimburgh quittèrent Malte pour Cobourg puisque le duc était l'héritier du trône. La reine Victoria était enthousiaste à l'idée d'un mariage entre George et Missy comme l'étaient leurs pères respectifs: le duc d'Edimburgh et le Prince de Galles. D'un autre côté, leurs mères n'approuvaient pas l'idée. La duchesse détestait tout ce qui avait rapport à l'Angleterre et elle était décidée à éviter tout engagement avec les britanniques. En fait, elle avait choisi un autre candidat pour Missy: un cousin de l'empereur Wilhelm II, un prince Hohenzollern issu de la branche de Sigmaringen: Ferdinand, prince de la couronne de Roumanie.
Ferdinand de Roumanie

  
Ferdinand de Hohenzollern Sigmaringen est né le 24 août 1865. Ses parents étaient le prince Leopold de Hohenzollern Sigmaringen et la princesse Antonia du Portugal, fille de la reine du Portugal, Maria Da Gloria et du prince consort Ferdinand de Saxe-Cobourg, un cousin au premier degré de la reine Victoria. Ferdinand était un homme timide et tranquille, il aimait lire, chasser et collectionner les plantes. Le frère de son père était le roi Carol I de Roumanie, celui-ci avait perdu son fils unique en 1874, c'est donc le fils de son frère qui devint le prince héritier. Ferdinand dut abandonner sa vie paisible quand il fut nommé prince de la Couronne de Roumanie en 1889 et partit vivre à Bucharest; à partir de ce moment commença pour lui une vie ennuyante dans les Balkans. Le roi Carol défendit à son neveu de se faire des amis, son seul compagnon était le roi lui-même. L'épouse du roi Carol était Elizabeth de Wied, une poétesse qui signait ses oeuvres du nom de Carmen Sylva. Ferdinand s'amouracha d'une des dames d'honneur de la reine Elizabeth, la roumaine Elena Vacaresco. Mais, la loi roumaine défendait à l'héritier d'épouser une roumaine, il dut donc se résoudre à l'oublier et à chercher une princesse européenne pour l'épouser. Quand il rencontra Missy, celle-ci lui plut. Il entendit parler que la reine Victoria souhaitait la voir mariée au prince George et, il eut peur que la reine n'interfère dans ses propres plans concernant Missy. Mais, il disposait de l'appui de la mère de Missy qui lui envoyait de fréquents messages pour l'encourager à faire sa demande à sa fille.
Au début de 1892, le frère aîné de George, le duc de Clarence et d'Avondale, mourut et George se retrouva deuxième dans la ligne de succession au trône britannique. Ses parents, le Prince et la Princesse de Galles firent une demande formelle de mariage en son nom aux parents de Missy mais, la duchesse d'Edimburgh refusa immédiatement soutenant que sa fille venait d'être confirmée dans la foi luthérienne allemande et ne pouvait de ce fait adhérer à l'Eglise anglicane. George écrivit une lettre à Missy pour lui dire qu'il espérait que quand elle serait assez vieille, ils pourraient enfin s'épouser. Missy répondit, sous la supervision de sa mère, que même si elle l'aimait beaucoup, rien de vraiment précis n'avait émané de leur amitié maltaise. Dans son autobiographie, la reine Marie allait écrire qu'il était impossible pour une jeune princesse de choisir elle-même en ce temps là. Elle confessa que, quand plus tard, elle rencontra son cousin, elle se sentit triste en évoquant le souvenir des jours qu'ils avaient passés ensemble.
Marie fut amenée à Munich par sa mère pour y être courtisée par Ferdinand de Roumanie. C'est sa cousine Charlotte de Saxe-Meiningen qui arrangea la rencontre entre Missy et Ferdinand. Il proposa, Marie accepta. Ils se marièrent le 10 janvier 1893 et, le mariage fut célébré par 3 cérémonies: une civile, une catholique et une luthérienne.
La vie en Roumanie

  
Le 23 décembre 1861, la Roumanie était née de l'union de deux principautés: la Valachie et la Moldavie. Les roumains élirent le prince Alexander Ion Cuza comme dirigeant. Après quelques années passées au gouvernement, Cuza se révéla corrompu par le pouvoir et entouré de ministres malhonnêtes. Il fut forcé d'abdiquer et, la couronne roumaine fut offerte au prince Karl de Hohenzollern qui pacifia et structura le pays; en 1877, il obtint l'indépendance de la Roumanie (qui était assujettie à la Turquie) et se proclama lui-même roi sous le nom de Carol I. Quand Missy arriva dans son nouveau pays avec le titre de princesse de la couronne, la Roumanie n'avait derrière elle que 15 ans de réelle autonomie. Sa grand-mère Victoria craignait qu'il n'arrive quelque chose à Missy dans un pays si jeune, si insécure et si distant.
La vie de Missy à Bucharest allait être solitaire et fastidieuse comme l'avait été celle de Ferdinand avant son mariage, vivant comme il le faisait sous les règles strictes instaurées par le roi Carol. Marie devint enceinte dans les deux semaines qui suivirent son mariage. Quand la date de l'accouchement approcha, une contreverse s'éleva au sujet de l'usage du chloroforme employée pour atténuer les douleurs de la future mère. La reine Victoria, la duchesse d'Edimburgh et le médecin britannique préconisaient l'usage du chloroforme contrairement aux autorités religieuses et aux docteurs roumains. Le dimanche matin 15 octobre 1893, Marie donna naissance à un garçon et, on lui administra du chloroforme. L'enfant fut nommé Carol en l'honneur de son grand-oncle le roi. Un an plus tard, en octobre 1894, Marie accoucha d'une fille qui fut prénommée Elizabeth.
Marie était sans cesse en rébellion contre l'autorité intransigeante du roi; elle ne s'entendait pas avec la reine Elizabeth, les deux femmes étaient de caractères totalement opposés. Le roi disait que la princesse de la couronne se montrait apathique face à l'accomplissement de ses devoirs alors que la reine l'accusait d'insubordination. En fait, on la considérait comme une personne superficielle et insensible.
Marie n'était pas heureuse en Roumanie, elle s'ennuyait de sa mère et de ses soeurs, surtout de Ducky. Ferdinand manquait tellement d'entrain et de dynamisme qu'il irritait parfois Marie qui écrivit à sa mère: 'Peut-être que je ne suis pas aussi gentille avec Nando que je devrais l'être... Peut-être qu'il m'énerve si souvent... ce qui m'irrite le plus, c'est qu'il commençe toujours par dire non à tout. Ne croyez pas que je ne l'aime pas! Mais, je ne crois pas être follement amoureuse de lui. N'allez pas penser que je préfère un autre homme à mon mari... Ce qui rend les autres hommes charmants c'est précisément qu'ils n'ont aucun droit sur vous.'
En plus de la reine Elizabeth, deux autres femmes s'employaient à rendre la vie impossible à Marie. L'une d'entre elles était une dame de parages de la reine, Olga Mavroieni et l'autre était la propre cousine de Marie, Charlotte, la soeur de l'empereur, qui arriva en Roumanie en 1896. Ces trois femmes étaient fermement décidées à punir Marie pour sa frivolité. Charlotte et Olga Mavroieni appuyèrent la reine quand celle-ci commença à comploter pour enlever le prince Carol et la princesse Elizabeth à leur mère. Marie appréciait la compagnie masculine. Un de ses amis était le lieutenant Zizi Cantacuzene, un officier du régiment des Hussards duquel Marie était chef honoraire. En août 1897, alors que le roi Carol et la reine Elizabeth se trouvaient en Suisse et que Ferdinand était en convalescence suite à une grave maladie, Marie et Zizi se promenaient ensemble dans les forêts et les montagnes entourant Sinaia. Des rumeurs se répandirent à leur sujet à travers la Roumanie et toute l'Europe. C'était là l'opportunité que la reine attendait. À l'hiver de 1898, elle convainquit le roi de l'irresponsabilité de Missy et de la nécessité de confier le prince Carol à une gouvernante. On choisit pour cet emploi madame Winter, une vieille amie de la famille de la reine. Marie détestait la gouvernante qu'elle decrivait comme 'grosse, avec des yeux globuleux, un nez charnu et une bouche répulsive... avec une voix nasale' et, elle refusa de lui confier son fils. Ferdinand ne lui accorda pas son support contre la volonté du roi et de la reine et elle dut céder.
Madame Winter se consacra à retourner Carol contre sa mère, elle lui faisait même omettre de dire 'Dieu bénisse maman' dans ses prières. Pendant ce temps, Marie continuait d'entretenir son amitié avec Zizi Cantacuzene. Le reine Elizabeth lui écrivit une lette lui demandant d'inviter une jeune fille, cousine de Zizi, à passer l'été avec elle, cette jeune fille avait déjà collaboré avec la reine à des oeuvres de charité. Un scandale éclata quand Marie apparut avec Zizi et sa jeune cousine Constanza. Les membres de la suite de Marie, qui avaient pour mission de tenir le roi informé des activités de la princesse, firent savoir que Marie et Zizi passaient leurs journées et leurs nuits ensemble et, qu'elle apparaissait même avec lui lors de l'accomplissement de certains de ses devoirs officiels. Le reine et madame Winter affirmèrent que Marie avait invité Constanza pour camoufler sa relation avec le lieutenant.
Le roi Carol confronta Marie qui avoua avoir flirté avec Zizi mais, elle lui jura que c'était la reine Elizabeth qui lui avait demandé d'inviter la jeune Constanza; malheureusement, elle ne pouvait le prouver car elle avait perdu la lettre de la reine. Zizi fut banni de Roumanie pendant que la reine et madame Winter répandaient cette histoire à travers toute l'Europe. Le roi expédia le prince et son épouse à Cobourg pour faire taire les commérages. Alors qu'elle allait quitter la Roumanie, Marie retrouva la lettre de la reine mais, il était trop tard pour endiguer le flot de rumeurs. Malgré tout, elle et Ferdinand se réconcilièrent. À leur retour en Roumanie, ils trouvèrent le prince Carol malade de la fièvre typhoïde, madame Winter tenta d'empêcher Marie d'entrer dans la chambre de son fils mais cette fois, Ferdinand s'imposa et ordonna à la gouvernante: 'Allez-vous en! La princesse est la mère de l'enfant!'
Un peu plus tard, Maria retourna à Cobourg et amena sa fille Elizabeth avec elle. Alors qu'elle se trouvait dans cette ville, elle donna naissance à un troisième enfant le 9 janvier 1900. C'était une fille qui allait porter le nom de Marie et le surnom de Mignon. Quand Ferdinand se rendit à Cobourg pour voir sa fille, il promit à Marie que dès son retour en Roumanie, il allait renvoyer Madame Winter mais, une fois encore la faiblesse de caractère du prince prévalut et il ne parvint pas congédier la gouvernante. La mère de Marie, maintenant duchesse de Cobourg avait toujours appuyé sa fille dans l'affaire Cantacuzene, elle avisa le roi Carol que sa fille ne retournerait pas en Roumanie tant que madame Winter ne serait pas liçenciée. La gouvernante ne fut renvoyée qu'en avril. Quelques jours plus tard, Marie rentra en Roumanie.
Les enfants de Missy:
Carol II, Roi de Roumanie
Elizabeth, Reine de Grece
Marie, Reine de Yugoslavie (Mignon) La Princesse Ileana
Entre 1899 et 1901, Marie perdit trois êtres chers. Son frère Alfred mourut en février 1899 puis, son père, le duc de Cobourg, succomba à un cancer de la gorge en juillet 1900 et, six mois plus tard, sa grand-mère, la reine Victoria s'éteignit le 21 janvier 1901. On ne permit pas à Marie d'assister aux funérailles de sa grand-mère et, elle en fut terriblement contrariée, elle considérait la reine comme son dernier lien avec son Angleterre bien-aimé.
À cette époque (début du nouveau siècle), la princesse Marie fréquentait deux amis très chers, le frère et la soeur Astor: Waldorf et Pauline, tous deux descendants du magnat américain John Jacob Astor. Marie éprouvait pour Jacob un amour platonique. Le 18 août 1903, Marie donna naissance à un second fils, Nicholas, le plus Hohenzollern de ses enfants. Pendant ces annés, elle s'occupa à décorer des demeures. La première fut le palais Cetroceni. Ses goûts étaient très diversifiés, elle passait des styles de Byzance à ceux de la Renaissance ou de l'Art Nouveau.
En mars 1907, un soulèvement de paysans roumains vint sévèrement ternir le prestige de la Roumanie en Europe. Les paysans mirent à sac et incendièrent les résidences et les récoltes engrangées des propriétaires terriens, ils en assassinèrent même quelques uns.Le roi Carol envoya 120,000 soldats pour étouffer cette rébellion. En trois jours seulement, plus de 10,000 paysans furent tués et, leurs maisons et leurs villes détruites. Pendant ce soulèvement, Marie et ses quatre enfant se retirèrent dans leur domaine de Sinaia. Non loin de là, une amie de Marie, Martha Bibesco possédait une villa anglaise où la princesse passa 5 jours. Elle y rencontra le prince Barbo Stirbey et son épouse Nadeje. Stirbey était un aristocrate roumain , propriétaire d'une demeure appelée Buftea et située tout près de Bucarest. Il avait transformé sa ferme en une prospère entreprise agricole et ses récoltes étaient livrées dans les magasins de la ville pour y être vendues. Barbo Stirbey et la princesse Marie étaient intensément attirés l'un par l'autre. Elle se mit à visiter fréquemment Buftea pour y faire de longues promenades avec Stirbey. Marie fut, pour Stirbey, l'amour de sa vie.
Le fils aîné de Marie, le prince Carol était un garçon difficile depuis sa plus tendre enfance. Marie et Ferdinand étaient des parents indulgents et le jeune prince était dorloté autant par le roi et la reine que par les serviteurs. Ses gouvernantes, madame Winter puis, mademoiselle Foliet manquaient totalement de compétence quand il s'agissait de corriger la conduite du prince. Le roi Carol lui trouva un tuteur, monsieur Mohrlen, un suisse homosexuel et mélancolique. Ce tuteur une eut influence nocive sur Carol, il en devint même amoureux et le laissa agir à sa guise. Il lui transmit son complexe de persécution et lui apprit à s'apitoyer sur lui-même. Quand Carol atteignit 18 ans, Mohrlen fut remercié et le prince fut envoyé en Angleterre puis, sur les instances de sa mère il se rendit à Postdam où il s'engagea dans l'armée. Marie et Carol s'adoraient. Le fait que Carol rejetait Barbo Stirbey et se querellait constamment avec lui est peut-être le résultat d'un complexe d'Oedipe. Tout l'amour que Marie dispensa à son fils aîné, elle fut incapable de le donner à sa fille Elizabeth, une jeune personne arrogante et sans la moindre discipline. Sa jeune soeur Marie (Mignon) était de nature gentille et enjouée. Le fils cadet de Marie, Nicholas, était extrêmement énergique, intrépide et agile, tout ce que Carol n'était pas. En 1909, la princesse donna naissance à une troisième fille, Ileana, qui comme Mignon allait devenir une jeune fille aimable et bien éduquée. Le dernier enfant de Marie est né en janvier 1913, c'était un garçon qu'on prénomma Mircea et des rumeurs laissèrent supposer qu'il était le fils de Barbo Stirbey. Mircea était le seul des enfants de Marie à avoir les yeux sombres, comme Stirbey, les autres avaient les yeux bleus comme elle et Ferdinand.
La guerre des Balkans

  
En 1912, l'Italie vainquit la Turquie. L'empire ottoman était alors attaqué par la Serbie, la Grèce, la Bulgarie et le Montenegro. La Turquie capitula en décembre de cette même année. Les roumains étaient en colère à cause de l'expansion bulgare dans les Balkans et voulait que les Grandes Puissances leur cèdent la Dobrouia du Sud afin d'établir une balance de pouvoirs avec la Bulgarie. En dépit de l'opinion publique, le roi Carol réitéra son accord au traité que la Roumanie avait signé avec l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne et l'Italie, pays qui appuyaient l'expansion bulgare. Pendant l'été de 1913, la Bulgarie effectua une attaque surprise contre ses anciens alliés, la Grèce et la Serbie. Le roi Carol, sous la pression de ses sujets, déclara la guerre à la Bulgarie. Une épidemie de choléra se répandit parmi les soldats qu combattaient sur le front bulgare. La princesse Marie se rendit sur le front pour y réconforter les soldats malades, elle obtint la permission du roi de diriger elle-même un camp pour ces soldats. Le prince Carol collabora avec sa mère à cette occasion. Malgré la mauvaise condition de l'armée roumaine, la Bulgarie fut défaite et le tsar Ferdinand se rendit en Roumanie pour demander l'armistice au roi Carol. Le roi Carol réunit les 5 nations des Balkans (Serbie, Grèce, Bulgarie, Montenegro et Roumanie) en conférence pour négocier la paix et redistribuer les territoires turques. Grâce au traité de Bucarest, la Roumanie obtint la Dobruia du Sud.
La Roumanie pendant la Premiere Guerre Mondiale

  
Quand la première guerre mondiale fut déclarée en 1914, les Pouvoirs Centraux voulaient que le roi Carol déclare la guerre contre les Alliés mais, le gouvernement roumain décida de demeurer neutre. Marie et Ferdinand ne se trouvaient pas à Sinaia quand le roi mourut quelques mois après le début de la guerre, le 9 octobre 1914. Le prince Stirbey téléphona à la princesse Marie tôt le matin du 10 octobre pour lui annoncer la triste nouvelle. Quand Marie arriva à Sinaia, elle s'agenouilla au chevet du roi mort et lui fit une promesse silencieuse: 'Ne craignez rien mon oncle, nous continuerons votre travail. Votre main s'est parfois montrée dure et vous avez torturé ma jeunesse mais, vous étiez apte à régner et juste... Oui mon oncle, je vais tenter de devenir comme vous, loyale jusqu'à la mort et, j'aimerais mon pays comme vous l'avez fait. Nous continuerons votre travail bravement et sans crainte, si Dieu le veut'. Quand le roi Ferdinand prêta serment devant le Parlement, la nouvelle reine fut acclamée par le peuple qui criait 'Regina Maria'. La reine Elizabeth ne survécut que 17 mois à son époux.
La Roumanie demeura neutre pendant les deux premières années de la guerre. Les Pouvoirs Centraux essayèrent plusieurs fois de rallier le pays à leur cause et, dans une ultime tentative, les ministres allemands et autrichiens approchèrent la reine Marie mais elle, croyant que l'Angleterre devait remporter la dernière bataille, ne céda pas; elle dit même: 'Je mourrais de douleur si la Roumanie entrait en guerre contre l'Angleterre'. Au printemps de 1916, la Russie préparait une attaque sur le front est, en juillet, les russes avaient avancé jusque dans les Carpathes. Les Alliés avaient besoin de la Roumanie à leurs côtés pour rétablir la balance de pouvoir, ils affirmèrent au ministre Bratianu que la Roumanie devait entrer en guerre. Bratianu n'attendait que ça. Il demanda à la reine Marie d'envoyer des lettres à ses cousins George V de Grande-Bretagne et Nicholas II de Russie leur demandant l'annexion à la Roumanie de la Transylvanie de Banat et de Bukovina en échange de l'adhésion de la Roumanie à la cause des Aliés. Le 17 août 1916, la Roumanie signa un traité avec les Alliés qui acceptaient les conditions qu'elle avait posées. Les Alliés acceptèrent également d'admettre la Roumanie dans les conférences de paix. Le roi Ferdinand déclara la guerre à l'Allemagne contre sa volonté car, il était fidèle aux Hohenzollerns. L'empereur Wilhelm effaça son nom de l'arbre généalogique des Hohenzollerns.
Le 28 août 1916, la Roumanie entama une offensive qui aurait dû compter les russes, les italiens, les français et les britanniques. Mais, à ce moment précis, les troupes russes subissaient la défaite et l'offensive italienne échouait. La Roumanie demeura seule coinçée entre ses ennemies, la Bulgarie et l'Autriche et le 23 novembre elle se retrouva occupée par les allemands venus des autres fronts.
Pendant ce temps, Marie était éprouvée par la maladie de son fils cadet Mircea qui avait contracté la fièvre typhoïde. Barbo Stirbey, qu'on disait être le père de l'enfant, accompagna la reine tout au long de l'agonie de son fils. L'enfant mourut le 2 novembre 1916 à 9:30 heures du soir.
Pendant cette guerre, Marie écrivit son premier livre 'Mon pays', publié en Angleterre afin de lever des fonds pour la Croix-Rouge britannique en Roumanie. Il s'agissait d'une brève description de la vie dans la campagne roumaine. Pendant cette période elle passait presque tout son temps à visiter les soldats blessés dans les hôpitaux. La jour suivant l'invasion allemande, le 24 novembre, le prince Stirbey informa Marie qu'elle devait quitter Bucarest pour se rendre à Jassy, la capitale de la Moldavie. Elle n'avait reçu aucun avis du roi Ferdinand qui se trouvait au quartier général avec le prince Carol. Le roi ne s'était même pas occupé de sa famille pendant l'invasion allemande et, quand Marie le rejoignit au quartier général, elle lui dit de ne pas s'inquiéter à son sujet car elle avait l'habitude de prendre soin d'elle-même. L'apathie de son époux suggéra à Marie la possibilité d'une abdication en faveur de son fils. La reine conseilla à Carol, qui jusque là n'avait pas eu la permission de sortir de ses quartiers, de se rendre sur le front et de cohabiter avec ses soldats: 'Partagez votre vie avec eux' lui dit-elle 'soyez leur ami, aidez-les...' Après un dîner avec le prince Stirbey, Marie et ses autres enfants partirent pour Jassy. Le roi Ferdinand quitta Bucarest le 2 décembre, Bratianu et les autres ministres le suivirent. Quelques jours après son arrivée à Jassy, Marie reçut une lettre de sa mère, la première depuis le début de la guerre, cette lettre l'accusait d'avoir jeté la Roumanie dans la guerre.
A suivre
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