Si la terre... |
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a) L'héritage naturel ''Si la terre n'avait que quelques pieds de diamètre, et si elle flottait au-dessus du sol, quelque part dans un champ, les gens viendraient de partout pour la contempler. Ils en feraient le tour en s'étonnant de voir les grandes et les petites mares et l'eau qui s'écoule entre elles. Ils s'émerveilleraient à voir les bosses et les trous à la surface et la fine couche de gaz tout autour d'elle et l'eau en suspension dans cette couche de gaz. Ils s'émerveilleraient de voir toutes les créatures qui marchent à la surface et toutes les créatures qui sont dans l'eau. Les gens déclareraient qu'elle est une chose sacrée, parce qu'unique, et ils promettraient de la protéger pour que personne ne puisse lui faire de mal. Elle serait la plus grande merveille de l'Univers et les gens viendraient de partout pour y prier, pour y obtenir la guérison, pour acquérir la connaissance et la sagesse et pour se demander comment une telle beauté est possible. Les gens l'aimeraient et la défendraient au prix de leur vie, parce qu'ils sauraient en eux-mêmes que leur vie ne serait rien sans elle. Si la terre n'avait que quelques pieds de diamètre...", lui réserverions-nous le sort qu'elle connait aujourd'hui ? b) L'héritage social Si la terre ne comptait que 100 personnes regroupées dans un seul village, le regard que nous porterions sur le monde serait sans doute différent. De ces 100 personnes, 60 seraient originaires d'Asie, 14 des Amériques, 13 de l'Afrique, 12 de l'Europe et 1 de l'Océanie. Parmi elles, 20 appartiendraient aux pays industrialisés. Elles bénéficieraient de 80 % de toutes les richesses de la terre, posséderaient 87 % de tous les véhicules automobiles et seraient responsables de plus de 65 % des émissions de gaz carbonique de la planète. Les 80 autres personnes, originaires des pays en développement, se partageraient le reste. Du total, 46 personnes vivraient avec moins de 2$ par jour, 43 seraient privées d'infrastructures sanitaires décentes, 23 n'auraient pas accès à de l'eau potable, 18 seraient sans logement décent, 13 souffriraient de la faim et 8 auraient vécu la guerre, l'emprisonnement ou la torture. Du groupe, 42 individus seraient âgés de moins de 18 ans, 52 seraient des femmes et 48, des hommes. Environ 17 femmes et 9 hommes seraient analphabètes ; une seule personne aurait en poche un diplôme universitaire. Dans notre village planétaire, une seule personne posséderait un ordinateur. Si la terre ne comptait que 100 personnes regroupées dans un seul village, ces personnes, au coeur de tant de disparités, pourraient-elles vivre ensemble dans la paix ? Joe MILLER, dans Jonathan PORRITT (éd.). Sauvons la terre. Les Amis de la Terre. Paris. Casterman. 1991. p.24. |