Rumbling


6 novembre 2006, après-midi... :

Malade, un peu, mais ça pourrait empirer.
Merde. Merde. Merde. Et en plus, connection internet en panne depuis ce matin et donc, par exemple...

Paris, vu d'ici, bah je le vois pas. Ca n'a quasiment aucune existence pour moi.
Pourquoi Paris?
Parce que. Voilà. Je me comprends.

Il y a des souvenirs de l'appartement de ma grand-mère, là-bas. Il est vendu, reste les souvenirs.
Les tapis sur la moquette vieil orange moche sale des années 70. Le papier peint vieilles fleurs bourgeoises et élégantes des années 70 (pas les trucs immondes que mes parents avaient mis à la maison chez nous, non). Les vieilles portes en bois couvert de peinture crème. La peinture bleue de la salle de bains et de la cusine. Les dessins qu'avait fait ma soeur au pastel sur les murs bleu de la cuisine et de la salle de bains. La télé que j'ai fait tomber. Le parquet qu'on devinait sous les pieds. Les arrivées à Paris, les dînés de bienvenue que nous préparait ma grand-mère: soupe, bah ouai, de la soupe, à l'ancienne, les dînés, charcuterie, pâtés... Non, vaut mieux pas évoquer la charc... Ca pourrait me rendre nauséeuse. Merci. C'est trop tard. Merci.
Là. En arriver là. L'appartement vendu. Et le train, c'est cher! C'est cher un putain de billet de train Annecy-Paris-Annecy! Bordel! La promotion des transports en commun, c'est pas leur fort, à la sncf! Et je vais pas faire du stop, moi! Quant même! Non, j'ai les moyens de me payer le billet, c'est juste que ça me fait chier et que j'ai envie de ronchonner et d'aligner devant mes pieds toutes les raisons de pas y aller.

Reste les souvenirs. C'est bien les souvenirs. C'est pas compliqué. C'est même carrément évanescent.
Arriver au Point Ephémère, voir la salle de restaurant toute lumineuse alors que dehors, il fait froid et nuit, y voir passer un zicos de Tucson et se dire "ah ouai, c'est bien là que ça se passe". Trouver l'entrée de la salle de concert. Attendre, plantée là, seule à scribouiller, à attendre que ça se passe.
Seule encore, au bar de la Flèche d'Or avec un café, à scribouiller.
La rue st-André des Arts, sa collection de magazins de breloques, un café/salon de thé qui vend des muffins énormes. La rue st André des Arts, ouai, et là, un appart' tellement en bordel que j'ai manqué d'y dire "tu veux que je t'aide pour le ménage?".
L'église St-Julien, toute vieille, minuscule, jolie.
Avoir entendu dire que l'archange de la statue de la place St-Michel est en fait une femme, regarder et se dire quelque chose comme "Ah? Ouaich... Ah bon? Pourquoi pas... Plates, alors?".
Le métro, les courants d'air dans les couloirs du métro, le Louvre et sa pyramide à la con... J'en ai rien à fouttre de tout ça, vraiment.
Le salon de thé en face des colonades du Louvre, à côté de l'église st-germain de l'auxerois, celui-là de salon de thé, j'y ai passé pas mal de temps, c'était joli. Dans l'église st-germain de l'auxerois aussi, très jolie.
Mais sinon, dans l'ensemble, Paris, bof, rien a fouttre, sinon donc, surtout et principalement - mais oui, bien sûr...; sinon, donc, pour les tonnes de concerts qu'on peut y trouver chaque semaine. Je deviendrais folle si je vivais là-bas et je m'y ruinerais probablement aussi. A vouloir me couper au moins en deux tous les soirs pour aller voir ça là et ça à l'autre bout de la ville aussi. Merde, ce serait une vie de dingue.
Pour moi, à travers la masse de souvenirs que j'en ai, Paris est un grand tas gris. Une fourmillière toute grise avec deux-trois bouts de jolies choses par-ci, par-là.
Surtout des tableaux de Monet accrochés quelque part dans un musée.
Et des salons de thé très cosy à découvrir. Se ruiner en thé, y aurait moyen. Perdre des après-midi entiers et à la pelle à scribouiller dans des salons de thé.
Et surtout plein plein plein de zicos qui font de la musique à tomber, surtout un, voilà.

M'oublier et me perdre à Paris, y aurait moyen.
Parce qu'une fois là-bas, Annecy pourrait bien devenir à son tour un souvenir très vague, évanescent et lointain. Carrément.
Là-bas, ma vie à Annecy, surtout ce que j'y fais, pourrait bien devenir aussi capital qu'un grain de sable au fond de la mer. Ma famille et tous mes meilleurs potes ne commenceraient à me manquer qu'au bout de 2 ou 3 semaines (si, d'aventure, je parvenais à y rester tout ce temps).
Une fois là-bas, repartir deviendrait un arrachement alors faudrait vraiment être folle pour vouloir y aller. En sachant qu'il faudrait en repartir ensuite.

Des gens m'ont dit que je fais peur. Quand je vois ma tête sur certaines photos, je comprends. Je suis pas sûre que je m'inviterais moi-même.

Et j'ai dit des choses qui font peur. Qui invitent à la peur, enfin je pense. Ca se voit que j'ai des problèmes mais quand je commence à raconter à quel point... Enfin, en d'autres temps, d'autres lieux... Tout est relatif, aussi.
Et aussi, je rend les punks tous polis, alors faut peut-être se poser des questions.
C'est pas juste l'âge, je pense.
Genre... On pourrait m'embaucher pour jouer la mère de Sirius Black dans le prochain Harry Potter, je pense.

Moi, je veux juste aller voir les étoiles briller dans d'autres cieux, je suis juste une gosse. J'oublie les offenses et les refroidissements parce que j'en ai envie. Je dépasse ça, enfin j'y travaille, parce que j'ai envie d'aller plus loin, au delà, voir ce qu'il y a au-delà.
L'au-delà.
Du coup je ressemble à un fantôme. La petite fille qui sort de la télé dans The Ring. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit et on m'a juste raconté le film. Je suis tellement tordue que je prends ça pour un compliment.

Pas d'internet, un peu patraque... du coup, je m'occupe autrement, je m'amuse avec mon appareil photo, à faire des auto-portraits (en voir un ). J'ai dans l'idée que de jouer autant avec sa propre image, ça ne peut avoir que des conséquences. Comme de passer beaucoup de temps à chanter dans un micro sur des scènes en tout genre, même toutes petites mal éclairées (arrivée à ce point de la lecture, je pense systématiquement à cette photo des Coming Soon).

La voix de David Eugene Edwards disant "Glory be, to the father, to the son and the holly ghost, as it was in the beginning is now and ever shall be, his word without end, amen", bah c'est quelque chose. Et du blues gothique!
Du blues gothique, bordel!

Je suis pas sûre de mettre ça en ligne. C'est vachement perso, quant même.
Haha!! Ouai, je m'en rends compte en plus.
Y a des gens qui liraient ça, ils seraient verts. Ils seraient peut-être pas sûrs de tout comprendre, c'est normal, c'est pas tout clair dans ma tête non plus, mais ils seraient très tentés d'être bien verts. Alors que je suis pas sûre qu'il y ait vraiment de quoi.

Non, ça n'ira pas en ligne.


P.S., 19 novembre 2006 : je change d'avis. Je crois que ça a un rapport avec l'Ecriture et avec l'idée qu'il peut être Bénéfique de piétiner son égo.



Index