Lézards

Dimanche 3 juillet 2005, 22h20 :

Aujourd’hui, j’ai gagné ma journée.
Petit tour à Annecy. Longue ballade.
En chemin, j’ai croisé quelques créatures étranges et fuyantes, entre autre des lézards.

Je me suis baladée dans un quartier où personne ne songerait à aller se promener un dimanche après-midi, où personne n’irait jamais songer à aller se promener du tout, en fait.
Je dois être quelqu’un d’assez étrange, de bizarre, alors ne vous gênez pas pour me regarder bizarrement : c’est complètement normal.

Je suis allée… J’ai pris des photos, vous verrez.
Un endroit que certains qualifieraient certainement de pourri. Dans le coin, il y a un foyer Sonacotra. Zone industrielle. La zone. Et moi, à me balader là, tranquille, avec mon appareil photo, à photographier de vieilles voies ferrées toutes rouillées envahies par les herbes folles.
Complètement folle. « Et t’as pas peur, là, toute seule ? ». Bah, non. Je devrais, je suppose. Mais je me sens bien dans ce genre d’endroit tout pourave. C’est calme. Les lieux sont dotés d’une esthétique bien a eux, différente, une esthétique dont on a pas l’habitude, qui change les idées.
J’ai photographié des graffitis laissés par un type qui a dû faire la même balade que moi, Chemin de la Prairie, et qui a écrit sur les murs des trucs que je trouve très poétiques. Ce serait écrit sur une page, dans un livre, ça n’aurait pas du tout la même valeur. Mais là, sur des murs, dans une zone ou personne n’est sensé venir se « promener », où les gens ne font que passer en camion ou en voiture pour aller travailler…

Dans les Jardins de l’Europe, il y avait de la musique au kiosque.
A 17h30, tous les bancs et toutes les chaises tout autour étaient déjà occupés, principalement par des têtes blanches. Il y a une semaine, à peu près à la même heure, il n’y avait quasiment personne, et là, une demi-heure avant le début du spectacle, déjà la foule.
A 18h05, la chanteuse chantait et des gens dansaient. Valses et compagnie.
Beaucoup de « seniors », mais aussi beaucoup de jeunes enfants, tous très ravis.
Ca fait plaisir. L’animation des places des villages d’antan recréée. Les jeunes avec les vieux. Très bien.
Je ne suis pas restée, parce que cette musique là, rien à faire, pas mon truc.
Ailleurs en ville, il y avait eu le passage d’une fanfare rue Sainte Claire un peu avant, c’est tout.
Non loin du kiosque, sous les arbres, j’ai vu un type avec une guitare mais je ne me suis pas permis d’approcher pour aller laisser traîner une oreille.
Je suis allée faire mon petit tour dans la zone, du côté du lycée Saint-Michel.
En chemin, je me suis bien défoulée.
Le terrain vague du n°3 de la rue du travail a été fauché.
Dans le jardin de la maison abandonnée de l’avenue de Loverchy, des baskets avaient été posée soigneusement sur une chaise, semelles à part, pour sécher au soleil, de toute évidence. Cette maison est un vrai bordel, un squat je suppose, déchetterie en prime. Je ne me suis pas permis d’entrer, bien sûr, à la vue des baskets, je me suis dis qu’il devait y avoir du monde…
Elle est encore très cool cette maison. Il y a un assez grand jardin à l’arrière. Il y a de l’espace. Des gens pourraient en faire quelque chose… Retaper, transformer…

A Rumilly, dans la rue principale, une belle maison du 19ème-début 20ème a été achetée par un couple d’artistes. Tout le rez-de-chaussée a été transformé en galerie d’exposition. Ca fait un moment que je n’y suis pas allée mais, la dernière fois, il y avait une grande banderole « atelier d’artistes », ou quelque chose comme ça, on pouvait pas la manquer.
Des maisons d’artistes, des foyers pour artistes, ce serait pas cool ça ? Une partie atelier/galerie ouverte au public, pas prise de tête. Ca se fait dans les squats parisiens, il me semble, on en a pas mal entendu parler… Mais… Une mairie serait pas sensée soutenir ce genre d’initiative ?
Réinjecter du sang neuf dans notre magnifique patrimoine immobilier, plutôt que de le raser pour en faire des immeubles qui mettent le cafard rien qu’à les regarder.
Faire des vieilles pierres une matrice féconde...
Les lézards y vivent bien dans les vieilles pierres…
Tient, les lézards… C’est marrant.
Vous avez remarqué ?
Lézards… Les arts…
Je l’avais pas vu venir celle-là !


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