Musilac 3


Dimanche 17 juillet 2005, 21h :

Non, je n'ai pas loupé une marche, il n'y aura pas de Musilac 2 parce que je n'y étais pas. Je devais faire acte de présence ailleurs, alors voilà. On passe au 3.

Les DJ Torse Nu & the Space Analog, d'Annecy, ont mit le feu. Ils ont bénéficié de conditions météo particulièrement favorables et, par dessus le marché, d’une bande de fêtards très propres sur eux qui ont offert très gracieusement, très spontanément et très efficacement leurs talents de chauffeur de salles.
Les DJ…, c'est ce que j'appellerais du rock-electro, plutôt que de la pop, comme dit le programme. Pop, c'est beaucoup trop vague.
Ils ont une drôle de mentalité de gamins. Beaucoup de déconne… Et une bonne grosse énergie qui déborde visiblement de partout.
Ca m'a rappelé "Je fume plus d'shit", de comment c'était… Jacno? Et puis il y avait la chanson-suite "je refume du shit", et puis ma préférée, sur l'album c'était "les monstres" (l'album, je l'ai écouté mais pas acheté, donc je ne l'ai plus). Tout à fait le même genre d'ambiance. Avec des voix de gosses, des extraits de bandes-sons genre James Bond et autres Western spaghettis…
Le chanteur me rappelle un peu Robert Downey Junior: on se douterait jamais qu'un type en jeans et chemises à carreaux puisse être aussi allumé.

Avant, il y avait les Capush, aussi d'Annecy. Du rock bidouille bien allumé aussi. Le batteur qui tape sur des bidons trafiqués-récup, le chanteur qui jongle avec des pédales de boîtes à loops (c'est comme ça que ça s'appelle?) comme KT Tunstall, la femme orchestre, dans le dernier Taratata…
Mais les gens autour, ils finissaient de manger, ils étaient en train de digérer, de faire la sieste… Ils ont pas autant réagi… Et puis les chauffeurs de salle n'étaient pas encore arrivés, c'est de la triche…
Il m’ont un peu rappelé l'esprit des Tenacious D avec leur géniale « This is not the greatest song of the world, this is just a tribute ! ».

En dernier, les Rhesus, de Grenoble. Le programme dit "power pop". On dit pas juste rock ? parce qu'ils sont quant même pas mal énervés… Moi, en tout cas, ils m'ont mis la pêche.
Je suis repartis de là, je m'en prenais joyeusement aux voitures qui traînaient devant moi alors que le feu était vert : "Alors! T'attends que ça mûrisse ?".
Ils ont d'ailleurs eu droit à un rappel en règle, les Rhesus.
Pour les situer, comme le ferait une vraie journaliste professionnelle, je ferais le rapprochement bien bateau qui énerverait sûrement bien les intéressés, le rapprochement, donc, avec les JJ72. Parce qu'eux aussi ils sont trois et que, à la basse aussi, c'est la fille qui s'y colle. Sauf que la bassiste des JJ72, je l'ai jamais autant entendue. Là, on y gagne beaucoup. Et puis le chanteur de Rhesus n'a pas cette voix de chat éraillé du petit blondinet des JJ…. Moi, j'aime bien les chats, mais ça doit en énerver certains…
Entre parenthèse… (Jeudi 21 juillet 2005, 11h)
Un extrait d'une vieille interview:
Ce que les Rhesus aimerait qu'on sache d'eux:
Aurélien (le chanteur) : Qu'on trouve authentiques, sincères. Il faudrait que les gens sachent qu'on ne jouent pas un rôle même si parfois on peut paraître excessifs. Laura (la bassiste) : On est là pour communiquer nos émotions, pour que les gens se retrouvent dans nos morceaux, qu'on oublie ce qui nous préoccupe...
A : C'est une sorte de compassion générale !
Un type qui sort des réponses pareilles… Je me disais bien que c'était un peu bizarre qu'il est l'air aussi renfermé… Un mauvais jour, peut-être? L’histoire du camion qui brûlé sur l’autoroute, c’était pas des cracs ? Bref…

Fin de la parenthèse…

Après, donc, je suis partie, pas restée.
« On » m'avait dit que les Lutins Greluts jouaient à Annecy le 17 dans les Vieux Quartiers. Il y a des « chances » pour que ma mémoire ne soit pas tout à fait fiable… Ou je suis arrivée trop tard. Ou ils avaient changés d'avis. Ou je suis arrivé trop tôt. Ou les Vieux Quartier, c'est trop grands: ils étaient bien là, mais j'ai pas réussi à les débusquer…
C'est dommage. J'avais bien envie de les revoir. Je veux dire… J'aurais pu rester à Aix, essayer de dénicher d'autres concerts dans des cafés, ou aller voir ce qu'on entendait sans billet du côté du Festival On, enfin, l'officiel payant… J'aurais pu rester mais non, j'ai fait toute la route jusqu'à Annecy par un très caniculaire 39°… Et là, je sais pas, j'ai dû loupé une marche, donc: pas de lutins.
Tant pis.
Je suis allée me poser dans les Jardins de l'Europe pour observer comment se passait la soirée musette. Foule autour du kiosque à musique. Je me suis même pas approchée. Je voyais des tas de gens danser, de loin… De loin, c'était bien assez pour moi parce que, les reprises des Forbans ou de Bourvil… Bref…
Je me suis posée non loin d'un jongleur, artiste de rue, qui travaillait son numéro sous les arbres. J’avais vu la fin de sa prestation le mercredi précédent, sur la place St François.


Mardi 19 juillet 2005, 21h55 :

Bon, faut que je continue mon histoire, ça serait dommage de s’arrêter là.
Je me suis assise là, vers 18h, et j’ai passé le temps en écrivant dans un petit cahier. Oui, j’écris beaucoup.
Je regardais la foule lointaine des dansants de temps en temps, les gens qui passaient, les chiens, dont un vieux petit chouchou sale et obèse qui essayait très vaillamment de rattraper sa maîtresse loin devant, en suffoquant à moitié, en traînant son gros ventre sur la pelouse… et je regardais aussi le jongleur qui jonglait, entre autre avec des diabolos, et qui marchait un peu sur les mains de temps en temps, histoire de varier.
A un moment, il a remarqué que je le regardait, il s’est arrêté et il m’a fait un petit salut très théâtral genre révérence, rien que pour moi. J’étais gâtée, c’était sympa. Je lui ai rendu son petit salut, un peu moins théâtralement, évidemment.
On s’amuse bien, finalement, le dimanche, dans les jardins de l’Europe.
Au bout d’un moment, le jongleur finit son entraînement et il part.
Sans me dire au revoir !
On était bien à 20 mètres de distance mais comme il m’avait dit bonjour, je m’attendais à ce qu’il me dise au revoir. Et bah non.
Je l’ai bien surveillé, guetté… Même pas un coup d’œil, rien. Et puisqu’il ne me regardait pas, je ne pouvais donc pas lui dire au revoir moi-même, on est bien d’accord ? Et j’allais pas brailler, quant même…

Alors… Comme j’expérimente beaucoup ces temps, je me suis dit : « expérimentons ! ». J’ai plié bagage, et je l’ai suivi. Ouai, carrément !
Je l’ai rattrapé au passage piéton et, en chemin vers la place St François, je me suis lancée à le saluer, cette fois en verbalisant. J’ai même engagé la conversation, histoire de savoir quand il reviendrait faire son numéro dans le coin, ce genre de chose toute bête…

C’est bizarre, on avait eu beau s’être déjà dit bonjour, j’ai eu la sensation que j’étais en train de faire quelque chose de complètement incongru, limite déplacé, la sensation de tomber comme un cheveu sur la soupe, comme on dit.
C’est sûr, j’étais pas trop à l’aise : j’ai pas l’habitude, moi, d’aborder les gens comme ça. Je suis en plein dans une phase expérimentale alors forcément, je ne sais pas trop ce que je fais.

Je suppose que la chose normale à faire, ça aurait été de rester dans mon coin, sans rien demander d’autre.
Ce type, il m’avait saluée pendant qu’il était dans son trip d’artiste et une fois le spectacle fini et les accessoires rangés… Plus pareil, on baisse le rideaux et chacun part de son côté.

Et puis bon… Je savais pas trop comment m’y prendre, j’ai hésité un moment, sur le trottoir, l’air de rien… J’aurais peut-être dû commencer tout simplement par un très sympathique et chaleureux : « Et dit donc ! C’est des manières de partir sans dire au revoir ? ».

J’en ai pas trop l’air comme ça mais il m’arrive d’être un peu « brut de décoffrage ».


Index