Rêve


Vendredi 1er juillet 2005, 16h :

Drôle de rêve cet après-midi.
Oui, je suis encore assez loin d’être une vieille mémé et pourtant, il m’arrive de faire une petite sieste l’après-midi. Ca me calme les nerfs. Je passe mes journées sur le qui-vive, à l’affût de tout et n’importe quoi… Alors un petit break, ça recentre.
Là, je me suis réveillée de ma sieste après avoir fait un drôle de rêve.
Bien sûr, là encore, je vous le demande : qui vous dit qu’il s’agit bien d’un rêve, en dehors de moi ? Si ça se trouve, je vais tout inventer.

Et d’ailleurs, cela me permet de vous faire remarquer une petite chose : les rêves laissent dans notre mémoire une trace guère différente de celle laissée par tous les petits événements de notre quotidien. Vous avez pris votre petit-déjeuner hier matin, ou pas : qu’est-ce qui vous permet, à l’heure qu’il est, d’en être tout à fait sûr ?
Ou étiez-vous hier ? Qu’y avez-vous fait ? Quelle preuves matérielles vous en reste-t-il ? Les témoignages d’autres personnes, peut-être ?
Si vous êtes allé faire une promenade en forêt, que vous n’y avez rencontré âme qui vive, que vous n’en avez ramenée aucune fleur, aucune trace de boue sur vos chaussures…
Sans parler des traces qui vous en restera dans une semaine, dans un an.
Vous vous en souviendrez peut-être toujours très bien mais… Qui sait ? Peut-être l’avez-vous rêvée cette promenade ? Quelle différence entre le souvenir d’une promenade et le souvenir d’un rêve d’une promenade ?
Hein ?!!

Enfin voilà.
Je tiens un journal de mes rêves depuis des années. Je n’y note pas scrupuleusement tous ceux que je fais mais j’en ai déjà noirci plusieurs cahiers… C’est passionnant.
Là, j’ai rêvé que je réalisais, que je voyais très clairement, à quel point la société française était la plus surveillée du monde, la plus « serrée de près » par les autorités. Le souvenir est un peu flou. Je ne sais plus trop quelle forme prenait cette réalisation ni ce que je voyais exactement. Je crois que l’ensemble de la société se présentait à moi comme un grand schéma vu de loin, avec du recul. En même temps, la situation à l’échelle individuelle m’apparaissait aussi clairement.
Les gens étaient comme « serrés », compressés, isolés les uns des autres, tenus dans des carcans idéologiques, mentaux, très étroits. Pour qu’ils ne bougent pas, se tiennent tranquilles, ne voient pas trop loin, ne réalisent pas…
Mais ce phénomène s’apparentait clairement à celui du ressort. Il fallait les tenir eux tout particulièrement parce qu’ils étaient les plus remuants de tous et les plus susceptibles de… Mais à force de les tenir comme ça, c’était bel et bien eux qui allaient probablement finir par « péter » (dans le sens d’exploser, bien sûr ! Voyons !) le plus fort. Le ressort qu’on comprime.
Je ne serais pas en mesure de dire « qui » les tenait comme ça. Ce pourrait fort bien n’être personne en particulier. Juste un rouage impersonnel créé au fil des siècles par la société.
Ensuite, je crois bien que je parlais à la télévision. Oui, rien que ça. Je m’adressais aux téléspectateurs, en regardant la caméra bien en face. Ou bien je me voyais moi-même parler à la télévision. Ou les deux à la fois ?
C’est parfois troublant un rêve.
Je parlais avec gravité et sérieux, et je disais que le moment du choix était venu, que c’était important… Et au moment ou je disais « c’est important », je réalisais que oui, c’était important mais que quoi qu’il en soit, il n’adviendrait que ce qui devait advenir, que je n’avais donc pas à m’en faire, comme toujours.
Ca semblait être au moment d’une élection, un moment très grave pour toute la société, quelque chose comme ça… Dans le futur, à plusieurs années de maintenant.

Je ne suis effectivement pas en mesure de faire actuellement une quelconque déclaration télévisée de ce genre.


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