Textes


Photographe multi-options, mesdames et messieurs!
En plus de prendre des photos pas trop dégueu,
Elle vous fait votre thème astral en prime,
Et elle écrit en anglais et des trucs en riment !


Manu

Manu, un p’tit bout de mec qu’avait pas son pareil,
Manu, il avait mis que’que chose dans la bouteille :
Elle avait plus le même goût qu’avant,
Qu’avant qu’il est trempé ses lèvres dedans.
Alors, pour vérifier, il en a repris une bonne rasade :
Mais non ! Il y avait rien fait ! Des salades !
Manu, il se baladait rue Royale,
Un soir de régale, derrière les Tribal.
Une bouteille de blanc par le goulot il trimballait,
Une bouteille pour lui et ses potes qui l’assistaient.
Il m’a fait un joli sourire alors je l’ai pas laissé,
Derrière les Tribal on est parti, je voulais pas le lâcher.
Sur des tambours et des grosses caisses, des farfadets tapaient,
Tout près de moi, à moins d’un pas, Manu, i’ picolait,
Le lendemain, Manu, je l’ai pas revu,
J’ai tourné, j’ai viré, écumé toutes les rues,
J’ai marché sur des confettis tout ronds,
Croisé un joueur de cithare tout blond,
Au rythme des tam-tams,
A la lumière des flammes,
Des gens très gais dansaient dans le noir,
Moi, je passais, croisais d’autres regards,
Des gens bizarres, d’autres couche-tards,
Des lutins, j’en ai revu :
Y en a un qui m’a pris mon crayon !
J’arrivais pas à y croire !
Mais là non plus, pas de Manu !
Tout près, une p’tite fille s’est posée,
Hier, ça m’aurait bien plu…
Boucles blondes et grands yeux bleus,
P’tit bout précieux…
Comme Manu, elle s’en est allée
Comme Manu, qui s’en est allé.
Passent des sourires, des regards radieux
Qui dans la tête, restent, tout lumineux.
23, 24, 26 juillet 2005


Lutinerie

Moi, j’suis tout p’tit, on m’marche dessus sans soucis,
On m’oublie, j’en disparais sans arrêt. Si, si ! j’vous dis !
Quand j’parle, on dresse l’oreille mais c’est toujours pareil :
On se gratte le crâne, on se tâte le pouls, on m’prend pour un poux,
Une voix de cinglé égaré, une anomalie génétique, un p’tit tique,
Toqué on croit que je suis, toqué on se dit qu’on deviendrait
Si jamais on m’écoutait, on me crie : « Tu t’tais !
Et puis qui que t’es ? pour déblatérer sur ma vie ? »
Mais moi, j’me tais pas. Moi, j’sais très bien qui j’suis, merci.
Ici, les pieds nus sous les grands arbres qui chantonnent,
Ici, les pieds nus dans leurs anciennes parures d’automne,
Je farandole.
Mardi 26 juillet 2005.


Désert

Rochers cassants, rouges saillants, herbes folles roulent et jaunes, désert.
Dans ciel bleu passent longs filament blancs, désert.
Des mouettes haut s’agitent, lac lazuli glapit déchiqueté en-dessous, désert.
Vent tourbillonne, bourrasques, sable s’envole, désert.
Rideaux de poussière, tonnent taules des toits, exaspère, désert.
Chaud, perce, trans… perce le cœur… des pierres, désert.
Pieds secs, eau verte serpente et creuse terres inertes, désert.
Place nette, wind chimes chantent et gling… gling… désert.
Possible quitter la terre, Esprit, voler, poussière, désert.
5 août 2005.


Pas aveugle

Il a la peau, il y a les yeux
Je vois bien à ton regard
Que tu voudrais m’entraîner dans les tiens.
Il y a les mains, il y a la bouche,
J’entends bien à tes mots,
Que tu voudrais m’approcher des tiennes.
Il y a des poses qui ne trompent pas,
Il y a des signes qui ne trompent pas.
Mais tu marches à côté de tes pompes
Et de ton attitré bien accroché.
Tu ne le regardes déjà plus
Mais tu le gardes toujours là.
Il y a des danses que tu danses pour moi,
Il y a des secrets que tu me dis tout bas.
Je vois que tu t’approches, tu m’appelles
Ou tu m’ignores pour que je vienne.
Quand je rejoins les miens, tu restes avec ce lien.
Tu me crois seul, c’est que je croise dans les nues.
Volerais-je trop haut pour toi, dans ce gaz si fluide ?
Te décrocheras-tu pour me suivre enfin ?
Irais-tu jusque là ? Te jeter seule dans le vide ?
Et marcher droit devant, ton cœur nu entre tes mains ?


Au travers

Graisseux, de vieux doigts glissent sur cette vitre
Dessinent la couleur de leur gloutonnerie
Ils ont arraché des cœurs, gobé des yeux clairs
Ils ont avalés des vies entières, des pays, des rivières
Ils ont creusé jusqu’au cœur de la terre
Ils ont salivé à voir s’écouler ses fluides
Ils ont souris de leurs dents jaunies à l’aride
Ils ont vidés, ils ont tout pris, agglutiné du pourri
Ils nous le font gober à litres pleins
Ils nous l’enfourne bien, le pousse bien loin
Ils ont oublié le goût du pain, le murmure de la source
Ils pensent en nombres, en zéro et un, en zéro et un…
Ils pensent pour un, toujours rien, que pour un
Seuls ils agrippent, ils se grippent
A travers, la lumière passe, les transperce, ils glissent
Bientôt, il n’en restera… rien.
16 août 2005.


Spirale

Tu cercles, tu tournes en rond.
Tu ne penses plus qu’au passé, tu ne parles plus qu’au futur.
Tu ne t’adresses plus qu’aux foules, tu coures comme les poules.
Nous rêvions d’un monde plus pur, nous rêvions d’enfants, d’azur.
Ils t’ont eu à l’usure, tu t’es fait à l’usure.
Le monde passe à toute allure, tu voudrais tout attraper :
Tu sens que tu as tant à rattraper. Va ! Laisses tout tomber !
La poussière gagne déjà, le crépuscule est là.
Tu paniques en voyant la fin.
Nous rêvions d’un monde plus pur, nous rêvions…
Ouvrir les yeux et voir le jour, c’est si dur !
Tu t’es mis dans le pétrin mais maintenant prend ma main.
Je t’emmène plus haut, où l’air est plus pur.
Laisses donc tes bagages, ils ne valent plus rien,
Laisse-moi t’entraîner, toujours plus loin.
Tout va plus vite, je t’emmène au loin,
Là où tu n’as jamais été : ici, maintenant.
En spirale nous tournerons, en spirale nous voyagerons,
En spirale nous tournoyons, en spirale nous avançons,
En spirale… ensemble.
16-17 août 1005.


Stars

Stars only shine at night.
Some only shine in the dark.
Bright spots in a crowd.
Bold, headless, discouraged and harmed,
We sometimes withdraw and cool down.
May we don’t go and hide too long,
For some light is much wanted.
May we all come out again
As the sun sets and leaves nothing
But blood red skies and a wind
Blowing from the mountain high.
We don’t care, it’s all fair.
May we all come out again,
One by one, let us rain.
Peering out, timid at first, to glow
Always brighter as night sinks in.
As night sinks in, all around,
Thick with veils and silence.
More obscurity will brew
Out of the depths of that human mind
Of which we’ve seen too much, so much
But them surely not enough, so little.
They see the sun diving for the West.
They see some of those boldest stars
Glimmering, as faint, as so distant.
They don’t expect us to fall on them,
Soon, outnumbering as reaching out,
Pouring on them like heavy rains.
Them so thirsty, us so bright,
Us all so desperate for some light.
Let’s come out at night.
Let’s come out tonight.
26 août 2005.


Baisse ta voix

Baisse ta voix, ramène-toi par là.
Retrouve tes tripes, elles sont pas si loin,
Même pas perdues de vues, bien trop audibles
A ton oreille si fine, tu vois d’ailleurs très bien.
T’es juste pas trop chaud de reprendre le chemin,
Parce que, bof, c’est crétin, ça rime à rien.
Mais, ouai, y a pas de doutes, tu vois loin.
Et y a pas de route mais ça va loin.
Des bras, des jambes, il en faudra plein
Et t’as jamais été le dernier à te remuer,
A t’en mettre plein les mains.
Tu sers les freins mais ça sert à rien (à pas grand chose)
Contre ce phénomène qui t’entraîne. Respire !
Tu t’attends au mur (au choc), tu t’attends au pire.
Tu fais le léger, le pas concerné
Mais t’es touché et quand tu regarderas bien,
Tu verras : t’es au pied du mur (ce foutu mur).
Y a pas de futur. Regarde bien !
T’as tout entre tes mains. C’est là, pas loin.
C’est là, près à partir, très loin.
Et des comme toi, t’en trouveras d’autres,
T’en trouveras plein. D’autres qui en veulent,
D’autres qui emportent, d’autres qui voient loin.
Tu seras pas tout seul à trouver ça très beau.
Baisse ta voix et fais pas le sourd (fais pas le crétin)
Y en a d’autres comme toi, qui voient loin.
26 août 2005.


Deux voix

Le long de l'eau, il y a des mots... Et des canards,
Qui flottent et qui barbotent… Pénards.
C'est tranquille et ça file… Ca se défile.
Ca va vite et ça passe… Ca te dépasse.
J'y peux rien, c'est déjà loin… Et c'est très bien.
(répéter à volonté)
15 septembre 2005.


I love you

(c'est pas juste ma mémoire qui me ressert un vieux truc, ça, là?)

I love you, I know I do
I love you, I'm sure I do
No matter what you say to me
No matter what you do to me
I love you , you know I do
I love you, you see I do
No matter what you say to me
No matter what you do to me
"I love you", you'll say to me
"I love you", you'll shout to me

No matter what you shout at me now
It's all good honey, say it !
Spit it out, shout it out !...
I want you !
8 octobre 2005.


Struck
So you love me but I'm so ugly.
How could you want me when I sweat and get so sticky?
I think I carry most of my dusty old memories still with me
And I even crave food that makes me go dizzy.
I'm so much not suited for you,
I'm so much not suited for loving you.
I can't even pass by a pretty girl without looking at her
And I can't help laughing when your English gets bad
And you mix a word with another.
I'm such a wonder you say
You call me captivating though I turned away.
I don't want you astray, I'd rather keep you at bay
For I'm so much not suited for you,
I'm so much not suited for loving you.
You need a guy nice and tidy, with socks clean and a life still,
You need a guy who wouldn't end up calling you mummy,
You need a guy who wouldn't end up messing the deal.
But you stay there, like you don't care
About my dirty socks, about the mess
You stay there and you stare
Back at me when I sing my stupid songs,
There with a smile that makes me crack
All the way.
October 31st, 2005.


Mémoire
La mémoire à notre époque est une denrée rare.
Guide ma main, je te prie,
Je te prie. Jadis, c'était il y a si longtemps,
Cet été, trois mois déjà, tu étais là-bas,
Tu brillais, tu courrais pieds nus mais
Tes yeux rougissaient, rougissaient.
Le sang, déjà.
Ton regard se faisait vague
Et vitreux, déjà tu ne voyais plus très bien,
Tu ne voyais plus très loin.
Et tu perdis
Le fil.
Et aujourd'hui, ton corps pourrit.
Et aujourd'hui, ton âme se diffuse.
Et peut-être une étincelle de toi
Se tient auprès de tous ceux
Qui se souviennent, qui se souviennent
De toi.
Un lion est parti, au loin il rugit encore,
En écho, dans nos mémoires.
Diffuse, diffuse, diffuse, diffuse, diffuse,
Diffuse, diffuse... Diffuse le souvenir, diffuse la peine,
Diffuse la mort, diffuse la vie et brille encore, parmi nous.
Nous nous souvenons encore, nous nous souvenons encore,
Tu n'es pas mort.
7 décembre 2005


Liquide

La pluie sur ton manteau
La pluie, comme tous les soirs
Sans toi, j'attends ton retour
Mais je sais que tu ne reviendras pas
J'attends, un tableau accroché au mur
Des ombres passent, autour, la vie
Je cherche un espace, te poser
Quelque part, t'oublier
Mais tu me suis, la nuit revient
Toujours, la pluie revient
Et tu me suis, toujours la pluie revient
Les gouttes essuyées continuent de couler
Les gouttes oubliées continuent de rouler
Tu te souviens... Non, une ombre,
Sans mémoire, passe et oublie
Pourtant tu demeure, chaque jour
A tes côtés je reste, toi, l'absent
Tu m'avais dit "tout... très vite",
Tu as tout pris, en un instant
Et je te garde pour ne pas sombrer,
Ne pas sombrer dans l'oubli
23h50, 14 novembre 2006



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