Vovray dépasse les Bornes - 2


Lundi 5 septembre 2005, 10h :

J’ai souvent eu la sensation, ces derniers temps, d’être en train de devenir complètement hyperactive, avec une gare de triage ou tout un aéroport dans la tête et, pour rien arranger, une mentalité de gosse de 13 ans en prime. Ca n’arrête presque jamais, des idées qui passent toutes les 2 minutes… J’essaye des doses massives de passiflore pour dormir un peu et… bah là, ça marche pas beaucoup.
C’est le journal de Kurt Cobain qui me contamine ?

Ce week-end, il y a eu le festival Vovray Dépasse Les Bornes (à noter, l'excellente présentation de chaque groupe sur leur page programme… Mais alors à quoi ça sert, ce que je fais là ?!... Dès fois, je me le demande aussi...), à Vovray en Bornes, à une demie-heure de route au nord d’Annecy.
Ouai, y a déjà Vovray – 1 à côté. Là, je précise 2-3 trucs.
Vovray, c’est un peu perché dans la montagne, sur le flanc Est du mont Salève, on a une jolie vue imprenable sur les montagnes des environs le jour et les étoiles la nuit.
Ce festival, en plus d’être une bonne occasion de venir voir et écouter jouer de bons groupes, c’était pour la bonne cause. Quelque chose comme 98% des recettes partira au Bénin pour aider à financer un programme de lutte contre la malnutrition.
Venir à un festival, c’est beaucoup plus cool que de donner juste un chèque, y a pas de doutes. C’est sûr que c’est du boulot pour organiser tout ça, faut des volontaires pour mettre la main à la pâte gratos, mais c’est ce qu’il y a de cool : on s’entraide, on fait des trucs tous ensemble, on se fait offrir des verres pour la peine… Solidarité !

Ce samedi 3 septembre, à Vovray, il s’est passé un truc un peu en marge du festival, et si vous étiez là juste le soir pour les concerts et bah ce truc un peu spécial sous le petit préau de la petite école de Voray, vous l’avez loupé et je vous le dis : vous pouvez vous en mordre les doigts. Vous avez loupé un truc comme on en voit nulle part ailleurs, vous avez loupé un concert très spécial et très gratuit de Capush et Mabel Gueule. Il m’a bien semblé qu’il y avait d’autres guests incognito mais je connais pas encore leur nom, donc, désolée.
Bon, c’était juste des petites prestations solo, rien qu’une par artiste mais ça donnait l’occasion de bien se rendre compte des talents de chacun et moi, comme je m’y attendais pas du tout, j’en croyais pas mes yeux, et avec ma mentalité de gosse de 13 ans, c’est sûr, je suis bon public.
Il y avait le délirant clown Toc-Toc pour faire le présentateur, assisté au début de son technicien Jean-Louis, et Jean-Louis, y a pas trop de mots pour le décrire. Faut le voir pour le croire.
Il y a bien sûr aussi eu des prestations de jeunes amateurs, puisque tout ça était spécialement organisé pour eux, des petits jeunes très amateurs mais vachement talentueux dont je garderai un souvenir très vif, par exemple Mlle Manon (qui rien qu’avec son tempérament assure du feu de dieu) et ses Friends Stoned (c’est bien ça ? Pas pris de notes…), de Mr Yann et de son accordéon (que je verrai bien en artiste de rue faire la sono live d’un autre artiste du genre de Mr Diabolux), et de… J’ai zappé son nom mais «Marie Odile, tu manque de sex appeal», il l’a vachement bien chantée.
Ce moment époustouflant avait été concocté par Euroloop-assistance, alias Mr Paul Courlet, aussi contre-bassiste ou Jean-Louis à ses heures.
Il dit que la prochaine fois, ce sera pour l’année prochaine mais moi je lui ai dis (enfin, écrit) : ça va pas du tout, faut remettre ça au moins une fois par mois, parce que les jeunes talents très amateurs ont besoin de toute l’assistance possible pour se développer, et une assistance d’une telle qualité, ce serait cruel de pas la leur fournir plus souvent.

Après un petit pic-nique tranquille passé à faire le tri parmi mes photos glauques du Caniculaire (histoire de sélectionner les moins glauques pour aller ensuite en faire la distribution aux sujets shooter présents ce soir-là) et à regarder la jolie vue sur les montagnes au couché du soleil…

Ca a commencé par les Johnny Cash Is Dead.
Bien contente de les revoir après les avoir découvert au Caniculaire.
Heureusement que les rockers qui font du garage sont pas des chochottes parce que sinon, on aurait pas eu de concert : Mr Angelo, chanteur/guitariste s’était niqué un genou en faisant du skate ou du rafting, il était plus trop sûr, et à un moment, un peu fiévreux, il a carrément demandé à ce qu’on arrête ces putains de fumigènes, juste histoire qu’il tombe pas dans les pommes.
C’est sûr, ça aurait été dommage. Franchement.
Finalement, il a très bien tenu le coup jusqu’au bout. C’est cool !
Sauf qu’un chien, attaché près de la scène par ses maîtres qui voulaient danser un peu, a aboyé pendant presque tout leur numéro… Je sais pas s’ils l’ont entendu depuis la scène, mais moi, les chiens…
Après, j’ai pu aller faire ma livraison de photos glauques… Pour du garage, finalement, c’est plutôt adapté, non ?… Alors pour la peine, j’ai eu droit à un 5 titres gratuit. C’est cool !

Bon, je vais arrêter de faire chier tout le monde avec mes histoires qu’intéressent personne…

Les Inner Suffering font du hardcore, bien dans les règles, avec un chanteur très doué pour crier tout le temps (et un nouveau guitariste avec eux depuis un mois et demi seulement mais qui, selon les dires même du chanteur, assure déjà vachement).
Moi, du coup, je dois dire, je me suis un peu mise de côté pour les regarder. C’est que je prends soin de mes petites oreilles…
J’ai apprécié une chose en particulier pendant ce numéro : les deux petits moments où le chanteur à vraiment chanté, tout bas, presque un murmure. J’aime bien les contrastes.
C’est comme les Slip Knot : j’aime bien aussi, mais surtout quand le chanteur chante vraiment parce qu’on dirait pas le reste du temps mais il a plutôt une jolie voix.
Et c’est pour ça que finalement, dans le registre des chanteurs qui crient vachement bien, mon préféré, c’est Maynard Keenan, de Tool et A Perfect Circle, parce qu’il crie beaucoup, il chante très fort mais très souvent aussi, il baisse le niveau, passe tout en douceur et en finesse… et les petites oreilles sensibles dans le genre des miennes apprécient vachement.

Bref, je vais arrêter de faire chier tout le monde avec mes opinions qu’intéressent personne…

Les Bertrude Bartock, qui font du ska instrumental, bah eux, comme annoncé, ils chantent carrément pas du tout et pour moi qui avaient un petit coup de barre, vers minuit quand on a peut-être dormi 3h la nuit précédente, c’est sûr... Pour moi, donc, un coup de barre + personne qui chante, oui, ça a été un peu dur.
Il y avait bien un des musiciens qui prenait le micro de temps en temps entre deux morceaux pour raconter 2-3 trucs… Il voudrait pas faire chanteur, lui ? Ou les Bertrudes Bartock aiment pas les chanteurs ? Ou ils trouvent qu’ils ont de trop vilaines voix ? Mais on s’en fout !
Quand un musicien sait écrire de la musique, il sait pas aussi écrire des textes ? La musique des notes, la musique des mots… Non ? Et puis avec leur style, je suis sûre qu’ils auraient des tas de trucs marrants à raconter, ou ils connaissent des gens dans leur style qui pourraient leur pondre des trucs marrants, non ?
Mais faut pas croire, hein ! Les Bertrude Bartock assurent excellemment dans leur style sans texte et y a des tas de gens qui s’agitaient comme des fous devant la scène, à danser dans tous les sens. C’est juste moi, faut pas faire attention… Si les Lutins Greluts l’ouvraient jamais autrement que pour souffler dans leurs instruments, je serais sûrement pas aussi fan non plus…

Enfin, mes histoires…

Et en dernier, les Lima*Djari.
Moi qui envisageait vaguement de partir tellement je fatiguais… Je suis presque allé faire un tour dans le village pour me réveiller un peu mais à l’entrée, je me suis un peu fait happer par des ouvreuses en folie… Enfin, je veux dire, les deux hurluberlus de numéro d’Euroloop-assistance, artistes bénévoles qui filtraient l’entrée. Du coup, ça m’a suffit pour me réveiller comme il faut… Et finalement, j’ai vraiment bien fait de rester.
En dernier, donc, il y avait de l’électro-rock-trip hop, comme le précise le site des Lima*Djari.
Moi qui adore Lamb, je me disais bien aussi que du trip hop, ça avait des chances de pouvoir me réveiller un peu…
Et bah ouai !
Parce qu’en plus, c’est pas juste du trip hop – avec une voix qui me rappelle bien celle de la chanteuse de Lamb, de Morcheeba, ou de celle de cette chanteuse dont le nom m’échappe, une fille très grande, très mince, avec un mètre de cheveux enturbanné sur la tête, pas que du trip hop, donc : ça rock aussi vachement !
«Le meilleur bassiste de sa rue !», a annoncé la chanteuse. De sa rue, peut-être même de son quartier… Enfin, je sais pas, je suis pas une spécialiste et ça dépend où il habite aussi… On sait jamais… Une section basse-batterie qui met donc bien la pêche, de l’électro pour le côté planant et une chanteuse aux airs de Bjork dans sa robe créateur à fleurs.
Je sais pas trop ce qu’ils ont fait les Lima*Djari, c’est peut-être juste que les fumigènes avaient été arrêté… Une petite brise c’était peut-être levée et avait emporté toutes les fumées de cigarettes en tout genre… Je sais vraiment pas… Je suis restée là juste devant la scène tout du long et j’avais la sensation que l’air était plus clair, que tout était recentré, même avec les excités qui s’agitaient sur ma droite.
Leur musique et peut-être aussi la robe a fleurs très nature, le soin dans l’esthétique visuelle avec un joli travail sur la lumière avec projection de vidéos… Parce que le visuel, sur scène, ça compte vachement… Tout ça, ça sentait le frais et l’air pur, revigorant.

C’est bizarre, l’effet que peut faire la musique, hein ?


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