La Guieiza 'd la tana (église de la tanière)

Ancienne caverne naturelle qui s’est formée par la juxtaposition d’énormes rochers, éffondrés tout le long de l’arête. Le phénomène naturel est imposant et trés suggestif.

La tradition populaire la rappelle comme un lieu d’abri et de culte: d’ici le nom guieiza, qui signifie église. Dans la photo à droite, l’entrée de la Guieiza.



L’entrée della Guieiza
dessin en encre de Chine de Paolo Paschetto

Extrait de ALLE PORTE D'ITALIA du fameux écrivain italien Edmondo De Amicis

Les thermopyles vaudoises: La Guieisa d'la tana

«... est une caverne servant aux Vudois d'église et de refuge aux temps des persécutions. Si on ne sait pas exactement où elle est, il est impossible de la trouver...

L'entrée est large, mais n'a que quelques palmes de haut; elle ressemble en tous points à une énorme bouche en roche qui grince des dents. On ne peut y pénétrer qu'en appuyant le menton contre les genoux ou en s'allongeant par terre sur le flanc et en rampant comme un blessé qui cherche du secours...

La caverne est étroite et longue; elle a la forme d'une grande crevasse, peut contenir environ deux cents personnes et est éclairée faiblement par trois petites ouvertures dan le haut, lesquelles forment trois créneaux horizontaux. Le sol est encombré de masses énormes de rocher. Ce filet de lumière qui descend du haut donne au site l'aspect sinistre d'un de ces cachots souterrains des châteaux du moyen âge, où les prisonniers recevaient leur nourriture par une fente de la voûte...

La lumière est jaunâtre, triste, plus lugubre que les ténèbres; elle imprime sur les visages une pâleur semblable à celle que produit l'effroi...

Certes, ce devait être une émotion profonde que celle que faisait naître le pasteur à la longue barbe blanche, qui de cette chaire de rocher, à la lueur d'une torche, prêchait à voix basse à la foule entassée dans cette espèce de crypte sauvage, d'où chacun pouvait craindre de n'en jamais ressortir! Pendant que le pasteur prêchait, ou que les fidèles chantaient des psaumes aà demi-voix, de jeunes Vaudois étaient postés en sentinelles sur les hauteurs voisines. Quand ils apercevaient les avant-gardes de l'ennemi, ils donnaient un signal; alors dans la grotte il se faisait un silence de mort; on se serrait les uns contre les autres en tremblant et en priant, jusqu'à ce que les ennemis eussent passé outre. Quelquefois les espions ou les chiens dresés à la chasse à l'homme mettaient les soldats sur la bonne piste; alors les sentinelles accouraient le visage bouleversé et donnaient l'alarme en tremblant. Les mères serraient leurs enfants contre leur coeur, les pères donnaient leur bénédiction à leur familles, les amis échangeaient un dernier adieu; puis, immobiles, muets, retenant leur souffle, ils tendaient les oreilles en recommandant leur âme à Dieu... Ah! voici le son des hallebardes frappant les rochers à l'ouverture! On entend les voix tonnantes qui, par les détours de la grotte, donnent l'ordre de sortir! On reconnaît le bruit des branches et des feuilles sèches amoncelées devant l'entrée et on voit les premiers nuages de fumée pénétrant dans la caverne avec accompagnement de blasphèmes et de sarcasmes!...»





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