A quoi sert la morale ?


La seule morale qui existe à mes yeux est celle qui se bat pour la survie et la prospérité de la vie. Toutes autres morales, car c’est là une notion subjective, de bien et de mal, de conformité religieuse ou rituelle, ou de vertus quelconques, par exemple, ne peuvent plus subsister à notre époque.
Imaginons comment fut créée la morale biblique (non politique). Prônez la charité, l’amour, la vertu, etc. avaient peut-être à l’époque une certaine utilité. Dans une société limitée à quelques dizaines ou centaines de personnes, comme dans les petites tribus mi-nomades mi-sédentaires qui erraient entre l’Egypte et le croissant fertile, comme les petits villages de Judée ou de Jordanie, éloignés de tout et vivant dans une quasi-autarcie, on pouvait imaginer une entraide mutuelle, un sens du partage et de la protection réciproque entre les individus qui la composaient. Ceci était d’autant plus indispensable que ces personnes étaient destinées à vivre ensemble pendant toute leur vie, bien souvent. Souvenez-vous des petites peuplades menées par Abraham ou par Moïse ; leur nombre n’était-il pas restreint assez que pour qu’une solidarité et des liens profonds eussent dû exister entre eux ? C’est cela que prônaient les prophètes et certains autres personnages de l’Ancien Testament. Si les hommes n’agissaient pas de la sorte, on les menaçait de représailles divines en en invoquant la morale. Les conceptions de bien et d’amour que l’on y retrouve sont toutes basées sur une volonté de maintenir la vie et de la faire prospérer autant que possible. C’était peut-être, en quelque sorte, l’ancêtre du communisme. Malheureusement, comme nous le savons, l’ego l’emporte bien souvent sur les « bons » sentiments.  On travaille avant tout pour soi et pas pour les autres ; autrement, tout effort devient vain. Pourquoi se forcer à travailler quand on sait qu’il faudra de toute façon partager le fruit de son travail avec les autres ? C’est, à de rares exceptions près, toujours comme ça que l’homme a raisonné. La loi du moindre effort ; voilà la vérité commune à tous les êtres vivants (en plus de l’instinct de survie. Je dis à tous les êtres vivants bien que cela soit plus évident, à première vue, chez les animaux. Pourtant si l’on observe le comportement de la cellule, on remarque déjà que l’économie d’énergie est un principe fondamental dans sa relation avec le milieu. Il en va ainsi pour tout les êtres vivants ; c’est ce qui fait qu’ils survivent.) Ce fut une belle utopie que de vouloir changer cet instinct primordiale chez l’homme. C’est en tous cas ainsi que la morale (religieuse, ici) fut créée. En ce sens, le Christianisme est arrivé à une époque beaucoup trop tardive, dans une société bien trop développée et peuplée que pour que de telles idées aient eux ne fusse que des chances de fonctionner. Pour qu’une doctrine de la sorte marche, il faudrait que toute la société s’y conforme. Si c’est déjà difficilement réalisable dans un petit groupe, c’est pour ainsi dire impossible dans une large société – d’autant plus que tout le monde doit être d’accord à la base sur le principe et que chacun pense d’autant plus différemment que les expériences individuelles sont disparates. De plus, prétendre que c’est là la volonté de Dieu et que tout le monde DOIT s’y conformer n’est sûrement pas le meilleur de faire accepter ce genre de doctrine – ou quoi que ce soit.

En outre, il y a une multitude de morales, qui se contredisent l’une l’autre. Si l’on devait annuler toutes les règles morales qui n’étaient pas universellement admise, il n’y en aurait plus. Les règles morales qui nous semblent peut-être les plus naturelles ou les plus indispensable tels que l’interdiction du meurtre ou de l’inceste ne sont pas universelle chez l’homme. Ainsi, dans la pègre ou la mafia, il y a bien un code morale bien particulier et propre à eux-mêmes qui fait qu’une personne peut être un assassin et quelqu’un de bien, d’honorable, parce qu’il est fidèle et dévoué à son organisation et qu’il ne dénoncera jamais un des siens, même sous la torture, alors qu’un simple petit truand de la même société peut être considéré comme le pire des salauds du fait même de sa lâcheté. Dans certains milieux sociaux, il est bien vu également de transgresser l’ordre social. Par exemple, dans certains clans, les gens sont appréciés pour leurs qualités de meneurs et de dirigeant envers et contre toute autorité extérieure à ce clan. Ainsi lorsque quelqu’un se verra réprimandé par l’autorité publique, voire même emprisonné, il sera considéré comme une sorte de héros dans son milieu. C’est cette différence de mentalité qui fait que notre système de sanction ne fonctionne pas nécessairement bien et plutôt que de décourager, peut même encourager les gens de tels milieux à s’opposer à l’ordre établi.
De manière plus générale, le meurtre est autorisé moralement dans certaines sociétés « primitives » pour les sacrifices humains, considérés comme une obligation religieuse (e.g . les Aztèques). En cas de guerre, la loi non seulement autorise, mais oblige même le meurtre et en fait quelque chose d’indispensable. Jadis, le Christianisme prônait le meurtre de masse (disons génocide) des infidèles (lors des croisades) et des hérétiques (cfr. Guerres de religions, Inquisition), le massacres des incroyants, des sorciers/sorcières, des libres penseurs, etc. comme étant absolument nécessaire pour le bien de la société et la « paix de Dieu ». Aujourd’hui, la peine de mort existe toujours et fait du meurtre un moyen légal pour « purifier » la société des êtres indésirables. On ne peut donc pas dire que des gens qui pensent comme cela (qui furent en grande majorité dans les siècles passés) n’accepte pas le meurtre comme quelque chose de moralement acceptable (et même indispensable). C’est surtout après la Seconde Guerre mondiale que les mentalités sont devenues plus sensibles sur ce point, en Occident (et pas encore vraiment ailleurs, sauf exceptions).
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