Manon Jutras

Une carte postale
des Pays-Bas


photo : Paul Piko

Westerbrork, Pays-Bas, le 11 avril 2004

Cette année, je fête la Pâques à Drenthe, aux Pays-Bas. Pour faire changement, je participe à une course par étapes, la Novillon Ronde Drenthe. Une sorte de mini Hollands Ladies Tour du printemps… sans le printemps.

Les Pays-Bas est une autre nation dominante sur le circuit UCI. On y compte six formations enregistrées auprès de l’UCI (Union Cycliste Internationale). C’est vous dire l’importance qu’occupe le cyclisme féminin dans ce pays, qui compte un peu plus de seize millions d’habitants.

Le groupe sportif Rotterdam Cycling dirige la célèbre équipe FARM FRITES. Dans leur rang, la championne Olympique de Sydney (3 médailles d’or et une médaille d’argent), Leontien Zijlaard-van Moorsel (maintenant détentrice du record de l’heure sur piste) et la vice-championne du monde 2003, Mirjam MELCHERS. Ce groupe sportif carbure à l’excellence depuis un certain temps. Le groupe Rotterdam Cycling compte également une filière de développement. L’équipe recrute les meilleurs espoirs nationaux et leur offre un encadrement d’excellence au sein de la formation TON VAN BEMMELEN (TVB).

Il n’y a pas que le climat australien qui fait des champions.

Je suis arrivée aux Pays-Bas, en Hollande, le 4 avril dernier. Des amis, ceux-là mêmes qui m’ont accueilli à l’automne dernier pendant le Tour, m’ont offert l’hospitalité pour mon séjour aux Pays-Bas. Une trêve de chambre d’hôtel des plus appréciée. Et le plaisir retrouvé des casseroles et chaudrons pour faire ma bonne bouffe maison. Plaisir partagé avec mes amis. J’ai même fait des p’tits extras en échange de services d’entretien « mécanique ». Une recette de biscuits au beurre d’arachide et brisures de chocolat et des brownies au tofu m’ont garanti une mise au point quotidienne. Avec la pluie et le vent qui me suit partout, l’entretien de la mécanique est devenu une corvée quotidienne.

À l’horaire de mon week-end pascal, la Novillon Ronde Drenthe.
Au menu : deux longues étapes de route et une sur un circuit routier, des kilomètres de pavés de briques... Il y a un maillot pour la meilleure sprinteuse de pavés, une montagne, 40m d’élévation sur 400m (ils appellent ça une montagne) avec une inclinaison jusqu’à 23%. Comme c’est la seule montagne, nous la ferons plusieurs fois pour couronner une Reine de la Montagne. Et du vent, du vent et encore du vent. Et possiblement de la pluie. Car il pleut à tous les jours. Surtout le matin. À défaut du chant du coq, j’ai droit à une symphonie pluviale chaque matin.

Pour la première étape, le Vendredi Saint, j’ai eu l’impression de faire mon chemin de croix. Ce fût une longue journée de travail. Un contre-la-montre de 60 km à 3, pour finir 5 minutes en arrière du premier groupe.

Susanne, notre leader d’équipe, a été impliquée dans un accident en début de course. J’ai fait mon travail pour la ramener. Puis un accrochage à la mi-course, au 45ième kilomètre. Elle a dû changer de vélo. Nous l’avons attendu pour la ramener dans le groupe de tête. Nous étions deux dans le premier peloton. Trine Hansen, une Danoise tout juste débarquée de la... Californie... et moi. Nous avons droppé croyant que Susanne n’était pas loin. Un manque de communication entre les cyclistes et le manager. Nous n’avons jamais réussi à faire la jonction. Nous avons pourtant tout donné pendant 60 kilomètres. Résultat : après la première étape, nous sommes toutes hors compétition, à plus de 5 minutes. La perte est plus importante toutefois. En soirée Susanne nous annonce qu’elle ressent une douleur à la jambe gauche. Blessure survenue lors de la première chute. Elle ne prendra donc pas de risque et déclare forfait pour le reste de la course. Nous continuerons le Ronde à 3. Nous devrons réviser nos objectifs. Nous devrons surtout en faire un apprentissage certain. À l’image de l’équipe BAR, l’équipe SATS.

Depuis le début des courses en Europe, je ne compte plus le nombre d’accrochages et d’accidents sérieux. Pas surprenant. Plus de 175 participantes au départ de la Ronde. Rues étroites, des pavés de briques pendant des kilomètres et des kilomètres, des bosses à plus de 20% d’inclinaison, etc. Il y a tout simplement trop de filles qui n’ont pas les habiletés et la forme requise pour tenir le rythme d’un peloton international. Résultat, ça tombe comme des mouches, qu’on dirait par chez-nous. Toutefois y’a pas de mouches, il fait tellement frette !

Mon travail de coéquipière ressemble plus à un travail de remorqueuse, en devoir sur la Métropolitaine ! Je ne chôme pas. Je suis devenue une spécialiste. À chaque course, je veille sur mes coéquipières Rochelle, Anita et Susanne. Depuis le début de notre saison, elles ont toutes été impliquées dans des accrochages. Avec comme résultat des blessures les obligeant d’être à l’écart de la compétition. D’abord Anita lors du Tour des Flandres (Belgique) et puis maintenant Susanne.

Manifestement la route sur l’UCI Points Tour est agrémentée de défis et de fascinantes découvertes personnelles.

En ce week-end de la Passion, je vous laisse sur cette réflexion :

J'ai appris...
Que les opportunités ne se perdent jamais : quelqu'un saisira celles que je manque.

J'ai appris...
Que je peux choisir comment je me sens, et surtout que je peux choisir ce que je vais en faire.

J’ai appris...
Qu'on doit se réjouir que Dieu ne nous donne pas tout ce qu'on lui demande.

J'ai appris...
Que le Seigneur n'a pas tout fait en un seul jour. Comment le pourrais-je ?

J'ai appris...
Que c'est l'amour et non le temps qui guérit tout.

J'ai appris...
Que ce sont les petites choses qui signifient le plus
.

Bon week end,
Manon


Page mise en ligne le 16 avril 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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