Biographie Serge Marier le sculpteur mécanisé de Québec 73-03

Un destin forgé pour Serge

 

L’influence familiale a radicalement orienté son avenir. Le père Majorique engrangeait le garage de bidules mécaniques et de légendes de toutes sortes, dont une en particulier que le jeune réglera à sa manière. La mère Yvonne et son frère Trèflé lui serviront de tremplin pour accéder au monde des arts. Un fait marquant en 1968, le triste décès du cousin Majorique Lord, lui aussi sculpteur. Serge héritera de son boulot lui annonçant une belle jeunesse. Étant semi autonome, les études n’ont plus grande importance. Toutefois, une dernière année en mécanique de précision se révéla un apport indéniable pour son avenir.

1972

L’artiste bifurque pour sonder la vie qui l’entoure. Un exil à Montréal comme manœuvre sur les chantiers de construction sera une autre façon pour lui de travailler le bois. Ce n’était pas agréable cette vie-là racontera-t-il. Mais l’oncle Trèflé avait flairé le talent de son neveu et lui conseilla un autre exil dans les bois de Saint-Jean-Port-Joli, la Mecque de la sculpture.

1973

Serge s’infiltre à l’institut d’art La Vastringue fondé par Pierre, un des garçon de Jean-Julien Bourgault qui avait, avec ses deux frères, assimilé dans son giron plusieurs artisans dont Trèflé. Cela se passait dans les années quarante après les conflits mondiaux désastreux. Ils auront radicalement changé l’histoire de ce village. Pour Serge, c’est un passage à l’art contemporain, folklorique et moderne, c’est sûr, mais il va exceller dans l’art mécanisé dans son originalité distinct. Il est étonné de la liberté des artisans du village. Ils vivent la vrai indépendance, les journées au soleil et le boulot quand ça les intéresse, un point c’est tout. Serge s’active dans cette voie. Et voilà que trente années plus tard il aurait plus de deux milliers d’œuvres à son actif dont plusieurs qu’il ne saurait retracer. Elles n’ont jamais été comptabilisées, ce que regrette amèrement notre artiste. Désormais, il a décidé d’identifier ses œuvres on ne peut plus clairement par l’incorporation d’une plaque métallique où figure un numéro de série ainsi que l’adresse d’un site Internet où l’on découvre le statut du sculpteur mécanisé de Québec. Il nous en laisse quelques photos, une collection retenue associée a de bon souvenir. Certaine nous laissant perplexe sur la vue de son bâtiment comme il l’appelle, renfermant une atmosphère inhabituelle. Un endroit paisible loin de toute civilisation comme la majorité des artistes : voici qui est une erreur, une vision erronée. La façade de ce fief borde de quelques mètres une artère des plus achalandée de Québec : le boulevard Hamel. Perché du haut de la tour on aperçoit la rotation du soleil. C’est un endroit privilégié où il élabore ses projets et vit ses moments d’ivresses comme personnage original, marginal et excentrique. Les faits vécus abondent et ça à tous les niveaux. Voyons son seul moyen de locomotion, le vélo. Depuis plus de 22 années, il arpente les rues au guidon de son fidèle engin à l’année longue. Il a abandonné le service téléphonique depuis 12 années et ne porte plus la montre, ne se souciant pas de savoir l’heure. Oui il a un site Internet, la voie du futur oblige, mais ne cherchez pas chez lui un ordinateur. Il ne parle pas l’anglais, ne faisant aucun effort pour le comprendre. Il affirme par contre apprécier les chansons anglaises alors qu’il travaille car le fait de ne pas comprendre les paroles lui permet de garder toute sa concentration, ce qui n’est pas le cas des chansons françaises. Voilà pourquoi il préfère ne pas apprendre l’anglais, ce qui brimerait sa vie. Notre Serge n’a pas de descendant et il a conservé son cœur d’enfant. On raconte qu’il serait à l’écriture d’un livre où une page de photos suivrait chaque page de texte. Pas banal ce personnage en pleine santé. On le voit à son visage qui ne laisse pas apparaître la cinquantaine. Ayant le vécu de deux décennies de plus, il affirme souvent que la vie est longue et qu’il est normal qu’elle se termine au bout pour nous laisser dormir et rêver toute l’éternité.

 

Perché sur sa tourelle du bâtiment de l’artiste

Une vision du levé et du coucher

Du soleil

Pièces sculptées des plus significatives