ΓΙΩΡΓΟΣ ΣΕΦΕΡΗΣ

Georges Seferis

 

 

 

 

 

 

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Epiphania

 

1.

DENIAL

On the secret seashore
white like a pigeon
we thirsted at noon;
but the water was brackish.

On the golden sand
we wrote her name;
but the sea-breeze blew
and the writing vanished.

With what spirit, what heart,
what desire and passion
we lived our life: a mistake!
So we changed our life.

From the collection The Turning Point. On many records it has the title On the Seashore.


2.

I'VE KEPT A HOLD ON MY LIFE

I've kept a hold on my life, kept a hold on my life, travelling
among yellow trees in driving rain
on silent slopes loaded with beech leaves
no fire on their peaks; it's getting dark.

Except from the Poem Epiphany 1937. The composer gave the title Epiphany to the four songs of this cycle.


3.

FLOWERS OF THE ROCK

Flowers of the rock facing the green sea
with veins that reminded me of other loves
glowing in the slow fine rain,
flowers of the rock, figures
that came when no one spoke and spoke to me
that let me touch them after the silence
among pine-trees, oleanders, and plane-trees.

Untitled poem drawn from the Book of Exercises.


4.

IN THE SEA CAVES

In the sea caves
there's a thirst there's a love
there's an ecstasy
all hard like shells
you can hold them in your palm.

In the sea caves
for whole days I gazed into your eyes
and I didn't know you nor did you know me.

Untitled poem drawn from the Book of Exercises.
All translations by Edmund Keeley and Philip Sherrard

 

 

Raven

 

Years like wings.
What does the motionless raven remember?
What do the dead the roots of trees remember?
Your hands had the colour of an apple ready to fall.
And that voice which always returns, that low voice.
Those who travel watch the sail and the stars,
they hear the wind they hear beyond the wind the other sea
like a closed shell near them, they don't hear
anything else, they don't look among the shadows of the cypresses;
for a lost face, a coin; they don't search,
watching a raven on a dry branch, for what it remembers.
It remains motionless just a little above my hours
like the soul of an eyeless statue.
There is a throng gathered in that bird;
thousands of people forgotten, wrinkles obliterated
broken embraces and laughter that has not ended,
works arrested, silent stations.
a heavy sleep of golden spangles.
It remains motionless. It gazes at my hours. What does it remember?
There are many wounds inside those invisible people, inside it,
suspended passions waiting for the Second Coming
humble desires cleaved upon the ground,
children slaughtered and women exhausted at dawn.
Who knows if it lies heavy on the dry branch,
if it lies heavy on the roots of the yellow tree, on the shoulders
of other men, these strange figures
sunk in the ground, not daring to touch even a drop of water?
Who knows if it lies heavy anywhere at all?
Your hands had the weight of hands in the water
in the sea caves, a light carefree weight
with that movement we make sometimes when we dismiss a black thought
by pushing the sea away to the horizon, to the islands.
The plain Is heavy after the rain; what remembers
that black static flame on the grey sky,
wedged between man and the memory of map,
between the wound and the hand which was wounded by a black lance.
The plain darkened drinking the rain, the wind dropped;
my own breath isn't enough; who will remove it?
Amidst the memory, a gulf - a startled breast
amidst the shadows struggling to become man and woman again
amidst sleep and death a stagnant life.
Your hands moved always towards the sea's drowsiness
caressing the dream that ascended the golden spider
bearing into the sun the host of constellations
the closed eyelids the closed wings...


"Flow-song" for popular singer, choir and popular orchestra, composed from 7 to 10 January 1970, on a poem by George Seferis from 1937. Dedicated to the composer Yannis Christou who just died in a car accident.

Coritsa. Winter 1937
 

 

Selected International Poems

 

 

 

 

Epiphania Averoff

 

 


La mer en fleurs et les montagnes au déclin de la lune ;
La grande pierre près des figuiers de Barbarie et des asphodèles;
La cruche qui ne voulait pas tarir a la fin du jour ;
Et le lit clos près des cyprès et tes cheveux
D'or : les étoiles du Cygne et cette étoile, Aldebaran.
J'ai maintenu ma vie, j'ai maintenu ma vie en voyageant
Parmi les arbres jaunes, selon les pentes de la pluie
Sur des versants silencieux, charges de feuilles de hêtre.
Pas un seul feu sur les sommets. Le soir tombe.
J'ai maintenu ma vie. Dans ta main gauche, une ligne ;
Une rayure sur ton genou; peut-être subsistent-elles encore
Sur le sable de l'été passé, peut-être subsistent-elles encore
Là où souffle le vent du Nord tandis qu'autour du lac gelé
J'écoute la voix étrangère.
Les visages que j'aperçois ne me questionnent pas ni la femme
Qui marche, penchée, allaitant son enfant.
Je gravis les montagnes. Vallées enténébrées. La plaine
Enneigée, jusqu'à l'horizon la plaine enneigée. Ils ne questionnent pas
Le temps prisonnier dans les chapelles silencieuses
Ni les mains qui se tendent pour réclamer, ni les chemins.
J'ai maintenu ma vie, en chuchotant dans l'infini silence.
Je ne sais plus parler ni penser. Murmures
Comme le souffle du cyprès, cette nuit-là
Comme la voix humaine de la mer, la nuit, sur les galets,
Comme le souvenir de ta voix disant : « Bonheur ».
Je ferme les yeux, cherchant le lieu secret où les eaux
Se croisent sous la glace, le sourire de la mer et les puits condamnés
A tâtons dans mes propres veines, ces veines qui m'échappent
Là où s'achèvent les nénuphars et cet homme
Qui marche en aveugle sur la neige du silence.
J'ai maintenu ma vie, avec lui, cherchant l'eau qui te frôle,
Lourdes gouttes sur les feuilles vertes, sur ton visage
Dans le jardin désert, gouttes dans le bassin
Stagnant, frappant un cygne mort à l'aile immaculée
Arbres vivants et ton regard arrêté.
Cette route ne finit pas, elle n'a pas de relais, alors que tu cherches
Le souvenir de tes années d'enfance, de ceux qui sont partis,
De ceux qui ont sombré dans le sommeil, dans les tombeaux marins,
Alors que tu veux voir les corps de ceux que tu aimas
S'incliner sous les branches sèches des platanes, là même
Où s'arrêta un rayon de soleil, à vif,
Où un chien sursauta et où ton coeur frémit,
Cette route n'a pas de relais. J'ai maintenu ma vie. La neige
Et l'eau gelée dans les empreintes des chevaux.



Poème de Georges Seferis écrit en 1937 et publié dans le recueil collectif de son oeuvre sous le titre EPIPHANIE 1937.

Chanson-fleuve composée du 3 au 6 janvier 1968 à la prison Averoff d'Athènes.

Travail repris à Zatouna et achevé le 26 mars 1969 sous sa forme de « Cantate pour chanteur populaire, avec choeur mixte à six voix et orchestre populaire ».
 

 

Selected International Poems

 

 

 

 

Raven

 

Années comme des ailes. Que se rappelle le corbeau immobile ?
Que se rappellent les morts près des racines des arbres ?
Tes mains avaient la couleur de la pomme qui tombe,
Et cette voix revenant sans arrêt, cette voix basse.
Ceux qui voyagent fixent la voile et les étoiles,
Ecoutent le vent, écoutent plus loin que le vent l'autre mer
Auprès d'eux comme une conque close, ils n'entendent
Rien d'autre, ils ne cherchent pas dans l'ombre des cyprès,
Un visage perdu, une monnaie : ils ne se demandent pas
En voyant un corbeau sur une branche morte, quels sont ses souvenirs:
II reste immobile, posé sur mes heures, un peu, plus haut,
Ame d'une statue qui n'a pas d'yeux.
Une foule est rassemblée dans cet oiseau;
Des milliers d'hommes oubliés, des rides effacées,
Etreintes rompues, rires en suspens,
Oeuvres inachevées, gares silencieuses,
Un lourd sommeil de paillettes d'or.
Il reste immobile. Il regarde mes heures. Que se rappelle-t-il ?
Il y a tant de plaies en ces hommes invisibles qui l'habitent,
Passions en suspens jusqu'au Jugement Dernier
Désirs rampants qui se confondent avec la terre,
Enfants tués, femmes trop lasses à l'aube.
Qui sait s'il pèse sur cette branche morte, qui sait s'il pèse
Sur les racines de l'arbre jaune, sur les épaules
Des autres hommes, sur ces insolites engloutis sous la terre
Qui n'osent plus toucher la moindre goutte d'eau.
Oui sait s'il pèse en aucun lieu ?
Tes mains avaient ce poids de la main dans l'eau
Ou dans les grottes de la mer, une pesanteur légère, délivré des inquiétudes,
Aplanissant la mer jusqu'à l'horizon, jusqu'aux îles,
Avec ce geste que l'on a pour écarter une idée noire.
La plaine est lourde après la pluie. Que se rappelle
La flamme noire et droite sur le ciel gris,
Prise entre l'homme et la mémoire de l'homme,
Entre la plaie et la main qui l'infligé, épée noire ?
La plaine s'est assombrie, elle boit la pluie, le vent tombe.
Mon souffle ne suffit plus -- qui va le déplacer ?
Entre la mémoire - faille - une poitrine effarouchée
Entre les ombres qui luttent pour redevenir homme et femme,
Entre le sommeil et la mort, vie stagnante.
Tes mains se sont toujours déplacées vers le sommeil de la mer
Caressant le rêve qui gagnait doucement l'araignée d'or
Entraînant la foule des astres vers le soleil,
Paupières closes, ailes repliées...
 

 

Coritsa. Hiver 1937
Raven / Le Corbeau, d’après E.A. Poe

Chanson-fleuve pour chanteur populaire, choeur et orchestre populaire, composée du 7 au 10 janvier 1970, sur un poème de Georges Seferis écrit en 1937. Dédiée à Yannis Christou.

 

 

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Epiphania

 

1.
LOSSAGUNG / VERLEUGNUNG


Am Ufer, dem versteckten
weiß wie eine Taube
dürsteten wir am Mittag
und das Wasser war salzig

In den hellen Sand
schrieben wir ihren Namen
angenehm wehte die Brise -
und so verlosch die Schrift

Mit dem Herzen, mit dem Atem -
sowie Sehnsucht, soviel Leidenschaft!
Wir sahen unseres Lebens Fehler
und änderten das Leben!

Aus der Sammlung Der Wendepunk. Dt. Fassung: Helmut Schwäbl


2.
ICH HIELT MEIN LEBEN


Ich hielt mein Leben, ich hielt mein Leben auf der Reise,
inmitten der gelben Bäume als sich der Regen verzog
auf stille Hänge, bedeckt mit den Blättern der Buche,
kein einziges Feuer auf ihrem Gipfel - es dunkelt.

Auszug aus dem Gedicht Epiphanie 1937. Dt. Fassung: Argyris Sfountouris


3.
BLUMEN DES FELSENS


Blumen des Felsens, dem grünen Meer gegenüber
mit Adern, die mich an andere Lieben erinnern
leuchtend im sanften stillen Regen.
Blume des Felsens, Figuren
entstanden, als niemand sprach, und die zu mir sprachen
und die mir erlaubten, sie zu berühren nach dem Schweigen
zwischen den Pinien, dem Oleander und den Platanen.

Gedicht ohne Titel aus dem Buch der Übungen. Dt. Fassung für das Internet: Guy Wagner


4.
IN DEN MEERESHÖHLEN


In den Meereshöhlen
da ist ein Durst, da ist eine Liebe,
da ist eine Ekstase hart wie Muscheln;
du kannst sie in der Hand halten.

In den Meereshöhlen
sah ich dir in die Augen, tagelang,
und ich kannte dich nicht
und du kanntest mich nicht.

Gedicht ohne Titel aus dem Buch der Übungen. Dt. Fassung für das Internet: Guy Wagner
 

 

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Raven

 

DER RABE


Jahre wie Flügel. An was erinnert sich der stille Rabe?
an was erinnern sich die Toten neben den Wurzeln der Bäume?
Deine Hände hatten die Farbe der fallenden Äpfel.
Und diese Stimme, die immer wiederkehrt, leise.
jene die reisen betrachten die Segel und die Sterne,
sie hören den Wind, sie hören hinter dem Wind das andere Meer
wie eine geschlossene Muschel in ihrer Nähe, nichts anderes
hören sie, sie suchen nicht in den Schatten der Zypressen
nach dem verlorenen Gesicht, nach der Münze, sie fragen nicht
nach der Erinnerung des Raben auf jenem dürren Zweig.
Er steht still auf meinen Stunden, etwas erhöht
wie die Seele einer Statue, die keine Augen hat,
eine Volksmenge ist in diesem Vogel eingeschlossen,
tausend vergessene Menschen, erloschene Falten,
entleerte Umarmungen und Lachen, die nicht fertig wurden,
stillstehende Werke, schweigende Stationen,
ein schwerer Schlaf aus goldenen Regentropfen.
Er steht still. Blickt auf meine Stunden. An was erinnert er sich?
Es sind viele Wunden in den unsichtbaren Menschen, in ihm,
riesige Leiden warten auf das jüngste Gericht,
bescheidene Wünsche, die auf dem Boden kleben,
getötete Kinder und Frauen, die im Morgengrauen ermüdeten.
Lastet er auf dem dürren Zweig? lastet er
auf den Wurzeln des gelben Baumes? auf den Schultern
der anderen Menschen, der fremden Gestalten,
die keinen Wassertropfen zu berühren wagen, in der Erde vergraben,
worauf lastet er ?
Das Gewicht deiner Hände war wie im Wasser ,
wie in den Meereshöhlen -ein leichtes Gewicht, ohne Bedenken,
mit der Bewegung, die den bösen Gedanken wegscheucht
und das Meer glättet bis zum Horizont, bis zu den Inseln.
Die Felder sind schwer nach dem Regen; an was erinnert sich
die schwarz erstarrte Flamme im grauen Himmel,
die sich zwischen den Menschen und die Erinnerung des Menschen
schiebt,
zwischen die Wunde und den Arm, der sie schlug, den schwarzen
Speer?
Das Feld wird dunkler wie es den Regen trinkt, der Wind läßt
nach,
mein Hauch reicht nicht aus - wer wird ihn fortbewegen?
Inmitten der Erinnerung -Abgrund -eine erstaunte Brust,
inmitten der Schatten, die sich abmühen, wieder Mann und Frau zu
sein,
zwischen dem Schlaf und dem Tod steht still das Leben.
Deine Hände hatten immer eine Bewegung gegen den Schlaf des
Meeres,
sie streichelten den Traum, der leise auf dem silbernen Spinnfaden
emporstieg
und eine Menge Sternbilder an die Sonne brachte,
die verschlossenen Lider, die geschlossenen Flügel.


Coritsa. Winter 1937
Raven / Der Rabe, nach E.A. Poe

 

 

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