Camino Inca

C’est un piège. Ma première journée à Cuzco s’est terminé par des maux d’estomac. Ma deuxième se déroula très bien et fut consacré à la découverte du centre historique de la ville. Oh, le souffle était bien un peu court mais pas de quoi s’inquiéter.

C’est un piège. Le troisième jour, c’est le départ pour la camino Inca qui nous mènera éventuellement à Machu Picchu. Tôt le matin, nous nous embarquons dans un autobus avec notre guide Roberto. Arrêt pour le déjeuner à Ollantaytambo. Ceci nous permet de faire connaissance avec certains de nos compagnons de voyage. Attablé avec nous, quatre australiennes perplexe que deux canadiens puissent parler français. Encore plus perplexe par le fait qu’elles ne comprennent pas notre français alors que l’une d’elle a apprise cette langue. On rigole un peu. C’est une belle journée, une météo agréable et un groupe qui semble agréable aussi. C’est un piège.

Après un court trajet d’autobus, nous arrivons à notre point de départ sur la camino Inca. Le ciel s’est couvert. Qu’importe, nos impers nous protégerons si cela devait s’avérer nécessaire. Vous ai-je dit que c’était un piège?

Aussitôt le pied sur le sentier, la pluie débute. Une petite pluie fine. Mais froide. Le piège se referme tranquillement. On marche un peu, une petite heure, avant de s’arrêter pour le dîner. La pluie s’est un peu accentuer. Le repas est simple mais bon.

Je m’arrête un peu pour vous expliquer comment est composer notre expédition. Notre groupe comporte douze touristes et un guide. Nous sommes quatre groupes de la sorte à se partager quelques porteurs. Les porteurs transportent la nourriture et les tentes. Nous n’avons qu’à nous préoccuper de nos effets personnels. Nous marcherons quatre jours avant d’atteindre Machu Picchu. Une petite ballade bien pénarde quoi.

Après le dîner, nous repartons. La pluie tombe toujours mais elle se calme quelque peu. Elle s’arête même quelques instants alors que Roberto nous explique les premières ruines que nous rencontrons. Un peu en dessous de nous s’étend en effet les restes d’un village inca : Llaqtapata.

Peu de temps après, notre première journée de marche s’achève. La pluie a cessé. Le soleil se permet même de sortir pour nous offrir ces derniers rayons de la journée. Somme toutes, une journée s’est assez bien déroulé. La forme est bonne. Oh, une épaule me fait mal un peu mais demain je m’assurerai que mon sac est bien balancé. Je suis même surpris que tout se passe si bien. Le souper est fort agréable. Avec nous, un couple argentin. Eu, redescendre. La fille n’a pu compléter le trajet et est forcer de redescendre. Apparemment, l’altitude l’empêche de monter plus haut. Roberto nous quitte en nous avertissant que la journée de demain sera un peu plus difficile. Le piège se referme un peu plus. Nous gagnons nos tentes et la nuit débute. Il fait froid et mon sleeping est un peu mince. Je dors donc tout habillé.

La nuit fut plutôt mauvaise. Une meute de chiens à investit le campement et a hurlé toute la nuit et la pluie s’en est mêlée. Au matin, le soleil se pointe. Déjeuner rapide et on repart. Je suis un peu essoufflé ce matin. Bof, un simple manque de sommeil. La progression est assez bonne la première heure. L’ascension est assez prononcé. Tranquillement, le ciel se couvre. Tranquillement, la pluie débute. Tranquillement, je me fais dépasser par les autres. À midi, ça ne va plus du tout. Je crois que je suis loin derrière tout le monde. La pluie tombe toujours. Le piège s’est bel et bien refermé. Je vois ce qui semble être le sommet de cette interminable ascension. Un kilomètre encore tout au plus. Je fais un pas, puis je m’arrête. On recommence. Encore, encore et encore. Un porteur me rejoint. « Donne moi ton sac ». Il le prend et progresse à mes côtés. Ok, c’est le coup de pouce dont j’avais besoins. On atteint rapidement le sommet ainsi. La pluie cesse. Le soleil sort, le piège s’ouvre tranquillement[1].

La descente se passe en un tour de main et j’atteins rapidement le camp (parce que ça fait déjà un moment que les autres sont arrivés). Roberto nous informe que la journée se termine ainsi et qu’à partir de maintenant, les choses seront un peu plus faciles. Notre campement se fait au pied des ruines de Sayaqmarka.

Encore une fois, la nuit fut pluvieuse. Mais cette fois, rien n’aurait pu troubler mon sommeil. C’est sous la pluie que débute le troisième jour. Je suis encore un peu lent, mais j’arrive à suivre sans trop de misère. Sur notre route, les ruine de Sayaqmarka et Phuyupatamarka. Puis, une petite bizarrerie se produit : la flore, jusque là résolument alpine, cède sa place à une jungle. La pluie cesse et le soleil nous fait même grâce de sa présence pour les dernières heures de marches. Au loin, les ruines d’Intipata, découverte dans les années 80, nous rappellent que l’héritage Inca n’a pas encore été complètement révélé. Et puis, ça y’est est : nos apercevons au loin le Huayna Picchu. C’est à ses pieds que se trouve Machu Picchu, encore invisible pour l’instant.

La soirée sera un peu plus confortable. La pluie a résolument cessé et un relais est installé. Eau courante pour tous! C’est dans l’anticipation du grand jour que nos faisons notre campement. Beaucoup de touriste arrive directement à ce relais. Ils sont frais et bien habillés. Nous sommes épuisés et complètement détrempé.

La nuit fut tranquille mais courte. Nous sommes réveillés avant l’aube et nos reprenons la route promptement. Nous traversons quelques temps une forêt. Puis, une pente plutôt escarpée se dresse devant nous. Nous grimpons et puis au sommet, au moment même où le soleil s’élève au-dessus des montagnes, la cité nous apparaît. Enfin, nous y voilà.

De là, nous atteignons rapidement le site. Bien avant ceux qui ont choisi le confort du train et du bus. Pendant près de deux heures, Machu Picchu est à nous seul. Nous sommes les maîtres de la cité.

Alors, c’est comment Machu Picchu? C’est fantastique. C’est une merveille du génie humain. Inutile pour moi de vous la décrire en détails. D’autre l’ont fait très bien avant moi. Mais si un jour l’envie vous prend de vous y rendre, dites-vous que s’y rendre ajoute à la magie. Comment peut-on comprendre la folie de construire cette cité si loin de tout si l’on ne fait pas le chemin qu’empruntaient les gens à l’époque pour s’y rendre? On peut se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle en voiture si l’on veut. Mais le pèlerinage lui ne peut se faire qu’au prix de certains efforts.



[1] Que m’est-il donc arrivé? Le mal des montagnes ne frappe pas tout le monde et pas avec la même intensité. J’en ai souffert à ma première journée à Cuzco. Le lendemain, j’ai marché toute la journée. Le surlendemain, j’ai prit la route de Machu Picchu. Un 24 heure supplémentaire à Cuzco m’aurait fort probablement évité ce malaise. Alors si vous vous y rendez un jour, prenez bien votre temps.

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