La Paz

“La Paz! La Paz! La Paz!” C’est sur ces cris au terminus de Copacabana qu’un chauffeur nous indique le bus à prendre pour gagner la capitale politique bolivienne. Les routes pavées sont un luxe en Bolivie. C’est sur des chemins de terres et de pierres que nous effectuons une bonne partie du trajet. À l’approche de la capitale, le mur de montagnes qui nous entourent commence à se dissiper. Ce qui donne un aspect encore plus majestueux aux pics restant.

Ville résolument moderne, La Paz constitue un choc de cultures permanent. Ici, les Indiens vêtus de leurs habits traditionnels vous vendent des disques compacts et des téléviseurs, des bâtiments de l’époque coloniale partage la rue avec des édifices modernes, des marchés publics sont traversés par des boulevards achalandés. Bref, La Paz est le véritable cœur de la Bolivie moderne. Cette Bolivie qui vie en constante négation avec elle-même. Le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud avec une population largement rurale semble totalement ignorer les besoins de celle-ci. On y chante les vertus de la démocratie alors que la dictature militaire a été remplacée par une dictature de la corruption. Plus subtil, elle n’en est pas moins tout aussi nuisible à la grande majorité de la population. C’est dans un petit café près de la chambres des représentants que nous constatons l’étendu de cette superbe démocratie : dans un pays où 85% de la population est d’origine indienne, 100% des élus sont blancs!

Mais tout ceci ne saurait cacher les charmes de cette ville. On peut y vivre assez bien, si on ne fait pas partie du 70% de la population vivant sous le seuil de la pauvreté il va s’en dire. La ville est agréable quoique le climat puisse s’avérer un peu frais plus souvent qu’autrement. On peut y faire des achats intéressants, surtout dans le domaine de l’orfèvrerie. Les infâmes mines du Potosi continuent d’alimenter la capitale politique de la Bolivie en argent bon marché. Au moins on peut se consoler du fait que les pièces achetées aux marchands locaux servent à faire vivre la population qui a vu tant des ses richesses s’envolée pour le vieux continent au cours des siècles.

Une belle ville qui me laissera pourtant un goût amer. Le Pérou m’a fait découvrir le visage positif de l’Amérique du Sud. Bien entendu il y a de grave problèmes sociaux. Mais au moins les gens qui ont la volonté d’améliorer leur sort et peuvent compter sur des institutions pour les aider. La population dénonce avec force la corruption et talonne sans cesse le gouvernement pour qu’il prenne ses responsabilités. En Bolivie, c’est la résignation. L’armée, la police de même que l’ensemble des institutions politiques ont pour mandat de garder le statut quo. Abandonné par son propre gouvernement, la population doit en plus se buter à la complaisance de la communauté internationale envers celui-ci. Pas étonnant que la plupart des habitants semblent avoir baissé les bras. Ça, c’est le visage négatif, dépressif de l’Amérique du Sud.

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