Le cœur désaxé

 

« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu;

et toutes ces choses vous seront données par-dessus. »

Matthieu 6 :33

 

« Mon fils, donne-moi ton cœur,

Et que tes yeux se plaisent dans mes voies. »

Proverbes 23 :26

 

 

Lorsque j’étais enfant, j’ai eu l’occasion de passer beaucoup de temps chez mes grands-parents maternels. Une grande complicité existait entre mon grand-père, un féru de bricolage et d’inventions en tout genre, et moi, sa fidèle apprentie. Il ne se passait pas un jour sans que j’apprenne quelque chose de nouveau : comment travailler le plastique, comment se déplacer sur des échasses, comment nettoyer les bougies d’un moteur de mobylette, etc. J’étais également toujours volontaire pour tester ses nouvelles créations.

 

Il y eut une période pendant laquelle il s’ingénia à transformer de vieilles bicyclettes en vélos comiques : découpant par-ci, soudant par-là, ajoutant l’une ou l’autre articulation, elles finissaient par ne plus ressembler beaucoup à ce qu’elles avaient été au départ. L’une des modifications principales qu’il aimait leur apporter était les roues décentrées. Partant d’une roue normale, il en ôtait l’axe central en coupant les rayons, le ressoudait un peu plus loin et obtenait ainsi une roue désaxée. Il fallait une certaine habitude pour pouvoir rouler sur de tels vélos sans chuter. La route la plus plane n’empêchait pas le cycliste de monter et descendre à chaque tour de la roue décentrée. Les côtes étaient encore plus pénibles à aborder car le mouvement de yo-yo les aggravait ; il valait mieux aussi oublier la vitesse à moins d’avoir l’estomac bien accroché…

 

Au cours d’un moment de prière que je passais calmement dans la nature, Dieu me montra à quel point notre vie est semblable à l’une de ces étranges bicyclettes. Pour que tout tourne bien, il faut que notre cœur ait Dieu au centre. Lorsque nous laissons Dieu dériver vers la périphérie de notre petit univers, notre vie s’en trouve décentrée, et nous poursuivons notre petit bonhomme de chemin avec des hauts et des bas incessants, même quand la route semble plane. Oh bien sûr, ce que nous plaçons au centre peut être très attrayant ! Il est plutôt amusant de rouler de la sorte pendant un temps. Puis nous entamons une montée, et les hauts et bas superflus nous épuisent tant qu’il nous faut parfois mettre pied à terre.

 

Si nous avons mis notre confiance en Dieu, nous croyons qu’Il nous a préparé un chemin et qu’Il nous guide jour après jour au travers des circonstances de notre vie. Cependant, si nous ne le laissons pas occuper le centre de nos priorités et de nos préoccupations, toutes les autres choses ne ferons qu’ajouter des secousses aux hauts et bas par lesquels Il a permis que nous passions.

 

Que de soucis inutiles nous nous créons quand Dieu n’est qu’un de nos centres d’intérêts ! Le remettre à la place centrale, pour qu’Il soit l’axe de notre cœur, demande une vigilance de tous les instants ; mais elle est chose utile, si nous ne voulons pas être qualifiés de «désaxés » !