« Cependant
mon peuple m'a oublié, il offre de l'encens à des idoles;
Il a été conduit
à chanceler dans ses voies, à quitter les anciens sentiers,
Pour suivre des
sentiers, des chemins non frayés. »
« Le chemin
du paresseux est comme une haie d'épines,
Mais le sentier
des hommes droits est aplani. »
Comme plusieurs d’entre vous le savent, je possède un cheval
et j’ai l’habitude de partir faire des balades sur son dos ou en charrette dans
la campagne. Lorsque j’habitais encore en Belgique, je disposais de plusieurs
petites prairies entre lesquelles je devais faire une rotation pour que le
cheval dispose d’herbe toute l’année. L’une d’entre elles se trouvait à une
quinzaine de kilomètres de chez moi et servait de pâturage pour les mois
d’hiver. C’était à la fois une charge et un plaisir que de faire le trajet tous
les jours pour aller voir si tout allait bien et pour donner un peu d’exercice
au cheval.
Cette prairie était située à proximité de bois, de
champs et de l’ancien bras d’une rivière. Il était donc très agréable de s’y
promener et, année après année, j’y découvrais de nouveaux sentiers. Un jour,
je découvris un très beau sentier qui traversait la forêt et longeait la
rivière. Il me permettait de rejoindre une autre partie du bois et de boucler
ainsi un bel itinéraire. Il y avait bien une zone marécageuse sur son tracé et
quelques troncs d’arbre à enjamber, mais rien de bien difficile. Parfois, je
pouvais même apercevoir des chevreuils aux aguets entre les arbres.
J’empruntai donc ce sentier plusieurs fois cette
année-là, jusqu’à ce qu’il fut temps de changer à nouveau de prairie. Je
retrouvai donc mes anciens parcours dans la région qui m’était plus familière,
mais j’attendais avec bonheur l’hiver suivant, pour me promener à nouveau sur
ces beaux sentiers que j’avais découverts.
Lorsque je ramenai mon cheval dans cette prairie
éloignée quelques mois plus tard, je partis vite me promener une fois encore
dans les bois et les champs. Mais quand je voulus retrouver le sentier, quelle
surprise ! Je dus me frayer un passage entre les broussailles et prendre
garde à ce que mon cheval ne glisse pas dans la boue. Apparemment, plus
personne n’était passé par-là depuis un certain temps, et la végétation en
avait profité pour croître pendant l’été et l’automne. Je parvins à grand-peine
à rejoindre l’autre côté, et ce fut au prix de plusieurs égratignures. De plus,
les buissons d’épines avaient accroché leurs semences sous forme de petites
boules recouvertes de crochets dans la crinière et la queue de mon cheval,
ainsi que sur mes pantalons ! Une fois passé le premier moment de
déception, je dus me résigner à affronter ces difficultés à chaque passage
jusqu’à ce que le sentier retrouve un aspect plus engageant parce qu’il était à
nouveau emprunté régulièrement.
C’est quand j’étais plongée dans mes pensées en
revenant d’une telle promenade que Dieu me montra que le chemin qui nous relie
à Lui lorsque nous prions est très semblable à ce sentier. Pendant certaines
périodes de notre vie, nous l’empruntons fréquemment et il nous est alors
facile de nous approcher de Dieu. C’est un chemin agréable à parcourir, qui
présente peu de difficultés, parce qu’il est bien entretenu. Parfois, les
pluies des épreuves le rendent un peu glissant et bourbeux, mais nous savons
qu’il reste praticable si nous persévérons. Mais si nous négligeons la prière,
parfois au point de ne plus prier du tout pendant un certain temps, les épines
recommencent à pousser, le sol devient inégal et, finalement, nous n’avons même
plus envie de passer sur ce sentier, devenu tellement difficile à parcourir.
Je me remémorai clairement les épisodes de ma vie où
j’avais cessé d’entretenir ma relation avec Dieu, et ces semaines où je ne
m’approchais de Lui qu’à une ou deux reprises. Qu’il était alors pénible
d’aller jusqu’à Lui ! Les pensées vagabondes m’accrochaient au passage et
retarder ma marche, les soucis me faisaient glisser et trébucher, et il fallait
tant de persévérance pour parvenir enfin à la présence réconfortante du Père.
Parfois, les embûches étaient telles que je rebroussais chemin avant d’être
arrivée à bon port. Il arrivait aussi que, même une fois le sentier parcouru,
je me concentre tellement pour ôter moi-même les épines de mes habits que je
n’entendais pas la voix de Celui qui voulait me saluer, me prendre dans Ses
bras et me donner du repos pendant qu’Il prendrait Lui-même soin des soucis qui
me collaient à la peau…
Il m’arrive encore parfois de négliger ce sentier qui
me conduit à Dieu, mais dans Sa grâce, Il permet que je me souvienne de cette
image qui m’avait frappé. La végétation est sans cesse prête à reprendre le
dessus ; il ne faut donc pas que je remette l’entretien à plus tard. J’ai
le désir de garder toujours entre Lui et moi un chemin sur lequel il faut bon
marcher. De plus, je sais qu’on m’attend toujours de l’autre côté.
Mes chers amis, ne négligez pas la marche quotidienne
vers votre Dieu, sinon il vous sera toujours plus ardu de vous frayer à nouveau
un passage vers Ses bras !