[ lundi 5 août 2002 ] [ 10:32 ]
Sais-je encore écrire? Des semaines sans le goût, à peine l'envie. Pas de carte postale. Une semaine que je lorgne l'écran. Peut-être le goût qui revient avec la pluie, doucement, ce matin. Pour sortir, un pull et des baskets. Pour écrire, une chemise et des socquettes. Envie de retrouver mon monde à part, soudain, ce matin. Besoin du silence pour écrire, ce que je n'aurais jamais cru. Griffoner le papier juste avant, pour pas perdre le fil, un seul petit fil de pensées, à peine cohérentes mais c'est déjà ça. Ca me semble difficile d'être là, d'être là à écrire sans chercher les mots à nouveau, difficile comme si c'était douloureux, mais ma douleur n'est pas là, non, ma douleur n'est pas ici, ne réside pas dans les mots, dans les aveux, non, pas même dans la matérialisation, la reconnaissance des phrases, des mots, que j'essaye de réprimer sans succès ces derniers temps. Ces derniers temps. Les larmes me montent pour un oui, pour un non, pour un peut-être, pour un à bientôt ou bien pour un adieu, ou si peu. Ces derniers temps, une main invisible me serre à la gorge. Partout tout le temps. Ces derniers temps c'est juste essayer de lui échapper. Pas facile. Pas facile.
Lorsque je dis que je ne suis pas malheureuse, j'y crois. Même si c'est à ce moment que ma voix commence à trembler, j'y crois, peut-être, je ne sais pas. Je marche dans les rues et tout ce qui me vient, en premier lieu, en réponse à toute question est Je ne sais pas. Mais je ne le dis pas, non. Je ne me laisse pas aller. Je dis qu'il fait beau temps aujourd'hui, ou pas. Je parle villes, routes, ciel et océan, je parle bouquins, films, journaux, avenir, concrètement. Et parfois, parfois seulement je dis je ne sais pas. Je dis je ne suis pas sûre que ça aille vraiment. Parce que parfois ça me prend. La solitude, les larmes me montent lorsque je m'y attend. Ou pas. Petite chose vicieuse au fond de moi, déprime, amertume, déséquilibre, hésitation entre tenir debout et m'effondrer sur le bitume. Petite chose vicieuse au fond de moi, cette déprime que tour à tour je reconnais, que tour à tour je nie en bloc.
Je ne parlerai pas de lui. Ni des lectures dans lesquelles j'ai plongé mes yeux pour ne pas plonger dans mon âme, pour ne pas m'imbiber de mon monde intérieur je me suis fondue dans des histoires extérieures, lectures qui dissèquent des bouts de mon histoire, celles où je me retrouve, ou bien celles où je le retrouve. Rares sont celles où nous nous retrouvons, ensemble vraiment. Pélerinage dans des littératures romantiques, ou pas, pour voir si au bout du compte, mis bout à bout des bouts de nous peuvent donner une fin heureuse. J'ai lu des livres, et j'ai gardé toutes les fins, toutes les fins pour plus tard. Après tout, je ne veux pas savoir. Puisque je ne veux plus baigner dans l'obsession de cette histoire. J'ai gardé toutes les fins pour plus tard.
Je me suis fait un thé. Je n'ai pas repris de café. J'arrive encore à m'étonner! Le café n'est pas amer au réveil, seulement au réveil. Et pourtant je m'en resservais toujours une tasse, sans sucre, en milieu de matinée. Aujourd'hui, non. Je préfère le goût du thé, deux sucres dans une grande tasse. Je préfère le goût du thé, et c'est pourtant seulement aujourd'hui que je m'en fait le matin. Changement dans l'air? Changement peut-être. Qui sait. Tout comme la musique. La musique... Ce matin pour la première fois j'écris ici sans musique, et j'éteins la télé. Il ne fait pas beau et j'ai des souvenirs d'automne. C'est bon de les retrouver. Ne pas penser à l'immédiat, à ma solitude qui se creuse au fur et à mesure que mon jeune amant se perd sur des plages où je ne suis pas. Les souvenirs d'automne me réchauffent le coeur. L'avenir n'existait pas encore, l'avenir était loin, et mes amants n'existaient pas. Pas ceux qui comptent.
Nous marchions sous la pluie jusqu'au vieux café le matin. Il y faisait un peu froid, ça sentait l'eau de javel et la fumée piquante de la cigarette à l'aube. Elle mettait deux sucres dans sa petite tasse, je lui donnais le mien. Elle achetait des cigarettes en paquet de vingt-cinq. Elle portait une veste noire, et toujours un pull sur les épaules. Moi je posais mon sac à gauche de la chaise sur le carrelage glacé. Je me souviens du bruit des boîtes à crayons que l'on sortait au cas où, pour donner consistence à la petite table grise et blanche. Entre moins cinq et la demi, le temps ne passait pas vite et c'était tant mieux, nous discutions de la veille, nous discutions des autres, nous parlions de mes connaissances, peut-être déjà de mes souvenirs, moi qui en avais déjà tant, et elle de son présent, au passé proche, au futur incertain. Il y avait cette mauvaise radio qui passait des chansons ridicules, il y avait le bruit de la porte en verre que quelqu'un poussait, suivi du bruit des chaises qui râclent sur le sol lorsqu'on les tire paresseusement. Nous nous prenions de fous rires, si souvent. Jusqu'aux larmes qui font couler le mascara encore frais sur les cils. Il y avait toujours quelque chose. Il y avait toujours une bonne chose. L'odeur d'un parfum. Une chanson pleine d'espoir. La dernière cigarette avant midi, celle que l'on allume sans vraiment en avoir envie mais pour se faire rester encore un peu là, encore dans cette drôle de chaleur un peu moite. L'heure à l'horloge indiquait moins dix et nous retournions marcher sous la pluie, jusqu'à la cour du lycée où les feuilles depuis longtemps déjà étaient tombées en dispersant sous les arbres l'odeur de l'automne. Souvenirs d'automne comme je voudrais encore de vous pour un jour, pour un matin comme celui-ci vous retrouver. Souvenirs de mes jeunes années comme je voudrais encore m'éveiller à une vie qui paraissait tellement moins triste qu'elle ne l'est.
[ 15:10 ] [ Dans mes Obsessions ]
Je n'étais pas comme elles. Je n'avais de commun avec ces enfants que l'appartenance à une même catégorie. Ces petites filles sages comme des images. Leurs visages si doux. Leur yeux immenses. Leurs bouches pétales de roses. Et leurs vêtements soyeux. Et leurs petites voix comme des notes de musique. Elles étaient jolies. Elles auraient le monde à leurs pieds. Elles étaient toutes si impeccables. Comme repassées au fer, comme polies par la main d'une beauté supérieure. Je me sentais si laide. Si différente dans la glace. Je me sentais un monstre, un monstre que l'on aurait posé là pour témoigner plus encore de leur grâce. Je me sentais sale, je me sentais pauvre, juste par mon reflet dans la glace à côté de ces enfants immaculés. On me disait de ce monde-là, on me disait de cette catégorie-là, mais en tournant les yeux, en se détournant de ce corps qui m'emprisonnait, cet amas de chair qui était moi, cet amas disgracieux de peau blanche et de cheveux blonds, ce que j'aurais pu être jolie, ce que je ne l'étais pas. Je me souviens si bien. Plus de dix ans après, je me souviens d'elles. Tout ce que je n'étais pas. Tout ce que j'aurais voulu être. A peine. A peine aurais-je voulu de leur beauté, juste d'un peu de ce sentiment d'humanité. Cesser de me sentir prise au piège de ma monstruosité. Des larmes, des larmes...A peine dix ans de vie et déjà des flots de larmes qui coulent des mêmes yeux verts qui aujourd'hui se souviennent. Plantées dans un décor que nous partagions, dans une vie que nous ne partagions pas. Vous ne saviez pas ce que c'était que d'être moi. Je vous en voulais tellement pour celà. Je vous insultais pour celà. Vous ne le saviez pas. J'attendais votre mépris, j'attendais du coin de l'oeil votre dégoût, de mon image pourtant omniprésente à vos côtés. J'imaginais vos moqueries, j'imaginais, c'est vrai, peut-être je ne faisais qu'imaginer... Je voulais être vous, petites filles belles comme le jour. Sortir de cette carcasse et devenir papillon. Pour les mêmes raisons sans doute que j'allais devenir papillon de nuit.
Je savais bien qu'un jour j'allais me rapprocher de ce que vous étiez, un peu plus de grâce, un peu plus de féminité. Je savais que mon existence ne pouvais stationner à cet état de larve qui attendait la fin de l'enfance pour enfin, enfin, devenir papillon. Je deviendrais une femme comme les autres, ni plus ni moins méprisée, ni plus ni moins regardée. J'aurais ma revanche, et ma revanche contre la vie fut une revanche contre vous aussi, petites filles si parfaites. Chaque jour je me le rappelais, que l'enfance aurait une fin et emporterait avec elle mon reflet gauche, mes paroles maladroites, mon visage ingrat. Chaque jour je vous ai haï, petites filles que je n'étais pas, chaque jour jusqu'au jour où vous avez cessé d'exister autour de moi, jusqu'au jour où j'ai quitté votre monde merveilleux du jour pour me finaliser dans un autre plus obscur où vos noms n'étaient inscrits nulle part. Et ainsi je vous ai oubliées, petites filles. Dans ce qui était ma vie et où vous ne pouviez rien me prendre. Dans ce qui était mon monde et où vous n'étiez pas pour briller à ma place. Où personne ne pouvait mettre devant mes yeux votre image comme tout modèle, un modèle avec lequel je ne voulais, ne pouvais pas rivaliser, petites filles, pas même avec tous les efforts du monde. Vous êtes sorties de mon histoire le jour où j'en ai créé une autre, moins lumineuse mais plus crédible, une histoire rien qu'à moi. Des victoires rien qu'à moi. Une identité autre que celle qui se définissait par rapport à ce que vous étiez, ce que vous représentiez, vous, petites filles de bonne famille prêtes à tout pour continuer de briller jusqu'à remplacer les étoiles. Vous êtes sorties de mon ciel. Et les seules étoiles qui y ont brillé furent miennes. Je me suis inventé ma propre définition de la beauté, ma propre définition du bonheur, ma simple idée du succès, me suis trouvé d'autres moyens pour le créé, ce succès que je n'aurais eu dans votre univers. Je me suis créée du mieux que j'ai pu. Me suis rendue jolie dans d'autres yeux, me suis rendue modèle dans un autre monde. C'était ma bataille, je la revendiquais comme un droit. Je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. Tout simplement moi. Sans jamais pourtant savoir si celà suffit ou pas. Pour être heureuse enfin, de quoi d'autres encore ai-je besoin? Je pourrais appeler votre aide, petites filles devenues grandes. Peut-être accepterais-je vos paroles, je suis devenue si forte, si forte. Peut-être pourrais-je même me regarder en face, face à vous, petites filles devenues aussi femmes que je le suis moi-même, peut-être je n'y perdrai pas ma confiance, je suis devenue si fière, si fière...
Parce qu'il est dans votre univers, petites femmes du monde où je ne brille pas. Parce que je crève du jour où à vous il me comparera. Parce que je ne veux pas perdre cet éclat de lumière qui subsiste encore dans ses yeux pour moi. Parce que ma lumière, je le sais, disparaîtra un jour noyée dans la vôtre. Si je n'y prend garde, si je m'y prend mal. Parce que je n'ai jamais voulu de cette compétition avec vous, vous si tellement plus réelles de charme et de succès que moi. Oui, peut-être j'aurais besoin de vous aujourd'hui, peut-être êtes-vous les seules à pouvoir me guider sur les traces de ce beau monde dont je ne voulais pas, que j'ai méprisé tant et tant de fois. Je ne vous veux pas amies, je ne vous veux pas ennemies, mais j'aimerais trouver un compromis, entre ma crainte de lui et ma haine de vous, du fond de ma confiance qui se perd. Vous n'existiez plus, petites filles témoins de mon enfance, vous n'existiez plus jusqu'à ce qu'il existe dans ma vie, et voilà que vous existez à nouveau, vos visages un par un plus joli qe le mien. Et voilà que vous prenez existence à nouveau, par son existence dans la mienne, à travers son entourage, à travers son univers, à travers ce nuage de poussière qu'il balaie dans mon coeur. Comme si vous aviez attendu toutes ces années pour me renvoyer cette image du passé...cette image de la petite fille que je suis restée, celle qui est restée tapie au fond de moi, bien cachée... Et aujourd'hui il me semble que tout est à refaire. Ou bien à défaire. Que je n'en ai pas fait assez. Si j'avais gagné la bataille, alors avec vous je n'aurais pas si peur de rivaliser, votre monde je n'aurais pas si peur de le souiller, et lui, et lui, je n'aurais pas si peur de l'aimer...
[ 19:16 ] [ ... ]
Je pensais à ce journal, à ce journal aujourd'hui. Des semaines sans avoir besoin de lui, vieux bout d'écran aux mots un peu défraîchis. Aujourd'hui il renaît après des semaines d'abandon, et je me dis qu'il peux paraître étrange que j'ai pu m'en passer si longtemps, et en même temps y revenir totalement, aussi brusquement... Il faut croire que lui et moi sommes redevenus amis... J'avais besoin de retrouver l'autre côté, l'extérieur, vous lecteurs que je ne vois pas. C'est moi qui écris, et pourtant c'est vos vies qui me font voyager, parce que je ne peux que vous imaginer. Et je m'imagine toutes ces différences entre nous, entre vous, ces endroits que je ne connais pas, peut-être plus beaux qu'ici ou pas. Je ne sais pas, et à vrai dire je m'en moque. Tant qu'il y a autre chose, autre chose que ce que je vois.
[ 22:47 ]
La dernière entrée du jour, je n'imagine jamais que certains arrivent jusque là. Je l'imagine toujours comme un brouillon de paragraphe posé là dans le décor du web que personne ne viendra chercher, que personne n'attend jamais. Et puis demain, ou le jour d'après, elle s'en ira dans cette rubrique, archives. La dernière entrée de ce jour. Je l'écris rarement. Quelque fois la mise à jour équivaut à trois, quatre phrases, parfois deux, trois paragraphes. Rarement, mais tout de même de temps en temps, les entrées d'une même journée se distancent de quelques heures. Lorsque tel est le cas, vous en trouvez deux, rarement trois. Mais la dernière entrée, celle-là, pourquoi, pour qui donc je l'écris? Un peu pour moi, mais encore ce n'est pas suffisant. J'ai toute la vie pour écrire. Et je ne suis pas pressée. Et puisque je ne l'imagine jamais être lue, je ne pense pas que l'écrire pour vous soit encore une raison suffisante. Peut-être alors simplement pour l'idée de ce qu'elle deviendra. Archive. Ce mot n'aurait pu être mieux trouvé. Archive, comme un bout de papier déchiré au fond d'un vieux tiroir. Un bout de papier qui sera, peut-être, encore et toujours des peut-être, trouvé par quelqu'un, un jour. Quelqu'un qui sera passé là par hasard. Ou quelqu'un qui voudra savoir, savoir plus que ce qu'il n'y a déjà, ici. Parce que la dernière entrée n'est pas seulement un autre jour du passé. Elle est là, tout en bas de la fenêtre. Pour l'atteindre, il faut faire défiler le texte, le lire ou le passer à toute vitesse, comme on peut lire la première et dernière page d'un livre. Cette réflexion me fait sourire. Parce que ce journal n'en est pas un, par son essence même, par sa faculté d'être à mon image, complètement décousu. C'est ça, exactement. Décousu. Quelque chose qui part dans tous les sens sans que l'on puisse jamais prédire où il va aller l'instant d'après. Alors je suppose que le lecteur adepte de la lecture transversale serait bien déçu s'il s'imaginait y trouver un début, un décor figé, et une fin sous forme de conclusion, une boucle fermée.
La dernière entrée ne me fais jamais autant peur que la première. Ai-je dit peur? De quoi? allez-vous me répondre... Toujours autant cette crainte de mettre à nu des pensées insignifiantes, ne pas donner ce que l'on attend de moi, des contes de ma vie, des tranches de ma nostalgie exacerbée. La dernière entrée, je sais que l'on a tourné la page avant même que je l'écrive, il n'y a pas d'enjeu, il n'y a pas d'attente.
Je ne regarde plus les statistiques, ou bien si rarement. Lorsque je les regarde enfin il m'arrive de me demander Qui êtes-vous donc? Mystères irrésolus. Dans cette histoire, d'un côté de l'écran ou bien de l'autre, on vient chercher quelque chose. Je discerne mal ce que je cherche, et encore plus mal ce que vous venez y chercher. Tout ce que je sais, c'est que c'est une affaire qui roule comme on dit. J'écris pour me réfugier dans mon univers, parfois même pour le changer, cet univers. Lui donner consistence en en changeant la couleur, en relatant des faits qui pourraient tout à fait se produire dans un autre décor, en ne mettant pas de noms sur des visages, des visages qui pourraient être n'importe quels autres visages. Le récit change la réalité aussi. Alors c'est celà que je viens y trouver. Ma réalité, mais une réalité que je peux modifier à loisir, que je peux m'imaginer de n'importe quelle sorte que ce soit. Il n'y a que les faits qui ne changent pas. Il n'y a que les sentiments qui ne changent pas. Le reste, le reste est malléable, modifiable. Il n'y a que l'essence qui ne change pas, et pourtant les décors, et pourtant les couleurs, et pourtant les sons, les parfums, tout celà qui compte à peine dans le fond, tout celà est interchangeable à la lecture, à l'idée que l'on s'en fait. Tout celà peut rendre mes impressions plus belles, ou plus laides, même si elles, elles ne changent pas. Ce soir j'essaye de ne pas avoir peur d'avoir mal, de mon mal de vivre et de ce mal d'aimer qui me suit et me tord les poignets, et ce soir je pense à ces récits, ces récits de ma vie, et me dis que posés là, les souvenirs et les pensées cessent alors d'être obsession. Lorsque je leur donne la possibilité de prendre une autre forme, de concrète à abstraite, et d'abstraite à différente. Lorsque les souvenirs défilent mais que derrière les mots les visages demeurent en attente d'être inventés, inventés par vous. Les décors et les parfums, tout celà encore en attente d'être réinventés. Ils cessent d'être une obsession. Puisque mes obsessions sont des images. Puisque mes obsessions sont visuelles. Puisque mes obsessions ce sont des couleurs et des formes qui se mélangent sur le tableau de mon existence. Derrière les mots il n'y a pas d'images. Alors pas d'obsession qui tienne, non. Ainsi je m'en sors, à peu près, à peu près bien. En noir sur blanc je m'en sors, me sors du rouge de mes colères, du vert de ma nostalgie, du bleu des yeux trop bleus, trop bleus..., du rose de mes désirs, et de toutes ces couleurs qui tissent le monde, le monde réel, de mes souvenirs. En noir sur blanc je m'en sors. Lorsque les moments passés sont encore en passe d'être sans cesse réinventés.