A propos de l'homme...
Comment parler de lui...En toute sincérité. En toute honnêteté. Sans avoir peur de craquer. Sans avoir peur de flancher. Sans craindre de me faire trop de mal. Sans craindre d'admettre qu'il a toute ma vie entre ses mains, même quand j'en cherchais d'autres pour me ramener à une réalité plus viable, plus vivable, moins immense, moins intense, moins fusionnelle, plus rationnelle. Comment parler de lui...Sans m'envoler trop haut, sans redouter de ne jamais plus redescendre, sur terre...Comment parler de lui...Suffisamment pour dire le personnage, et assez peu pour ne pas trop y croire...Comment parler de lui, sans me faire du mal, m'égratigner aux souvenirs, me griffer aux trop grands bonheurs...Et c'est moi qui déclarais n'avoir pas peur d'aimer...je sais, je sais... Comment parler de Lui...sans souhaiter qu'il ne soit pas rentré dans ma vie, sans souhaiter qu'il en fasse partie pour toujours?
Certains peuvent être charmants, certains peuvent avoir des yeux qui vous donnent envie de plonger dedans, certains peuvent vous ensorceller avec une voix, certains vous font tomber en émoi avec une démarche, avec un sourire. Et ce que je peux dire de lui, c'est qu'il rend tous ces certains autres fades et sans intérêt. Du plus brillant au plus charmant, s'il est là, tous ces autres pour moi n'existent même pas.
Il est entré dans ma vie un jour de février, à une époque où je m'enlisais dans une trop sombre histoire avec une plus ou moins parfaite incarnation du diable. Il est entré dans ma vie un midi où je n'étais pas maquillée, où je me sentais affreuse, et où je devais l'être, et sans doute ne s'en était-il pas rendu compte. Il est entré dans ma vie il y a plus de cinq ans maintenant. Cinq ans, c'est pas si long, et pourtant je ne peux pas m'imaginer à quoi ressemblait pour moi l'homme idéal avant lui, ni tout simplement à quoi ressemblait la vie sans lui.
On m'avait mise en garde, de ne pas marcher dans son jeu, de ne pas me laisser approcher, de ne pas croire à des toujours qu'il ne penserait pas, de ne pas faire confiance à son charme et sa bonne humeur, de ne pas tomber amoureuse de lui, parce que tout celà serait du gâchis. Alors j'avais mon coeur en bandoulière et pendant des semaines j'ai joué à la répression des fraudes de mes sentiments, j'ai gardé pour moi l'inavouable envie de me laisser tenter par ce courant d'air chaud qui passait entre nous, ces illusions d'une véritable histoire mises au placard. Et puis il a fallu la peur de ne plus se revoir. Il y a fallu un départ...d'une semaine. Il a fallu une rafale de regrets et ses coups de téléphone comme une urgence pour enfin déclarer que ce bout de chemin, celui qu'il y avait devant nous et dont on ne savait où il nous mènerait, que ce bout de chemin, nous allions le faire ensemble, parce que nous devions le faire ensemble. Parce que c'était juste pas possible que l'on déclare forfait avant d'avoir essayer de gagner cette bataille. Parce qu'on était tombés en amour bien avant le coup d'envoi du plus beau match de mon existence.
Il y a eu des jours et des semaines de plein bonheur, il y a eu mes accès de pessissisme, mes excès de jalousie, de possessivité et mes pleurs, il y a eu des nuits où le soleil semblait briller, il y a eu des rires, il y a eu comme une ivresse l'un de l'autre, il y a eu tout ce que les gens appelle banalement l'amour, mais que je vivais dans une exaltation, une admiration, une passion sans borne, que nous vivions en dehors du commun comme en dehors du réel.
Et puis il y a eu l'année sombre. Les doutes et les remises en question. Un passé qui me rattrapait et mes inconsolables coups de cafard, coups de gueule contre l'amour, coups de gueule contre les hommes. Il y a eu des mois pendant lesquels je ne pouvais me résoudre à le perdre, puis vinrent les années où nous avons tissé la conclusion qu'on ne se perdraient jamais. Puisque c'était juste pas possible. Puisque depuis ce jour de février 1997, se dire que c'est pour jamais, c'est juste impossible. Et puis il y a eu son départ, et ces huit cent kilomètres auxquels je ne voualis pas croire.
Celà n'a jamais été facile. Ces jours et ces nuits avec lui. Lui et son charisme à faire s'envoler les montagnes, lui et sa présence qui demeure partout où il marche même après qu'il soit parti, lui qui m'a toujours semblé être d'une autre planète, tellement pas réel, tellement trop pour moi, tellement trop pour ma petite vie, cet arc-en-ciel dans mon ciel...lui et ses trop d'amis et de connaissances. Lui et son envie de toujours faire au mieux pour tout le monde peu importe les sacrifices. Ca a jamais été facile, je doute que celà le devienne un jour. Mais si parfois je souhaiterais pouvoir me résoudre à me dire que celà n'en vaut pas la peine, le doute ne demeure jamais longtemps, jamais longtemps avant que je sois mise devant le fait accompli. Les épreuves ne seront jamais assez insurmontables pour m'éloigner de l'homme de ma vie, les seuls bras dans lesquels je souhaiterais mourir autant que vivre.
Lorsqu'il est là, c'est ma vie entière qu'il tient entre ses mains, il est ma cause et ma raison, il est mon Dieu et mon démon, il est tout, et depuis le début. Il est celui dont je voudrais me détourner, pour ne plus subir de trop grandes passions, et celui que je voudrais suivre, pour écrire la vie en grand, à la hauteur de toutes mes grandes ambitions. Il est tout, et depuis le début. J'ai peur de rester ici, loin de lui, et pour toujours le regretter. Et j'ai peur de le suivre, et qu'au milieu des moments de joie ce trop plein d'amour pour toujours me fasse souffrir, d'intensité mal contrôlée, de bonheurs mal réfrénés. Et depuis longtemps j'hésite. J'hésite, pour moi et pour lui. Pour l'engagement qu'il détourne et qu'il redoute. Pour toutes ces choses que je voudrais et qu'il aurait bien trop peur de m'apporter. Depuis trop longtemps j'hésite. Et depuis longtemps je cherche ma route, avec ou sans lui. Mais sans lui cette route ne mène nulle part. Je peux faire tous les efforts et courir à bras ouverts vers d'autres vies, vers d'autres rives, sans lui tout est vain, et j'en ai eu preuve plutôt dix fois qu'une. Avec ou sans lui, c'est ce que je voudrais savoir de ma vie. Une bonne fois pour toute, savoir de quoi sera fait mon destin, s'il sera avec ou sans lui. Et c'est tout ce qui m'importe.