CONGRES MONDIAL AMAZIGH

AGRAW AMADLAN AMAZIG

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COMMUNIQUES

Page hebergée par Moha suite à la demande de Monsieur Rachid Raha en personne

Sommaire:

1- Lettre ouverte à SM Mohamed VI roi du Maroc

2- Déclaration du CMA à l'occasion du 20ème anniversaire du Printemps Amazigh

3- Déclaration du CF suite à sa réunion ordinaire le 26/11/2000

4- Déclaration du CMA à l'occasion du 21ème anniversaire du Printemps Amazigh

5- Communiqué du CMA suite aux évènements survenus en Kabylie durant le mois d'Avril 2001


Lettre ouverte à SM Mohamed-VI roi du Maroc 

Majesté, 
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA), saisit l’occasion de votre visite officielle à Paris pour vous alerter une fois de plus sur le grave déni et l’exclusion qui continuent de frapper l’identité amazighe (berbère) au Maroc. 
Le peuple marocain amazigh et amazighophone dans sa très grande majorité, ne peut toujours pas exprimer librement et pleinement son identité. Sa langue et sa culture ne bénéficient réellement d’aucune place dans l’espace institutionnel marocain : la langue amazighe est marginalisée dans les médias publics, absente du système éducatif et carrément interdite dans l’administration ! Cela est aberrant, injuste et parfaitement contraire au plus élémentaire des droits du citoyen marocain. 
Et gare aux militants des associations culturelles amazighes qui osent exprimer leur indignation ! C’est ainsi que la manifestation pacifique à laquelle appelaient les associations AMREC et Tamaynut, membres du CMA, le 14 mars 2000 devant le Parlement de Rabat afin de réclamer l’examen de la question de l’enseignement de tamazight, a été tout simplement interdite. 
Majesté, la réalité amazighe du Maroc ne peut être occultée éternellement. Votre Etat qui exprime des ambitions démocratiques doit abandonner au plus vite les pratiques discriminatoires à l’égard de l’identité ancestrale de ce pays.  
Comme nous vous l’avons déjà écrit le 11 décembre dernier, nous demandons à votre Majesté d’user de vos prérogatives royales pour que justice soit rendue à votre peuple et qu’enfin : 

 La confiance du peuple marocain dans les institutions de son pays et son adhésion à son projet de société ne seront possibles qu’au prix de la reconnaissance et de la réhabilitation effectives de l’identité amazighe du Maroc.  
Aux côtés du mouvement amazigh auquel il exprime sa solidarité, le CMA réaffirme qu’aucun pays de Tamazgha (Afrique du Nord) ne peut prétendre à la démocratie et au développement sans tamazight, en tant qu’histoire, culture et langue. 
Le Congrès Mondial Amazigh, est une ONG internationale de défense et de promotion des intérêts et des droits des populations amazighes, indépendante des Etats et des partis politiques.  
Nous vous prions d’agréer, Majesté, l’statement de notre haute considération. 

Paris, le 19 mars 2000

Le Bureau Mondial du CMA


DECLARATION 


Cela fait 20 années, jour pour jour, depuis que les citoyens de Kabylie ont spontanément et massivement manifesté leur révolte contre le déni et la marginalisation imposés à leur identité amazighe depuis des siècles. Depuis le printemps amazigh de 1980, le mouvement amazigh d'Algérie n'a cessé de poser avec détermination, le problème de l'indispensable réconciliation des algériens avec leur histoire, leur culture et leur langue ancestrale.

C'est une question de respect du plus élémentaire des droits du citoyen autant que condition de la construction d'une société fondée sur les valeurs de démocratie, de tolérance et de progrès.

Or aujourd'hui, force est de constater que Tamazight est toujours confrontée aux pires obstacles (administratifs, juridiques, répressifs) qui ne peuvent être que l'statement de la volonté politique de l'État de brider la libre statement de l'amazighité de l'Algérie.

Ainsi, après son introduction dans le système éducatif en 1995, arrachée grâce au sacrifice consenti notamment par des milliers d'écoliers de lycéens et d'étudiants, la langue amazighe reste, 5 ans plus tard, toujours au stade expérimental, en marge des programmes scolaires officiels. Pire, le Président de la République lui même qui se présente comme un homme de paix et de "concorde" exprime publiquement son mépris à l'égard du peuple amazigh en déclarant en septembre 99 à Tizi-Ouzou que "tamazight ne sera jamais langue officielle de l'Algérie".

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) avait à l'époque vivement réagi en dénonçant ces propos irréfléchis et en soulignant les graves dangers qu'ils font courir à la cohésion et à stabilité du pays. L'attitude arrogante de Mr Bouteflika était tout simplement inadmissible, indigne d'un président d'une Algérie berceau de l'amazighité.

Depuis, le chef de l'État algérien n'a fait aucun geste pour corriger sa bévue de Tizi-Ouzou ce qui témoigne, jusqu'à preuve du contraire, de sa réelle volonté de bafouer l'aspiration et le droit à la dignité de millions de ses compatriotes.

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) saisit l'occasion idéale de ce 20ème anniversaire de Tafsut Imazighen – printemps amazigh – pour interpeller le chef de l'État algérien afin qu'il se ressaisisse en démontrant par des prises de position et des actes concrets ses dispositions en faveur de la reconnaissance de l'identité amazighe comme nécessité vitale de démocratisation et de développement de l'Algérie.

Dans l'immédiat, le CMA réclame au Président algérien de déclarer officiellement la journée du 20 avril, journée de fête nationale et en la décrétant "journée nationale de l'amazighité".

Le CMA saisit également cette occasion historique pour réitérer avec force que la revendication essentielle du mouvement amazigh demeure la reconnaissance du statut de langue nationale et officielle pour tamazight, statut à même de lui permettre de droit, l'octroi de moyens adéquats pour sa promotion et son enseignement réels et efficaces. La prochaine réforme constitutionnelle est tenue de prendre en compte de façon incontournable cette revendication. C'est une exigence populaire, légitime, indispensable pour mettre définitivement fin à l'injustice historique que subit tamazight et restaurer la confiance des algériens envers les institutions de leur pays.

Le Congrès Mondial Amazigh, Organisation Internationale Non Gouvernementale de défense des droits et des intérêts de la nation amazighe, salue la mémoire des valeureux martyrs du long combat amazigh et réaffirme que celui-ci sera poursuivi sans relâche jusqu'à l'accomplissement de nos objectifs.

Le CMA demeure aux côtés du mouvement amazigh d'Algérie, plus que jamais solidaire et vigilant pour dénoncer toutes les atteintes au droit fondamental du citoyen algérien de vivre pleinement son identité amazighe dans la diversité de ses expressions. 


Tizi-Ouzou, le 19 avril 2000. 
P/Le Bureau Mondial du CMA. 
Le Président


Déclaration du Conseil Fédéral du CMA 


Le Conseil Fédéral (CF), instance législative du Congrès Mondial Amazigh (CMA), s’est réuni en session ordinaire les 25 et 26 novembre 2000 à Paris. 
Le CF a d’abord examiné, à la lumière des rapports présentés par les représentants des différentes régions de Tamazgha et de la diaspora, l’évolution de la question amazighe dans lesdites régions. De l’analyse de ces rapports, il ressort que : 
Au Maroc, aucun progrès n’est enregistré au niveau de la reconnaissance officielle de l’amazighité de ce pays. Bien au contraire. Les militants associatifs amazighs sont encore et toujours soumis aux mêmes obstacles, interdictions et pressions multiformes de la part du Makhzen. Ainsi, les réunions et autres activités culturelles des associations amazighes sont soumises à l’obligation d’une autorisation administrative, même dans des lieux privés, alors qu’aucun texte de loi ne le stipule. Le CF du CMA recommande par conséquent aux associations amazighes du Maroc de déployer leurs activités d’une manière plus exigeante et d’exploiter méthodiquement chaque interstice de liberté, en organisant leurs manifestations dans le seul respect de la loi sur les libertés publiques et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.  
Par ailleurs, le Conseil Fédéral rappelle le principe du CMA de ne pas s’immiscer dans les choix des options stratégiques des mouvements amazighs au niveau de chaque région. Par conséquent, et en tant qu’ONG internationale indépendante des gouvernements et des organisations politiques, le CMA n’a pas à cautionner ni à prendre position pour un quelconque projet de création d’un parti politique, quel qu’il soit. En revanche, il est du devoir du CMA de se tenir en permanence aux côtés du mouvement amazigh marocain, notamment dans ses revendications maintes fois rappelées par les associations et contenues dans le Manifeste Amazigh du 1er mars 2000. Dans le même sens, le Conseil Fédéral affirme son total soutien et exprime ses plus vifs encouragements au projet de « marche nationale amazighe ». Cette idée contribuera de façon déterminante à inscrire définitivement l’identité amazighe dans les consciences. Aussi, le CF recommande au mouvement associatif amazigh marocain de la concrétiser le plus rapidement possible. 

En Algérie, la situation socio-économique désastreuse, l’insécurité, l’absence de subventions publiques aux associations indépendantes, les différentes formes d’intimidations des militants amazighs constituent autant de moyens de censurer de fait, le travail de terrain du mouvement amazigh. 
L’enseignement de tamazight, arraché de haute lutte après une année de boycott scolaire en 1993/94 pour cause d’exclusion de tamazight de l’école algérienne, est entrain d’être progressivement remis en cause par la multiplication des obstacles et blocages en tous genres : absence de statut pour les enseignants de tamazight, marginalisation de la langue amazighe dans les programmes scolaires, absence et inadaptation des outils pédagogiques ouvert en 1995 dans 16 wilayas (départements) du pays, l’enseignement de la langue amazighe tend à être réduit à la seule Kabylie et quelques classes dans les Aurès qui ne tarderont pas à fermer si les choses devaient rester en l’état. Ce résultat ne peut être que l’statement d’une volonté politique de planifier l’échec de «tamazight à l’école». Par ailleurs, l’Etat algérien poursuit une dangereuse stratégie de confinement de l’amazighité à la seule Kabylie et par la même, d’effacement de toute trace de celle-ci dans les autres régions du pays. Par exemple, les inscriptions en tamazight sur les panneaux de signalisation et les frontons de magasins, l’organisation de manifestations culturelles amazighes, l’usage des prénoms amazighs sont interdits en dehors de la Kabylie. Le comble de cette politique de négation est atteint lorsque l’administration algérienne considère nos illustres ancêtres amazighs tels que Gaya, Micipsa ou Massinissa comme... des étrangers et ce, dans leur propre pays ! 
Le Conseil Fédéral du CMA dénonce avec force ces graves atteintes aux droits les plus élémentaires des citoyens amazighs et met en garde le gouvernement algérien contre cette politique irresponsable qui consiste à semer la confusion et la division dans un pays qui a tant besoin de paix et de stabilité.  
Le CMA saisit enfin cette occasion pour exprimer toute sa sympathie aux victimes du séisme du 10 novembre 2000 qui a frappé les localités de Ait-Ouartilane et Ait-Mansour et demande à tous les amazighs où qu’ils soient de leur apporter leur aide sous toutes les formes, afin de pallier le caractère insignifiant des « secours » mis en œuvre par l’Etat algérien.  

En pays touareg, la situation est très préoccupante, la population est, une fois de plus menacée dans son intégrité physique même. 

Au Mali, depuis deux semaines, l’armée mène des opérations militaires de grande envergure dans la région de l’Azawad, sous prétexte de combattre le banditisme. Par le passé, des opérations similaires ont entraîné le massacre de paisibles civils, ce qui nous fait craindre le pire à l’occasion de ce déploiement des forces armées maliennes. Rappelons que l’Etat malien n’a en réalité jamais cessé les exécutions extrajudiciaires contre les populations touarègues malgré la signature du Pacte National entre le mouvement de résistance touarègue et le gouvernement malien. 

Il en est de même au Niger où l’application des accords de paix se limite à la question sécuritaire. Ni la régionalisation, ni l’effort de rattrapage économique prévus par les accords ne sont à l’ordre du jour.  

Au Mali comme au Niger, les milliers de civils touaregs massacrés en toute impunité ces dernières années sont déjà tombés dans l’oubli « officiel ». Le Congrès Mondial Amazigh s’engage, notamment en portant « la question touarègue » devant toutes les instances internationales et les organisations de défense des Droits de l’Homme, à agir aux côtés de la résistance touarègue, pour amener les Etats malien et nigérien à respecter leurs engagements contenus dans les accords de paix signés ces dernières années. 

Le CMA réitère à cette occasion son soutien au principe du droit à l’autodétermination du peuple touareg et réaffirme sa détermination à œuvrer à la restauration de ses droits légitimes à choisir et à prendre en charge sa propre destinée. 

Dans l’archipel canarien, le gouvernement espagnol pratique une politique d’hispanisation à outrance en favorisant le peuplement des îles Canaries par l’émigration de souche espagnole et européenne de façon massive. Au cours des 10 dernières années, 90% des immigrés aux Canaries sont des espagnols ou citoyens d’autres pays d’Europe alors que les nord africains ou africains ne représentent que 2,8% de l’immigration totale. Malgré cela et paradoxalement, c’est cette dernière catégorie d’immigrants qui est victime du racisme et de la xénophobie. La très forte densité de population (3,6 fois plus grande que celle de l’Espagne sur l’ensemble des îles et 6,5 fois plus, dans l’île de Gran Canaria) que cela a engendré, constitue une très sérieuse menace pour l’équilibre humain, économique et écologique de l’archipel. Par conséquent, le CMA exprime sa totale solidarité avec la revendication du mouvement socioculturel canarien, d’une loi sur la résidence qui permettrait de réguler les 90% de l’immigration espagnole et européenne. Le CMA dénonce également le pillage économiques des îles. En effet, des sommes colossales générées par les 14 millions de touristes par an, sont rapatriées en Espagne. 

Sur le plan culturel, le patrimoine amazigh autochtone (guanche) n’est évoqué que comme folklore local pour attirer le touriste en mal d’exotisme. Des associations socioculturelles travaillent actuellement à la revivification et à la réappropriation de l’identité culturelle canarienne ancestrale. C’est pour aider nos frères de l’archipel que le CMA recommande et encourage le développement des échanges entre le mouvement associatif canarien et les associations amazighes de Tamazgha et de la diaspora. 

Dans la Tunisie touristique, officiellement l’amazighité se réduit aux vestiges historiques enfermés dans les musées ou inscrits dans quelques objets d’artisanat. La propagande gouvernementale voudrait donc faire admettre l’idée que la « Tunisie a été, mais n’est plus amazighe ». Pourtant, les milliers d’amazighophones dans plusieurs régions de la Tunisie, du Nord au Sud, sont les témoins vivants (pour combien de temps encore ?) de la vitalité de cette langue et de cette culture et de la résistance silencieuse de son peuple malgré une répression féroce. Les citoyens amazighs tunisiens n’osent s’exprimer dans leur langue qu’à l’intérieur de leur domicile.  

A côté, la Libye pratique allègrement le même type de génocide linguistique et culturel à l’encontre de l’identité amazighe. Le droit d’association n’existe pas et toute personne qui ose exprimer publiquement son amazighité est passible de prison ou d’exil forcé. Quant à Siwa, oasis en territoire égyptien, la population en totalité amazighophone, souffre surtout d’isolement par rapport au reste du monde amazigh et d’un niveau de vie parmi les plus bas du monde.  

En Europe, la revendication du statut de langue minoritaire pour tamazight reste plus que jamais d’actualité. Le CMA recommande aux associations de maintenir la pression sur les instances gouvernementales et européennes afin que la Charte Européenne sur les langues régionales ou minoritaires soit adoptée et appliquée dans tous les pays de l’Union Européenne. Le CMA appelle également chaque association amazighe dans les pays d’Europe afin qu’elle s’implique davantage dans les projets de partenariat Euro-Méditerranéen. Il y va de l’intérêt de tous d’intensifier les échanges économiques, culturels et scientifiques entre les deux rives de la Méditerranée. 

Le CF a insisté enfin sur la nécessité de veiller à la réalisation de toutes les recommandations du congrès de Lyon et de porter systématiquement à la connaissance des instances internationales (ONU, Conseil de l’Europe, UE, UNESCO, Réseaux des ONG des Droits de l’Homme...), l’évolution de la situation dans les différentes régions amazighes et en particulier les moindres atteintes aux droits et intérêts des populations amazighes. 

Paris, le 26/11/2000 Le Conseil Fédéral du CMA

Le Bureau du CMA.


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D é c l a r a t i o n 

 Voilà 21 ans depuis que le peuple amazigh d’Algérie s’est spontanément et massivement soulevé contre l’injustice, contre l’arbitraire d’un Etat qui visait tout simplement à effacer la mémoire, la langue et la culture ancestrales de ce pays. Femmes, hommes et enfants au nombre de plusieurs millions de personnes ont opposé d’une seule voix un « non » catégorique et définitif à cet Etat qui a monnayé son appartenance à une idéologie arabo-islamiste importée.  

Depuis toujours mais surtout depuis le printemps amazigh de 1980, les régions amazighophones sont soumises à un régime particulier caractérisé par l’appauvrissement économique, le quadrillage policier et la répression, la politique d’arabisation à outrance, la chasse à toute initiative culturelle et/ou sociale ayant pour objet la réhabilitation du patrimoine civilisationnel amazigh, et en même temps réduction de cette culture à quelques gestes folkloriques brandis à des fins touristiques ou à l’occasion des visites des « officiels » sur le terrain. Les résultats de cette « stratégie » machiavélique ne se sont pas faits attendre : Le chômage qui frappe les jeunes en particulier, le défaitisme des citoyens, le dépérissement des valeurs socioculturelles traditionnelles qui fondent la tolérance et le respect d’autrui, le développement des fléaux sociaux tels que la toxicomanie, la prostitution, la délinquance, les suicides et l’exil. Voilà le montant de la dîme payée par le peuple amazigh pour avoir choisit de rester libre ! 

Pourtant, dans le marasme généralisé que connaît l’Algérie actuellement, des hommes et des femmes parviennent à puiser dans leurs réserves de courage pour braver les obstacles, les interdits et les dangers afin de défendre tout simplement leurs droits de citoyens, de défendre leur dignité. Il en est ainsi des animateurs et animatrices des associations amazighes qui tentent – dans des conditions d’extrême précarité et souvent au péril de leur vie – de préserver grâce à leurs activités, les repères identitaires essentiels sans lesquels le peuple serait la proie facile des marchands de rêves. Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) leur exprime sa pleine solidarité et dénonce avec vigueur les discriminations et les intimidations pratiquées à leur encontre par les autorités.  

Au Maroc, après nous être volontairement forcés à l’optimisme – nous qui attendions tellement des changements qui ont eu lieu ces dernières années au sommet de l’Etat – notre déception est aujourd’hui à la mesure de nos espoirs d’hier. Les pratiques des autorités makhzéniennes sont plus que jamais discriminatoires, intolérantes et liberticides à l’encontre de tout ce qui est porteur de l’identité amazighe. C’est la loi du bâillon, du bâton, et de l’exclusion pour un nombre toujours plus important de citoyens et d’associations amazighs qui se voient interdire par la violence leurs réunions ou leurs activités culturelles, à Errachidia, à Tafraout, à Rabat, à Goulmima, à Tinghir, à Fès...etc. Le Congrès Mondial Amazigh condamne fermement ces pratiques totalitaires et recommande au mouvement amazigh, conformément aux directives de son Conseil Fédéral, de faire face de manière plus déterminée à l’autoritarisme du Makhzen et d’inscrire ses initiatives dans le seul respect de la Déclaration Universelle des Droits Humains. 

Le CMA rappelle que les pays d’Afrique du Nord ne peuvent trouver leur stabilité et se frayer un chemin vers le développement que s’ils acceptent, de façon lucide et objective, de remettre en cause le choix de leur « appartenance » à une aire géopolitique dicté par des considérations uniquement idéologiques. C’est ce choix aberrant et imposé au peuple algérien depuis plus de 40 ans qui a généré la plus grande des catastrophes vécues par ce pays, catastrophe qui guette aussi ses voisins. Nous l’avons dit et nous le répétons, la seule issue salutaire pour ces pays est de se réconcilier avec leur histoire et leur culture autochtones et d’arrimer leur destin à ceux des autres pays appartenant à des ensembles régionaux homogènes et tournés vers la modernité. De toutes les manières et qu’on le veuille ou pas, les pays de cette région sont amazighs, nord africains, méditerranéens et africains.  

La commémoration du printemps amazigh, une date qui appartient désormais à tous les amazighs, est à la fois un devoir de mémoire pour les jeunes générations, un hommage aux martyrs du combat pacifique pour tamazight, pour les libertés et le respect des droits humains, un appel chaque année réitéré, pour que chacun soit le vigile des acquis, aussi faibles soient-ils et le soldat déterminé à poursuivre la lutte jusqu’au recouvrement intégral des droits des amazighs sur leur propre sol.  

En tout état de cause, aux côtés du mouvement amazigh, le CMA réclame la reconnaissance constitutionnelle de l’identité amazighe (histoire, langue et culture), la reconnaissance du statut de langue nationale et officielle pour tamazight, la proclamation du 20 avril comme « journée de l’amazighité » et jour de fête nationale. 

Conformément à sa mission, le CMA continuera, en particulier en cette année 2001 déclarée par l’ONU « année de la lutte contre le racisme, l’intolérance, les discriminations et la xénophobie », à porter sur la scène internationale (ONU, Conseil de l’Europe, UE, UNESCO, organismes et ONG des droits de l’homme...) les atteintes aux droits fondamentaux des populations amazighes. A ce propos, nous remercions les ONG européennes et en particulier la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), pour leur précieuse solidarité avec les légitimes revendications du peuple amazigh. 

Paris, le 20 avril 2001 
Le Bureau du CMA.


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Communiqué 

Après 10 longs jours de feu, de sang et de larmes, après des dizaines de morts et des centaines de blessés, le président algérien a enfin daigné consacrer quelques minutes de son précieux temps à son peuple. Son silence depuis le début des événements sanglants de Kabylie est tout simplement l’statement de l’indifférence, voire du mépris que cultive le chef de l’Etat algérien à l’égard des populations. En poursuivant ses voyages à l’étranger comme si de rien n’était, il ne faisait qu’encourager la poursuite des crimes commis par les forces de répression contre les jeunes citoyens de Kabylie.  

Dans ces conditions, la population n’attendait rien de décisif de son discours du 30 avril et effectivement celui-ci n’a non seulement apporté aucune réponse concrète aux revendications de la jeunesse kabyle mais ses omissions et ses propos, y compris dans leur forme, n’ont été que des provocations supplémentaires. En effet, 

 
En définitive, Cette intervention illustre toute l’incapacité du pouvoir algérien à gérer les crises qu’il ne cesse d’enfanter et à répondre aux aspirations du peuple autrement que par la violence meurtrière. 

C’est pourquoi, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) recommande la poursuite de la mobilisation pacifique en se préservant des nouvelles provocations et appelle les populations des autres régions d’Algérie à se solidariser avec la Kabylie.  

Tout en exprimant ses plus vifs remerciements à tous ceux et celles qui ont déjà manifesté leur solidarité avec la Kabylie, le CMA renouvelle son appel solennel à tous les pays démocratiques, aux organisations internationales (ONU, UE, CE) et aux ONG des droits de l’homme de faire pression sur le gouvernement algérien, chacun selon ses prérogatives, afin que cessent au moins les atteintes au droit à la vie des jeunes citoyens. 

Paris, le 1er mai 2001

Le Bureau du CMA.


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