Tiré du Bloc-Notes par Didier Nordon dans Pour la Science (no 220 - février 1996 - page 5)

Diktat formaliste

Le formalisme effréné des années 1960 , gloire du structuralisme , menait à des constructions si abstraites , qu'elles perdaient tout sens . Encore aujourd'hui , on trouve un professeur pour écrire que , en mathématiques , "les résultats sont vrais ou faux indépendamment de leur sémantique" - ce qui signifie à peu près qu'ils peuvent n'avoir aucun sens et être vrais quand même : au fou ! Heureusement le structuralisme a reculé.
Hélas , chassez le non-sens par la porte , il rentre par la fenêtre...
Lisez la dernière dictée des championnats d'orthographe organisés par Bernard Pivot. Vous y trouverez une accumulation hétéroclite de zinnias nonpareils , de hardies ziggourats , de moucharabiehs , de gypaètes barbus et autres cancoillottes parfurmées. Ces mots n'étant là que pour leur difficulté , il est inutile de chercher le moindre intérêt à ce texte . Plus grave : il est même inutile de lui chercher le moindre sens. Il n'en a aucun. Simplement , il peut être orthographié correctement ou non. Là encore , formalisme pur , mené jusqu'à l'absurde . Par quelle aberration certains voient-ils en Bernard Pivot un défenseur de la langue française ? La vider ainsi de tout sens , c'est la massacrer.


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