Pere Rosselló Bover(Palma, 1956). (Traduit du catalan par Ricard Ripoll) |
Littérature en |
Professeur et écrivain. Études de Philologie Espagnole à l’Université de Barcelone (1978) et docteur en Philologie Catalane de l’Université des Iles Baléares (1986). Il est actuellement maître de conférences en Philologie catalane à l’Université des Iles Baléares. (http://www.uib.es/depart/dfc/professors/rossello.htm) Il a publié comme poète une Anthologie (Ed. Moll, 1978, Prix Ciutat de Manacor 1977), Aplec de distàncies (Ed. Moll, 1981, Prix Ciutat de Palma 1977), Llibre de la selva i altres poemes ("Sa Nostra", 1983) et L'hort de la lluna ("Sa Nostra", 1988). Il a également écrit des livres pour jeunes : Les aventures d'en Tres i mig (La Galera: 1989, Prix Guillem Cifre de Colonya 1988; traduit en espagnol sous le titre Tris-Tras, trotamundos, 1989) et El fantasma del País del Vent (Edicions Cort: 1992). Il a adapté pour le théâtre Les aventures d'en Tres i Mig qui a été mis en scène par Frederic Roda. Il a également écrit le récit L'Infern de l'Illa ("Sa Nostra", 2002). En tant qu’historien de la littérature, il a publié L'escriptura de l'home. Introducció a l'obra literària de Miquel A. Riera (OCB: 1982), L'obra de Salvador Galmés i Sanxo (1976-1951) (Publ. Abadia de Montserrat, 1988), «Bearn o la sala de les nines», de Llorenç Villalonga (Empúries, 1993), Els moviments literaris a les Balears (Documenta, 1997), La literatura a Mallorca durant el franquisme (1936-1975) (El Tall, 1998), Els camins de la cançó: Vida i obra del P. Rafel Ginard i Bauçà (Publicacions de l'Abadia de Montserrat, 1999), Bartomeu Rosselló-Pòrcel: A la llum (amb Xavier Abraham; Ajuntament de Palma, 1999), Els paradisos perduts de Llorenç Villalonga (Proa, 2001). Note nécrologiqueCe matin est survenue dans la Forêt Noire la mort du célèbre personnage connu partout dans le monde sous le pseudonyme de « Tarzan ». Le décès a été causé par un accident lorsque, au moment de l’un de ses spectaculaires sauts de liane – toujours accompagnés du cri typique qui l’avait rendu célèbre à Hollywood –, il a percuté un câble de haute tension de l’une des lignes qui fournissent le courant à presque la moitié du continent africain. Cette ligne avait été inaugurée il y a juste une semaine par le ministre en la matière. Les obsèques auront lieu demain à New York. Il n’y a pas d’invitation personnelle. L’Île d’OrEt les Grecs arrivèrent sur l’Archipel et se dirigèrent vers la Grande Île. Ils n’y mirent pas les pieds en sept jours et sept nuits. Ils tournèrent en rond plusieurs fois sans trouver le lieu du débarquement, car l’île était complètement entourée d’une haute muraille qu’ils croyaient agressive. Mais ensuite, lorsqu’ils s’approchèrent de la rive, ils se rendirent compte que le mur n’était rien d’autre qu’un tas de centres aérés. Ils entrèrent dans le Port (sportif, bien sûr) sans difficultés et ils se confondirent dans les rues avec les gens de ce nouveau pays. Tout d’un coup, ils réalisèrent que ce pays avait un esprit phénicien : on pouvait tout acheter dans les marchés, et au-delà. Les argonautes durent bientôt abandonner cet endroit merveilleux et plein de pièges, car les habitants ne pensaient qu’à marchander sans nullement se préoccuper du reste. Emerveillés, les Grecs s’enfuirent vers d’autres terres toutes voiles tendues : ils redoutaient la contagion de l’étrange folie des aborigènes. Conte sans titreCe n’était qu’un auteur de titres. Il avait atteint la plus grande pureté littéraire. Pas d’anecdotes. Pas de rhétorique. Pas de coups de théâtre… Rien que des mots purs : des mots. Derrière de grands titres phosphorescents il imaginait de longs et complexes romans comme ceux des auteurs russes du XIXè siècle. Ou des aventures amusantes et subtiles de toute sorte. Quelquefois même les plus beaux poèmes lyriques, les vers les plus émotifs et les plus poignants. Dans sa dense solitude d’« auteurs de titres » il relisait une fois et une autre ses Œuvres Complètes : des douzaines et des douzaines de livres qui, paradoxalement, tenaient dans une unique feuille de papier. « Un ramassis de mots – avait écrit un critique – qui cache l’art le plus sincère. » Il pensait alors : « Le meilleur roman ce sont cent pages en blanc ». In MemoriamMado Coloma du Blanc Moulin est morte brûlée en tant que sorcière. Ce fut une mort heureuse pour ses bourreaux. Les oiseaux qui respiraient la fumée grise de ses cheveux voyagèrent vers de merveilleux pays. Les arbres couverts par la poussière de son corps donnèrent encore des fruits aux arrière-petits-fils. La terre qui fut fertilisée avec les cendres de Mado Coloma alimenta les fils des bourreaux et les bourreaux des fils de ceux-là, même après bien des générations, quand plus personne ne s’en souvenait et tout le monde était devenu pacifiste. Ce fut la plus magique des vengeances possibles contre ces hommes dont le cœur était devenu une pierre de charbon ou une figue abîmée et dure. |