"Désert", par J.M. le Clezio
Le personnage Lalla



Dans Désert, Le Clézio raconte deux histoires qui semblent au premier abord completement indépendentes: l’histoire de Nour et les nomades du désert et l’histoire de Lalla.

L’histoire de Lalla

Le deuxiéme recit du roman se déroule en partie dans le même cadre géographique que le premier recit, mais dans les années 1960-1970.
Le romancier raconte l’histoire de Lalla, une jeune fille née dans le désert. Lalla vit une enfance heureuse dans un bidonville situé aux portes du désert, dans la banlieue d’une grande cité marocaine. Pendant son adolescence, elle fuit et se rend à Marseille, et c’est ici qu’elle découvre la faim et mla misére (“la vie chez les esclaves”). Aprés une longue errance, Lalla retourne à son pays, ou elle retrouve la bonheur.

Le parcours de Lalla

La jeune Lalla est la figure central du deuxiéme recit. Comme Nour (son ancêtre) elle est née dans le désert, prés de l’arbre et de la source. Orpheline dés son enfance, elle est élevée par Aamma, sa tante. Pendant son enfance, la mer, le désert, les animaux, les plantes, le pêcheur Naman et le Hartani suffisent à son bonheur, et heureusement elle vit la vie tranquille et simple des femmes nomades.
La mort de Naman et la menace d’un mariage forcé romprent l’équilibre et la tranquilité de sa vie, et Lalla est obligée de fuir.
Aprés avoir connu le bonheur en Maroc, Lalla découvre “la vie chez les esclaves” en France. Abandonée, assaillie par l’ urbanisation, marqué par le travail et la peur, elle est “perdue”. Même l’amitié de Radicz et la bénévolance du photographe ne changent rien. Eloignée du désert, du sable, du ciel et du vent, Lalla est separée de l’essentiel.
Le retour au désert se présente comme une renaissance. La petite Hawa, qui nait à la fin du roman, est la preuve qu’en retournant au désert la jeune femme trouve le bonheur perdu.

Le prénom “Lalla”

On dit que le prénom de cette fille n’a pas été choisi au hasard par l’auteur. Lalla signifie “madame” en arabe.
En nommant ainsi son personnage, Le Clézio fait de Lalla une figure répresentative de la condition feminine. Lalla est le symbole des femmes arabes, simples et fières, qui luttent pour conquérir leur liberté et pour préserver leur identité par fois menacée.
Ce nom a été choisi sans doute parce qu’il est proche du prénom “Laila”, qui signifie “la nuit” en arabe. Si la figure masculine du roman est associée au jour (“Nour” signifie “lumière”), l’image de la femme est, en opposition, symboliquement associée à la nuit. Dans Désert, Nour et Lalla s’opposent et se complétent comme la nuit et le jour, l‘obscurité et la lumière.
En associant l’image de la nuit à celle de la femme, Le Clézio rappelle que dans les profondeurs du corps de Lalla il y a des forces qui permettent de donner la vie.

Le rapport de Lalla avec les autres peronnages

Lalla et le Hartani
Pendant son enfance Lalla se lie d’amitié avec un jeune berger. La plupart des gens le redoutent parce qu’il est muet et parle avec ses mains et ses yeux. Ils disent qu’il a “des pouvoirs qui viennent des démons”.
Le Hartani est muet mais il raconte aussi, à sa manière, des histoires à Lalla. Il lui fait découvrir la lumière du désert, de nouvelles odeurs et des endroits connus de lui seul.
En liant son destin à celui du Hartani, Lalla affirme sa volonté d’être solidaire des pauvres, des êtres simples et des éxclus.

Lalla et Radicz, le gitan
À l’amitié qui unissait Lalla au Hartani dans le désert correspond celle qui lie la jeune fille à Radicz, en France. Comme le berger muet, Radicz aussi vit en exclu.

Lalla et Naman, le pêcheur
Le vieux Naman est le grand-père que Lalla n’a jamais eu. Il est l’homme qui ouvre des nouveaux horizons à la petite fille. En racontant ses aventures en mer, il ouvre les portes de l’imagination pour Lalla, et l’invite au voyage et au changement.

Lalla et Aamma, tante paternelle
Aama joue un role essentiel dans la maturation de Lalla. Sa mission ne consiste pas seulement de nourrir physiquement Lalla. Avec ses récits et ses chants, la vieille femme apporte à l’orpheline la nourriture affective et spirituelle dont elle a besoin. La légende de l’Homme Bleu, l’évocation de Ma el Ainine et des nomades du désert permettent à l’enfant d’entretenir la mémoire de ses ancêtres.

Les Êtres Invisibles

Les Êtres Invisibles jouent un role essentiel dans la vie de Lalla.

Al Azraq, l’Homme Bleu
Il est une figure importante du roman puisqu’il permet d’établir un lien entre les deux récits. Il est à la fois l’homme sain don’t Nour découvre le tombeau et l’être légendaire qu’Aamma présente à Lalla.

Es Ser, le Secret
Il est un être invisible et mysterieux qui joue un role déterminant dans l’évolution de la jeune Lalla. Es Ser, que nul connait, n’existe que pour elle. Elle le retrouve frèquemment “sur le plateau de pierre, là ou commence le désert”. Es Ser est une force qui entoure, protège et guide Lalla.

Hawa, la mère absente
Lalla soufre avant tout de l’absence de sa mère. Privée d’affection maternelle, dépossedée d’une partie d’elle-même, la petite fille cherche l’être absent qu’elle idéalise. Pour vaincre la douleur causée par l’absence d’Hawa, Lalla doit devenir femme et prendre, à sa façon, la place de sa mère.

La transformation symbolique de Lalla: surmonter la douleur.

Cette transformation s’effectue en trois temps.

1 – Lalla nécessite d’un changement de mode de vie et elle départ vers d’autres horizons. En quittant son pays pour l’Europe, elle rompt avec l’enfance et revendique son indépendence. Elle retrouve ainsi, sous une forme dégradée, le nomadisme ancestral qui sommeille en elle.

2 – Après avoir vécu misérablement à Marseille, Lalla connait la célébrité, révélée par un photographe. Indifférente à ces honneurs qui ne concernent que son image, la jeune femme se dédouble en se donnant le nom Hawa. Lalla ne se prend pas pour sa mère, elle lui fait simplement don de son image pour lui permettre de revivre. Lalla devient pleinement femme et elle cesse de rechercher autrui pour se trouver elle-même.

3 – De retour en Afrique, Lalla s’apprête à donner la vie. Elle reproduit les gestes ancestraux autrefois accomplis par sa mère. Comme Hawa, Lalla enfante dans le désert, au pied d’un arbre, symbole de croissance et de pérennité. En donnant le nom de “Hawa” à la petite fille qui vient de naitre, Lalla redonne vie, à sa façon, à sa propre mère.


Carla Diana Cardoso, notes prises dans la classe Etude de Textes - Français, à ISLA


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