Parc du Mont-Orford
Vincent Renart reconnaît spontanément qu'il doit à son père d'être devenu l'un des meilleurs fondeurs du Québec et du Canada.
« Je l'ai toujours suivi », a-t-il raconté jeudi, assis bien au chaud dans la remorque de Loto-Québec alors qu'il était de froid extrême.
« J'aimais ça avoir des modèles, aussi bien mon père que les fondeurs plus âgés qu'il entraînait, a-t-il ajouté. Je les observais pour apprendre des trucs techniques, puis je donnais tout ce que j'avais pour les suivre, les rejoindre et les dépasser. »
Excellent dans tous les sports - plus particulièrement le soccer, la natation et le kayak -, Vincent s'est abreuvé à un rêve qui l'a motivé au plus haut point dans la poursuite du plus haut niveau de compétition.
« Je veux aller aux Jeux olympiques dans n'importe quel sport, a-t-il dit. Finalement, je mise sur le ski de fond parce que ça a toujours été une passion, parce que j'ai développé un très bon groupe d'amis dans ce sport au fil des ans et parce que je sens qu'il y a encore beaucoup d'espace pour m'améliorer. »
Vincent Renart étudie en intervention sportive à l'Université Laval. Il s'est installé à Québec pour être avec ses amis Charles Nadeau, Guillaume Joly, Denis Vachon, Jonathan Blais et Simon Beaudet au Centre national d'entraînement Pierre-Harvey.
Un des premiers au Canada
Renart est un des huit fondeurs québécois à recevoir une aide financière de Sport Canada. À sa première participation aux Jeux du Canada en février 2003, le porte-couleurs du club d'Orford a remporté trois médailles d'or. Membre de l'équipe canadienne de développement, Vincent reconnaît qu'il est difficile de conserver sa concentration et sa détermination.
« Être au début d'une carrière internationale à 22 ans, ce n'est pas toujours facile, a-t-il souligné. Le ski de fond est un sport où les meilleures années arrivent à la fin de la vingtaine.
« Heureusement, les voyages de compétition deviennent de plus en plus intéressants. Participer au championnat du monde jeunesse en Italie, comme je l'ai fait au début de 2003, et côtoyer des champions du monde, comme l'italien Christian Zorzi, ça fait oublier les moments plus difficiles. »
Transmettre le goût et le savoir
Au-delà des exploits sportifs, Vincent Renart veut remettre à sa communauté ce qu'elle lui a donné en l'appuyant tout au long de sa carrière.
« J'étudie pour devenir enseignant parce que je veux transmettre aux jeunes le goût du sport comme mon père l'a fait avec moi, a-t-il expliqué. Je trouve très triste de voir les jeunes ne plus faire de sport dans les écoles. C'est une super-discipline de vie. »
10 janvier 2004
De L'Auberge du P'tit Bonheur aux J.O. de Montréal
Parc du Mont-Orford
Les parents ont un rôle primordial à jouer pour transmettre l'amour de la pratique du sport aux enfants, mais le bagage génétique prend irrémédiablement le dessus sur la route impitoyable de la compétition.
André Renart l'a d'abord compris en vivant son propre parcours sportif de haut niveau, puis l'a confirmé en regardant aller son fls Vincent.
Un des tout premiers moniteurs de ski de fond dans les Laurentides - à L'Auberge du Ptit Bonheur à la fin des années 1960-, il s'est mis à l'aviron en solitaire après avoir vu l'équipe de France s'entraîner sur le lac Quenouille en vue du championnat du monde de 1968, qui se tenait à Saint Catharines, en Ontario.
Doté d'une capacité cardio-vasculaire hors du commun et d'un besoin insatiable de dépassement de soi, Renart a abouti aux Jeux olympiques de Montréal, en 1976, comme membre de l'équipage canadien de quatre de couple.
« Ça me paraît évident que, si tu n'as pas de succès en bas âge, c'est difficile d'aimer la compétition, note-t-il. Si tu gagnes, ça te motive à continuer. Si tu perds souvent, ça change la perspective. »
C'est ce qu'il appelle la « grande roue de l'élimination ».
L'appui aux enfants
Ayant réalisé ses plus grands rêves grâce à son expérience olympique, André Renart n'a pas déplacé inconsidérément ses aspirations sur ses enfants Geneviève et Vincent. Cependant, quand ils ont démontré de l'intérêt pour le ski de fond à un très jeune âge, le paternel les a appuyés et encouragés comme il le faisait avec les autres jeunes qu'il s'est mis à entraîner en Estrie, où il s'est installé après les Jeux olympiques de Montréal.
« On allait régulièrement à Québec pour participer au circuit de la relève où Vincent s'est rapidement illustré, souligne André Renart. Il bénéficiait du fait d'avoir toujours pratiqué le ski avec des gens plus âgés. Sa technique était très avancée. »
Dans le sang...
Néanmoins, le modèle paternel n'était jamais très loin et a continué à inspirer le fils. André Renart s'est mis au triathlon en ne faisant encore rien à moitié.
« Je suis devenu champion national dans ma catégorie d'âge, indique-t-il. A 45 ans, je battais même des jeunes de 25 ans ! »
Ayant atteint ses objectifs et ne trouvant plus de motivation pour s'entraîner quatre ou cinq heures par jour, André Renart s'est cherché une occupation qui lui prendrait autant de temps.
«Je me suis mis au golf, mentionne-t-il. Je joue de 100 à 120 rondes par saison et j'ai baissé mon handicap jusqu'à 10 coups. C'est plus fort que moi, je dois constamment m'améliorer. »
Vincent Renart a vraiment de qui tenir !
10 janvier 2004
Parc du Mont-Orford
Si la foi peut déplacer les montagnes, l'exemple sportif, lui, peut
rallier un région et faire vibrer une montagne.
Martin Smith
Un lien vital, presque organique, s'est ainsi développé depuis une bonne décennie entre la famille Renart, le ski de fond et le parc du mont Orford. Un lien étonnant car, habituellement, on se contente d'être présent dans l'entourage de nos jeunes vedettes sportives quand elles savourent leurs moments de gloire.
On braque sur eux les faisceaux de l'actualité au retour d'un triomphe lors d'un championnat du monde ou d'une présentation des Jeux olympiques. Autrement, ils vivent presque toujours anonymement leur passion, tant les sacrifices qu'elle leur impose que les joies qu'elle leur apporte.
Parfois, comme dans le cas des Renart, le modèle est vite adopté et fait des petits qui grandissent, grandissent...
Inspiration, motivation
Entraîné par son père André, le jeune Vincent Renart a inspiré les parents d'autres enfants de la région du mont Orford, qui ont pris en main à la fois leurs sorties hivernales et le développement de leur terrain de jeu.
« Le club de ski de fond comptait une vingtaine de membres au début des années 1990 alors que, cet hiver, nous allons atteindre le cap des 400, indique le président Jean Pinard. André Renart a été une source d'inspiration pour les parents du coin et Vincent a été un moteur de motivation pour les jeunes. »
Plus que des médailles
Une des premières écoles du programme Jackrabbit a vu le jour à Orford au cours de l'hiver 1990-1991. Puis, les jeunes ont voulu avoir des compétitions à domicile plutôt que de devoir s'exiler pour se mesurer aux meilleurs du Québec.
Les membres du club et ses nombreux bénévoles ont relevé les défis successifs d'organiser annuellement une loppet, puis la finale régionale des Jeux du Québec, puis une Coupe du Québec et, enfin, une Coupe Canada. Plus de 500 fondeurs sont inscrits à l'une ou l'autre des épreuves qui s'y dérouleront aujourd'hui et demain (si le froid le permet...)
« Plus de monde, ça veut dire plus d'équipement, donc plus d'entretien et de développement des pistes, souligne André Renart. Le club a beaucoup contribué au développement du ski de fond dans le parc du Mont-Orford. »
Les médailles et trophées, récoltés par Vincent Renart, n'auront pas seulement servi à décorer la maison familiale, ils auront aussi aidé à faire de ce parc national un des plus beaux terrains de jeux d'hiver au Québec.
page mise en ligne le 10 janvier 2004 par SVP