25 février 2002

Au cours du dernier mois et demi, vous avez fait la preuve, cher Richard, qu'un homme peut se faire sortir de l'exécutif du CIO, mais qu'on peut difficilement sortir cet exécutif d'un homme.

Je m'explique.

À la mi-janvier, vous avez convoqué une grosse conférence de presse à Montréal. Avec de belles grandes formules creuses dont le mouvement olympique a le secret - Nous voulons des héros, pas seulement des gagnants -, vous avez déclaré une guerre sans merci aux tricheurs.

Devant une batterie de caméras et un bataillon de journalistes comme vous les aimez, vous avez alors brandi vos statistiques: 3 500 tests inopinés effectués au cours de l'année précédente.

Vous avez alors conclu qu'un pourcentage de « résultats élevés » inférieur à 1 % signifiait la fin du mythe voulant que la majorité athlètes soient des tricheurs. Une autre belle formule...

Pétard mouillé
Vous avez alors fait état de 24 tests aux résultats anormaux, toujours sous enquête.

À moins de fournir une explication médicale valable, leurs auteurs allaient être identifiés lors d'un point de presse, le jour même de la cérémonie d'ouverture des Jeux.

Le 8 février, devant une salle bondée de représentants des médias, vous avez accouché d'un pétard mouillé.

Quatre des athlètes reconnus coupables étaient des fondeurs finlandais déjà sanctionnés un an plus tôt, six autres impliquaient des haltérophiles également détectés et identifiés plus tôt.

L'Agence France-Presse n'est pas passée par quatre chemins pour dresser le bilan. « Les révélations promises n'ont en fait dévoilé aucun cas de dopage qui n'était déjà connu. »

Peu vous importe que vous ayez ainsi nui à la crédibilité de l'Agence mondiale antidopage, vous avez eu ce que vous souhaitiez : les caméras du monde entier braquées sur votre personne...

Sortie ahurissante
Votre sortie suivante a été encore plus ahurissante.

La Canadienne Beckie Scott, leader de la lutte antidopage dans son sport, a émis des commentaires percutants après avoir décroché la première médaille canadienne de l'histoire olympique en ski de fond.

« Moi, je carbure au gaz naturel, a-t-elle dit. Je peux me tenir la tête haute sur le podium. Je peux porter ma médaille avec fierté. Je sais que ma performance est propre. Malheureusement, ce n'est pas le cas de toutes mes rivales. »

En refusant d'identifier précisément de supposées tricheuses, Scott s'est attiré vos foudres.

Sa sortie était dérangeante. Vous vous apprêtiez à déposer un grand rapport concluant que « le problème du dopage a semblé être grandement réduit » lors des Jeux de Salt Lake City.

Dans une entrevue au National Post, vous avez fortement suggéré à Scott de « garder le silence à moins d'être disposée à fournir des noms. »

La Commission médicale du CIO s'est chargée de le faire quelques heures après le dépôt de votre rapport-bidon. Pas de pétards mouillés, seulement des gros canons : Muehlegg, Lazutina et Danilova!

Beckie Scott s'est montrée magnanime.

A la Presse Canadienne, elle a déclaré: « J'ai été surprise qu'on repousse mon opinion du revers de la main parce que j'estime qu'elle est fondée. »

En voilà une qui refuse de jouer à l'autruche...

Monsieur Pound, il est temps de faire preuve d'esprit sportif et de fournir des excuses à Beckie Scott!


Le médaillé d'or Johann Muelegg a tenté de se soustraire aux nombreux photographes
à son arrivée à un studio de télévision pour une interview après l'annonce de son test de dopage positif
photoAFP

Page mise en ligne le 25 février 2002 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca